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D EUXIÈME P ARTIE

CHAPITRE 5. RÉSULTATS DE L’INVENTAIRE

5.2. Valeur Scientifique des géomorphosites

5.2.1. Résultats d’ensemble

La valeur moyenne des 40 géomorphosites du Val de Bagnes est de 0.67 ; 22 sites ont une valeur plus élevée et 18 une valeur inférieur à la moyenne (Tableau 13. et Figure 7.). La moyenne correspond donc pratiquement à la médiane de l’échantillon. La moyenne obtenue ici se situe dans la fourchette de celles obtenues dans d’autres travaux ayant déjà utilisé cette méthode d’évaluation (FOURNIER 2007, KOZLIK 2006 et REYNARD ET AL. 2007). Si l’on considère que l’on remonte le Val de Bagnes plus le numéro du géomorphosite augmente, on remarque qu’il n’existe aucune tendance d’augmentation ou de diminution de la valeur scientifique en fonction de la localisation des sites (Figure 7.). Ces résultats sont aussi illustrés sur une carte (Carte 4.) donnant un aperçu des valeurs scientifiques des géomorphosites sur le terrain d’étude. On voit ce phénomène de « non spatialité » de la valeur scientifique de l’ensemble des géomorphosites. Remarquons tout de même que 6 sites sur 8 en amont du verrou de Mauvoisin ont une valeur scientifique importante.

Carte 4. : Valeur scientifique des géomorphosites du Val de Bagnes.

Le Tableau 13. montre les valeurs scientifiques de l’ensemble des géomorphosites inventoriés, classés en ordre décroissant de la valeur la plus élevée à la plus faible ainsi que la moyenne de chaque critère et la moyenne globale.

VALEUR SCIENTIFIQUE

Code

Intégrité Représentativité Rareté Valeur

Paléogéographique MOYENNE

Tableau 13. : Classement des géomorphosites du Val de Bagnes selon leur valeur scientifique. La ligne rose sépare les sites ayant une valeur scientifique plus élevée que la moyenne de ceux se situant au-dessous.

0.2

Figure 7. : Valeur Scientifique des géomorphosites du Val de Bagnes.

Notons qu’un seul site obtient une valeur scientifique maximale. Trois sites glaciaires occupent les trois premiers rangs de ce classement et 14 sur 19 d’entre eux ont une valeur supérieur à la moyenne alors que les trois sites structuraux figurent parmi les neuf premiers. Au contraire, tous les géomorphosites anthropiques ont une valeur inférieure à la moyenne tout comme l’ensemble des sites gravitaires (Tableau 13.).

Nous analysons maintenant plus en détail la valeur scientifique des géomorphosites du Val de Bagnes selon le processus géomorphologique auquel ils appartiennent (pts. 5.2.2 à 5.2.8.).

5.2.2. Les géomorphosites glaciaires

Les formes géomorphologiques classées comme géomorphosites glaciaires sont les plus nombreuses de l’inventaire (19 sur 40 au total). Elles couvrent les principales formes issues des diverses glaciations qui ont jalonné l’histoire régionale. On retrouve donc tant des sites passifs des diverses épisodes glaciaires passés (Würm, Tardiglaciaire, Holocène ou PAG) que des sites résultant de l’influence des glaciers présents actuellement dans le Val de Bagnes. Certaines formes résultent de l’action érosive des glaciers (vallée en auge et suspendue, roches moutonnées, stries glaciaires, ombilic, verrou). D’autres sont des formes construites, résultat de l’accumulation de matériaux érodés puis déposés par un glacier (moraines et bastions morainiques, marges proglaciaires). Finalement, nous avons inventorié les divers types de glacier (de vallée, suspendu, couvert, de cirque, de calotte) présents actuellement dans le Val de Bagnes (la plupart étant une combinaison de plusieurs de ces cas particuliers). Les plus vastes géomorphosites de l’inventaire font partie de cette catégorie. Nous avons ainsi souligné ici l’importance de ce processus dans le modelé des paysages de la région et ce à diverses échelles temporelles et spatiales.

Pour treize de ces géomorphosites, le processus glaciaire qui les a formés n’est plus actif ; on parle alors de géomorphosites passifs. Ce sont des formes qui résultent donc de l’action passée des anciens systèmes glaciaires du Val de Bagnes. Les plus en aval de notre terrain sont aussi les plus anciens, les dernières étendues glaciaires maximales dans la région ayant eu lieu entre 20'000 ans (Würm) et 16'000 ans environ (Tardiglaciaire). C’est aussi le cas pour ceux se situant aux altitudes les plus basses (proche du talweg du Val de Bagnes). Nous retrouvons dans ces catégories la diffluence du glacier de Bagnes (BAGgla001) ainsi qu’une moraine latérale du même glacier (BAGgla004) et la terrasse de kame de Bruson (BAGgla003) (toutes deux édifiées à partir du Tardiglaciaire, il y a 16'000 ans environ).

