On en arriva à une théorie plus éclectique admettant une
pathogénie différente suivant
le degré de complexité
oule
siège de ces tumeurs, qui ont été divisées surtout endeux
catégories, l'une comprenant les kystes dermoïdesde l'ovaire
etl'autre ceux du reste du corps. Faut-il ranger dans une de
cesclasses les tumeurs abdominales dont nous avonsentrepris
l'étude? Doit-on les considérer comme des tumeurs secon¬
daires, d'abord développées dans l'ovaire et devenuesindépen¬
dantes, oubien sont-elles des formations pathologiques primi¬
tives ayant pris naissance à l'endroit même où elles ont été
rencontrées? D'ailleurs est-il bien certain qu'elles aient toutes
une origine identique, et les arguments que nous pouvons émettredans l'un ou l'autre sens auront-ils une égale valeur
suivant le degré de complexité, le volume ou le siège des
diverskystes abdominauxcitésdanscetravail? Avantd'exposer
les raisons qui ont paru militer en faveur des deux théories,
nous allons terminer l'examen des hypothèses actuelle,
ment en présence pour expliquer la pathogénie des kystes
dermoïdes.
Lathéorie formulée par Bard (de Lyon) et son élève Nevoux
repose sur l'existence hypothétique de la cellule nodale. Les
cellules des trois feuillets venant de la cellule ovulaire, il
sensuit que chaque cellule de l'ovule segmenté a la propriété
de créer des tissus différents. Ces cellules sont les cellules nodales et, après avoir donné naissance à des éléments cellu¬
lairesplus avancés, elles disparaissent. Supposons que l'une
dellesait été arrêtée dans son évolution : elle restera plongée
aumilieu d'éléments de constitution différente, et si, unjour,
e'lereprend son activité, ce sera pour donner naissance à des
tissus divers dans l'organe où elle avait jusque-là
séjourné.
Lettehypothèse est une simple vue de l'esprit.
D'abord, rien
neProuve l'existence de la cellule nodale, qui n'a été vue par
Personne, et puis, pourquoi ces cellules capables de donner
fontaine 4
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-tous les tissus évoluent-elles toutes vers la formation de
parties d'origine ectodermique?
Bien différente est la théorie de la Parthénogenèse, qui fait
dériver les productions dermoïdes nonplus de cellules consti¬
tutives d'un ovule déjà différencié, mais de la segmentation ovulaire, en dehors de toute fécondation. Cette théorie, pres¬
sentie par Geoffroy Saint-Hilaire et par Waldeyer, a trouvé
* un ardent défenseuren Mathias Duval, secondé par sonélève Repin.
Œllacher a constaté la segmentation de l'œuf d'oiseaunon fécondé;Mathias Duvala eul'occasion de faire des observations semblables, non seulement chez l'oiseau, mais chez les puce¬
rons, les vers à soie, en 1884, et il retrouve un casrelatifà l'espèce humaine publié par Morel, de Strasbourg, et resté depuis oublié et inconnu. En 1891, Repin, ayant eu l'occasion
d'examiner un kyste dermoïde, y trouva non pas quelques
formations cutanées, poilset dents, mais l'ébauche nonmécon¬
naissable d'un embryon entier, quoique rudimentaire, et
monstrueux en toutes ses parties. Pour Mathias Duval,
il n'est
pas rare de voir un ovule subir la segmentation
parthénogé-nétique qu'il appelle un «processus presque normal».«Ce
qui estplusrare, ajoute-t-il, c'estque lasegmentation
aboutisse
à la formation d'un blastoderme; ce qui est infiniment rare,
c'est qu'elle se continue jusqu'à la production de
rudiments
embryonnaires affectant la forme d'organes fœtauxplus
oumoins reconnaissables. » R n'y a donc là qu'une
question de
degré dans le développement.
