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Récupération de matières organiques et végétales

Chapitre II Urgence du défi « déchets » à Dakar

3.2.1 Récupération de matières organiques et végétales

3.2.1.1 Utilisation des déchets par l’agriculture urbaine.

L’utilisation par l’agriculture du compost issu des déchets domestiques est connue depuis une époque reculée. La nouveauté réside dans le rapprochement de cette pratique, des zones urbaines ou péri urbaines, pénétrant même parfois les interstices des villes dans les pays en voie de développement. A Dakar, cette activité constatée dés les années 1920, a connu un boom dans les années 1970 avec l’extension des jardins maraîchers dans la zone des sables quaternaires, qui s’étend de Pikine à Kayar sur 316 km2.

« La modernisation et l’intensification des systèmes de production induisent une plus forte utilisation d’intrants. Les producteurs essayent de répondre à cette demande par le recyclage de différents types de déchets. En milieu périurbain, la plupart des petits maraîchers possèdent également des animaux ; ils peuvent donc valoriser le fumier et les sous-produits de maraîchage. Les activités de tri et de tamisage des déchets urbains emploient plusieurs personnes dans certains quartiers de Dakar (Croisement Cambérène) et à la décharge publique. Le produit obtenu est utilisé dans le maraîchage et la floriculture (…). En ville, l’élevage ovin valorise les rebuts provenant de la vente de détail des légumes (notamment manioc et chou) dans les marchés de quartier. Les ateliers de transformation artisanale du poisson rejettent des déchets (arêtes et écailles) utilisés comme engrais organique. La litière de filao, source de matière organique, est un atout pour l’agriculture3».

Une bonne partie ces producteurs de fruits et légumes ainsi que les horticulteurs, utilisent des « chargements » de déchets ménagers pour fertiliser leurs champs ou vergers, soit directement comme fumure après tri grossier, ou alors après transformation par le procédé du compostage traditionnel. Parfois ces déchets organiques sont associés avec de la fumure animale mais aussi avec utilisation d’eaux résiduaires domestiques.

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Sud Quotidien. Ed Mardi 3 octobre 2000.

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KEN BUGUL (2006) La Pièce d’or, Ubu Editions, La Madeleine-de-Nonancourt, 2006, 315 pages 3

M-B. (2004). L’alimentation des villes.Situation et contraintes des systèmes urbains et périurbains de production horticole et animale dans la région de Dakar in Cahier d’études et de recherches Francophones / Agriculture. Volume 13 numéro 1, 39-49 Janvier février 2004

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Sur l’axe Route des Niayes, Pikine-Cambérène et le long de la VDN, se sont établis des maraîchers qui irriguent leurs parcelles avec l’eau du réseau, de même que l’eau des puits et céanes qui captent la nappe affleurante. Certains utilisent aussi en appoint l’eau résiduaire en provenance des foyers. Quelques maraîchers se contentent des eaux usées issues de la vidange des fosses septiques, alors que d’autres n’hésitent pas à percer des dérivations sur les canalisations d’évacuation du tout-à-l’égout disposant ainsi d’un filet d’arrosage de leurs champs, filet dont ils gèrent le débit de leur en fonction des besoins.

S’agissant du compost, l’ancienne décharge de Hann en fournissait avant même sa fermeture, à nombre de maraîchers des zones péri urbaines de la ville. Inoffensif et d’assez bonne qualité, il était encore peu contaminé par les matières polluantes industrielles ou domestiques. Le terreau servait alors aussi bien aux horticulteurs qu’aux maraîchers produisant fruits et légumes.

Actuellement, le terreau produit par la décharge de Mbeubeuss est très convoité par les horticulteurs implantés dans la zone, mais aussi par des organismes d’entretien d’espaces verts et des particuliers ; il fait d’ailleurs l’objet d’une commercialisation par l’une des filières de récupérateurs présente sur le site de la décharge, récupérateurs qui versent à leur tour des droits d’exploitation à la Mairie de Malika (Commune d’implantation de la décharge). Toutefois, à l’image des eaux résiduaires parfois utilisées par l’agriculture urbaine, le terreau de Mbeubeuss ne fait pas l’unanimité chez les producteurs de fruits et légumes : il ne présenterait pas de garanties sanitaires du fait d’une présence de métaux lourds (plomb, mercure, zinc..) susceptibles de se retrouver sur la chaîne alimentaire.

