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4. SisFrance

4.5. Catalogues et bases de données

Tous les catalogues disponibles aujourd’hui sont issus de compilations datant principalement du XIXe siècle, effectuées par des scientifiques tels que Poey (1855), Perrey (1846), Scherer (1911), Montessus de Ballore (1906) et bien d’autres. Ces compilations sont de qualités diverses et nécessitent souvent d’être revues entièrement afin d’en éliminer les faux, les erreurs, les mauvaises interprétations, etc. Il est également important de bien comprendre les termes qui peuvent être utilisés, notamment deux qui sont souvent mal compris : « archives » et « sources ». Les « archives » désignent dans un sens strict les matériaux authentiques, qui comprennent leur lot de difficultés pour les rechercher et les traiter. Une autre dénomination peut être « documents historiques ». Les « sources » désignent quant à elles les documents originaux ou leur copies considérées comme fiables, leur traduction (le cas échéant), leur résumé, tout autant que leurs échos contemporains ou plus récents, qui eux se doivent d’être traités avec précaution et critique.

Les bases de données comportent aujourd’hui de très nombreux documents, de l’ordre du millier pour la plupart d’entre elles. Néanmoins des études récentes tendent à montrer qu’un des principaux problèmes de ces catalogues est leur incomplétude. Certains séismes historiques ne sont connus que par un document, guère plus. Dès lors, il est très difficile d’estimer de façon fiable une intensité. L’étude de complétude menée par José Bonnet233 et présentée à l’EGU 2014 montre que SisFrance peut être jugée comme complète à partir du XIXe siècle, à des dates différentes cependant en fonction des intensités considérées. Selon cette étude, c’est la méthode Vito qui serait la plus indiquée, plutôt que celle d’Albarello. Les résultats sont indiqués dans la figure ci-dessous (Figure 18) :

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Feuille nantaise, 6 pluviôse an VII. 231

L’ami de la liberté, 6 pluviôse an VII. 232

Feuille du jour, 10 pluviôse an VII.

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Figure 18 : Calculs de complétude selon la méthode Albaretto. Source : BONNET J, 2014.

Ces résultats sont néanmoins dénués d’explications historiques s’ils sont considérés pour eux-mêmes. Le catalogue SisFrance peut être considéré comme complet à partir du XIXe siècle pour les intensités mentionnées, ce qui prouve la nécessité de continuer à chercher de nouveaux documents : ces derniers réduiront les incertitudes liées aux intensités présentes dans la base de données et permettront ainsi d’améliorer la complétude.

Ces résultats démontrent plusieurs faits, notamment la difficulté de trouver des documents précédant l‘époque moderne, soit le Moyen Age. Le plus souvent ces documents ne nous sont pas parvenus. Ceux qui le sont nous se présentent en des états de conservation divers. Ces documents restent difficiles à traiter et demandent le plus souvent des compétences linguistiques (latin, ancien français), en héraldique (étude des blasons) et en paléographie (étude des écritures anciennes, indépendamment de la langue), en sigillographie (étude des sceaux234), ou en diplomatique (étude de la structure des documents officiels). A partir de l’époque moderne (XVe-XVIe siècles selon les conventions) les documents sont plus faciles à trouver et étudier. D’une part ils sont en français depuis l’ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) voulu par François 1er, d’autre part cette dernière marque l’obligation d’indiquer (article 51) la date et l’heure de naissance des nouveau-nés, dispositifs visant à s’assurer et prouver la majorité. Au même moment l’Europe découvre qu’elle n’est pas réellement le centre du « monde » avec la découverte des Amériques par C. Colomb, dont la première représentation est donnée par Mercator en 1538. Au XVIIe siècle s’effectue alors une révolution du système de l’information avec la création de la Gazette par Renaudot. Les réseaux commerciaux principalement font circuler l’information, à la fois plus vite et en plus grande quantité. Flux qui ne cessera d’augmenter jusqu’à nos jours avec la naissance du big-data. Plus précisément pour les tremblements de terre, celui survenu à Lisbonne en 1755 participe à la naissance d’un débat à l’échelle européenne, favorisant l’intérêt des populations sur le sujet, mais participant également à une perception plus accrue du phénomène sismique. La Révolution industrielle mène ensuite à l’ère instrumentale, durant laquelle les données sont rendues plus fiables et bien plus nombreuses.

