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Qu’est-ce qu’une source (historique) ?

3. Les séismes historiques

3.1. Qu’est-ce qu’une source (historique) ?

Peut être considéré comme « source (historique) » tout support utile à l’historien. Cette simple définition revêt un caractère autrement plus complexe dans le sens où elle fait appel au questionnement scientifique. Ce sont en effet les questions posées par l’historien qui donnent son statut de source historique à une information. Ce statut se complique dès lors que l’on considère comme acquis le fait que tout ce qui nous entoure est source d’information. Les sources historiques traduisent ainsi la réalité passée. C’est par le prisme du questionnement scientifique qu’elles livrent leur contenu, ce qui fait dire à A. Prost que l’« on n'épuise jamais un document », puisqu’à toute nouvelle question à propos d’une source historique peut être extraite de nouvelles informations. La question du statut des informations tirées du passé anime depuis longtemps maintenant la sphère historienne, d’autant plus depuis l’éclatement de la discipline et des champs d’études depuis les années 1970 et la « Nouvelle Histoire ». Avec cet accroissement des thèmes possibles c’est la définition intrinsèque de la source (souvent et injustement appelé « document ») qui est posée. Les documents textuels ne sont ainsi plus les seuls à être abordés en tant que sources historiques. Des enregistrements sonores au sismogrammes, les sources historiques revêtent bien des supports et des natures différentes.

L’historien ne peut espérer et ne doit pas penser qu’il peut être cru sur parole. La construction du discours historique est traditionnellement permise par l’utilisation de techniques et de processus reconnus par la philologie115 et la critique. L’analyse, la critique et l’interprétation des documents sont le fondement scientifique du savoir historique, qui se doit de pouvoir être vérifié et contesté. Dès lors le document doit conserver son identité, sa stabilité et doit être inaltérable. C’est

115 Etude d'une langue, d'une civilisation par l'analyse de ses textes.

« La sismicité historique inspire parfois une certaine appréhension : peur de la recherche de sources mystérieuses, peur de leur exégèse, peur de l'appréciation de leur fiabilités, peur de leur interprétation. En fait, la sismologie instrumentale connaît elle aussi, à son échelle propre, de tels problèmes, illustrés par les difficultés de la recherche d'anciens enregistrements et de leur interprétation, compte tenu de l'évolution fulgurante des techniques ».

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cette matérialité et cette stabilité qui confèrent au discours116 son assise scientifique. Cependant cette reconnaissance diffère de celle conférée dans le monde physique, car il est impossible de reproduire le passé au même titre qu’une expérience effectuée en laboratoire, de même que le caractère discursif117 et argumentatif primant en sciences sociales s’opposent au langage axiomatique118 des sciences physiques et mathématiques.

La critique est ici constructive, car construire et rédiger une étude historique se fait dans le but de partager des résultats issus d’un questionnement précis et argumenté. Au-delà de la remise en question de ce cheminement intellectuel, la critique s’impose pour ouvrir à la discussion et offrir des points de vue différents. Sisyphe119 s’impose ainsi comme l’avatar du travail historien, pour qui l’histoire se réécrit perpétuellement. Le rôle et le métier de l’historien est en définitive défini par les problèmes posés, qui ne sont jamais affirmés comme définitifs, car en constante évolution avec le réel (temps présent) dans lequel les hommes vivent. Ces derniers produisent du discours, de la narration, des concepts qui se transforment progressivement et se renouvèlent (c’est l’historiographie). L’historien doit donc réfléchir, réécrire, reconsidérer en permanence les problèmes posés qui changent de perspectives dans leur confrontation à la réalité120.

Si certains documents iconographiques peuvent être utilisés comme source de la mémoire collective (pensons au tremblement de terre de Lisbonne de 1755 par exemple), ce sont le plus souvent des sources textuelles qui sont utilisées en sismicité historique. D’aucun pourrait prétendre que la critique en est facilitée, car les maîtres qui l’ont théorisée se sont bornés à le faire pour ce type de documents, rien est moins sûr. L’avènement de l’informatique, s’il n’a pas révolutionné la pratique de l’histoire, n’en a pas moins eu des effets neutres, à commencer par le statut de la source auquel nous nous bornerons121.

