• Aucun résultat trouvé

transmission familiale, enjeux financiers et passion

3.3 Nommer un taureau n’en fait pas une vedette

Les manadiers élèvent les vedettes de la course camarguaise : le taureau de Camargue et le public de passionnés connait au moins de nom la plupart des grands élevages taurins. À chaque apparition d’un taureau dans une course camarguaise le président de course annonce en effet le nom du taureau, son numéro unique, la manade propriétaire et l’âge du taureau. Cependant, c’est bien le nom du taureau qui permet aux spectateurs de l’identifier le plus facilement, de le suivre d’une course à l’autre. Comment ces animaux sont-ils nommés et à partir de quand passent-il de la dénomination par un numéro d’élevage à un véritable nom ? Nous avons questionné les éleveurs sur leur façon de nommer leurs taureaux.

Âgés d’à peine quelques mois, les veaux sont marqués au fer du sceau de la manade. Un numéro est marqué sur le côté de chaque taurillon. Il s’agit de numéros à trois chiffres. Le premier chiffre correspond au dernier numéro de l’année de naissance du taureau. La carrière des taureaux de course camarguaise durant rarement plus de dix ans, les spectateurs savent que les taureaux sortant dans les arènes sont nés durant la dernière décennie. Tandis que les deux derniers chiffres correspondent à l’ordre de naissance du veau par rapport aux autres veaux nés dans l’année dans un élevage. Ainsi, un taureau portant le numéro 205 signifie qu’il est né en 2012, et qu’il s’agit du cinquième taureau né dans la manade cette année-là.

Le taureau de course camarguaise commence donc sa carrière en tant que tau, c’est-à-dire en tant que mâle entier. Il porte alors uniquement un numéro, mais déjà, les spectateurs les plus assidus et les organisateurs se dépêchent dans les arènes pour prendre des notes dans un carnet fin de repérer les futurs grands numéros de la course camarguaise. Puis à l’âge de trois ou quatre ans, les animaux sont castrés et passent en Protection, les taureaux engagés par les organisateurs ne sont encore que des numéros.

182

C’est seulement au passage à l’Avenir que l’attribution d’un nom à un taureau devient obligatoire. C’est pour cette raison que même les taureaux n’ayant fait qu’une seule année à l’Avenir avant d’être vendus en boucherie ont eu un nom.

Les noms sont choisis par les manadiers et leurs proches à partir d’anecdotes, parfois liées à l’histoire du taureau ou de la manade. Par exemple, le taureau le Sanglier a été découvert à sa naissance à proximité d’un troupeau de sangliers, et le taureau Saint Vincent a quant à lui encorné un gardian originaire de Jonquières-Saint-Vincent lors de sa castration. Les autres noms sont souvent liés à des lieux se trouvant à proximité de la Camargue, tels que Ratis ou

Nîmois, et d’autres font référence à la culture provençale ou occitane : Cigaloun, Mistral.

Enfin, quelques taureaux des dernières décennies apportent une touche d’originalité et de modernité par leur prénom à la tournure anglophone : Beefeater, Diamond, Sugar.

Parmi tous ces noms, seule une poignée sera inscrite au grand palmarès du Biòu d’or, et marquera ainsi définitivement l’histoire de la bouvine. Ces taureaux mourront de vieillesse sur les terres qui les ont vu naitre avec quelques-uns de leurs camarades devenus les favoris de leurs propriétaires : « Les taureaux qui ont été aux As et qui ont marqué, on les garde jusqu’à

leur belle mort. Greco il mourra dans la propriété s’il ne se tue pas dans l’arène, Orion

aussi. »(Entretien avec E2, manadier, à Arles le 24 octobre 2015).