On peut aussi noter l’utilisation des déchets des industries de transformation des produits de la pêche : arêtes et écailles de poissons sont utilisées comme engrais, alors que la farine de poisson sert à l’alimentation de la volaille notamment dans les périmètres avicoles le long de la Route de Rufisque. En général, les secteurs de l’élevage utilisant des déchets assimilables aux ordures ont recours à des déchets industriels de production avec matière non contaminée, c’est d’ailleurs un peu selon le même principe que les populations récupèrent à l’échelle domestique leurs déchets organiques de consommation pour nourrir le petit élevage urbain domestique. Aux USA, ces résidus organiques sont appelés garbage.

Les seuls animaux s’approvisionnant directement (mais non exclusivement) avec des

déchets mélangés sont ceux laissés en divagation dans les rues et qui picorent quelques

matières dans la diversité de déchets présents dans les dépôts anarchiques qui prolifèrent dans la ville. C’est d’ailleurs chez ces animaux laissés en divagation durant la journée et qui visitent autant les poubelles déposées sur le domaine public que les dépôts anarchiques, que l’on rencontre le plus fort taux d’ingestion de matières nocives : plastiques, tessons de bouteilles et autres rebuts acérés (lames, débris de couteaux…)

Toutefois, on est loin d’atteindre les niveaux que relate BERTOLINI. Reprenant MUMFORD L, il nous apprend que jusqu'au 19°siècle, c’est le porc qui débarrassait les ruelles d’une bonne partie des ordures notamment de leur frange organique. Cet animal était un auxiliaire précieux de la salubrité publique, même dans les villes qui se piquaient de

modernisme comme New-York et Manchester1. Antérieurement, la tâche des éboueurs dans les cités médiévales était accomplie par les chiens et les porcs ; dans certaines villes, ces animaux continuèrent à s’acquitter de cette tâche, jusque vers les années 1850.

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BERTOLINI G, (1990). Le marché des ordures : économie et gestion des déchets ménagers. Paris. Edition L’Harmattan. 1990. 205 pages.

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3.2.1.2 Récupération de déchets, à des fins de consommation alimentaire.

Qu’il s’agisse des Buuju-men (indépendants, regroupés en affinité ou par famille) installés sur le site de la décharge ou ceux intervenant plus en amont, tout au long du circuit des déchets, des récupérateurs n’hésitent pas en général à se servir en produits alimentaires périmés ou dans le « trop plein » jeté dans les poubelles.

Bien qu’appartenant au groupe des pays en voie de développement, Dakar à l’image de beaucoup de villes modernes ne fait cependant pas exception au gaspillage alimentaire notamment dans les zones aisées. On retrouve ainsi dans quelques poubelles des rebuts parfois jugés comestibles, provenant en général des poubelles des hypermarchés, des ménages du centre-ville ainsi que des quartiers huppés, déchets alimentaires qui font le bonheur des ripeurs et autres récupérateurs, en premier lieu ceux itinérants. Aussi, il est fréquent que les rebuts alimentaires des quartiers aisés soient réutilisés et consommés par les populations les plus démunies. C’est le cas des récupérateurs arpentant les artères du Plateau et des zones résidentielles, mais aussi de certains fouilleurs plus discrets qui à l’opposé des buuju-mens qui opèrent en plein jour, préfèrent intervenir la nuit.

