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La carrière des raseteurs, de l’élément déclencheur à la progression dans le Trophée

Interactions, coopérations, tensions et échanges : le fonctionnement du champ de la course camarguaise

Chapitre 1 - Les positions des principaux acteurs

2.4 La carrière des raseteurs, de l’élément déclencheur à la progression dans le Trophée

Taurin

Six entretiens ont été menés avec des raseteurs. L’analyse et la mise en comparaison de ces entretiens ont permis de constater des similitudes dans les parcours, ce qui nous permet de mettre en exergue un modèle de carrière de raseteur.

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Il faut tout d’abord un élément déclencheur de la passion pour la bouvine. Celui-ci peut apparaitre dès le plus jeune âge dans un cadre familial si le raseteur a fréquenté les arènes étant enfant, ou au contraire apparaitre à l’adolescence, dans un cadre amical dans le cadre des fêtes votives. Ce second élément déclencheur est le plus courant chez les raseteurs. En effet, pour la plupart d’entre eux, les premiers contacts avec les biòus ont eu lieu dans la rue, lors des manifestations taurines de fêtes votives, telles que les abrivados ou les encierros.

La plupart des interrogés ne fréquentaient pas ou peu les arènes et leurs parents ne faisaient pas partie du milieu de la bouvine. Ils ont donc développé un intérêt pour la course camarguaise seuls, grâce au contact sportif et compétitif avec les taureaux dans un cadre festif. Mis à part S6, qui fréquentait les arènes avec son père dès son plus jeune âge et S4, qui assistait à des courses camarguaises avec son oncle et sa tante, les autres raseteurs interrogés n’étaient pas particulièrement passionnés de course camarguaise avant leurs débuts en tant que raseteurs.

Passionné par les taureaux, S4 justifie sa décision de raseter d’abord par son attrait pour les taureaux. Le raseteur évoque l’intelligence du taureau qu’il peut percevoir dans les arènes, mais aussi dans les prés, avant d’en venir à son admiration pour des raseteurs qui ont fait leurs preuves. S4 a été entrainé par un raseteur nommé Hadrien Poujol qui lui a montré les techniques d’entrainement. Ils ont travaillé ensemble sur l’habileté, la vitesse, l’endurance, jusqu’à ce que le jeune raseteur soit capable de s’entrainer seul.

Jeunes adultes ou encore adolescents, chacun des interrogés nous a parlé de ses responsables légaux, auprès de qui ils ont parfois dû négocier pour réussir à faire accepter leur envie de raseteur au-delà du danger. Souvent, ce sont les parents qui mettent un frein à l’intégration d’une école taurine. Ceci est d’autant plus vrai lorsque le jeune raseteur vient d’un milieu assez éloigné de la course camarguaise. Dans le cas de S4 ou de S6, dont les responsables légaux fréquentaient déjà les arènes, aucune difficulté n’a été rencontrée. S6 explique qu’il a toujours été soutenu par son père, qui le suivait de près, et ce malgré son appréhension à chaque course camarguaise.

Un autre élément qui apparait dans le début d’une carrière de raseteur est la présence d’un parrain de course camarguaise, c’est-à-dire d’une personne experte du milieu taurin, qui permet au jeune adulte d’intégrer une école taurine. Il peut s’agir d’un parent qui possède déjà des contacts dans des écoles taurines ou d’une personne compétente dans le milieu de la course camarguaise qui repère un talent chez un jeune lors de manifestations taurines de rue.

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C’est ce parrain qui va contacter l’école taurine et appuyer la candidature de la jeune recrue. S2 raconte ainsi son entrée dans le milieu taurin :

« J’allais avec mon père en ferrade et j’attrapais les taureaux dans les rues j’étais tout petit, vraiment tout petit. Je voulais faire raseteur,

mais ma mère n’a jamais voulu. Je n’ai pas insisté. Après

malheureusement, elle est décédée, et je n’ai pas laissé le choix à mon

père. J’avais vingt ans donc ça a commencé tard comparé aux autres

raseteurs. Certains raseteurs peuvent arriver à dix-huit ans aux As en

commençant très jeunes. Mon père a dit d’accord, il connaissait l’ancien raseteur devenu tourneur Daniel Martinez, et il m’a dit :

‘appelle-le’. Je l’ai appelé et je lui ai expliqué que je voulais être raseteur et il m’a envoyé à l’école taurine d’Arles. J’ai commencé début juillet à l’école taurine et en avril je suis monté en Protection.