Cette recherche de complétude pour les périodes historiques se retrouve dans de nombreux pays, tels le Japon, où malgré le grand nombre de volumes, le chercheur japonais K. Ishibashi235

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Marque apposée par un tampon ou sur de la cire par un cachet (ou matrice), sur lequel sont gravées en relief les armoiries ou la marque symbolique d’un Etat, d’un souverain, d’une communauté ou d’un particulier. Il atteste de l’authenticité du document, les clos ou marque leur propriété par leur signature ou empreinte spécifique.

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Zotei Dai-nihon Jishin Shiryo and Nihon Jishin Shiryo, Pour de plus amples informations concernant cette collection, voir : ISHIBASHI K., "Statuts of historical seismology in Japan", Annals of geophysics, vol. 47, n° 2-3, April-June 2004.

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statuait en 2004 qu’un des problèmes de l’actuelle collection de documents concernant les séismes historiques japonais reste leur incomplétude, au moins pour la période Edo (ou Tukugawa, soit approximativement la période 1600-1868). La série d’ouvrages de T. Usami236 est généralement considérée comme la référence en termes de de catalogue sismique historique japonais. La version de 2003 contient 486 séismes historiques pour la période 416 à 1884. T. Usami a également répertorié les évènements fictifs et douteux.

Au-delà des différentes échelles d’intensités utilisées, W. Montero et G. Peraldo237 indiquent pour l’Amérique centrale que *that+

“according to Rojas et al.238, the Central American catalogue is reasonably complete for earthquake of Ms≥5.5 from 1900 and of Ms≥7.0 from around 1820. Ambraseys and Adams239 consider their catalogue

complete for earthquakes of magnitudes Ms≥5.0 starting from 1920 and of Ms>6.0 starting from 1910” (« selon Rojas et al., le catalogue d’Amérique Centrale est raisonnablement complet pour les séismes de magnitudes supérieures à 5,5 depuis 1900 et supérieures à 7 depuis environ 1820. Ambraseys et Adams considèrent leur catalogue comme complet pour les séismes de magnitudes supérieures à 5 à partir de 1920 et supérieures à 6 à partir de 1910 »).

En Colombie N. Ambraseys & al. considèrent que *that+ “in a general way the data contained in seismological catalogues need a meticulous revision and reinterpretation240” (« de manière générale les données contenues dans les catalogues sismologiques nécessitent une révision et une réinterprétation méticuleuse »). Espinosa Baquero & al.241 illustrent l’homogénéité des études effectuées en Colombie, en raison de *owing to+ “the needs of main cities or more developed regions, which required seismic hazard analysis for micro-zonation studies” (« du besoin de grandes villes ou régions plus développées, qui requièrent des études de micro-zonage pour l’analyse du risque sismique »). Toujours dans la partie américaine du globe, le catalogue sismique CERESIS (Regional Centre for Seismology for South America) contenait en 2004 pas loin de 3.183 séismes et 16.318 IDP (Intensity Data Points). Les premiers matériaux historiques concernant les tremblements de terre proviennent ainsi de l’arrivée des « conquistadores » au début du XVIe siècle. Il est très difficile de retrouver d’autres traces de tremblements de terre pour la période qui précède : il faut alors faire appel à des archéologues, des linguistes pour déchiffrer les écritures des civilisations anciennes. L’exposition du Quai Branly consacrée aux Mayas dédiait une partie de son espace aux recherches en cours sur ce type de déchiffrage242. On retrouve de nombreux écrits de type logo-syllabique sur des céramiques, des codex243 (tel celui de Dresde, sûrement le plus connu), ou encore des écorces diverses. Cet exemple démontre la difficulté à laquelle font parfois face les historiens, archéologues, anthropologues, ethnologues -et autres chercheurs passionnés par les périodes historiques. Cet

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USAMI T., op. cit., 1975, 1987, 1996 et 2003.

237 MONTERO W., PERALDO G., “Current knowledge on the Central America historical seismicity: an analysis of recent catalogues”, Annals of Geophysics, vol. 47, n°2-3, April-June, 2004.

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ROJAS W., BUNGUM H., LINDHOLM C., “Historical and recent earthquakes in Central America”, Rev. Geol.

Am. Centr., vol. 16, 1993, p. 5-22.

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AMBRASEYS N., ADAMS R.-D., “The seismicity of Central America: a descriptive catalogue 1898-1995”, Imperial College Press, London, 2001, p. 309.