L’historien en sismicité historique (puisque c’est la situation qui nous préoccupe) travaille directement à partir des documents déposés et stockés dans les centres d’archives, qu’ils soient municipaux, départementaux ou nationaux, ou encore issus de collections privées ou de bibliothèques. Le rapport à la source est donc direct et la rédaction du rapport qui s’en suit traduit et rapporte l’analyse et l’interprétation du chercheur. Or le but initial de l’informatique se trouve dans le partage de l’information. Très vite est ainsi apparue la possibilité et l’opportunité de partager les documents dépouillés. Sortis de leur stase, ils s’offrent désormais au plus grand nombre. Cependant la numérisation croissante de ces corpus et la volonté affichée depuis le début du XXIe siècle d’un transfert intégral de la mémoire imprimée au format numérique peut effrayer et rendre perplexe. Rolando Minuti122 fournit quelques exemples d’initiatives visant à pérenniser la pratique. Le

116 L’histoire narrative est un concept débattu dans les années 1960. Nous parlons ici de discours pour éviter tout amalgame.

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Ce qui est basé sur le raisonnement.

118 Un axiome désigne une proposition évidente, dont la vérité est reconnue sans démonstration. 119

Dans la mythologie grecque, Sisyphe est le fils d'Éole et d'Énarété. L’Odyssée d’Homère (chant XI) raconte que pour avoir osé défier les dieux à plusieurs reprises, il fut condamné dans le tartare à faire éternellement rouler un rocher en haut d’une montagne (ou d’une colline). Parvenu à son sommet ce dernier redescend à chaque fois. 120

MINUTI R., Internet et le métier d’historien, 2002, p. 71. 121

L’informatique a modifié les pratiques historiennes grâce aux possibilités de calculs, à un accès plus aisé aux documents, au classement, etc. Mais l’usage même de l’outil informatique pose problème par l’instabilité et la variabilité des données. En ce sens Internet est une manne d’information incommensurable mais peut représenter un frein à la pratique historienne.

122 MINUTI R., ibid., p. 67-68 : Rolando minuti donne quelques exemples de ces initiatives, p. 67-68 : www.culture.gouv.fr/culture/autserv/biblionum.htm ; liste élaborée par le Berkeley Digital Library SunSITE, http ://sunsite.berkeley.edu/Collections/othertext.html ; bibliographie IFLANET Digital Libraries, Ressources and Projetcs, http ://www.ifla.org/II/diglib.htm ; répertoire de l’américain Digital initiative Database de l’Association for Research Libraries (ARL), www.artl.org/did/ressources.html ; répertoire de l’university of Rexas at Austin, Books on the Internet, Library onLine, www.lib.utexas.edu/Libs/PCL/Etext.html; Projet ATHENA, http ://un2sg4.unige.ch/athena/html/booksite.html ; la revue Ariadne, www.ariadne.ac.uk pour un outil informatif d’importance pour suivre les développements des bibliothèques numériques.

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problème du passage du support papier au format numérique s’impose alors aux historiens : le document numérisé peut-il toujours être considéré comme une source historique ?

