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Résultats de l'analyse de l'édition de Madame Figaro consacré au Brésil : une

IV. 2.1.5.3 Mode

IV.2.2 Résultats de l'analyse de l'édition de Madame Figaro consacré au Brésil : une

Femmes Hommes

Personnes citées dans ce numéro 80

28 52

Avec profession 27 51

Sans profession 1 1

Avec prénom seul 5 1

Anonymes - 5

Avec photo 5 15

Personnes avec photo seule (non identifiées)

27

8 19

Le tableau complet est en annexe (Annexe VI).

A l'occasion de l'Année du Brésil en France, Madame Figaro a dédié son édition du 22 janvier 2005 au pays. De la couverture et l'édito à l'« Agenda », en passant par des rubriques aussi variées que le « Zapping », la « Mode », la « Beauté », le « Reportage », la

« Musique », les « Rencontres », la « Cuisine » et la « Déco », le pays était présent dans 49 des 94 pages de l'édition. Bien que ce numéro spécial ait fourni quelques informations nouvelles sur le pays, les stéréotypes des femmes brésiliennes y ont été toujours explorés – comme nous l'avons déjà montré dans les extraits présentés dans le chapitre précédent.

Grâce à une analyse basée sur la méthode Mediawatch, nous avons pu mettre en évidence le caractère sexiste de cette représentation.

IV.2.2.1 Suprématie masculine

Contrairement à la plupart des articles et brèves analysés – qui traitaient davantage des femmes que des hommes brésiliens –, cette édition de Madame Figaro suit la logique sexiste des médias en général. Parmi les 80 Brésiliens et Brésiliennes cités dans ce numéro, 52 sont des hommes et 28 des femmes, soit presque le double, alors qu’au Brésil les

femmes représentent 50,78%505 de la population.

Parmi les 52 hommes recensés, nous avons même trouvé une femme, Carla de Carvalho, identifiée par erreur par l'article masculin: « le designer Carla de Carvalho ». Comme, au contraire du Brésil, le prénom Carla ne peut pas nécessairement être identifié en France comme féminin - fait qui a pu d'ailleurs avoir provoqué l'erreur - cette erreur pouvait donc être difficilement identifiée. C’est pourquoi nous l'avons comptée comme un homme.

La suprématie numérique des hommes dans les textes se reflète aussi dans les photographies : 15 des 52 hommes cités (soit 28,85%) ont été photographiés contre 5 pour les 28 femmes (soit 17,86%). Cela peut s’expliquer en partie par le fait que les 3 principaux articles du magazine – « Minas Gerais, le beau filon », « Ils font rayonner le Brésil » et « A São Paulo, le maître du béton coloré », dont nous parlerons ci-dessous - étaient dédiés à des hommes brésiliens ou recueillaient des témoignages de ces derniers, aussi présentés en images.

Il est intéressant de noter que ces 15 hommes sont tous représentés soit en train d’exercer leur métier, soit pour illustrer un texte qui parle de leur métier. En revanche, parmi les 5 femmes représentées en photographie, l'une n'a pas de profession (Bethy Lagardère) ; 2 autres sont des mannequins (dont l’une est en bikini et tee-shirt) ; une autre est la chanteuse Bebel Gilberto, représentée - dans une brève sur la musique brésilienne - en train de danser, alors que les musiciens Gilberto Gil et Seu Jorge le sont en train de chanter et de jouer de la guitare ; et finalement, Yael Sonia, designer de bijoux franco-brésilienne, pose avec ses bagues en pierres précieuses.

IV.2.2.2 Des visages anonymes

Nous avons recensé 14 photos - représentant 27 personnes non-identifiées ni mentionnées dans le texte - et qui n’ont quelques fois pas de légende. Ce sont des photos exclusivement illustratives. Il est intéressant de remarquer que dans ce numéro de Madame Figaro, les hommes brésiliens sont davantage utilisés dans un but décoratif que les femmes (19 hommes pour 8 femmes). Parmi ces visages anonymes, la proportion des hommes par rapport aux femmes est à peu près la même que celle observée pour les personnes identifiées, c'est-à-dire à peu près deux fois supérieure.