3.4 Se diversifier pour subsister : des taureaux de courses comme objectif de prestige, le tourisme pour la rentabilité

3.4.1 Pourquoi l’élevage de taureaux de Camargue n’est-il pas rentable ?

Un point commun se dégage de tous les entretiens avec des éleveurs : la difficile rentabilité de l’élevage des taureaux de course camarguaise. Avec plusieurs manadiers, rencontrés dans le cadre d’entretiens semi-dirigés ou dans les arènes, nous avons pu aborder le sujet de l’argent. Si le sujet n’est pas tabou, il est pourtant parfois évoqué de façon assez floue. Il n’existe pas de guide tarifaire pour l’engagement des taureaux dans les courses camarguaises et ce n’est pas la FFCC qui fixe ces tarifs. Il existe cependant un véritable marché taurin implicite. Ce dernier, connu des manadiers comme des organisateurs, demeure tacite et il n’est pas publié.

183

Comme tout bien commercial, le prix d’un taureau répond à la loi de l’offre et de la demande. Un nombre important de manades peut proposer aux organisateurs des taureaux de bas niveau, qui commencent à peine leur carrière en course camarguaise. La plupart des manades possèdent des taureaux de niveau moyen qui conviennent aux courses de l’Avenir, mais qui n’ont pas encore fait leurs preuves. Enfin, quelques manades possèdent de bons taureaux de course, capables d’affronter les meilleurs raseteurs aux As. Enfin, seul un nombre restreint d’éleveurs possède un ou deux taureaux pouvant prétendre au titre de Biòu d’Or. Nous arrivons donc au constat suivant : les vedettes sont des taureaux exceptionnels, les bons taureaux sont assez rares, les taureaux de niveau moyen ou inférieur sont nombreux.

La plupart des taureaux ne sont pas explicitement demandés par les organisateurs, et c’est pour cette raison que les manadiers doivent accepter le prix proposé par l’organisateur et «ne

pas être trop gourmand », pour reprendre les mots employés par E2. En revanche, la position

du taureau au sein de la course se négocie. Les taureaux de seconde partie de course, après la pause, sont les meilleurs, et donc engager un taureau en quatrième ou en cinquième position coûte plus cher aux organisateurs. Les taureaux engagés pour la première période sont moins chers, mis à part au niveau des As. Ils correspondent à des taureaux dont la carrière est en train de se terminer. Il s’agit d’animaux qui ne progresseront plus, et les engagements sont à ce titre moins onéreux pour cette catégorie de bêtes les manadiers communiquent et négocient avec les organisateurs : « On discute la place du taureau, en fonction des capacités du taureau, une place en première partie ou en seconde. Les seconds ont plus de perspective

d’évolution, et sont plus attractifs. Les taureaux de première partie ne sont pas à potentiel, ou

plus à potentiel. » (E2, manadier, à Arles, le 24 octobre 2015).

Le tarif d’engagement est donc fixé en fonction de ces paramètres d’offre (l’abondance de taureaux comparée au nombre de courses organisées) et de demande (les courses prestigieuses ne peuvent se passer des meilleurs taureaux et les organisateurs sont prêts à y mettre le prix). Les engagements avoisinent autour des prix suivants :

Pour une course de Protection, les organisateurs engagent plusieurs taureaux à la fois : 250 euros pour deux ou trois animaux, ce qui permet au manadier de rentrer dans ses frais en tenant compte des déplacements.

La famille 2 souligne cependant qu’elle ne gagne que très peu d’argent, voire pas du tout sur ce genre de course, car les engagements ne couvrent guère plus que les frais de carburant. C’est seulement grâce à l’aide bénévole des gardians amateurs qu’ils ne sont pas déficitaires.

184

E3 ajoute cependant que les courses en Protection sont un passage obligé pour la manade. Elles permettent d’observer les taureaux en situation, devant des spectateurs et des organisateurs compréhensifs.