240 ESPINOZA BAQUERO A., CAPERA A.-G., JESUS SALCEDO HURTADO E. (de), “State-of-the-art of the historical seismology in Colombia”, Annals of Geophysics, vol. 47, n°2-3, April-June 2004. Voir également AMBRASEYS N.

& al., “Notes on historical seismicity”, Bull. Seismol. Soc. Am., vol. 73, n° 6, 1983, p. 1917-1920.

241 ESPINOZA BAQUERO A., GOMEZ CAPERA A., JESUS SALCEDO HURTADO E. (de), Ibid., p. 446. 242

Voir notamment : DAVOUST M., L'écriture maya et son déchiffrement, CNRS, Paris, 1995 ; plus récemment : FALCON M.-A., « Escritura maya », Arqueología mexicana, no 70, novembre-décembre 2004, p. 36-39 et SHARER R.-J., The Ancient Maya, 6e éd., Stanford University Press, 2006.

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« Le codex est un mot latin qui désigne le livre formé de feuilles pliées et assemblées en cahiers, et couvert d'une reliure tel que nous le connaissons. Il vient du mot caudex qui se réfère à la matière "bois" du tronc d'arbre ou de la souche. Plus tard, le terme est employé pour les livres en papyrus ou en parchemin utilisant ce format » (définition d’A. Berthier : http://classes.bnf.fr/livre/arret/histoire-du-livre/premiers-supports/07.htm).

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exemple illustre bien la diversité des sources disponibles, qui ne sont pas nécessairement des textes rédigés sur des matériaux papier.

Toujours dans ce catalogue CERESIS, un point fort appréciable est la présence d’une liste appelée « interpreter », dédiée à la personne qui estime l’intensité ainsi que les références utilisées. Cette liste n’existe pas dans SisFrance et il est parfois difficile de remonter jusqu’aux références utilisées. Autre biais intégré dans la base SisFrance par l’absence de cette liste : le cheminement intellectuel qui a conduit le chercheur au résultat. L’avantage de cette liste est multiple : d’une part elle permet de comparer les résultats, mais aussi leur homogénéité. Ce type de liste et de colonnes dédiées au processus d’estimation se retrouve dans des documents internes aux institutions, processus qui mériterait d’être étendu à chaque étude. D’autre part elle permet la critique. Si les arguments qui ont mené à une estimation sont connus et partagés, ils peuvent être soumis à la critique et discutés, de façon à ce que le résultat soit unanime244. Très chronophage, une estimation de l’intensité faisant l’unanimité n’aurait pas besoin d’être estimée à nouveau par d’autres chercheurs. Le temps libéré peut ainsi être alloué à la recherche de nouveaux documents dans les nombreuses bases de données et catalogues en ligne (Gallica, Sudoc, Persée, Cairn, etc. pour la France notamment).

Selon G. Rubbia245, seuls trois pays ont des plages d’intensités cohérentes accessibles en lignes : l’Italie, la France et la Suisse. En Italie deux catalogues partagent cette suprématie : 1. DOM, une base de données d’intensités de séismes destructeurs dans la zone italienne246. Il contient 37.000 IDP, reliés à 904 séismes pour la fenêtre temporelle 1000-1980 et plus de 10.000 localités, placées sur 935 cartes d’intensités. Il repose sur pas moins de 81 études macrosismiques ; 2. Le CFTI (Catalogue of Strong Earthquakes) couvre la période de 461 avant J.-C. à 1990. Il contient 31.047 effets sismiques pour 11.107 sites et 559 séismes, avec 29.251 synthèses descriptives sur les effets et 21.178 références bibliographiques247. Certaines informations données sont très utiles, comme le

“state and development of earthquake review, effects in the social context, elements of local demography, concurrent natural and man-induced disasters, administrative/historical affiliation and boundaries, social and economic effects, institutional and administrative response, reconstructions and relocations, theories and observations, associated natural phenomena, major earthquake effects, effects on the environment, and full chronology of the earthquake sequence” (« l’état et le développement de la revision d’un séisme, les effets sur le contexte social, les éléments de démographie locale, concomitant des catastrophes naturelles ou induites par l’Homme, des affiliations et frontières administratives et historiques, des effets sociaux et économiques, de la réponse institutionnelle et administrative, des reconstructions et relogements, théories et observations, phénomenes naturels associés, effets majeurs des séismes, effets sur l’environnement, et une chronologie complète de la séquence sismique »).

