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contestable pour les kystes superficiels et notamment ceux de

la face etdu cou dus au pincement de la peau

dans

une

fente

branchiale. Mais que vaut-elle pour

l'explication des der¬

moïdes de l'abdomen?

Le professeur Masse a expérimenté sur

le péritoine des

animaux et est parvenu à provoquer le

développement de

tumeurs dermoïdes dans cette séreuse en y introduisant des fragments de peau et même des segments

de membre d'un

animal de même espèce.

Pouvons-nous donc avoir affaire à une inclusion du feuillet embryonnaire externe dans la cavité

pleuro-péritonéale? Mais,

dans ce cas, comment expliquer la présence

de tissu

osseux

ausein des productions dermoïdes? Fraenkel

émit l'idée

que, pendantl'enclavement du feuillet externe à travers le moyen,

seproduisait une inclusion d'éléments ostéogènes de la masse protovertébrale située aux environs des parties enclavées.

Cette théorie aété étendue etrajeunie par Bandler

qui

trou¬

verait l'origine de ces tumeurs dans le développement

de

vestiges d'organes embryonnaires dont

l'atrophie

ne

s'est

pas produite. Pour les kystes abdominaux, il

fait intervenir les

vestesdu corps et du canal de Wolff, ces derniers organes dérivés eux-mêmes du mésoderme et de l'ectoderme. Seule¬

ment, cette hypothèse a l'inconvénient de

scinder

en

deux

classesle groupe des dermoïdes, excluant d'une

telle origine

toutes les tumeurs plus différenciées qui présentent

des élé¬

mentsd'origine endodermique.

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Enfin, Frsenkel croit à la possibilité d'une sorte d'infection de contactdu péritoine par un kyste dermoïde primitivement

ovarien. Il va sans dire que cette hypothèse n'est discutable qu'à la condition de trouver à côté du kyste libre de la cavité

péritonéale une tumeur dermoïde de l'ovaire. Dans cecas, les expériences du professeur Masse sur les greffes péritonéales

viendraient rendre plausible cette opinion tout en la modifiant légèrement, etil serait peut-êtrepossible qu'un kystedermoïde

de l'ovaire fût devenu, par la rupture d'une de ses poches et l'arrivée du contenu de cette poche dans le péritoine, le point

de départ de tumeurs dermoïdes secondaires.

Les kystes dont nous nous occupons sont, nous l'avonsvu, des tumeurs complexes. Ils renferment non seulement des cheveux et de la matière sébacée, mais, pour la plupart,des

formations osseuseset des dents. Sinousadmettons,pourexpli¬

quer leur existenceau sein des tissus, une des théories défen¬

dues par Bonnet, nous n'avons pas à nous inquiéter de leur origine primitivement ovarienne ou non, puisque leur déve¬

loppement peut se faire au sein de tous les organes. Nous

pouvons même faire entrer dans le cadre de notre étude les productions tératologiques le plus hautement différenciées,

comme le cas rapporté par Brouha dans sa défense des théo¬

ries de Marchand et de Prenant.

Mais beaucoup d'auteurs, frappés de ce que les

dermoïdes

avaienttoujours été rencontrés plus souvent dans l'ovaireque

dans les autres organes, et n'admettant, d'ailleurs, pour ces

tumeursremarquables qu'une origine génitale, ont

pensé

que

les cas cités comme des observations de kystes

primitivement

abdominaux n'étaient que des kystes ovariens détachés

de

leur pédicule et ayant contracté des adhérences avec

le

péritoine.

Alban Doran, un despremiers, s'est livré à une critique

des

cas relatés avantlui, à l'occasion de la découverte qu'il

fit de

la tumeurdont il donne la description suivante :

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Observation XII

(AlbanDoran,Medico-chirurgical Transactions,London,1885.)

Tumeur dermoïde de Vabdomen.

En octobre 1884, une femme mariée, âgée de

trente-trois

ans,

est

admiseauSamaritan-Hospital. Elle a toujoursjoui d'une bonne santé.

Six ansavantson admission, elle remarqua que quelque chose

remuait

dans son abdomen, masse située plutôt du côté gauche de

l'ombilic.

Depuis cettedate, elle aété enceinte et

la

tumeura

passé du côté droit.

Lapartie inférieure de l'abdomen était occupée

dans le côté droit

par

une masseobscurément fluctuantequi s'étendait, mais sans le

remplir

complètement, dansle flanc droit; elle

dépassait seulement d'un

pouce

oudeux la ligne médiane vers la gauche, et n'étendait pas

les parois

abdominalesvers l'ombilic et le pubis comme le font les tumeurs

de

l'ovaire. A la percussion, il y avait de la résonance

tympanique

au-dessus de la tumeur, spécialement vers le côté droit. Les

viscères

pelviens étaienttoutà fait libressans aucun signe de maladie

ni d'adhé¬

rences aveclatumeur.

