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V. DISCUSSION

V.VI Récapitulatif

L’objectif principal de notre étude consiste à évaluer l’incidence et la prévalence de la macrosomie fœtale et de ses complications, pour les Cris de l’Est de la Baie James, comparativement à la population générale du Québec et ce, selon les différentes définitions actuellement en vigueur au Québec.

Les Cris de l’Est de la Baie-James ont un poids de naissance moyen plus élevé de plus de 500g que la population du Québec, 3822,9g et 3314,8g, respectivement. La prévalence de la macrosomie fœtale chez les Cris (36,7%), définie par le poids de naissance>4000g est quatre fois supérieure à la celle du Québec (9,3%). Lors de l’utilisation du poids de naissance≥90ième des courbes postnatales de Kramer, afin de définir les

seuils de la macrosomie fœtale, environ 5 fois plus de Cris (40%) sont diagnostiqués macrosomes comparativement à leur homologue du Québec (8,8%). L’augmentation du poids de naissance seuil de la macrosomie (poids de naissance>4500g) diminue la prévalence chez les Cris qui demeure néanmoins plus importante que celle du Québec. Puisque les Cris ont naturellement un poids de naissance élevé et que les définitions actuelles surestiment les proportions des bébés des Premières Nations Cris considérés macrosomes, il est nécessaire de trouver une définition de la macrosomie fœtale standardisée et validée pour ces populations qui discriminera entre les gros bébés Cris, non-macrosomes, et les véritables macrosomes Cris.

La distribution de la morbidité maternelle mineure de la macrosomie fœtale entre les Cris et le Québec a démontré que, généralement, les risques de ces types de complications sont plus élevés pour les Cris. Cette affirmation se reflète dans les taux similaires de la morbidité maternelle mineure, selon les différentes définitions de la macrosomie fœtale (poids de naissance>4000g, >4500g et ≥90ième percentile de Kramer).

En effet, cette morbidité est davantage liée aux comportements maternels à risque au cours de la grossesse (usage de tabac, de drogues et d’alcool) et au taux élevé de diabète gestationnel prédominant dans les populations Cris. Cependant, les risques de la morbidité maternelle majeure sont inférieurs pour les Premières Nations de la Baie-James pour chacun des seuils de la macrosomie, suggérant qu’elles peuvent accoucher de gros bébés par voie vaginale. Ces résultats appuient la nécessité d’une définition spécifique de la macrosomie fœtale pour les Cris qui préviendra les complications maternelles mineures et majeures véritablement associées aux bébés macrosomes, car les définitions actuelles ne sont pas adaptées pour cela. La distribution de la morbidité périnatale mineure a démontré que les bébés Cris sont approximativement deux fois plus à risque que les bébés du Québec, indépendamment de la définition de la macrosomie utilisée. Comme la morbidité maternelle mineure, cela indique qu’elle est liée aux comportements maternels prohibés au cours de la grossesse, au taux élevé de diabète gestationnel et à de l’obésité maternelle chez

les Cris. Ces résultats similaires, selon les définitions de la macrosomie, illustrent que celles-ci ne permettent pas de discriminer les complications des macrosomes Cris. De plus, il est probable d’augmenter les seuils de la macrosomie fœtale pour les Cris. Les autochtones sont considérablement moins à risque de morbidité périnatale majeure selon les différents seuils de la macrosomie. Définir macrosomie par un poids de naissance>4000g et par le 90ième percentile de Kramer diminue beaucoup plus le risque de morbidité sévère

chez les bébés que par le poids de naissance >4500g. Ces résultats illustrent que les seuils de Kramer et celui du poids de naissance de 4000g ne sont pas aptes à cibler les complications majeures périnatales associées à la macrosomie chez les Cris. Mais augmenter le seuil permet de rétablir une certaine similarité de la distribution du risque de morbidité périnatale majeure entre les populations à l’étude. Appuyant la nécessité des courbes de croissance spécifiques aux Cris pour augmenter la sensibilité de détection des complications associées à la macrosomie fœtale.

La progression de la morbidité maternelle mineure et majeure selon les percentiles estimés par les courbes de croissance de Kramer, indépendamment de l’âge gestationnel, a révélé qu’elles étaient adaptées à la population générale du Québec et non aux Cris de l’Est de la Baie James. En effet, l’observation de l’augmentation de la morbidité maternelle mineure au 90ième percentile Kramer, pour le Québec et au 95ième

percentile de Kramer pour les Cris et l’élévation de la morbidité périnatale mineure et majeure au 90ième

percentile de Kramer, pour le Québec et au 95ième percentile de Kramer pour les Cris appuie cette affirmation.

Le fait de ne pas observer d’augmentation claire de la morbidité périnatale majeure au 90ième percentile de

Kramer, pour ces communautés autochtones, pourrait s’expliquer par la présence de complications associées à de faux positifs, donc de gros bébés Cris, non-macrosomes, et non aux véritables macrosomes Cris. La progression de la morbidité maternelle majeure n’a pas été évaluée, faute d’un manque de données. Les professionnels de la santé doivent octroyer des soins obstétricaux (ex césarienne, induction du travail) aux bébés au 90ième percentile de Kramer, afin de prévenir les complications associées à la macrosomie. Or, la

morbidité maternelle et périnatale mineure et majeure augmente au 95ième pour les Cris, donc les courbes de

Kramer ne permettent pas de les prévenir. Une intervention précoce au 90ième percentile de Kramer pour les

Cris de l’Est de la Baie James, par les professionnels de la santé augmenterait le nombre d’interventions obstétricales non nécessaires.

Les Cris sont surdiagnostiqués macrosomes, il y a donc augmentation importante du nombre de faux positifs. De plus, il y a également plus d’interventions obstétricales non nécessaires chez les gros bébés Cris de l’Est de Baie-James, non-macrosomes, comparativement aux véritables macrosomes Cris. Ces courbes sont néanmoins valides pour la population du Québec. C’est à cet effet qu’il est nécessaire d’avoir des courbes

postnatales spécifiques pour les Premières Nations Cris, afin d’utiliser la bonne intervention obstétricale auprès des patients qui répondent réellement à la condition d’un macrosome.

Les courbes de croissances postnatales spécifiques aux Cris augmentent les seuils de poids de naissances pour les Cris, ciblant ainsi les véritables macrosomes. La variation de la morbidité maternelle et périnatale selon les courbes postnatales des Cris de l’Est de la Baie-James permet de resituer la macrosomie fœtale au 90ième percentile des standards des Cris. En effet, la morbidité maternelle mineure et la morbidité périnatale

mineure et majeure augmentent au 90ième percentile des Cris. Nous pouvons dons retrouver les complications

associées à la macrosomie fœtale pour les Premières Nations Cris, donc cibler les véritables macrosomes et les bébés corpulents Cris, non-macrosomes, indétectables par les définitions de la macrosomie fœtale actuellement en vigueur au Québec.