Ça a été hyper rapide. Il y a quelqu’un qui juge si on peut passer en

Ligue ensuite, c’est Gérard Barbeyrac qui juge. Il m’a dit il n’était pas trop d’accord, qu’il me fallait encore du temps, mais Daniel Martinez m’a appuyé en raison de mon âge. Et je suis passé en Ligue grâce à Martinez. » (Entretien avec S2, raseteur, à Rochefort-du Gard, le 4 avril 2013.)

Ce récit de S2 racontant ses premiers pas en tant que raseteur montre les différentes étapes d’un début de carrière et l’importance de la présence de personnalités extérieures, que nous nommons les parrains.

Globalement, à chaque entretien, les raseteurs racontent comment et quand ils ont eu leur premier contact avec les taureaux, puis qui les a aidés ou soutenus pour intégrer une école taurine. La suite de la carrière d’un raseteur dépend ensuite des capacités de chaque sportif, qui gravissent à leur rythme les niveaux du Trophée Taurin. Tous mentionnent l’existence d’un modèle de course camarguaise, un raseteur souvent encore actif dans les arènes au moment où ils ont commencé. Il peut s’agir d’un raseteur célèbre à l’instar de Sabri Allouani, plusieurs fois vainqueur du Trophée Taurin, ou au contraire de raseteurs moins connus, mais dont le style et la manière de raseter ont marqué le jeune raseteur.

Les sportifs insistent aussi sur la nécessité de s’entrainer, qui représente selon eux « beaucoup de travail ». Ils s’entrainent souvent en groupe, avec des raseteurs de leur niveau et de leur âge, mais aussi avec d’autres raseteurs plus âgés qui les conseillent. Ceci leur permet de se préparer à côtoyer d’autres raseteurs, qui seront alors leurs adversaires sur la piste. Certains s’entrainent dans les arènes, avec des vachettes emboulées d’autres suivent simplement un entrainement sportif, très axé sur la souplesse et l’habilité.

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Tout au long de leur carrière, les raseteurs doivent faire face à des choix, à commencer par le choix des courses camarguaises auxquelles ils participeront. Les plus célèbres sont sollicités par plusieurs organisateurs pour différentes courses ayant lieu le même jour. Ils doivent donc faire un choix stratégique, en fonction de la renommée de la course et des adversaires. Les raseteurs débutants peuvent quant à eux compter sur les organisateurs qui sont parfois leurs alliés pour obtenir leurs premiers contrats. Un club taurin travaille régulièrement avec les mêmes raseteurs, parce qu’ils sont originaires de la commune ou des alentours, ou parce qu’ils entretiennent de bonnes relations avec celui-ci. Les interrogés insistent sur cet aspect relationnel entre les raseteurs et les organisateurs. Il faut éviter les disputes et savoir effectuer des choix stratégiques pour assurer de futurs engagements tout en progressant. Les raseteurs doivent à la fois contenter le public et les organisateurs qui les engagent.

Pour gagner en popularité, les raseteurs peuvent aussi se projeter sur les médias taurins qui leur consacrent des articles lorsqu’ils ont déjà commencé à faire leurs preuves, mais ceci ne remplace pas le fait d’être vainqueur d’un trophée. La course à la consécration commence dès l’école taurine par l’intermédiaire de tremplins pour les apprentis raseteurs appartenant au niveau de la Ligue. Il existe par exemple la compétition Stars de Demain, née d’une convention de partenariat entre l’Union des Clubs Taurins Paul Ricard (UCTPR) et la FFCC.