Afin d’éviter le débat sur la notion de virtualité123 qui anime les théoriciens de la communication et les philosophes, nous ne parlerons pas de la nature virtuelle des sources. C’est bien plus qu’une transposition ou une réinterprétation puisque la nature même du document a changé, on parle alors de données. Au sens philosophique de l’ontologie124, la donnée est un nouveau document : réécrit, remanié, transformé, un nouvel avatar de la source en somme125. Elles conservent néanmoins une matérialité par le codage qui les identifie et leur donne forme : des traces magnétiques binaires, sous forme chaînée de 0 et de 1126. Ce changement la rend plus vulnérable puisqu’il suffit de couper l’électricité pour ne plus pouvoir y avoir accès. Limite certes facilement intelligible mais qui n’a plus de raison d’être par les initiatives des centres documentaires qui opèrent par rebonds afin de ne pas perdre les données en cas de problème technique ou de disfonctionnements matériels. Se pose alors la question de l’obsolescence des logiciels utilisés, qui avec les avancées en informatique et en codage rendent parfois des bases illisibles. Il est d’ores et déjà très difficile de parvenir à lire d’anciennes disquettes datant du début du XXIe siècle ! Si l’obsolescence touche le caractère physique de l’informatique, il n’épargne pas non plus les synthèses de données publiées : P. Bertrand et C. Jacobs citent ainsi les travaux de J.-P. Aaron sur les conscrits de 1820, irrémédiablement perdus dans le sens où des analyses supplémentaires sont rendues impossibles sans retourner aux archives papiers. L’essor du web depuis les années 2000 participe à la promotion du partage des sources primaires et secondaires de l’historien127, courant auquel l’auteur n’est pas indifférent. Nous tenterons par ailleurs d’aborder succinctement cette problématique dans la partie consacrée à la recherche de nouveaux documents.

Cette distinction nous parait pertinente dans la mesure où la plupart des chercheurs en sismicité historique ne traitent pas les documents sous leur forme papier mais des versions numérisées d’iceux. Les étapes de la méthode critique ne s’y appliquent pas de la même manière. A notre connaissance cette dernière doit toujours être adaptée à cette nouvelle forme de la pratique documentaire. Mise au point d’autant plus importante que ces mêmes documents (sources primaires, secondaires, de bibliographie) sont organisés au sein d’une base de données. Autre distinction d’importance, celle qui s’impose entre banque de données et base de données. La première constitue un ensemble d’informations organisées pour un traitement informatique et disponible à distance ; elle est comparable à un disque dur partagé sur le réseau. Une base de données est, elle, organisée et structurée en vue d’être interrogée par un logiciel. SisFrance est bien une base données (française)128, elle induit donc une unicité et une non-réplication de l’information. Cette distinction qui peut s’apparenter à la sémantique est importante, tant par la structuration de l’ensemble que par le rapport de perception que le chercheur entretient avec les données ainsi structurées. La structure choisie et utilisée implique que les données soient interprétées et codées (par numéro d’évènement par exemple, par localisation, etc.), ce qui crée une désunion irrémissible avec les sources.

Le recours aux bases données est une évidence face à de telles masses d’informations (SisFrance comptait en 2004 un total de 5.884 évènements dont 458 qualifiés de douteux et 143

123

LEVY P., Quest-ce que le virtuel ?, La Découverte, Paris, 1995 ; LEVY P., Cyberculture. Rapport au Conseil de

l’Europe dans le cadre du projet « Nouvelles technologies : coopération culturelle et communication », éd. Odile

Jacob/éd. du Conseil de l’Europe, Paris, 1997. Cités par MINUTI R., Ibid, 2002, p. 70. 124

L’ontologie désigne un domaine philosophique qui se concentre sur l’étude de l’être, soit la réalité qui nous entoure et le sens de la vie.

125

BERTRAND P., JACOBS C., « Digital humanities et critique historique documentaire : « digital » ou « critical turn » ? », dans Les historiens et l’informatique, 2011, p. 125.

126 HERRENSCHMIDT Cl., Les trois écritures. Langue, nombre, code, Paris, 2007. 127

GUICHARD E. (dir.), Comprendre les usages de l’Internet, Paris, 2001 ; RYGIEL Ph., « Les sources de l’historien à l’heure de l’Internet », Hypothèse 2003, Paris, 2004, p. 341-354 ; KUCHENBUCH L., « Sources ou documents ? Contribution à l’histoire d’une évidence méthodologique », Hypothèse 2003, Paris, 2004, p. 287-316.

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faux séismes). Le stockage au format papier devient dès lors très lourd et la recherche au sein d’un tel stock n’en est pas facilitée.

