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Le régime méditerranéen antidiabétique:

3.1. Régime à faible indice glycémique :

L’indice glycémique permet d’évaluer la qualité des aliments contenant des glucides en fonction de leur pouvoir glycémiant.

Pour réduire la réponse glycémique à l’ingestion d’aliments, il faut remplacer les glucides dont l’indice glycémique est élevé par des glucides dont l’indice glycémique est faible (haricots et pois secs, lentilles, pâtes alimentaires, pain de seigle ou de seigle noir, riz étuvé, orge, avoine, quinoa, pommes, poires, oranges, pêches, prunes, abricots, cerises et baies). L’International Tables of Glycemic Index and Glycemic Load Values fournit une liste détaillée des indices glycémiques par catégories d’aliments.

Or l’alimentation méditerranéenne avec ces constituants est un bon exemple d’alimentation à faible indice glycémique.

Des méta-analyses d’études contrôlées sur l’alimentation, dans lesquelles on avait remplacé les glucides dont l’indice glycémique était élevé par d’autres dont l’indice glycémique était faible au cours de repas mixtes ont montré une amélioration clinique significative de la maîtrise de la glycémie en deux semaines à six mois chez des personnes atteintes de diabète de type 1 et de type 2. Cette stratégie alimentaire a aussi permis d’obtenir une amélioration des facteurs de risque cardiovasculaire, notamment du taux de triglycérides après 2 à 24 semaines, une amélioration de la glycémie postprandiale et du taux de protéine C réactive hautement sensible (hsCRP) après un an chez les personnes atteintes de diabète de

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type 2 et une réduction du nombre d’épisodes d’hypoglycémie après 24 à 52 semaines chez les enfants et les adultes atteints de diabète de type 1.

On a montré également qu’un régime à faible indice glycémique, comparativement aux conseils basés sur les recommandations nutritionnelles de la Japanese Diabetes Society, avait amélioré le contrôle de la glycémie sur une période de trois mois chez des Japonais présentant une intolérance au glucose ou un diabète de type 2 et, comparativement aux conseils basés sur les recommandations de l’American Diabetes Association, avait réduit le besoin aux antihyperglycémiants durant un an chez des personnes dont le diabète de type 2 était mal maîtrisé [52].

3.2. Bénéfices métaboliques des fibres alimentaires :

Les fibres alimentaires fermentescibles induisent des avantages métaboliques sur le poids corporel et le contrôle glycémique, mais les mécanismes sous-jacents étaient encore mal compris. La néoglucogenèse intestinale (NGI) exerce des effets bénéfiques sur l’homéostasie énergétique et glucidique.

Une étude a montré que les acides gras à chaîne courte (AGCC) tels que le propionate et le butyrate, qui sont générés par la fermentation des fibres solubles par le microbiote intestinal, activent la NGI par des mécanismes complémentaires.

Le butyrate active l’expression des gènes de la NGI par un mécanisme dépendant de l’AMPc, tandis que le propionate, lui-même précurseur du glucose intestinal, active l’expression des gènes par l’intermédiaire d’un arc-réflexe intestin-cerveau impliquant le récepteur des acides gras FFAR3. Les avantages métaboliques sur le poids corporel et le contrôle du glucose induits par les AGCC ou les fibres alimentaires chez les souris normales sont absents chez les souris déficientes pour la NGI, malgré des modifications similaires dans la composition du microbiote intestinal. Ainsi, la NGI est un lien causal dans les avantages métaboliques associés aux fibres solubles.

Compte tenu des effets bénéfiques reconnus de l’apport en fibres alimentaires chez les personnes diabétiques, on recommande aux adultes atteints de diabète d’avoir un apport de

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fibres plus élevé (25 à 50 g/jour ou 15 à 25 g par 1 000 kcal) que celui recommandé chez la population générale (25 g et 38 g respectivement pour les femmes et les hommes et 21 g et 30 g respectivement pour les femmes et les hommes de plus de 51 ans) [61, 52].