Le 27 octobre, lamalade estopérée par le Dr Bantock. On

fait

une

incisionlelong du bord externedu muscle droit de l'abdomen, à

droite.

Onaperçoit la surface de la tumeur, qui parait unie, pâle et

légèrement

brillante. En laponctionnant àl'aspirateurDieulafoy, on en

retira

une pinte de liquide ressemblant à du pus. La tumeur fut alors

trouvée

intimement unie avec le grand épiploon et fortement adhérente au

mésocôlon. Onnetrouva pas judicieux de la laisser ouverte

avant de

l'enlever, de peur que son contenu, qui semblait purulent,

puisse

s'échapper dans la cavité péritonéale. Après que la tumeur eut

été

enlevée, l'ovaire droit futattiré horsdupelvis et trouvé toutàfait

sain.

Legauchene fut pas recherché, car rien, à cette époque, ne

pouvait

faire supposer que la tumeur puisseprovenir del'ovaire. En

examinant

cette tumeuraprèsl'opération, on la trouva rembourrée de cheveux et

lubrifiéede matière sébacée. Il n'y avait pas trace de tube ou de

pédi¬

cule. Sur laparoi interne il yavaitquelquesplaques d'osetunedent

de

torme très anormale ressemblant cependant à unebicuspide, mais se

terminantenpointe.

«Tous les deux, ajoute-t-il, l'opérateur et

moi pensâmes,

»après avoir examiné cette tumeur, que c'était un kyste

de

»1 ovairegauche. » Ainsi donc, l'ovairedroit ayant

été

reconnu sain, on ne recherche pas l'ovaire gauche,

mais

on

conclut,

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malgré cela, ou plutôt à cause de cela, à une tumeur de cet organe. Il ne nous semble pas, puisque l'examen n'a pas été fait, qu'on ait le droit de conclure à une telle origine plutôt qu'à une origine extra-ovarienne. Et c'est de cette façon qu'Alban Doran discute toutes les observations qu'il a pu retrouver. Il est vrai que dans la plupart des auteurs on ne trouve pas mentionné l'état des ovaires, au moins d'unefaçon précise. Mais certains auteurs ne semblent pas l'avoir ignoré.

Nous avons trouvé dans un mémoire de Bricheteau plusieurs

observations de kystes dermoïdes de l'ovaire, et il en sépare

nettement le cas suivant, dans lequel il serait plutôt tenté de

voir des débris fœtaux:

Observation XIII

(Bricheteau,Journalcomplémentairedu Dictionnairedes sciencesmédicales,

t.XV, 1823.)

Une femme d'environ soixante ans mourut, il y a quelques mois,

d'une ascitequi paraissait avoir été produite par une tumeur dure et ovale, située à la partie moyenne et inférieure de l'abdomen et qui

s'étendait du bassin àl'ombilic. Ayant obtenu d'en faire l'ouverture,je

trouvai les productionsorganiques suivantes:

La matrice était transformée en une masse fibreuse et lardacée, du

volume d'un gros melon ovale. Derrièrece viscère existait une tumeur molle de la grosseur d'une orange qui ne paraissait point avoir pris

naissance dans l'un des viscères abdominaux. Cette tumeur ouverte, il

en sortitun gros paquet de cheveux longs, entrelacés etréunis parune substancebutyreuse, de la couleur etde laconsistance du beurrerance,

qui tachait le papieret adhérait fortement aux doigts; ilyavait,déplus,

uneconcrétion osseuse à la face interne du kyste, garnie çà et làde quelques touffes de cheveux de la longueur d'environ deux pouces;cette

face était brune, inégale, recouverted'une sorted'épiderme assezépais,

chagrinée et parsemée d'ouvertures qui semblaient avoir contenudes poils; il en existaitmêmequelques-unsçà etlà. L'aspect de l'intérieur

