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La quête d’autonomie du champ de la course camarguaise

et la construction du champ des courses camarguaises

Chapitre 2 - La construction du champ de la course camarguaise

2.4 La quête d’autonomie du champ de la course camarguaise

Après avoir compris le fonctionnement d’un champ grâce à ces caractéristiques et mis en lumière le champ de la course camarguaise à partir d’un guide d’analyse, il convient de mettre en exergue le rapport du champ avec d’autres champs. Dans quelle mesure le champ de la course camarguaise est-il autonome ? Rappelons que le champ est plus ou moins autonome lorsqu’il s’agit d’un champ de production culturelle puisqu’il dépend du champ du pouvoir (subventions, autorisations). Ceci n’empêche pas le champ de chercher à acquérir son autonomie notamment durant dans sa phase d’émergence. Pierre Bourdieu montre en effet la dépendance du champ littéraire par rapport au champ économique. Il insiste sur l’opposition entre l’art et l’argent et montre comment l’art a su acquérir une certaine autonomie au fil des siècles, au fur et à mesure que les artistes ont commencé à gagner de l’argent, réussissant ainsi à s’affranchir du pouvoir. Peut-on observer les mêmes effets dans le champ de la course camarguaise ? Le champ a-t-il connu différentes étapes dans sa quête d’autonomie ? Comment le champ de la course camarguaise est-il parvenu à acquérir une autonomie relative ?

Deux événements semblent avoir joué un rôle considérable dans la prise d’autonomie du champ de la course camarguaise. Le premier est l’autorisation officielle par l’État français au milieu du XIXe siècle de pratiquer les manifestations taurines dans les arènes et sur la voie publique. Cette autorisation met ainsi fin aux événements taurins clandestins et permet du même coup une expansion de ceux-ci.

Le second événement correspond au succès populaire rencontré par les spectacles taurins, camarguais ou espagnols, juste après ce changement législatif. En effet, c’est bien l’engouement pour ceux-ci qui a poussé les agriculteurs de Camargue à fonder des manades en consacrant des élevages entiers à la production de bêtes pour le spectacle.

En somme, le premier événement facteur d’autonomie du champ de la course camarguaise est en lien avec le champ du pouvoir. Le second en revanche, est directement lié à l’économie puisque c’est l’intérêt économique, la possibilité de gagner sa vie avec l’élevage taurin, qui a permis le développement des manades.

Une fois acquise l’autonomie relative du champ, les catégories d’acteurs se développent. En effet, lorsque le champ gagne en autonomie, il développe en même temps une logique qui lui est propre. C’est à ce moment précis que les catégories d’acteurs, qui correspondent aussi à

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des secteurs du champ,se distinguent. Le champ acquiertune nouvelle forme de stabilité et de nouvelles positions se dessinent. En devenant des pratiques autorisées, les cultures taurines gagnent en crédit et donc en public. Cet effet est remarqué par Pierre Bourdieu à propos du champ littéraire :

« À mesure que le champ gagne en autonomie et impose sa logique propre, ces genres se distinguent aussi, et de plus en plus nettement,

en fonction du crédit proprement symbolique qu’ils détiennent et

confèrent qui tend à varier en raison inverse du profit économique : le crédit attaché à une pratique culturelle tend en effet à décroitre avec le volume et surtout la dispersion sociale du public. » (Bourdieu, 1998 : 195.)

Soulignons néanmoins que l’autonomie acquise par le champ reste relative. Pierre Bourdieu évoque des degrés d’autonomie variables suivant les champs. Ces degrés d’autonomie changent en fonction du contexte dans lequel le champ évolue : au gré de la politique et de ses mouvements de contestation, mais aussi des aspects institutionnalisant du champ. La reconnaissance du champ, et donc de sa valeur au regard des personnes extérieures à ce champ est aussi un aspect important dans le degré d’autonomie :

« Le degré d’autonomie du champ (et, par-là, l’état des rapports de forces qui s’y instaurent) varie considérablement selon les époques et selon les traditions nationales. Il est à la mesure du capital symbolique

qui a été accumulé au cours du temps par l’action des générations

successives. » (Bourdieu, 1998 : 361.)