Les engagements à l’Avenir ne laissent de leur côté presque aucune marge de négociation pour les manadiers. Un passage de quinze minutes d’un seul taureau coûte 300 € à l’organisateur, mais celui-ci dispose d’un très grand choix de manades à contacter, ce qui explique la difficulté à négocier d’autant plus que, comme le souligne E3, les organisateurs sont des associations qui elles aussi ont un très petit budget. L’intérêt n’est pas de faire augmenter les prix. C’est sur ce type de courses que les relations entre organisateurs et manadiers sont primordiales, comme le souligne le raseteur S2, également président du club taurin d’Aramon. Des partenariats se créent. Les clubs taurins organisateurs ont tendance à travailler régulièrement avec des manades avec lesquelles ils entretiennent de bonnes relations, tandis qu’ils en évitent d’autres avec lesquelles ils sont fâchées, et inversement. Ces partenariats laissent envisager des marges de négociations financières d’une part et mettent aussi en perspective de futurs contrats dans une dynamique coopérative. Une relation de

don-contre-don (Mauss, 2007) se met donc en place entre les manadiers, les raseteurs et les

organisateurs.

Néanmoins, la relation de don-contre-don, également étudiée par Pierre Bourdieu, est loin d’être un simple échange. Les dons doivent être espacés pour rester discrets (Bourdieu, 1972). Effectivement, les manadiers doivent pouvoir travailler avec de nombreux organisateurs et éviter l’écueil de la relation privilégiée. Pierre Bourdieu analyse au sujet des peuples kabyles que le contre-don est une question d’honneur pour celui qui reçoit. Ne pas donner en retour est une situation de déshonneur. De même, le refus d’un contre-don de la part du donneur est vécu comme une situation méprisante. Dans le champ de la course camarguaise, un don appelle systématiquement un contre-don : question d’équité et d’honneur. L’enjeu du contre -don est de rétablir l’équilibre entre les deux acteurs. Ainsi, un -don n’est jamais entièrement gratuit, comme le souligne Pierre Bourdieu :

185

« La logique du don n’est-elle pas une façon de surmonter ou de

dissimuler les calculs de l’intérêt ? Si le don, comme le crédit, entraîne

le devoir de rendre plus, cette obligation de l’honneur, si impérative

soit-elle, demeure tacite et secrète. Le contre-don étant différé,

l’échange généreux, à l’opposé du « donnant-donnant », ne tend-il pas

à voiler la transaction intéressée qui n’ose pas s’apparaître dans

l’instant en la déployant dans la succession temporelle, et en substituant à la série continue de dons suivis de contre-dons une série

discontinue de dons apparemment sans retours ? ».

(Bourdieu, 2000 : 59.)

À partir des As, l’engagement d’un taureau oscille entre 500 € et 4000 €/5 000 €, en fonction de la catégorie des arènes. Dans les arènes plus petites, de deuxième catégorie, les taureaux sont engagés pour 500 €. Les arènes de premières catégories, comme celles d’Arles, Nîmes ou Beaucaire organisent de grandes courses, et les cocardiers ne sont pas engagés en dessous de 1 000 €. Quant aux taureaux qui valent 4000 € à 5 000 € pour un quart d’heure, ils sont les Biòu d’Or en titre ou des prétendants à cette consécration. Ces derniers sont indispensables aux grandes courses. Garlan, Biòu d’Or 2011, 2012 et 2014 a ainsi couté jusqu’à 7000 € aux organisateurs.

Les manadiers qui possèdent ces vedettes sont donc en position de force dans la négociation. Les organisateurs ont besoin de cette vedette pour remplir les arènes et pourtant les manadiers peuvent refuser les propositions les plus alléchantes s’ils considèrent que leur animal n’est pas en mesure d’effectuer la course sans mettre en danger sa santé. Les enjeux des manadiers sont d’ordre financier à court et à long terme (accepter un engagement à très bon tarif au risque de mettre en péril la santé du cocardier ou refuser un engagement, ce qui entraine un manque à gagner et peut entrainer des discordes avec les organisateurs).

Il y a aussi des enjeux d’ordre stratégique. En devant choisir à quelles courses son cocardier participera, le manadier prépare une stratégie saisonnière pour l’obtention du titre de Biòu d’Or. Son taureau doit gagner de grandes compétitions et l’éleveur doit tenir compte de la récupération physique de l’animal entre chacune de ces compétitions. Il sait par exemple qu’en fin de saison le cocardier est plus fatigué, mais que sa participation au Trophée des As au mois d’octobre est essentielle. Il peut donc choisir ne pas faire participer son taureau à la Palme d’Or de Beaucaire au mois de juillet pour le laisser récupérer.