Ou encore Graines de raseteurs, une compétition organisée par la communauté

d’agglomérations Nîmes Métropole, qui elle aussi vise à faire connaitre la course camarguaise et valoriser les raseteurs émergents en proposant des courses camarguaises gratuites.

Pour les raseteurs confirmés, les occasions de s’illustrer dans le cadre de trophées ne manquent pas. En effet, nombreuses sont les arènes à proposer leur propre championnat : le

Trophée de la Mer au Grau du Roi, la Cerise d’Or à Remoulins, le Trophée Louis Tiers à

Saint Andiol, le Trophée de l’huile d’Olive à Maussane les Alpilles, le Trophée des

Maraîchers à Châteaurenard, le Trophée Rhône Gardon à Aramon, la Clairette d’Or à

Bellegarde pour n’en citer que quelques-uns. Les noms de trophées permettent de valoriser les spécificités ou les richesses de chaque commune ou de célébrer le souvenir d’une personnalité locale. Châteaurenard est par exemple une commune dont la fortune repose sur la production de fruits et légumes, d’où le nom Trophée des Maraîchers. Gagner l’un de ces trophées représente une première gloire pour les raseteurs comme pour les manades dont les taureaux ont été élus meilleurs cocardiers de la compétition. Ils promettent de futurs engagements pour les sportifs comme pour les éleveurs.

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Bien sûr, ce sont les trophées les plus célèbres qui sont convoités par les raseteurs et les manadiers. Il y a d’abord, le Trophée des As, auquel est rattaché le Championnat de France depuis 2004 organisé par La Provence et le Midi Libre, mais la Cocarde d’Or et la Palme d’Or, sont deux autres compétitions prestigieuses, ayant bâti leur réputation sur leur ancienneté (1927). Le Trident d’Or est aussi un événement important qui récompense les meilleurs raseteurs et taureaux cocardiers.

2.5 Les échanges symboliques entre sportifs : passions, risques, appât du gain

Si la réussite d’un raseteur repose essentiellement sur sa capacité à gravir les échelons dans le championnat de course camarguaise, la durée du parcours demeure variable. Il se peut aussi qu’un raseteur ne perce jamais. La carrière de raseteur dépend, certes, des capacités physiques et techniques, mais aussi de choix stratégiques. Pour réussir et devenir une vedette de course camarguaise, des deux objectifs sont à atteindre : gagner des compétitions et conquérir le cœur du public. Ces deux aspects sont aussi complémentaires que contradictoires.

Il est en effet difficile de concilier l’efficacité du raset, qui permet de remporter des points pour le championnat et de l’argent et la satisfaction du public, qui attend une prise de risque de la part du raseteur, que celui-ci lui apporte « du spectacle » et lui « fasse plaisir » pour reprendre les mots utilisés par les afeciounas. S2 décrit ainsi l’équilibre entre le spectacle procuré aux spectateurs, et le fait de gagner des points pour progresser dans le Trophée Taurin :

« Dans les arènes, je regardais que pour faire plaisir au public au début

en faisant des rasets osés et à force de faire ça… J’ai eu un tourneur, et j’ai changé trois fois de tourneurs. J’ai mon tourneur à moi. Où je vais il vient, suivant mon classement. Mais si t’es dernier et que t’as un tourneur, il ne va pas démarrer à chaque coup avec toi. Le tourneur

m’a expliqué qu’il faut faire des rasets pour toi et pour le public, mais

moi mon style, c’est de faire plaisir au public, ça me plait, j’aime qu’on vienne me dire après la course ‘tu m’as fait plaisir’, que les gens repartent contents, moi c’est mon caractère je suis un gagneur, déjà qu’il n’y a pas grand monde sur les gradins, s’ils partent et qu’ils se sont ennuyés... Faire des rasets qui font plaisir au public, ce n’est pas

faire des rasets dangereux, mais plutôt des rasets osés on va dire. » (Entretien avec S2, raseteur et organisateur, à Rochefort-du Gard, le 4 avril 2013.)