Dans le cas de la course camarguaise, la quête d’un degré d’autonomie plus important se matérialise par les demandes d’inscription au patrimoine immatériel français et la reconnaissance de la course camarguaise en tant que patrimoine mondial de l’UNESCO. L’inscription de la culture taurine camarguaise sur cet inventaire permet indéniablement de les légitimer grâce à une reconnaissance officielle. Cette reconnaissance peut ainsi être diffusée auprès du plus grand nombre et ce d’autant plus que le patrimoine national, par le biais des soutiens politiques et des politiques culturelles est le reflet de l’identité du pays. La distinction de certaines cultures comme faisant partie du patrimoine immatériel est une manière pour la France de revaloriser les patrimoines régionaux. Cette valorisation régionale opère finalement plusieurs décennies après la volonté d’uniformisation de la culture française.

La course camarguaise fait officiellement partie de l’inventaire du patrimoine immatériel français depuis le 3 septembre 2008. C’est la Fédération Française de la Course Camarguaise qui a établi un dossier de demande d’inscription sur cette liste.

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Une fiche type émanant du ministère de la culture, consultable en ligne, explique désormais les caractéristiques de la course camarguaise (historique, intérêts patrimoniaux, valorisation et transmission), décrite comme une tradition régionale (voir Annexe 3).

La reconnaissance nationale assure une certaine protection de la part de l’Etat qui se porte garante du maintien des traditions taurines :

« Le ministère de la Culture et de la Communication a été chargé de

mettre en œuvre la convention de l'Organisation des Nations unies

pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), ratifiée par la France en 2006, pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. La convention définit le patrimoine culturel immatériel comme

constitué par des ‘pratiques, représentations, expressions,

connaissances et savoir-faire que les communautés, les groupes et le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur

patrimoine culturel’. Les domaines couverts par la convention incluent les traditions et expressions orales, les arts du spectacle, les événements et rituels festifs, les savoirs et les pratiques, ainsi que les techniques artisanales traditionnelles. » (Site Web officiel consacré au patrimoine immatériel français.)

Ce texte signé de François Mitterand, Président de la République française en exercice lors de l’établissement du partenariat entre la France et l’UNESCO, délivre les lignes principales de la convention du patrimoine culturel immatériel français. François Mitterand ajoute que l’un des axes importants de cette convention est l'éducation et la sensibilisation du public, et notamment des jeunes, dans le but d'assurer la reconnaissance, le respect et la mise en valeur du patrimoine culturel immatériel dans la société.

La convention de partenariat entre l’UNESCO et l’État français souligne l’importance donnée par ces entités à la préservation des pratiques culturelles reconnues en tant que patrimoine immatériel français. Ceci démontre un soutien dans leur valorisation et leur diffusion.

La Fédération Française de la Course Camarguaise a parallèlement constitué à trois reprises un dossier pour l’obtention de la reconnaissance en tant que patrimoine mondial de l’UNESCO. Ces trois demandes ont toutes été refusées au motif que le taureau est au centre du jeu, et donc risque d’attirer les contestations de la part des anti-manifestations taurines (Entretien téléphonique avec I2, directrice de la communication de la FFCC, avril 2016). Ces refus successifs font écho au refus catégorique de la reconnaissance de la corrida en tant que patrimoine mondial de l’UNESCO, et plus récemment, de la radiation de la corrida de l’inventaire du patrimoine culturel immatériel français, en juin 2015. La corrida avait pourtant été reconnue en tant que patrimoine immatériel français en 2011, ce qui à cette époque a

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poussé les associations anti-corrida, dont le Comité Radicalement Anti-Corrida (CRAC) Europe et l'association Droits des Animaux à mener en justice cette affaire. En 2013, le tribunal administratif de Paris avait tranché pour le maintien de la corrida sur l’invention du patrimoine immatériel français, mais devant la force des mouvements de contestations, c’est le Ministère de la Culture lui-même qui a décidé de supprimer l’inscription de la corrida. Il s’avèreraitque la corrida est en fait toujours inscrite sur l’inventaire du patrimoine mondial de l’UNESCO, mais qu’elle est simplement rendue invisible afin d’éviter toute polémique.