Cette pratique présente depuis des décennies au Sénégal, y est en forte progression, bien que les risques sanitaires soient réels pour ses adeptes, à cause notamment de la faible proportion des denrées emballées et surtout de la chaleur qui accélère la décomposition des déchets alimentaires. Pourtant ce phénomène n’est plus l’apanage de marginaux des pays pauvres. Face à l’accroissement de la précarité et devant la baisse de leur pouvoir d’achat, de plus en plus de « nouveaux pauvres » dans les villes des pays développés, se rabattent sur les poubelles des grandes surfaces contenants des déchets alimentaires et autres denrées, dont la date de péremption arrive (ou est arrivée) à expiration, sur les déchets des quartiers aisés, et sur les restes alimentaires des collectivités et services (cantines des écoles, aliments non consommés de hôpitaux etc.) Parmi ces « glaneurs » qui récupèrent aussi les invendus quasi-périmés mis au rebut à la fin des marchés urbains de plein air ou couverts, on rencontre pêle-mêle des chômeurs, des RMIstes, des SDF. Quelques retraités ou encore des salariés précaires cherchant à arrondir les fins de mois s’approvisionnent aussi plus discrètement le soir par ce truchement. En marge de ces récupérateurs de nécessité, on retrouve dans le même créneau les initiateurs d’une mode lancée dés la fin de l’année 2006 dans les pays industrialisés et particulièrement aux Etats-Unis par les freegans1 militants écologistes. Ces derniers plus par principe d’ailleurs et pour dénoncer le gaspillage, choisissent de consommer les aliments contenus dans les poubelles, aliments que la surconsommation et la surproduction par l’intermédiaire des grandes surfaces et des fast-foods, destinent à l’incinération ou à mise en décharge. Etrange paradoxe au vu des motivations variables qui réunissent des individus que pourtant tout un monde tout sépare, avec d’un côte des marginaux confrontés à l’instinct de survie et de l’autre des militants de luxe dénonçant tout de même un gaspillage effréné des ressources notamment celles alimentaires.

Les résidents de la décharge de Dakar, bénéficient en général de la fraction qui a pu échapper aux crochets et/ ou mains des récupérateurs postés en amont. Ils se rattrapent aussi avec les invendus et produits périmés en provenance des commerces, des marchés et dans une moindre mesure des restaurateurs (universités, hôpitaux…) et hôtels de la place, qui en jettent aussi et souvent dans des volumes plus importants. A la différence qu’ici, seuls les produits alimentaires emballés ou conditionnés (conserves) sont consommés. Le reste des déchets alimentaires récupérés sert exclusivement à l’alimentation des élevages de porcs qu’on retrouve dans les environs et est connu sous le vocable de Gnamou mbaam2.

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Le terme freegan vient de la contraction des mots anglais free et vegan, respectivement gratuit et végétarien.

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Toutefois, il est arrivé que dans la ville, des individus indélicats se soient adonnés à la récupération de fruits ou aliments avariés, en vue de les réintroduire illégalement dans le commerce, faisant courir de graves risques aux populations. En général, il s’approvisionnent sur des chargements avariés provenant des marchés sous régionaux parfois éloignés (zone CEDEAO), et dont une partie a fait les frais d’un fret non optimisé ; longs trajets, mauvais état des routes, lenteurs douanières, mode de conditionnement, chaleur sont des conditions souvent peu propices à leur bon acheminement. On retrouve aussi parmi ces déchets alimentaires, des boites de conserves non-conformes en provenance d’industries agroalimentaires de la place, et préalablement destinés à la destruction1. Quelques kilogrammes de riz avarié provenant des fonds de cale de bateau2 ou de stocks avariés jetés à la décharge ont aussi par le passé réintroduits frauduleusement dans le commerce. Ces pratiques ont tendance à baisser fortement du fait du durcissement de la législation, suite à quelques scandales liés à la remise sur le marché de produits avariés récupérés à Mbeubeuss ou dans les poubelles des sociétés agro alimentaires. Leur responsabilité étant engagée, ces dernières veillent de plus en plus au grain en s’assurant de leur destruction sommaire avant transfert à la décharge.

3.2.2 Récupération et/ou recyclage de matières non organiques.

Les ménages sénégalais et dakarois produisent et jettent peu de déchets en dehors de fractions organiques impropres à la consommation humaine, qui d’ailleurs étaient souvent « réservées » aux animaux d’élevage. C’est ce qui explique l’extension à tous les animaux d’élevage domestique de la terminologie Gnamou Mbaam à l’origine destiné aux porcs.