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Le tourneur est donc l’allié du raseteur dans ses deux missions : efficacité et spectacle. Ces deux missions sont davantage opposées que complémentaires puisque, faire du spectacle consiste à se laisser sensiblement rattraper par le taureau, rendant ainsi plus difficile le décrochage des attributs.

Ce paradoxe de la réussite par l’efficacité versus le spectacle s’associe à un autre paradoxe, plus prohibé : la passion du taureau mise en rapport avec l’appât du gain. La course camarguaise est un sport avec un enjeu financier. Les attributs fixés sur les cornes du taureau (cocardes et ficelles) ont en effet une valeur pécuniaire et permettent aux raseteurs à succès de remporter des sommes importantes d’argent en complément de l’enveloppe reçue dans le cadre de leur engagement par les organisateurs. Cet enjeu pécuniaire est parfois la source de discordes entre les raseteurs, qui se disputent les cocardes. Dans ce cas, c’est le président de course qui tranche. Mais il arrive aussi aux raseteurs de se faire siffler par des spectateurs mécontents qui considèrent que les rasets effectués ne mettent pas en valeur le taureau, dans le sens où ils ne produisent pas de spectacle au profit du ramassage précipité des attributs. Les raseteurs interrogés évoquent l’argent en l’associant à une juste récompense face au danger de raseter. Ils ajoutent qu’il n’est pas possible de raseter sans passion, même si selon eux, certains raseteurs sont attirés par l’appât du gain. Un des raseteurs a choisi de nous livrer des informations sur ces revenus liés à la course à la cocarde : « Moi j’ai un salaire qui est comme il est. Il faut dire la vérité, ça met le beurre dans les épinards. On n’a pas à le cacher.

35 000 €, ce n’est pas rien quand même. Un type au bas du classement il doit faire 15 000 €

dans l’année ». (Entretien avec S2, raseteur et organisateur, à Rochefort du Gard, le 3 avril 2013)

L’ancien célèbre raseteur et écrivain S1 partage cette opinion, mais y apporte une nuance par rapport au statut des raseteurs :

« Parmi les raseteurs, une dizaine sont des semi-professionnels : ce

sont les meilleurs. Comme moi, j’ai vécu de la course, je n’ai jamais

travaillé. On est reconnu fiscalement, mais pas socialement, car on n’a

pas de couverture sociale. Un peu comme les prostituées. Les raseteurs reçoivent une rémunération par les organisateurs : ils prennent un engagement, on appelle ça une invitation. Les raseteurs

touchent en plus les primes pendant la course . Logiquement, les

raseteurs et organisateurs devraient payer des charges patronales. Maintenant, on appelle ça une invitation pour cacher les choses, mais

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Il faudrait payer des charges. Sur les affiches, y’a marqué ‘raseteur invité’ et pas’raseteur engagé’ pour éviter de payer en plus. » (Entretien avec S1, ancien raseteur et écrivain, 12 mai 2012 à Nîmes.)

Être raseteur n’est donc pas un métier, et les revenus perçus par les sportifs sont davantage

perçus comme un dédommagement. Néanmoins, si le mot « engagement » n’apparaît

effectivement pas sur les affiches, il s’agit bien du mot employé lors des échanges entre organisateurs et sportifs. C’est également avec ce mot que nos interlocuteurs ont évoqué leurs invitations.

Cette récompense financière, arrangeante pour les organisateurs qui n’emploient pas des prestataires pour leurs spectacles mais dédommagent des sportifs, peut accompagner la motivation du raseteur. Cependant, dans aucun de nos entretiens nous n’avons entendu de raseteur nous dire que l’élémentdéclencheur dans la décision de raseter a été l’appât du gain. Nos six raseteurs interrogés, S2, S3, S4, S5, S6 et S7, ont évoqué la passion pour le taureau comme principale motivation à courir dans les arènes.

Deux d’entre eux ont parlé davantage de leur passion et ont évoqué les longs moments passés dans les élevages taurins pour « donner un coup de main » et être contact avec les taureaux. La plupart d’entre eux ont en revanche accepté de parler d’argent dans le cadre des entretiens, en disant simplement que les gains représentent une récompense, qui contrebalance le risque pris à chaque engagement dans une course camarguaise.