Cet exemple sur la corrida montre deux choses. Il montre d’abordque l’inscription en tant que patrimoine immatériel français ou que patrimoine mondial de l’UNESCO représente une valorisation, mais aussi une défense des cultures qui y sont inscrites. En supprimant, ou en masquant, la corrida de l’inventairedu patrimoine immatériel français, l’État français affirme qu’il ne les soutient plus. Les corridas n’en demeurent pas moins autorisées en France lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut être invoquée (d’après la loi du 24 avril 1951, dite loi Ramarony-Sourbet, alinéa 7 de l'article 521-1 du Code pénal, et articles R 654-1 et R 655-1, introduisant une tolérance en faveur des spectacles de corrida). L’exemple montre ensuite que la reconnaissance d’un patrimoine culturel par un label national ou international, certes, permet une valorisation de celui-ci, et donc favorise son autonomie par le biais de la reconnaissance, mais crée aussi un lien avec le champ du pouvoir. Or, ce lien comporte aussi des contraintes.

Il s’agit donc d’un effet pervers de la quête de l’autonomie du champ de la course camarguaise. L’autonomie acquise grâce au soutien moral et financier (même indirectement, via la diffusion d’émissions taurines sur des chaînes publiques par exemple) contrebalance avec une dépendance au champ du pouvoir, et une ascension de celui-ci sur le champ de la course camarguaise dans un rapport de domination. La course camarguaise peut être reconnue un temps, puis déchue si elle ne correspond plus aux règles prônées par la législation française. Il appartient donc aux acteurs du champ de la course camarguaise de décider collectivement des révolutions à mener, en fonction des intérêts qu’elles représentent ou des pertes qu’elles engendrent : « C’est au nom de ce capital collectif que les producteurs

culturels se sentent en droit et en devoir d’ignorer les demandes ou les exigences des pouvoirs

temporels, voire de les combattre en invoquant contre eux leurs principes et leurs normes

propres. » (Bourdieu, 1998 : 36). Ainsi, est-il préférable que le champ de la course

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Pour conclure, parler d’autonomie relative du champ de la course camarguaise reste le plus près de la réalité. Certes, le champ comporte son propre fonctionnement, mais il continue de dépendre du contexte qui l’entoure, et ce, même après avoir acquis son autonomie.

2.5 Maintenir le champ : difficultés intra et supra frontalières

Maintenant que nous avons établi qu’un champ, pour se développer, doit acquérir sa propre autonomie en s’affranchissant du champ du pouvoir dans la mesure du possible, venons-en à la phase de stabilité du champ. En fait, le champ est en perpétuel mouvement et sa stabilité est sans cesse remise en question par les révolutions internes que nous avons déjà évoquées. Des changements opèrent constamment au sein du champ. D’abord, il y a une opposition entre ceux qui sont dans le champ, et ceux qui veulent y entrer. Et il y a des tensions dans le champ entre ceux qui veulent dépasser leurs concurrents et ceux qui veulent éviter d’être dépassés. C’est que Pierre Bourdieu nomme les « luttes internes ». Le sociologue l’affirme ainsi :

« … bien qu’elles en soient largement indépendantes dans leur

principe, les luttes internes dépendent toujours, dans leur issue, de la

correspondance qu’elles peuvent entretenir avec les luttes externes – qu’il s’agisse de luttes au sein du champ du pouvoir ou au sein du

champ social dans son ensemble. » (Bourdieu, 1998 : 213.)

