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Questions ouvertes sur Hybridation et alternance Focus groupe

Partie 2- Exploration du contexte, premières analyses

B- Questions ouvertes sur Hybridation et alternance Focus groupe

Nous avons souhaité collecter une représentation des questions et points de tensions liés à l’intégration de la distance dans les dispositifs de formation par alternance.

1- Définition des intentions

L’objectif de ce focus groupe est de collecter les représentations de ce qui est questionné, mis en tension dans les dispositifs de formation par alternance qui intègrent de la formation à distance. Pour collecter ces représentations, en amont des investigations auprès des acteurs, concepteurs même de ces dispositifs, nous avons pris appui sur les membres de l’équipe pédagogique du Centre National Pédagogique et de Ressources des MFR. Ces professionnels de la formation par alternance possèdent une expérience marquée de ce type de dispositifs. Ils peuvent également, au travers de certaines expériences de formation dans leur propre parcours, avoir pu expérimenter des dispositifs de formation à distance. Leurs représentations peuvent être considérées

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comme celles d’experts des formations par alternance. La méthodologie du focus groupe a surtout pris appui sur une forme très ouverte d’entretien à plusieurs. La technique de questionnement et de relance est très proche de l’entretien non directif. Les échanges se sont déroulés en présence et ont été enregistrés et retranscrits en annexe 13. Le traitement de l’entretien se réalise ici au travers d’une lecture flottante.

2- Eléments collectés

Parmi les éléments collectés, nous pouvons constater la mise en évidence d’un certain nombre de couple de tension inhérents aux dispositifs de formation par alternances mais qui semblent être requestionnés au travers de leur hybridation.

Le contexte est présenté comme porteur de l’émergence d’un nouveau monde virtuel, présent, qu’il soit ou non mobilisé dans les ingénieries de formation ; le monde virtuel (l185). Celui-ci réduirait les distances car il intègre des synchronicités, des présences à distance dans la vie sociale des alternants. Ce monde virtuel social pose la question des présences et des distances, il questionne la mise en œuvre des dispositifs, surtout pour les plus jeunes, où les logiques de formation reposent sur des successions d’espace-temps et sur l’attachement aux activités « ici et maintenant ».

Le questionnement amène les participants à définir des éléments d’une formation par alternance. L’alternance est d’abord perçue et définie comme alternance lieux et rythme : « 15j/15j » 50/50 entreprise / école alors que la formation à distance représenterait du 100% école. C’est la mise en évidence physique de l’alternance entre différents environnements de formation ; l’école et l’entreprise et différentes logiques propres à ces environnements (formation, production, transmission). Dans les échanges émerge la notion de tiers lieu comme un nouvel espace-temps de formation. Cette émergence ne semble pas créer l’unanimité. Dans le même temps le milieu social et familial (l63) est également, pour certains, considéré comme ce tiers espace. Ainsi, l’intégration de formation à distance semble requestionner la distribution des activités et des espaces temps de formation.

L’alternance est considérée comme un système qui serait en (re)-équilibre et en reconfiguration, avec l’intégration de formation à distance. Celle-ci mettrait en tension les différentes polarités du triangle pédagogique de l’alternance (l.270). L’alternance est également considérée comme un type de dispositifs mobilisant l’autoformation. Celle-ci serait davantage mobilisée dans une formation à distance (l.110). Au-delà, l’accompagnement semble clef pour faire tenir le dispositif, d’abord en référence à l’alternance et à l’articulation des tensions, puis dans la dimension d’accompagnement à distance. Au-delà, les participants mettent en évidence la nécessité d’une capacité de gestion personnelle des alternants pour vivre, bien vivre (ou survivre) aux tensions du dispositif (l.162) et que celles-ci créent du développement de capacités, capabilités ou de l’« Empowerment ».

Le couple rupture/continuité, continuum est questionné. La rupture, en formation alternée « classique », est considérée comme une source de « mises à distance » successives des expériences et des environnements. Les éléments d’évolution de contexte, de connectivité et de synchronicité des interactions font émerger un questionnement dans l’échange : qu’est ce qui créé de la rupture et qu’est ce qui créé de la continuité dans les activités mises en place indépendamment des lieux (l.107) ? En effet, s’il est supposé que les ruptures d’espaces -temps soient formateurs, l’alternance intégrative semble rechercher les manières de créer des continuités dans ces ruptures. Nous mettons aussi en évidence, au travers des éléments échangés, des notions qui mériteraient d’être clarifiés entre ruptures et continuité, synchronie et asynchronie, immédiateté ou non qui ne semblent pas relever du même niveau d’ingénierie (l.237). Les questions soulevées au travers de

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l’échange sur les ruptures et continuité nous semblent plus particulièrement relever des reliances process dans le sens où les questions qui se posent dans le système portent sur la médiatisation et la manière dont les médiations sont instituées et relient les acteurs.