Par ailleurs, les raseteurs moins connus ont souligné l’importance d’avoir une profession stable en plus de la course camarguaise qui se pratique comme un loisir. Ils sont ouvrier, artisan, mécanicien, étudiant et doivent aménager leur emploi du temps pour avoir le temps de s’entrainer et de participer à des courses camarguaises. S5 explique par exemple qu’il a dû mettre un frein à sa carrière de raseteur pour assurer un revenu financier stable à sa famille après son mariage :

« Je suis préparateur de commande du lundi au vendredi. Après c’est un besoin, comme je vous ai dit, je me suis marié il n’y a pas la

longtemps, il y a des besoins d’abord et ensuite les taureaux. Si vous

vous blessez, il y a les assurances d’accord, elles vont payer

maintenant, un an, et après on fait quoi ? Main devant, main derrière et on se regarde dans le blanc des yeux ? Non il faut travailler, parce que là, on paye des impôts, mais on ne cotise pas pour la retraite ce

qui fait qu’on doit faire notre propre retraite. Surtout, il faut être très intelligent avec l’argent, si on flambe notre argent derrière on n’a plus

rien, et il y a pas des retraites, il faut travailler, mettre de côté, c’est

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. Lui en montrant un raseteur vedette, c’est quelqu’un qui a pas trop

travaillé, après c’est un sportif de haut niveau. Ça dépend. » (Entretien avec S5, raseteur, le 7 novembre 2015 à Vendargues.)

S5 met ici en avant les choix auxquels les raseteurs sont soumis pour progresser dans le milieu de la course camarguaise. Il évoque à la fois la nécessité de travailler pour gagner sa vie sur le long terme, mais insiste aussi sur les choix familiaux auxquels il a dû faire face en parlant de son mariage. Les raseteurs sont régulièrement exposés aux blessures et parfois, de graves blessures peuvent définitivement mettre fin à leur carrière, coupant ainsi brutalement les ressources financières. En se mariant, S5 a donc décidé de choisir une profession stable pour assurer des revenus réguliers à sa famille.

De son côté, S6, jeune raseteur au niveau de l’Avenir, raconte quant à lui comment il a mis sa carrière de raseteur entre parenthèses pour poursuivre ses études en master d’études hispaniques, recherche et traduction à l’université d’Avignon. Nous l’avons rencontré dans le cadre d’un entretien dans le parc de l’université. Il insiste sur la difficulté de ce choix à faire, entre la passion pour la course camarguaise et les études. Porté par la réussite et son épanouissement dans les arènes, il a dû effectuer un choix à long terme. Pour lui, une carrière de raseteur est courte au regard de toute une vie et il préférait donc être diplômé pour s’assurer de trouver un travail. Il nous confie l’incompréhension de ses collègues raseteurs, qui lui demandent souvent pourquoi il accepte si peu d’engagements et aussi pourquoi il participe peu aux soirées organisées entre raseteurs. S6 se sent parfois en marge du milieu des sportifs, surtout en période de partiels, puisqu’il dispose d’encore moins de temps pour s’entrainer.

Tout comme S5, S6 a aussi été gravement blessé lors d’une course camarguaise. Tous deux évoquent alors la peur, la prise de conscience de la dangerosité de ce sport et le courage nécessaire pour affronter de nouveau les taureaux (et plus particulièrement le taureau qui les a blessés). Pour les raseteurs, il y a un avant et un après la blessure, comme le souligne S5 :

« Je n’allais pas trop les voir les taureaux en payset après, quand j’ai reçu mon premier coup de corne, un peu… Pas un coup grave, mais psychologiquement ça m’avait un peu atteint et je n’arrivais plus à voir un taureau et après voilà c’est, même en pays. Après j’ai continué. Samedi dernier j’ai fait une course. Ce n’est pas pour autant que j’ai arrêté, j’ai continué …. C’était important d’aller les voir,