3.1.1. Le contenu des sources

SisFrance ne contient que des documents de nature textuelle. Ces textes sont des témoignages ou des récits narratifs rapportant les évènements sismiques, mais transmettent également des éléments contextuels intéressants pour leur critique. Ces témoignages font appel à de nombreux champs lexicaux, comme ceux de la symbolique, de la science, ceux plus prosaïques des représentations sociales, politiques, économiques ou encore des réactions des victimes, que les auteurs le soient eux-mêmes ou qu’ils les rapportent.

Les documents d’archives nous permettent de traiter la vulnérabilité dans ses deux dimensions, sociale d’une part, biophysique d’autre part. La première correspond aux facteurs et conditions qui amplifient ou nuancent l’aléa : ils peuvent être économiques, sociaux, lié à la qualité du bâti, au système d’assurance. La seconde représente l’ampleur des pertes matérielles résultant des effets combinés de la vulnérabilité sociale et de la sévérité du risque naturel129. Le site internet planseisme.fr130 définit la vulnérabilité comme suit :

« Les ouvrages humains (constructions, équipements, aménagements, etc.) ne sont pas tous capables d’absorber et de dissiper, sans dommage (rupture), les efforts transmis par les ondes sismiques. Selon leur nature et leur conception ils sont plus ou moins vulnérables à ces sollicitations. Des règles de construction parasismique sont imposées pour réduire cette vulnérabilité dans les zones sismiques ».

Ces deux dimensions sont intrinsèquement liées et influent sur la représentation de la catastrophe. Une fois mise en récit, la dimension symbolique perçue par les témoins est relatée, ils tentent d’y trouver les causes de l’évènement, souvent attribuées à l’ire divine. Ce symbolisme dépend pour une part de l’état d’érudition, du statut social de l’auteur ou du but dans lequel est produit le document. Nous reviendrons sur cette question dans la partie traitant de la recherche de nouveaux documents.

Un phénomène intriguant a concerné l’histoire de l’alimentation : de plus en plus les historiens et chercheurs d’autres disciplines s’intéressent à l’alimentation de nos aïeux. Si les documents historiques permettant de trouver des informations à ce propos peuvent paraître peu nombreux ou peu détaillés, il existe en réalité une multitude de supports pouvant mener à la reconstitution des repas d’autrefois, au moins pour une part de la population. Qu’en est-il du bruit ? L’univers sonore est passionnant et mystérieux. Il peut paraître de prime abord déroutant, car insaisissable sans instruments technologiques. Ce mémoire n’y est pas consacré, cependant gageons sans prétention que la très mince bibliographie disponible à l’heure actuelle en profitera, au moins pour ouvrir la voie en sismicité historique.

L’ensemble de notre société évolue chaque jour, à commencer par le langage, les mœurs, la technologie. L’ensemble de ces facteurs entraîne dans son sillage l’univers sonore, dépendant des modes de transports, d’habitation, des mœurs, us et coutumes, en somme du mode de vie. C’est l’univers sonore urbain qui a retenu notre attention, pour la simple raison qu’encore aujourd’hui se rendre « à la campagne » est bien souvent motivé par une absence de bruits, omniprésents en ville. A travers le bruit et les informations dont nous disposons, c’est une toute autre vulnérabilité sociale qui s’offre à nous, débordant sur tous les domaines de la vie : social, publique, politique, religieux, économique, des constructions, des transports, etc. Délaissé, car difficilement quantifiable, les quelques pages qui y sont consacrées dans ce mémoire n’ont pas vocation à présenter une méthode de quantification scientifique, mais bien plus à ouvrir la voie à un domaine fabuleux.

129

BROOKS N., PFISTER C., Natural disasters, cultural responses: cases studies toward a global environmental

history, Lexington Books, 2009, p. 20-21.

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Chaque évènement diffère des autres, de par la seule nature d’un évènement. Cette dimension temporelle de l’évènement est importante à prendre en considération lorsque l’on traite un tremblement de terre ancien en sismicité historique. La filiation des sources permet de rendre compte de cette temporalité des documents historiques, mais également des travaux postérieurs. Cependant cette temporalité peut être double : seule, elle traite des documents historiques, de leur nature, du but pour lequel ils ont été produits ; associée à la dimension spatiale, elle permet une appréhension à différentes échelles (de temps comme d’espace) et se double du contexte historique qui se déroule autour de l’évènement. La filiation des documents historiques permet la mise à l’écart des faux, des multiples, d’erreurs de dates, de lieux, de potentiels anachronismes, mais permet aussi de compléter les données déjà disponibles par l’acquisition des originaux manquants, de références citées absentes dans la base de données. Elle apporte enfin une rigueur par la vérification systématique des catalogues, de la presse disponible en ligne, tout comme la recherche de nouveaux documents dans les archives.

