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Chapitre 2 – Outils méthodologiques

2) Qualités acoustiques de la voix chantée

2.1 Production de la voix chantée

2.1.3 Résonnance

Une fois le son produit, il se dirige vers les résonateurs, lui permettant d’être enrichi. Ceux-ci se composent du pharynx, de la bouche et du nez. La taille de ces résonateurs peut être modelée par les articulateurs, qui sont la langue, le velum (voile du palais, aussi appelé palais mou), les dents, les lèvres et la mâchoire95.

93 CHABOT-CANET, C., Interprétation, phrasé et rhétorique vocale dans la chanson française depuis

1950 : expliciter l'indicible de la voix, p.178.

94 HENRICH, N., « Physiologie de la voix chantée : vibrations laryngées et adaptations phono-

résonantielles », 40èmes Entretiens de Médecine physique et de réadaptation, Montpellier, 2012.

CASTELLENGO, M., « Continuité, rupture, ornementation. Ou les bons usages de la transition entre deux modes d’émission vocale », Cahiers d’ethnomusicologie, 4, 1991, p.155-165. URL : http://ethnomusicologie.revues.org/1583

Figure 3 – Articulateurs : velum (voile du palais), lèvres, dents, langue, mâchoire96. L’utilisation du pharynx97 a une influence sur le son obtenu, comme l’explique B. Calais- Germain : « l’abaissement du larynx, par exemple par le diaphragme, allonge le conduit pharyngé et modifie la résonance en augmentant les harmoniques graves. L’état tonique des muscles du pharynx, en faisant varier le diamètre du conduit pharyngé, modifie la résonance »98.

La bouche quant à elle, est le lieu primordial pour l’articulation des sons et la résonance. Ainsi, quand elle est ouverte plus en avant – au niveau des lèvres et de la mandibule – le son sonne plus « ouvert » que quand elle est ouverte vers l’arrière, au niveau de l’oropharynx (voir Figure 4 ci-dessous).

96 CALAIS-GERMAIN, B., et GERMAIN, F., Anatomie pour la voix, p.221.

97 Le pharynx est un tube souple situé en avant de la colonne cervicale. Il se prolonge en bas par l’œsophage

et communique avec l’arrière des fausses nasales, l’arrière de la bouche et le haut du larynx.

Figure 4 – Étages du pharynx99.

Cette ouverture arrière de la bouche est permise par le soulèvement du voile du palais, qui est le prolongement du palais dur, situé à l’arrière des cavités du nez. Il est indispensable à l’articulation de certaines consonnes et voyelles (surtout nasales) et peut enrichir la résonnance du son vocal ; par exemple, la position « baillée » permet de fermer l’accès aux fosses nasales, et permet de produire un son couvert, comme dans le chant lyrique par exemple. Il permet également de modifier la taille des parties des résonateurs utilisés car il se trouve à la jonction entre la partie verticale (pharynx) et horizontale (bouche, nez) des résonateurs. Ainsi, il permet à l’air de passer par la bouche en étant situé en position haute, le nez en position basse, ou les deux en même temps en position médiane, par exemple. L’utilisation du nez cependant, offre moins de portée à la voix, et le son produit est dit « nasal ». Il ne peut changer de forme, au contraire de la bouche, si ce n’est de minuscules ajustements au niveau des narines.

L’utilisation des cavités de résonance et des articulateurs se fait en fonction des voyelles et consonnes à vocaliser100, qui vont, elles, déterminer l’apparition de formants

vocaux.

Les voyelles sont en effet des sons voisés (sonores) dont l’onde sonore est composée d’une fréquence fondamentale (f0) et de ses harmoniques (Hn=nf0)101. Les consonnes, quant à elles, peuvent être voisées, c’est-à-dire sonores, ou non voisées, sourdes, dépendamment de leur lieu d’articulation (labial, dental, labiodental, alvéolaire, palatale, vélaire, uvulaire) et de leur mode d’articulation (occlusives, fricatives, nasales, latérales, vibrantes)102. Dans tous les cas, les consonnes sont assimilées à des bruits, riches en hautes fréquences.

La fréquence fondamentale correspond à la fréquence de vibration des plis vocaux : plus les cordes vocales vibrent rapidement au moyen de la pression d’air, plus la fréquence fondamentale est élevée, c’est-à-dire plus le résultat sonore est aigu. Inversement, plus les cordes vocales vibrent lentement, plus la fréquence fondamentale est basse, donc le son est grave.

Les harmoniques, quant à eux, sont les multiples entiers de la fréquence fondamentale, de telle façon que H2 = 2 f0, H3 = 3 f0, H4 = 4 f0, etc103. Comme le définit Nathalie Henrich, ces fréquences harmoniques correspondent à des intervalles musicaux : « H2 est à l’octave de H1, H3 est à la quinte de H2, H4 est à l’octave de H2, H5 est à la tierce de H4, etc. »104.

Ainsi, chaque voyelle est un son harmonique présentant des formants bien marqués. Les

formants, ou région formantique, sont des régions du spectre où les composantes

paraissent amplifiées, indépendamment de leur rang harmonique, ou de la fréquence fondamentale. Les formants accentuent ainsi certaines harmoniques105.

100 Les voyelles vocalisées avec un velum (voile du palais) abaissé sont dites nasales : /ã/ /õ/ /ī/ ; celles

vocalisées avec un velum relevé sont dites orales : /a/ /i/ /u/. HENRICH, N., « Vibrations et résonances en voix chantée », p.10.

101 HENRICH, N., « Physiologie de la voix chantée : vibrations laryngées et adaptations phono-

résonantielles ».

102 HENRICH, N., « Vibrations et résonances en voix chantée », p.11. 103 HENRICH, N., « Vibrations et résonances en voix chantée », p.8. 104 HENRICH, N., Ibid, p.8.

105 TRAUBE, C., Introduction à l’acoustique musicale MUS 1300 : notes de cours, Faculté de musique,

Figure 5 – Graphiques donnant la fréquence centrale des deux premiers formants (F1, F2) pour les voyelles du français (à gauche) et de l’anglais britannique (à droite)106.

Par conséquent, ce chemin parcouru par l’air, se transformant peu à peu en son vocal – du souffle, à la vibration, puis à la résonance – influe sur le timbre vocal du chanteur.

En effet, la pression sous-glottique détermine l’intensité sonore de sa voix, les mécanismes laryngés la hauteur (puisque ces registres correspondent aussi à des zones de hauteur dans la tessiture du chanteur) et la couleur du son (léger avec la voix de tête ou plus lourd en mécanisme de poitrine, par exemple), à laquelle participent également les cavités de résonance en rendant, par exemple, le son plus nasal, ou bien en exploitant l’arrière de la gorge pour produire une voix gutturale.