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CHAPITRE 1 : INTRODUCTION BIBLIOGRAPHIQUE

B. IMPORTANCE DE LA DYSFONCTION ENDOTHELIALE POSTPRANDIALE

2. REPAS DE CHARGE HYPERLIPIDIQUE ET DYSFONCTION

2.3. Quantités en lipides dans les repas de charge hyperlipidique

On peut classer les doses de lipides utilisées lors des études, chez l’homme, de la dysfonction endothéliale en trois catégories. Des doses de 5-15g de lipides correspondent à de faibles doses qui n’induisent pas de variations sensibles des concentrations plasmatiques en triglycérides et sont souvent utilisées comme repas « low-fat meal ». Les doses modérées de 30-80g sont les plus utilisées lors des études postprandiales puisqu’elles induisent une hypertriglycéridémie transitoire avec un pic observé entre 4-6h après l’administration du repas de charge. Enfin, des quantités supérieures à 100g de lipides correspondent à de très fortes doses, qui induisent une hypertriglycéridémie quelque peu exagérée par rapport à des provocations alimentaire usuelles, atteignant un plateau perdurant pendant au moins 8h après l’administration de la charge hyperlipidique (Lairon et al. 2007).

Pour qui souhaite analyser les réponses postprandiales rapportées de différentes études qui ont utilisé différentes doses et natures de nutriments chez des sujets sains, malades ou à risque, avec des valeurs hétérogènes de triglycéridémie à jeun, l’amplitude de l’hypertriglycéridémie induite apparait comme un point de référence permettant d'établir des comparaisons pertinentes. Il est intéressant de souligner que ce sont surtout les doses en lipides qui sont mentionnées dans les articles rapportant ces études de charge. Dans certaines études, il est fréquent de ne pas trouver mention des quantités de protéines et de glucides utilisées. De même, les repas « low-fat » consistant le plus souvent en une simple substitution des lipides par des glucides, sont utilisés et interprétés comme des repas-témoin, alors que ce sont en réalité des repas hyperglucidiques, qui pourraient affecter également la fonction endothéliale.

2.3.1. Quantités de lipides d’un repas hyperlipidique et dysfonction endothéliale postprandiale Pour plus de clarté, nous nous traiterons ici principalement des études ayant évalué la vasodilatation-dépendante de l’endothélium. Chez des sujets sains ou à risque cardiovasculaire, il a été très fréquemment rapporté que des doses modérées en lipides induisaient une diminution transitoire de la FMD (Fig.35) alors qu’aucune variation n’était observée après l’ingestion de faibles doses de lipides (Vogel et al. 1997; Wilmink et al. 1999;

Bae et al. 2001; Gokce et al. 2001; Ng et al. 2001; Padilla et al. 2006; Shimabukuro et al. 2007). Ainsi, en faisant abstraction de la nature des acides gras utilisés, il a été observé qu’une augmentation des concentrations en triglycérides plasmatiques de 60-130% induisait une diminution de la FMD de 40-100% par rapport aux données obtenues avant le test de provocation. Très souvent, une forte corrélation (Tableau 1) entre la diminution de FMD et l’hypertriglycéridémie induite a été rapportée (Vogel et al. 1997; Boquist et al. 1999; Marchesi et al. 2000; Raitakari et al. 2000; Bae et al. 2001; Gaenzer et al. 2001). Cependant, quand les tests de provocation utilisaient des doses très élevées en lipides ou des charges lipidiques pures, cette corrélation entre FMD et hypertriglycéridémie était moins forte. Ainsi, les diminutions de la FMD induites par de fortes doses en lipides sont souvent d’une amplitude semblable à celles observées après l’ingestion de doses modérées de lipides.

Au-delà de cette question de quantités de lipides, deux points nous paraissent particulièrement intéressant à soulever : la pertinence de l’hypertriglycéridémie comme un marqueur de l’hyperlipidémie et la signification des rares études n’ayant pas observé d’altération de la réactivité vasculaire après un repas hyperlipidique. Tout d’abord, bien qu’une augmentation des taux plasmatiques en triglycérides ait été observée dans la très grande majorité des études postprandiales, dans certains cas plus rares, l’hypertriglycéridémie ne constituait pas le marqueur le plus approprié de l’hyperlipidémie induite. En effet, certaines études ont rapporté une corrélation entre la diminution de la vasodilatation dépendante de l’endothélium induite par un repas hyperlipidique et une augmentation des concentrations plasmatiques en acides gras libres (de Kreutzenberg et al. 2000; de Kreutzenberg et al. 2003; Shimabukuro et al. 2007). Ces études soulignent le fait qu’aucun rapport de causalité n’a été établi entre l’hypertriglycéridémie plasmatique et l’altération de la réactivité vasculaire induite par un repas hyperlipidique. Ce fait est illustré par une étude qui n’a observé aucune diminution de la FMD chez des sujets atteints d’hypertriglycéridémie sévères (Chowienczyk et al. 1997).

Par ailleurs, sur les 49 études (que nous avons identifiés) ayant exploré la fonction endothéliale vasculaire après un repas hyperlipidique, 6 études utilisant les mêmes quantités de lipides n’ont rapporté aucune variation postprandiale de la vasodilatation-dépendante de l’endothélium (Tableau 2) (Djousse et al. 1999; Gudmundsson et al. 2000; Schillaci et al. 2001; de Roos et al. 2002; Strey et al. 2004; Padilla et al. 2006). La majorité de ces études négatives pourrait s’expliquer par des faibles modifications de la position des ballonnets d’occlusion lors de la mesure de la FMD qui peuvent altérer la justesse de la mesure (Djousse

et al. 1999; de Roos et al. 2002; Padilla et al. 2006). En outre, il faut noter que les études ayant exploré la vasodilatation dépendante de l’endothélium au niveau de la microcirculation, n’ont pas montré d’altération de la fonction endothéliale après un repas hyperlipidique (Gudmundsson et al. 2000; Raitakari et al. 2000). Enfin, l’équipe de Schillaci (Tableau 2) a suggéré que le sexe était un facteur qui pouvait influencer l’amplitude de la diminution de FMD induite par un repas hyperlipidique. En effet, en comparant les réponses postprandiales de femmes et d’hommes de même âge, il n’a été observé chez des femmes saines aucune variation de la FMD après un repas hyperlipidique (Schillaci et al. 2001). Si cette observation était confirmée, elle pourrait expliquer une partie de la plus grande résistance des femmes au développement des pathologies coronariennes.

2.4. Modulation de la qualité en macronutriments