Les produits d'un développement aussi
anormal doivent
fatalement présenter un état rudimentaire. « S'il
fallait, dit
Repin, donnerune caractéristique anatomique deces
monstres,
ilnous semble quecette caractéristique devrait être
recherchee
dans un vice d'organisation bien plus profond encoreque
tous
ceux qu'on rencontre chez les monstres engendrés par
géné¬
ration sexuée. Ce vice, c'est l'absence ou l'arrêtde
développe¬
mentd'unoude deuxfeuilletsdublastoderme.Ilest
impossible,
en effet, de ne pas être frappé de ce fait que le
feuillet cutané
estreprésenté dans tousles kystes
dermoïdes
sansexception,
le feuillet moyen (cartilages, os, muscles) dans un
nombre
restreintde cas, et le feuillet interne (épithélium
intestinal)
dans quelques cas seulement... Et ce
feuillet
externe occupe laplace prépondérante,parce qu'il est lepremier
endate dans
ledéveloppement del'embryon, et ce développement
s'arrête
ici peu aprèsque ce feuillet est formé. »
Nous n'insisterons pas sur tout ce qu'a de séduisant une théorie si élégamment formulée. Elle ramène à l'unité
la série
des diverses formations dermoïdes, depuis le kyste simple à
contenu purement sébacé, jusqu'au plus complexe,
véritable
monstruosité.
Les recherches duprofesseur Wilms(de Leipzig)sont venues apporterunnouvelappoint àcetteingénieuse théorie. Refaisant l'histologiedecestumeurs,ilintroduit dans lascience la notion
del'Embryome ovarien. Pour lui, et son opinion a été bien exposée en France dans l'intéressante thèse de Debuchy, les kystes dermoïdes de l'ovaire sont desproductions complexes,
des tumeurs tridermiques renfermant une formation embryon¬
nairerudimentaire, véritable parasite de Vovaire, constituée
parunepapille presque normale de leursurface interne.
Cette
papille contiendrait, hautement différenciés, la plupart destissus del'organisme et on y découvrirait notamment des os etde la substance nerveuse. La névroglie surtout serait très abondante, eton arriverait mêmeàdistinguer un canal médul¬
laire recouvertd'épithélium cylindrique et analogue à la for¬
mationépendymaire. On y observerait des cellules amyloïdes
commedans les vieux cerveaux.
Un conduittapisséd'unépithélium àcils vibratilesetentouré
de glandes muqueuses serait, à n'en pas douter, la trachée.
Enfin, onreconnaîtrait,ouverteà l'extrémité libre de la papille,
labouche de l'embryon avorté.
Le seul fait de voir à l'extrémité libre, et par conséquent
soumise à moins de compressionque les autres tissus,
l'extré-mite céphalique de cet embryon minuscule, expliquerait la Prédominance de l'élément cérébral etdesparties constitutives
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de latête. Les organes dérivés de l'ectoderme apparuschrono¬
logiquement les premiers sont moins gênés par les formations
apparues plus tard et, par conséquent, sontplus développés.
Quant aux cas qui pouvaient infirmer cette théorie d'un embryome primitif, tels que ceux où on a trouvé à l'intérieur
deskystes des dents en nombre considérable, ils paraissent
peu explicables aux partisans de cette théorie, qui ajoutent
f
cependant, avec Debuchy: « Nous remarquerons, en passant,que les embryomes ovariens étant de véritables tumeurs,
leurs parties constituantes peuvent se développersans limites,
à la manière des tissus néoplasiques. Signalons aussile siège
des maxillaires, à la portion la plus antérieure de la papille,
c'est-à-dire à l'endroit leplus favorablepour undéveloppement
sans obstacle^ »
Enfin, cette formation nepossédant nicœur, nifoie, ni rein,
cela implique la suppléance de l'organisme maternel et en fait, suivant l'expression de Wilms, un parasite
rudimentaire
de l'ovaire.
Telle estla notion del'embryome ovarien,
différenciation la
plus complète des trois feuillets du blastoderme, obtenu parune segmentation parthénogénétique.
Wilms, retrouvant des caractères identiques aux tumeurs
tératoïdes de l'ovaire et du testicule, croit pouvoir
faire des
embryomes, l'apanage exclusif des glandes génitales.Il les
attribue, en effet, à la prolifération des cellules
sexuelles:
« De même que les cellules épithéliales, en se
multipliant,
donnent naissance à des adénomes, les cellules
sexuelles
créeraient des embryomes parleur prolifération. »
Et c'est là un caractère distinctif des théories de Wilmset
de Mathias Duval, celui-ci n'admettant l'origine
parthénogéné¬
tique des dermoïdes que pour ceux de l'ovaire et
faisant
ren¬trer les dermoïdes du testiculedans la catégorie des
inclusions
fœtales. Ces dernières productions seraient sœurs de
1 orga¬
nisme qui les porte, tandis que les kystes dérivés
de la seg¬
mentation d'un ovule seraient des tumeurs-filles.
Une revue récente de Bonnet vientjeter le trouble
dans ces
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