Le couple distance/présence pose également question. A priori, un système alterné est coutumier des articulations présence/ distance. Il existe déjà nombre de distances dans une formation par alternance (l.175). Mais chacun identifie bien qu’il y a toujours de la distance mais que celle-ci ne serait « pas de même nature », (l.392). Ces questionnements sur les distances et présence montrent une difficulté à situer la focale d’observation. En fonction du point de vue duquel nous nous plaçons, dans le système alterné, elle n’est pas qualifiée de manière identique. Se réfère-t-on à une distance physique, cognitive ou même réflexive (l.55-65). Au-delà, se pose la question des effets de la distance sur la formation. Ainsi, l’intégration de la distance entraine un certain nombre d’hypothèses sur ses effets pour les alternants, leurs apprentissages ou sur le dispositif en lui-même. Une hypothèse conjointe émerge, comme un effet de balancier : le fait d’intégrer de la formation à distance « renforcerait la place, le sens, l’utilité, la pertinence de la formation en présence » (l.228). La distance modifierait-elle la professionnalisation des acteurs (alternant comme moniteur) ? (l.318). L’intégration de la distance dans la formation modifierait-elle les liens et donc le produit de la formation alternée ? « Une fois de plus ça renvoie un peu à mon avis à la question du lien dont on parlait tout à l'heure. Ce qui favorise le sens c'est les objectifs énoncés, les exemples qui illustrent, les interventions, les activités proposées, la facilité de recueillir des éléments de compréhension au regard d’un questionnement. Est-ce que la distance bouscule ça ou pas ? ».

La distance pose la question du lien, en fonction de certaines expériences des participants, ils évoquent la nécessité qu’il y ait « encore plus de liens quand ça se passe à distance » (l.260). Mais également le fait que la distance fait barrière où le lien ne se créé pas ou moins. Il semblerait donc a minima qu’il faille penser la création de ce lien. Se pose alors la question de quels liens devraient être créés ?

Le groupe envisage ensuite le système par alternance comme dispositif de mises en tension avec des processus de sécurisation, régulation qui le traverse (l.250). Cette mise en tension formatrice (ou considérée comme telle) s’appuie sur des équilibres/ déséquilibres du dispositif mais surtout de l’alternant qui se trouve alors dans des situations de sécurités/ insécurités (l.288). Cette dimension questionne davantage les structures de reliance.

Enfin, l’échange porte de manière les liens ou reliances. Celles-ci sont perçues quasiment comme un allant de soi. Cependant, il ne nous semble pas que cette dimension de reliance soit toujours si évidente pour les acteurs engagés dans un dispositif de formation.

Nous constatons que l’intégration de formation à distance dans un dispositif de formation par alternance n’est pas sans poser questions par rapport à la structure (médiations), au process (médiatisations) et aux liens produits entre les acteurs impliqués.

Cette partie de recueil de données initiale nous a permis dans un premier temps de préciser une lecture de l’organisation, terrain de cette recherche. Nous avons mis en évidence sa structure en système, en réseau fortement décentralisée. Au-delà nous avons identifié que les dernières années ont été l’occasion pour l’organisation, à différentes échelles, d’expérimenter des usages collaboratifs de formation et d’accompagnement. Ces expérimentations, et la prise de conscience des besoins en termes de montées en

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compétences des équipes, ont débouché sur un plan national de formation et d’accompagnement. Malgré l’effet de volume identifié au travers de ce plan ambitieux, réalisé sur trois années, nous ne constatons pas d’évolution significatives en termes qualitatif. En effet les travaux de recherches menés par les moniteurs ne semblent pas particulièrement se focaliser de manière plus massive sur les questions d’ingénieries pédagogiques ou de formation liées à l’intégration de la distance en formation alternée. Enfin, nous avons identifié la population concernée directement par notre recherche. Son volume montre la nouveauté de ce type de dispositifs au sein de cette institution. Ces investigations nous permettent de proposer, dans la partie qui suit, un questionnement affiné à la fois sur les dispositifs et les reliances qui les traversent.

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