Ces commentaires s’avèrent très utiles lors de l’estimation de l’intensité. Il serait pertinent de les ajouter dans SisFrance.

Pour la Suisse, le MECOS248 (Macroseismic Earthquake Catalogue of Switzerland) est le résultat d’un processus de révision effectué entre 1999 et 2002. La complétude du catalogue varie selon les époques et les régions pour les différents niveaux de magnitudes. Au total, 26.061 intensités sont disponibles pour près de 518 séismes.

La France possède également sa propre base de données, nommée SisFrance. Elle est basée sur la base de données SIRENE249 et est le produit de trois entités institutionnelles distinctes250. Elle

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Les débats auxquels l’auteur a pu assisté lors de divers colloques en sont un parfait exemple.

245 RUBBIA G., “A review of intensity data banks online”, Annals of Geophysics, vol. 47, n°2-3, April-June 2004, p. 875. 246

MONACHESI G., STUCCHI M., “DOM 4.1, un database di osservazioni macrosismiche di terremoti di area italiana al di sopra della soglia del danno”, Rapporto Tecnico, GNDT, Milano-Macerata, 1997, p. 1052.

247 RUBBIA G., Ibid., 2004, p. 876. 248

FAH D. & al., “Earthquake Catalog of Switzerland (ECOS) and the related macroseismic database”, Ecologae Geol.

Helv., vol. 96, n° 1, 2003.

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LAMBERT J., LEVRET-ALBARET A., CUSHING M., DUROUCHOUX C., Mille Ans de Séismes en France. Catalogue

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est également soutenue par le Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable. SisFrance- métropolitaine contient 88.000 observations portant sur 6.000 séismes pour la période 463-2001. Elle contient également 9.000 références bibliographiques tandis que SisFrance-Antilles contient 4.900 IDP portant sur 2.600 séismes survenus dans les départements français de Guadeloupe, Martinique et Guyane française lors de la période 1495-2001, avec plus 400 références.

L’histoire de la création de la base de données française est très instructive. Fruit de décennies de travail par un nombre somme toute réduit de chercheurs, le produit final est impressionnant par la masse de données disponibles. Il est facile de critiquer et de mettre le doigt sur les défauts ou imperfections de cette base de données, le fait est que remodeler l’œuvre d’une vie n’est pas chose aisée. C’est justement le nombre de documents et d’évènements référencés qui rend la tâche ardue. Scotti & al.251 décrivent le fonctionnement de la base de données SisFrance, qui comporte trois niveaux principaux : la base constituée des données brutes, soit les documents historiques, le premier niveau d’interprétation qui consiste à estimer les intensités par le biais de l’échelle macrosismique, la distribution spatiale des intensités est ensuite utilisée au second niveau pour déterminer l’emplacement de l’épicentre et l’intensité épicentrale. Cette vue d’ensemble de la base de données menait les auteurs à mentionner en perspective la distinction entre sources de première main et sources de seconde main252, qui devra être améliorée. Dix ans plus tard, aucun changement notable n’est apparu, amélioration qui servirait pourtant l’ensemble de la communauté scientifique et non-scientifique.

Il y a plusieurs explications possibles, toutes interconnectées : tout d’abord la différence qui existe entre scientifiques et historiens dans leur utilisation respective de la base de données : les premiers cherchent principalement la complétude du catalogue, travaillent avec des formules mathématiques diverses et les résultats des analyses des historiens (ou chercheurs ayant estimé les intensités). Les deuxièmes travaillent sur le matériau brut, les documents, leur nature, leur type, leur contenu, le contexte et le but dans lequel ils ont été produits253. Cette thèse s’insère dans une des perspectives que ce groupe pluridisciplinaire ajoutait, à savoir que "[that] the main challenge is to find new strategies to improve our knowledge concerning the numerous important earthquakes (Io ≥ VI) for which only a few observation points are available" (« le principal enjeu est de trouver de nouvelles stratégies pour améliorer les connaissances concernant les nombreux séismes importants (I0 ≥ VI) pour lesquels seuls quelques points d’observations sont disponibles »). L’étude de ces

séismes historiques de moyenne ou faible intensité est en effet cruciale dans le calcul des magnitudes, qui in fine serviront à l’estimation du risque sismique.