Jusqu’à une période récente, beaucoup pratiquaient en effet le recyclage en interne d’une partie de leurs objets usagés en ayant recours au besoin à des réparateurs de fortune, ceci n’étant d’ailleurs pas propre au contexte africain si l’on en croit PICHAT. « Lorsque j’étais

enfant pendant la seconde guerre mondiale à Lyon (…) on prenait soin des objets car il était coûteux de les remplacer. On les entretenait, on les réparait ; ainsi on rétamait les casseroles et les bassines…la plupart des vêtements avaient été portés par les plus grands, on les rapiéçait les raccommodait3 ».

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Indépendamment de la vente illégale et isolée de produits alimentaires de première nécessité périmés (lait en poudre) par certains commerçants véreux, rappelons brièvement l’épisode plus étendu des « cuisses de dindes » qui défraya la chronique dans la seconde moitié des années 1980 au Sénégal. A cette époque, les services de l’hygiène avaient saisi d’énormes quantités de ces viandes avariées qui étaient écoulées dans les marchés de quartier, fréquentés par les couches populaires et les populations de la classe moyenne. Même certaines boucheries modernes « avec pignon sur rue » proposaient cette volaille d’origine non certifiée, à des prix défiant toute concurrence.

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Avant, la céréale principalement importée d’Asie (Inde et Indonésie) était transportée en vrac dans les soutes de cargos. Mais depuis, elle arrive déjà conditionnée dans des sacs de 50 kg, le conditionnement dans les sacs de 100 kg étant abandonné depuis quelques années. Toutefois, malgré le conditionnement, les sacs en fond de cale sont généralement irrécupérable à l’image des déchets de pétrole brut d’ailleurs souvent éliminés par dégazage par certains pétroliers. Destinés à la destruction, les sacs périmés sont parfois récupérés in situ ou une fois sur le site de la décharge. L’organe de presse sénégalais Le Quotidien dans sa livraison du Mercredi 9 Avril 2008, relatait un fait similaire qui s’est déroulé dans la zone de Bel-Air où les services de la Douane sénégalaise avaient enterré quelques tonnes de riz périmé. Au parfum de l’affaire, certains opportunistes ont choisi d’en déterrer une partie, qui après nettoyage (à l’eau bouillante) était soldée aux populations en proie à la crise économique.

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Si elles diffèrent selon les milieux et les contextes (temps socio-économiques), les pratiques de récupération restent présentes sous tous les horizons, chez tous les peuples et remontent parfois à des périodes reculées.

Au Sénégal, dans les royaumes en proie à la sécheresse et aux violences entre les VII et XV siècle, des familles entières s’adonnaient à la récupération des restes principalement alimentaires des concessions parvenant à satisfaire leurs besoins durant les années de soudure, alors que tout objet pouvant servir était déjà systématiquement récupéré.

Durant la colonisation, les enfants des quartiers indigènes allaient parfois à la lisière des beaux quartiers ou dans les zones européennes (Plateau, Hann…), récupérer boites de conserves périmées, vieux ustensiles, jouets et vêtements usagers dans les Mbalit toubab1. Quant à la ferraille de récupération, aluminium, cuivre, zinc etc., commençaient à prendre de la valeur du fait de la baisse des gisements en occident2.

Ces pratiques se sont maintenues bien après l’indépendance avec le développement de la société de consommation moderne qui vit d’un côté les couches sociales moyennes accéder aux biens et équipements de luxe, et de l’autre, une frange paupérisée dans l’obligation de se contenter du nécessaire et éventuellement des rejets des premiers.

Jusque là snobés par les récupérateurs qui privilégiaient les quartiers du centre-ville, les ménages de la banlieue de Dakar se voyaient désormais démarchés par les Baye Diagal

(littéralement celui qui répare tout) récupérateurs occasionnels, proposant leurs services pour

remettre en état ustensiles de cuisine, petite cordonnerie… Parallèlement apparaissait une corporation de récupérateurs qui sillonnaient les artères en quête de sacs de jute (utilisés pour conditionner le riz denrée de base de l’alimentation sénégalaise) qu’ils récupéraient gratuitement auprès des populations, avant de les revendre aux grossistes et commerçants. Devant l’augmentation de la demande, le filon se monétarisa très vite même si les récupérateurs parviennent encore à s’en procurer en les achetant à un prix modique. Ces récupérateurs constituèrent les précurseurs, les aînés des Buuju -mens actuels, acteurs situés aussi bien en amont qu’en aval de la chaîne de production et de prise en charge des déchets.