Parmi les hommes, nous avons recensé 2 joueurs de capoeira ; 3 hommes dans un marché de rue ; 1 homme montrant un fruit local ; 11 miniers ; et 1 ouvrier qui travaille à la surveillance d'une mine. Parmi les femmes, l'on compte 1 ouvrière (surveillée par un

505

homme) ; 1 femme dans un spa ; 1 femme dans un marché de rue ; 1 mannequin en bikini ; et 4 danseuses en tenue de carnaval. Il est pourtant intéressant de remarquer que seule l'une de ces danseuses porte une tenue « sexy » (bikini), alors que les 3 autres portent des costumes traditionnels de « bahianaise » (des robes longues et lourdes).

IV.2.2.3 L'éditorial de mode

L'éditorial de mode « Sous le soleil de Bahia » montre 3 mannequins brésiliens (2 jeunes filles et 1 jeune homme, formant un couple avec l’une d’entre elles) dans des situations diverses, parfois seuls, parfois en interaction avec des brésiliens anonymes. Parmi ces anonymes, une fois de plus, les hommes sont plus nombreux : 14 hommes pour 6 femmes. Aucun de ces Brésiliens et Brésiliennes anonymes n’exerce une activité rémunérée - ils jouent la capoeira, elles dansent, ils jouent au domino ou jouent de la musique - reproduisant ainsi une image exotique d'un univers d’oisiveté très stéréotypé. Cette extrême transformation du réel caractéristique des photographies de mode à laquelle se referait DARDIGNA506, opère dans le but de créer un climat propice à la consommation.

IV.2.2.4 Sexisme moins évident

Concernant le facteur « identification » (par le prénom seul ou par des liens de parenté), le sexisme du magazine est moins évident, mais demeure cependant toujours présent. Quatre femmes (dont les chanteuses Maria Bethânia et Cibelle) et un homme (le chanteur Seu Jorge) sont identifiés uniquement par leurs prénoms. Toutefois, l’identification d'une artiste par son seul prénom (en se traitant d'un « nom artistique ») ne peux pas être considérée comme une représentation sexiste.

Concernant l'identification par des liens de parenté, nous trouvons cinq anonymes – tous des hommes – identifiés, à l'exception du « mari français » d'Otaviana507, uniquement par des liens de parenté homme-homme : « son oncle », « son cousin » et « son père » (à 2 reprises). Trois de ces liens de parenté sont utilisés dans le même reportage (« Minas Gerais, le beau filon »), toujours pour montrer une tradition qui passe, par les hommes, de génération en génération.

Nous avons aussi décelé 4 références à des liens de parenté homme-femme, l'homme étant dans la plupart de cas le référent : « la chanteuse Astrud Gilberto (femme de João) », ce dernier ayant déjà été mentionné dans le texte (« João Gilberto, le père de la bossa-nova ») ; dans la même brève, nous trouvons « Maria Bethânia et son frère, Caetano Veloso » ; dans le portrait du créateur de mode Amir Slama : « Amir travaille avec sa femme, Riva » ; et dans

506 Voir chapitre III.3.5.1.2.1.

507 Dans la rubrique « Agenda Boutiques » : « Brésilienne pure souche, Otaviana Moreira a suivi son mari français à Paris ».

l'article sur l'architecte Ruy Othake, nous trouvons une référence à sa mère : « Fils de la grande artiste peintre brésilienne, d'origine japonaise, Tomie Othake ».

Concernant la profession, s'il n'y a pas eu de sexisme – vu que seulement une femme et un homme sont cités sans profession - les stéréotypes ont tout de même été renforcés. A l'exception de deux responsables de boutique, toutes les autres femmes identifiées avec leurs professions exercent des métiers liés à l'art, à la création, à la mode et à la beauté : nous comptons 10 chanteuses, 7 designers et 4 mannequins parmi les professions les plus récurrentes.