Ceci signifie que, s’il existe des luttes internes, celles-ci sont parfois la conséquence des luttes externes au champ. En effet, qui dit champ dit frontière du champ et donc délimitation entre un espace intérieur et un espace extérieur.

Reprenons comme image le cercle qui délimite un champ. Ce cercle représente la frontière entre l’intérieur du champ et l’extérieur. Ensuite, à l’intérieur même du champ, les catégories d’acteurs sont elles aussi représentées par des cercles et ont donc aussi des frontières. La présence de frontières induit la possibilité de les franchir, de les dépasser. Ainsi, dans le champ de la course camarguaise, l’un des enjeux du champ est la défense de ses frontières. Il s’agit de les contrôler, toujours dans le but de stabiliser le champ. Dans sa théorie du champ littéraire, Pierre Bourdieu parle une nouvelle fois de luttes pour la défense de ces frontières, comme il parlait de luttes pour acquérir l’autonomie du champ :

« Les luttes de définition (ou de classement) ont pour enjeux des frontières (entre les genres ou les disciplines, ou entre les modes de

production à l’intérieur même d’un genre et, par-delà, des hiérarchies.

Définir les frontières, les défendre, contrôler les entrées, c’est défendre l’ordre établi dans le champ. » (Bourdieu, 1998 : 369.)

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Reste à savoir d’où viennent les menaces aux frontières du champ ? Dans le cas de la course camarguaise, les menaces sont multiples. Elles sont d’abord d’ordre environnemental à l’instar des projets d’urbanisation comme celui de construire une autoroute contournant Arles, à l’initiative du Ministère de l’Équipement. En effet, le tracé autoroutier sud-Vigueirat, dit "tracé VSV", est un projet fortement controversé en raison de la menace écologique qu’il représente pour un territoire labellisé Réserve Nationale, Natura 2000, et produisant des denrées alimentaires AOC. Nombreuses sont les associations, élus locaux et institutions régionales à s’opposer à ce projet :

« Le tracé VSV traverse la Crau, la Camargue Orientale, le Rhône et la Grande Camargue et porte atteinte de façon grave et irréversible à l'intégrité biologique de ces régions et au développement de leur réseau de protection. La Camargue et la Crau sont en effet des régions naturelles remarquables qui font partie du patrimoine de notre Nation. » (Extrait de la pétition contre le projet autoroutier.)

Le tracé autoroutier est actuellement toujours en discussion, partagé entre le développement urbain et la protection de l’agriculture qui représente une source de revenus majeure pour le Pays d’Arles (voir le numéro 5 du magazine P’Arles, datant de juin 2003).

Les autres menaces environnementales du champ résident dans la précarité économique des élevages, la suppression des aides de l’État aux agriculteurs, ou encore l’instabilité du Delta du Rhône en raison des périodes de crues. Toutes ces menaces environnementales sont susceptibles d’entraver la continuité des élevages taurins. Or, sans production de taureaux de race camarguaise, la pérennité des traditions taurines n’est pas assurée.

Les menaces frontalières du champ de la course camarguaise sont ensuite d’ordre social : les associations anti-corrida et les associations de défense des animaux font parfois l’amalgame entre la corrida et la course camarguaise, au sein de laquelle le taureau n’est pourtant ni maltraité ni tué. Ces associations ont déjà prouvé leur efficacité lorsqu’il s’agit de défendre la cause animale, en parvenant à destituer la corrida de son statut de patrimoine immatériel français. De plus, il n’est pas rare que les mouvements sociaux anti-corrida parviennent à perturber, voire à provoquer l’annulation de certains événements taurins. À titre d’exemple, la commune de Rodilhan, située dans le Gard, voit chaque année son programme taurin bouleversé par des manifestations et des émeutes entre les manifestants du CRAC et les aficionados venus assister à la journée de promotion de la jeune génération de toréadors, organisée traditionnellement au mois d’octobre. Rodilhan n’est pas la seule commune à programmer des journées dédiées à la tauromachie espagnole, mais cette journée de corrida