Le terme d’archive peut se comprendre de bien des façons : qu’elles soient à l’origine d’une collectivité, elles rapportent des témoignages communs, ou sont destinées au plus grand nombre ; qu’elles soient familiales, elles sont personnelles et informent sur des vies en particulier ; qu’elles soient individuelles, elles sont issues d’un seul individu, qui parle au nom du nombre, de ce nombre ou de lui-même. Les archives représentent donc un filtre pour la mémoire des évènements. Les archives rapportent des faits, mais aussi des sentiments, du ressenti. Elles font dans le cas des tremblements de terre, le récit des catastrophes et par la nature même de ces évènements, elles doivent être soumises à la subjectivité. En effet si l’exhaustivité est impossible en histoire, y tendre c’est se rapprocher de la vérité. Or cette vérité est établie par la véracité des propos trouvés dans les documents historiques. Ce n’est que depuis quelques décennies que la notion de critique historique tente de se faire une place au sein de la sismicité historique. Les recommandations méthodologiques préconisées à Londres en 1983131 ne sont pas appliquées par tous, ce qui est un tort, n’ayons pas peur de le souligner. Certes la notion de critique historique peut paraître effrayante, néanmoins l’interprétation des documents historiques sans le soutien de cette méthode critique, d’un lexique, d’une étude du contexte ne peut aboutir à une étude rigoureuse.

L’historien peut être pris de passion pour un sujet, mais il se doit de rester le plus neutre possible, il n’a rien à prouver, il doit décrire et analyser sans prise de partie. P. Ariès précise que « l'historien appartient à son temps : c'est sa force et non pas sa faiblesse. Aussi ne peut-il s'affirmer objectif sans se mutiler. Qu'il lui suffise d'être honnête, ce qui n'est pas la même chose ». Voilà pourquoi chaque interprétation se doit d’être argumentée, argumentation qui doit rester disponible pour les chercheurs contemporains ou postérieurs. Argumenter c’est laisser une trace du cheminement qui a conduit au résultat, de la méthodologie utilisée et la pensée du chercheur. Ne pas disposer de cette dernière, c’est devoir reprendre les études par soi-même pour être sûr du résultat, au moins pour une comparaison. Ce temps dépensé à comprendre ou déchiffrer est théorisé en climatologie par Paul N. Edwards132 avec la notion de data friction :

« ‘Friction’ is a metaphor, of course, but it is an apt and a deep one. In physical systems, friction means

resistance. It occurs at the interfaces between objects and surfaces. It consumes kinetic energy and produces heat. Friction between moving parts consumes substantial amounts à the energy required to operate any mechanical device. Machines transform energy into work; friction reduces the amount of work they can do with a given input. Information systems transform data (among other things) into information and knowledge. Computational friction opposes this transformation; it expresses the resistance that must always be overcome, the sociotechnical struggle with numbers that always precedes reward. Computational friction reduces the amount of information and knowledge that can

131 Recommandations méthodologiques à Londres : AMBRASEYS, N., "Notes on historical seismicity", Bulletin of

the Seismological Society of America, vol. 73, no 6 A, 1917‑1920, décembre 1983. 132

EDWARDS P.-N., A vast machine, computer models, climate data, and the politics of global warming, MIT Press, London, 2010.

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be extracted form a given input; engineers, mathematicians, computer scientists, and other spend a great deal of time seeking ways to reduce it ».

Le concept de data friction illustre bien la nécessité de se reposer sur des études reconnues à des fins de comparaison, du moins d’exemples, ou ne serait-ce que pour ne pas refaire ce qui l’a déjà