186 3.4.2 Les craintes des manadiers

Si la rentabilité des élevages possédant un ou plusieurs bons cocardiers semble assise, elle n’en demeure pas moins précaire comme le souligne E3 : « Greco nous a rapporté plus que

tous les autres réunis cette année, mais je ne peux pas compter sur lui, car s’il se blesse, tout

peut s’arrêter, je ne peux pas faire de projets à long terme et embaucher un gardian, car je ne

sais pas comment se sera l’année d’après, si je pourrai encore le payer. » (Entretien avec E3, manadier, à Arles, le 24 octobre 2015).

Elle ajoute ensuite que cette précarité s’accentue avec les taureaux renommés comme Greco puisque seul deux raseteurs sont capables de le raseter en raison de sa dangerosité « car ils n’en n’ont pas peur ». Elle raconte ainsi la mauvaise course de Greco en 2015 au Grau-du-Roi, qui fut un fiasco puisque les raseteurs étaient effrayés par l’animal, ce qui selon elle a conduit à « une balade de Greco pendant quinze minute en piste, ce qui est frustrant pour

nous, pour les organisateurs et pour le public. » (Entretien avec E3, manadier, à Arles le 24

octobre 2015).

De nombreux facteurs entrent donc en jeu dans la pérennité d’un élevage, il y a la continuité du taureau, mais aussi la présence de bons raseteurs capables de mettre en valeur les capacités du cocardier. Ainsi, les manadiers de la manade 2 s’inquiètent pour la saison suivante, à la fois de la santé de Greco, mais aussi de celle des raseteurs Sabri Allouani et Ziko Katif, qui, en cas de blessures, ne seront plus capables d’assurer un duo ou un trio gagnant en piste homme/taureau.

Plus dramatique encore, la blessure mortelle d’un taureau vedette, à l’instar du taureau

Camarcas de la manade 2. C’est non sans émotion que E2 nous raconte le succès de ce

taureau barricadier, qui avait pour habitude de poursuivre les raseteurs jusqu’en contre-piste. Un « avantage commercial », pour reprendre les mots de l’éleveur pour un public ravi par les prestations spectaculaires du taureau. Jusqu’à ce que le verdict tombe : Camarcas, à force de frapper dans les barrières a contracté une perforation intestinale. Il décède rapidement sans qu’aucun vétérinaire ne puisse le soigner. Cet imprévu a ramené l’élevage au point mort après la disparition de sa vedette montante et aujourd’hui les manadiers craignent à chaque passage

de Greco les blessures les plus graves. Leur taureau s’étant blessé légèrement en début de

saison 2016, les propriétaires de Greco ont préféré mettre la carrière du cocardier entre parenthèses pour éviter de mettre un terme définitif à sa carrière. Le taureau a pu reprendre en 2017.

187

Les raisons sanitaires peuvent aussi entrainer un élevage dans sa chute. L’exemple le plus parlant est celui de l’élevage d’Henri Laurent. Cette manade à l’histoire prestigieuse est née d’une amitié entre Henri Aubanel et Paul Laurent, elle-même héritière de Folco de Baroncelli au début du XXe siècle. Ses taureaux étaient issus de croisements avec le célèbre taureau Vovo. Mais dans les années 1990, son troupeau est atteint de tuberculose et les autorités sanitaires de l’époque ont exigé l’abattage de l’intégralité du cheptel. Tous les cocardiers ont donc été conduits à l’abattoir et c’est grâce à l’insémination artificielle que la manade est parvenue à redorer sa marque à feu. La manade 2 a elle aussi été atteinte par la maladie entre 2005 et 2006. D’après le manadier, même si des primes importantes étaient attribuées aux manadiers si les taureaux étaient abattus, la famille a décidé de sauver l’élevage au prix d’une interdiction de participer aux courses camarguaises pendant deux ans.