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annuelle est devenue un moment de rendez-vous pour les associations anti-corrida, qui malgré les interdictions de manifester, organisent des mouvements sociaux qui dégénèrent systématiquement au point de finir en procès (nous faisons ici référence au procès de janvier 2016 faisant suite aux événements de 2011 dans les arènes de Rodilhan)

Les acteurs du champ de la course camarguaise, interrogés dans le cadre d’un entretien, sont nombreux à montrer leur inquiétude vis-à-vis des mouvements sociaux anti-corrida. Ils craignent un déplacement de leurs protestations vers la culture taurine camarguaise.

Enfin, les menaces peuvent aussi venir de l’instauration de nouvelles règles de sécurité émanant de l’État. Par exemple, la mise en place systématique des barrières de protection sur les parcours d’abrivados et de bandidos a suscité, et suscite parfois encore, l’indignation des passionnés qui voyaient en cela une dégradation de la qualité des spectacles de rues.

Autre exemple, l’interdiction récente du «taureau à la bourgine », ou du « taureau à la corde » (voir glossaire), sur tout le territoire français, y compris sur la commune d’Eyragues (seule commune française qui pratiquait encore cette tradition taurine consistant à déplacer le taureau à l’aide d’une corde en 2015). Celle-ci a eu lieu en raison des plaintes des associations de défense des droits des animaux, et a partagé les afeciounas, rangeant d’un côté ceux qui trouvaient que le taureau à la bourgine allait à l’encontre du respect du taureau, et d’autres qui tenaient à leurs traditions locales. L’interdiction du taureau à la corde a été mise en place le 8 janvier 2015.

Cependant, les luttes frontalières du champ ne proviennent pas uniquement de facteurs environnementaux extérieurs au champ. Des évènements internes, tels que l’accroissement de la population au sein du champ par exemple, peut causer des bouleversements, des désordres, des changements externes ou de médiations qui modifient les rapports de force. Les nouveaux venus dans le champ causent des effets, par leur volume, leur nombre, ou leur qualité sociale. Par exemple, l’élection d’un nouveau représentant de la culture d’une commune ou d’une communauté d’agglomération peut entrainer certains changements au sein du champ. Ces derniers peuvent être positifs ou négatifs, comme l’apport d’un soutien financier complémentaire pour la diffusion de la culture locale, ou des interdictions de manifestations taurines). Le soutien des institutions publiques est un motif de lutte au sein du champ. Il en est de même pour le changement de président de la FFCC, qui a lieu à l’occasion de nouvelles élections du bureau. Ce nouveau président peut influer sur le champ.

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Ces changements divers peuvent provoquer des effets de résistance ou d’exclusion des nouveaux arrivants au sein du champ. L’entrée de nouveaux acteurs peut pourtant se faire en fonction de nouvelles volontés de la part des acteurs du champ, telles que le développement de la communication de la course camarguaise auprès d’un public plus large, la modernisation des manifestations taurines ou au contraire leur conservation à l’identique.

Les changements peuvent entrainer des discriminations (de classe ou de race comme le souligne Pierre Bourdieu), lorsqu’ils ne correspondent pas aux attendus de la majorité des acteurs du champ.

2.6 La position des acteurs au sein du champ

L’univers social que représente le champ est complexe, comme nous avons pu nous en apercevoir en étudiant ses caractéristiques, sa quête d’autonomie, et sa capacité à être en mouvement constant en raison de luttes transfrontalières. Venons-en à présent au rôle des catégories d’acteurs qui composent le champ. Après l’étude du champ littéraire, Pierre Bourdieu décrit cette fois le champ scientifique à la fois comme le « système des relations

objectives entre des positions sociales » et comme « le lieu de la concurrence qui a pour