La vallée en auge de la Dranse de Bagnes (BAGgla010) a probablement commencé à être sculptée à cette période, mais les glaciations antérieures (entre 20'000 et 16’000 ans environ) ont également affecté cette plaine alluviale. Ceci est aussi le cas pour le verrou de Mauvoisin (BAGgla012) et pour les stries glaciaires que l’on retrouve en amont de Bonatchiesse (BAGgla011).

Toujours lors de cette période du Gschnitz (- 16'000 ans), on a pu estimer la hauteur de glace du glacier de Bagnes (BURRI 1974) grâce à un bord d’érosion latéral du Val de Bagnes marqué par une rupture de pente assez nette vers 2000m d’altitude. Ceci correspond au niveau inférieur des divers vallons suspendus perpendiculairement à la vallée principale tels que le vallon du Crêt, celui de Sovereu ou celui de Louvie (BAGgla006) dont on peut donc estimer l’édification à cette période. D’autres géomorphosites passifs sont un peu plus récents. C’est notamment le cas du complexe paléoglaciaire de Patiefray (BAGgla002), de la moraine latérale de Corbassière (BAGgla009), de l’ombilic de Tsofeiret (BAGgla016) (Dryas récent) et du complexe de roches moutonnées d’Otemma (BAGgla018) (PAG).

Les géomorphosites glaciaires actifs sont tous situés dans le fond du Val de Bagnes, à proximité directe des systèmes glaciaires actuels, sauf les lacs proglaciaires de Sovereu (BAGgla005) situés dans le vallon éponyme perché et perpendiculaire à la vallée principale. Nous avons retenu ici les divers types de glaciers et systèmes glaciaires du Val de Bagnes (BAGgla013, 014, 015 et 017) auxquels nous avons intégré leur marge proglaciaire ou du moins leurs moraines et bastions morainiques historiques. Deux marges proglaciaires d’importance nationale ont également été retenues (BAGgla008 et 019), sans prendre en compte les glaciers attenants dans l’évaluation.

D’un point de vue de l’évaluation, les géomorphosites glaciaires obtiennent des valeurs scientifiques moyennes relativement élevées, au-dessus de la moyenne de l’ensemble des géomorphosites de l’inventaire (Tableau 14.). On trouve 13 géomorphosites glaciaires parmi le 20 meilleures valeurs scientifiques de l’inventaire. La valeur scientifique générale de ces géomorphosites n’est pas directement liée au fait qu’ils soient actifs ou passifs.

Dans le détail (voir le Tableau 14.), on remarque que ce sont des sites qui sont en général très bien conservés. Seules les formes les plus anciennes (BAGgla004 ; BAGgla009 et BAGgla010) obtiennent des valeurs moyennes ou faibles pour ce critère

; alors que les plus imposantes de ces « vieilles » formes sont elles encore bien conservées (BAGgla001 ; BAGgla002 ; BAGgla003 ; BAGgla006 ; BAGgla012 ; BAGgla016).

Ceci est surtout dû au travail de l’érosion qui agit depuis plus de temps sur ces formes

« âgées ». Les géomorphosites glaciaires sont, on l’a déjà dit, très représentatifs de la géomorphologie et de la géodiversité tant à l’échelle régionale qu’à celle de l’arc alpin.

Ce critère est donc également relativement élevé pour ce type de formes. De même, depuis plus d’un siècle maintenant, on sait que les glaciers et les éléments paysagers d’origine glaciaire constituent des marqueurs incontournables de l’évolution du climat.

De ce fait, la valeur paléogéographique des géomorphosites glaciaires est, en moyenne (à l’exception de 5 sites), élevée ou maximale.

On retrouve ici les deux sites obtenant les deux plus hautes valeur scientifique de l’inventaire (BAGgla013 et BAGgla014), dont le seul site de l’inventaire obtenant une note maximale pour l’ensemble des critères d’évaluation de la valeur scientifique (BAGgla013).

En résumé, la valeur scientifique relativement élevée des géomorphosites glaciaires est une combinaison des divers critère individuellement élevés. Seul le critère de rareté n’est pas significativement élevé pour ce type de géotopes. Il n’y a pas de critère spécialement discriminant ou favorisant pour ce type de formes ; dans l’ensemble ils ont une valeur scientifique globalement élevée.