Les techniques de dépistage de la tuberculose chez les bovins sont aujourd’hui moins lourdes de conséquences grâce à des prises de sang plus fiables que le test de réaction sous peau. Mais aucun animal n’est à l’abri de la maladie, y compris les taureaux cocardiers. Les taureaux abattus pour cause tuberculinique demeurent comestibles pour l’être humain après ablation du morceau de viande atteint, ce qui permet à l’éleveur d’amoindrir les pertes financières sur un taureau élevé pour sa viande, mais lorsqu’un cocardier est abattu, les conséquences financières sont plus lourdes : pertes liées au manque d’engagement, conséquences sur la lignée reproductrice de l’élevage.

Ces événements montrent bien les raisons de l’instabilité financière de l’élevage de taureaux de courses camarguaises. Il y a d’abord la réalité du marché, avec des tarifs d’engagement qui ne permettent pas de couvrir la totalité des frais d’élevage, il y a ensuite le caractère incertain des taureaux vedettes qui peuvent tantôt rapporter de grosses sommes d’argent tantôt ne plus rien rapporter à leurs éleveurs. C’est pour ces raisons que les éleveurs de taureaux de courses camarguaises disent ne pas être en mesure d’embaucher des gardians professionnels, et c’est aussi ce qui explique deux faits sociaux au sein de la catégorie élevage du champ : la prédominance du cercle familial et l’importance du bénévolat. Malgré tous ces obstacles, les manades de taureaux de courses camarguaises restent nombreuses en Camargue et aux alentours. Nous avons donc cherché à comprendre les motivations des éleveurs.

188

3.5 Mettre les mots sur la passion : les motivations des manadiers

« Je pense que c’est un métier de transmission,

car tu peux faire ce métier que si tu as l’expérience. » Un manadier. Si les manades gardent pour la plupart leur nom d’origine, c’est que l’héritage familial semble bien fonctionner. Tout au début du XXe siècle, il paraissait normal, voire inévitable, qu’un fils reprenne l’élevage de son père. Mais aujourd’hui, les héritiers de manades, jeunes hommes ou jeunes femmes, font des études, puis font le choix de reprendre la manade, ou au contraire de la quitter.

Lorsque l’on interroge les manadiers sur les raisons qui les ont poussés à s’investir au sein de la manade familiale, ou à fonder eux-mêmes leur manade de taureaux, « la passion » est l’unique mot qui ressort. Si nous demandons aux interrogés d’en dire plus sur cette passion, ils ont eux-mêmes du mal à expliquer ce principal élément de leur motivation, à mettre des mots sur leurs choix. Ils commencent simplement par dire que « c’est la passion » qui anime leur travail au quotidien. Dans le cadre des entretiens, il a été difficile de faire expliquer la passion du taureau.

Dans le film Camargue, La Poétique de l’étang, le réalisateur est parvenu à restituer des témoignages forts de la passion des manadiers. Nous avons trouvé utile d’en citer quelques passages dans la mesure où ils prolongent et complètent notre enquête.

Pour le manadier Alexandre Clauzel, la passion relève du subjectif, du sentiment. Il s’agit d’un ressenti difficilement compréhensible à l’ère contemporaine. Selon lui, aujourd’hui tout est banalisé. Or, la tauromachie est basée sur le sentiment et être manadier, c’est «amener le

taureau là où il doit aller, et pas là où l’on aimerait qu’il aille ». (Alexandre Clauzel,

Camargue,La Poétique de l’Etang, 2014).

Frédéric Raynaud, un autre manadier, indique que l’amour du taureau prime, il devient une raison de vivre plus qu’une raison de travailler : « Le taureau, c’est toute ma vie, qu’il soit

bon ou pas, je les aime tous. Je ne peux pas vivre sans eux. Je les aime moins que mes filles

quand même, mais presque autant. On ne vit pas riche, mais on fait ce que l’on aime ,