3.3. Opposition au stress oxydant :

Les nutriments apportés en excès par l’alimentation occidentale sont, soit stockés sous forme de graisse dans le tissu adipeux, soit oxydés par les mitochondries, essentiellement dans le muscle. Cette augmentation de l’oxydation mitochondriale conduit à une production excessive de radicaux libres qui, face à des défenses antioxydantes le plus souvent déficientes, vont générer un stress oxydant. Ce dernier pourrait constituer le trait d’union entre excès alimentaires d’une part, et insulinorésistance, syndrome métabolique et diabète de type 2 d’autre part. Si tel est le cas, les antioxydants du régime méditerranéen pourraient, quant à eux, jouer un rôle protecteur vis-à-vis des dommages oxydatifs et de l’insulinorésistance induits par le régime occidental.

 Stress oxydant et insulinorésistance :

Les espèces réactives oxygénées (ERO), ou radicaux libres (RL), sont des atomes ou molécules possédant un ou plusieurs électrons célibataires, ce qui les rend très instables. Elles tendent, ainsi, à réagir avec de nombreux composés, et notamment les macromolécules situées à proximité de leur site de génération. Les RL sont générés au sein de la cellule, via des mécanismes multiples et variés, la source principale d’anions superoxyde étant la mitochondrie à travers la chaîne de transport des électrons.

Le stress oxydant provient d’un déséquilibre entre la production de RL et les capacités antioxydantes cellulaires. Produits en excès, les RL vont altérer les macromolécules, favorisant ainsi la fragmentation de l’ADN, la peroxydation lipidique ou la carbonylation des protéines. Cependant, les RL, bien connus pour leur implication dans le stress oxydant, sont également des molécules indispensables pour de la transduction du signal de l’insuline (figure 12).

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Figure 12: Facteurs environnementaux et génétiques favorisant le stress oxydant et mécanismes impliqués dans l’induction de l’insulinorésistance et du diabète de type 2

par le stress oxydant [62]. • Antioxydants alimentaires et métabolisme du glucose :

Les facteurs pro-oxydants (ERO et RL) sont neutralisés par des systèmes antioxydants endogènes enzymatiques, telles que la superoxyde dismutase (SOD), la catalase (CAT) et la glutathion peroxidase (Gpx), ou des systèmes non-enzymatiques, comme le glutathion, l’acide urique, le nicotinamide adénine dinucléotide phosphate (forme réduite) (NADPH), le coenzyme Q, l’albumine et la bilirubine. A ces antioxydants endogènes, s’ajoutent des

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molécules réductrices exogènes provenant de l’alimentation, englobant les vitamines C et E, les caroténoïdes et les polyphénols.

• Des polyphénols, comme la quercétine ou l’hespéridine, faisant partie des antioxydants les plus étudiés, ont donnés de nombreux résultats intéressants. Ces composés limitent l’inflammation due au facteur de nécrose tumorale (TNF) et améliorent la sensibilité à l’insuline ;

• le resvératrol, un composé phénolique de la famille des stilbènes, améliore la balance énergétique et augmente l’activité mitochondriale, tout en protégeant les souris contre l’obésité et l’IR induits par l’alimentation. Ses effets bénéfiques sur le métabolisme du glucose ne sont pas simplement dus à ses propriétés antioxydantes, mais également à sa régulation d’histones déacétylases, comme la sirtuine 1 (Sirt1), et donc à son activité de régulation de l’expression des gènes [62].

3.4. Prévention de l’obésité :

L’obésité, surtout l'obésité abdominale, est un facteur de risque important dans le développement du diabète de type 2. Puisque certaines études ont montré que l'adhérence à l'alimentation méditerranéenne diminue les risques d'une personne de devenir obèse, ce mécanisme pourrait aussi expliquer les effets bénéfiques du mode alimentaire méditerranéen sur les risques de développer le diabète de type 2. De surcroît, les résultats de l'étude Nurses Health Study suggèrent que les femmes diabétiques qui adhérent à l'alimentation méditerranéenne ont une concentration d'adiponectine 23% plus élevée que celles ayant la plus faible adhérence. La concentration d'adiponectine, une cytokine améliorant la sensibilité à l'insuline et qui régule le métabolisme du glucose et des lipides, était positivement associée avec certaines composantes de l'alimentation méditerranéenne dans cette étude telles que la prise de noix et de produits céréaliers à grains entiers [63-67].

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4. Les bénéfices du style alimentaire méditerranéen chez les