La création des catalogues sismiques japonais, italien ou sud-américain démontrent la nécessité de différencier les sources historiques par leur nature afin de pouvoir juger de leur fiabilité, ce qui est nécessaire pour la complétude des catalogues. Le cas de Manosque a par exemple montré que SisFrance ne permet pas de différencier les références selon leur nature : en effet on peut séparer les sources disponibles en diverses catégories (sources de première main, de seconde main, bibliographie). Ce type de hiérarchisation permet d’écarter les copies, le plagiat ou les imitations et fait partie intégrante de la méthodologie qui doit être utilisée lors de l’étude d’un tremblement de terre ancien. Cette méthode permet surtout de ne traiter qu’avec les documents historiques (dits de première main), contemporains de l’évènement. Toute erreur de recopiage, ajout volontaire ou non de la part des auteurs postérieurs sont donc éliminés254. Ce resserrement autour des sources de première main permet dans le cas des séismes survenus à partir du milieu du XVIIe siècle de

250 Le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières), EDF (Electricité de France) et l’IPSN (Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire en détiennent les droits intellectuels.

251

SCOTTI O., BAUMONT D., QUENET G., LEVRET A., “The French…, op. cit.”, Annals of Geophysics, vol. 47, n° 2-3, april-june 2004, p. 571-581.

252

ALEXANDRE P, « Critique des sources et séismicité historique : le problème des sources perdues », Expertises

de Séismicité Historique, n° 1, 2010, p. 1-12.

253

Voir partie 5.2.3. sur la contextualisation des sources historiques. 254 Se référer à la partie 3.1. sur le traitement des documents historiques.

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reconstituer le parcours de l’information par le biais de la presse écrite. Il est également possible de le faire lorsque nous sommes en présence de correspondances administratives : les lettres indiquent les dates et lieux ainsi que les faits rapportés, permettant ainsi une reconstitution parallèle et souvent fiable des évènements. Souvent, car il peut arriver qu’un intendant exagère la situation ou au contraire fasse preuve de zèle dans sa correspondance. Le but peut être de se faire bien voir de la hiérarchie ou d’obtenir plus d’aides, notamment financières.

Dans le cas de la presse, le parcours de l’information est rendu possible lorsque les auteurs des articles traitant du tremblement de terre signalent d’où leur provient l’information. Dans le cas du tremblement de terre du 25 janvier 1799 dans le Marais breton (évènement n° 440015, Iepc=VII-

VIII), le journal « Le bien informé », en date du 11 pluviôse an VII précise : « On écrit de Caen » suivit d’un témoignage. Nous y lisons également « [On écrit] De Rennes » ou encore « [On écrit] De Courtagis ». Des informations sur le tremblement de terre parviennent donc à la rédaction de ce journal parisien, tout comme à la celle de la Gazette nationale par exemple. Il arrive même souvent qu’ils reprennent des informations publiées dans d’autres journaux, soit à leur compte, soit en les citant. Ainsi les « Annales de la République française et journal historique et politique de l’Europe255 » précise le 11 pluviôse an VII que le tremblement de terre fut ressenti à Rouen dans la nuit du 5 au 6, information issue de « La Vedette Normande ». Etudier les réseaux de communication et de diffusion de l’information, bien connus des historiens peut éclairer la hiérarchisation de certains documents.

Par ailleurs, si cette hiérarchisation tend à écarter les monographies issues de la bibliographie, il ne faut pas pour autant les négliger. Dans le cas de SisFrance, nous sommes le plus souvent en présence d’extraits. Retrouver ces extraits dans les ouvrages est certes fastidieux et quelque peu chronophage, néanmoins cela peut mener à d’autres découvertes intéressantes, comme ce fut le cas lors de l’étude du séisme de 1759 dans l’Entre-Deux-Mers : par rebond256, il a été

possible de trouver plusieurs citations concernant des tremblements de terre. D’autres concernant cette fois les tempêtes, les inondations ou autres conditions climatiques ne sont pas à exclure, car elles nous renseignent sur la vulnérabilité des populations.

Par leur diversité de nature et de type, il est parfois difficile de trouver de nouveaux documents. Or il est aujourd’hui très compliqué -pour ne pas dire impossible dans l’état actuel des choses- d’obtenir une vue globale des documents historiques disponibles dans SisFrance. Cela est à imputer à l’absence de tout classement des documents. En se basant sur les travaux de J. Lambert, il