Cette activité bien que traditionnelle, absorbe en effet une bonne partie des déchets produits et rejetés quotidiennement par les ménages dakarois, ainsi que celle des commerces, des hôtels ou restaurants et des administrations. DIOP. O et WAAS. E dans une étude menée conjointement avec l’ONG ENDA -Tiers monde parlent d’environ 8000 t de déchets récupérés par an et réinjectés dans le circuit ; c’est à ce niveau que l’on retrouve l’essentiel de l’économie de récupération des déchets solides à Dakar. Hormis les éboueurs et « ripeurs » qui en amont procèdent à la collecte et se constituent un « petit trésor » de chaussures, et autres articles qu’ils revendent par la suite à de petits commerces ou aux artisans de la banlieue, on retrouve aussi dans ce créneau des récupérateurs directs leurs concurrents les buuju-mens ou récupérateurs indépendants qui peuvent sillonner les rues de la capitale en permanence, ainsi que les maisons pour acheter des articles proposés par les ménagères.

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Littéralement « poubelles des blancs ».

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Toujours est-il que pour le cas de Dakar, le nombre de récupérateurs travaillant sur le site de la décharge oscillerait entre 300 et 500 selon DIOP & WAAS1, répartis entre deux « villages » :

- le premier « Gouye- Gui » (le baobab) implanté à environ 500 m à l’entrée de la décharge à proximité de l’arbre du même nom comprend environ 150 personnes logeant dans des baraques de fortune. Les récupérateurs de Gouye-Gui se sont spécialisé dans la fouille des chargements provenant des usines et établissements privés.

- et le second « Baol » du nom de la zone d’origine des principaux récupérateurs y habitant. Baol comprend environ 200 récupérateurs, qui opèrent lors du déversement des déchets domestiques, et de ceux en provenance des établissements publics.

Un troisième front encore plus récent a même vu le jour avec le village « Saloum ».

Photo 28. Matériaux récupérés et amassés par leur propriétaires. En arrière-plan, on aperçoit « Saloum », village de récupérateurs sur le site de la décharge de Mbeubeuss.(Cliché DIAWARA A-B 2007)

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« A Gouye-Gui, les baraques sont accolées les unes aux autres et cachées par des clôtures de

fortune, bâties à partir de tôles, de fûts aplatis ou de cartons, comme les maisons elles-mêmes. C’est dans l’espace autour de la baraque que la majorité des récupérateurs gardent leur récolte : le portail de la clôture est fermé avec des cadenas pour marquer l’appartenance, la propriété des objets récupérés. Les trouvailles les plus précieuses sont gardées à l’intérieur de la case, qui sert non seulement de chambre mai aussi d’entrepôt (…). On trouve à Gouye-Gui toutes les filières principales de Mbeubeuss, mais la ferraille et les métaux prédominent, viennent ensuite les cartons, et papiers suivis des plastiques, verres et chiffons dans une moindre mesure. Ce qui caractérise ce premier village c’est la récupération des déchets industriels ou hôteliers. Les déchets organiques sont utilisés pour la nourriture des animaux ou comme engrais. Considéré comme riche de par son accès aux déchets industriels, en général plus intéressants que les ordures ménagères amenées par la SIAS, Gouye –Gui a connu quelques difficultés depuis l’obligation faite aux entreprises de payer une taxe pour pouvoir décharger. Les camions se font plus rares et certains récupérateurs se voient contraints d’arrondir les fins de mois en fouillant au crochet. Néanmoins, la présence d’ateliers de transformation des déchets est un indicateur de la richesse ou du privilège relatif de Gouye-Gui (…). Le deuxième village se situe plusieurs centaines de mètres plus loin, il s’appelle Baol du nom d’une région de l’intérieur du Sénégal dont proviennent nombre de récupérateurs. On le nomme aussi Montagne parce qu’il