de ce kyste ressemblaità uneportiondepeau raséeetéchaudée.L'épais¬

seur desparois enkystées étaitsingulièrement variable; mincesetrnem*

braneuses en quelques endroits, elles étaient épaisses etcartilagineuses

en plusieursautres; on remarquait àl'intérieur decesparois enkystees

plusieurs petits kystes renfermant, les uns une matière butyreuse, les

autres une matière blanche semblableà de la graisse d'oie. Dans

Un-— 59

droit la paroi enkystée était membraneuse, elle était composée

de

deuxfeuilletsépaisqu'on séparait facilement; le feuillet extérieur avait

par sa texturebeaucoup de rapportavec

le chorion, et,

en

général, l'en¬

sembledukysteressemblait assezbien à une portion du système

der-moïde; les poils n'étaient pas profondément implantés et on les arra¬

chaitavecfacilité. L'extérieur du kyste était lisse, membraneux et de

mêmeaspect. Il n'y avait point de poils. A côté et à gauche de cette premièretumeur, il yenavait une plus petite

qui était absolument de

la même nature. Garnie à l'intérieur d'une grande quantité de poils

courts et implantés, l'épaisseur de ce petit sacenkysté équivalaità celle

d'une peaudemouton préparée, son intérieurétaitpresqueentièrement

tapissé de concrétions osseuses adhérentes et presque toutes concaves

commedesosplats; uned'entreelles, qui avaittous les caractèresd'un

véritable os, était percée d'un trou et munie d'une petite apophyse

styloïde.

Dans certains cas, au contraire, on a recherché l'état des

ovaires. Ils ont été trouvés sains et parfaitement isolés. Est-il nécessaire, d'ailleurs, d'examiner les deux

ovaires,

et

quand

on trouve le kyste développé dans un des

côtés de la cavité

abdominale, ne suffit-il pas de se rendre compte

si l'ovaire

de cemême côté estou non kystique?

C'est ainsi que Charcot, soumettant à l'examen

de Lebert

la tumeur décrite dans l'observation suivante, luifitremarquer que l'ovaire du même côté n'avait aucune connexion avec elle.

Observation XIV

(Lebert, Traitéd'anatomiepathologique,1861.) Kyste dermoide situé entre le rectum et l'utérus.

M. Charcot, à l'époque de son internat àl'hospice de la

Salpêtrière,

a eul'obligeance de me faire examiner un kyste pileux qu'il a trouvé

chez une vieille femme morte d'encéphalite. Le kyste était situéentre

1utérusetlerectum. Il était presque libre dans la cavité du

péritoine,

1ovaire du même côté était sain et parfaitement isolé. Ce kyste avait

le volume d'un gros œuf de dinde, au delà de 10 centimètres de

lon¬

gueur sur 6 d'épaisseur; ses parois étaient épaisses de 3 à 4

milli¬

métrés. Extérieurement, on voyait une tunique fibreuse très

vasculaire

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et vers l'intérieur une couche très dure qui n'était autre chosequ'une partie de la membrane fibreuse infiltrée de sels calcaires queHC1 fait facilement disparaître, et onreconnaît alors la structuredermatique.

Cette calcification n'était pas générale. Il y avait encoredespartiesde celte membrane qui présentaient une surface libre et une structure fibreuse. Dansquelques endroits,les poils paraissaient implantés;mais,

à un examen attentif, on les voyait plutôt incrustés. Toute la surface interne était recouverte d'une matière sébacée, d'un blanc jaunâtre,

d'une odeur fétide. Le kyste était à peu près rempli d'une massede

poils enchevêtrés avec de la graisse sébacée; les poils étaient lesuns

blonds, les autres bruns, leur épaisseur variait entre 1/10 et 1/12 de millimètre. On ne voyait presque plus de bulbe. Je n'ai pu découvrir

que des glandes sébacées dans les parties calcifiées traitées par HG1 d'abord, puis lavées et traitées parl'acide acétiqueensuite. La tumeur, probablement déjà assezancienne, était trop altérée par la calcification de sesparoispour fournir des renseignements histologiques complets.

En outre, ne peut-il y avoir simultanéité entre deux affec¬

tions indépendantes l'une de l'autre et ne pouvons-nous rencontrer des kystes ovariques en même temps que des kystes des autres parties du corps sans établir de relations

entre eux? Enfin, Bonfigli, M. le Dr Dubourg ont observé des

ovaires kystiques, mais ne présentant nullement le caractère des tumeurs dermoïdes.

Gomment trouverait-on des tumeurs incluses dans le péri¬

toine à des distances aussi considérables de l'ovaire? Pour Alban Doran, il n'est pas impossible que ces kystes consti¬

tuent tout l'ovaire dégénéré, raison pour laquelle on ne

le

retrouve pas dans leur voisinage, et que, détachés de

la

trompe congénitalement d'une longueur anormale, ils se soient déplacés par quelque position habituelle de lamalade.

Nous ne nous arrêterons pas à toutce qu'a d'irrationnelune

telle théorie, qui serait bien incapable d'expliquer les kystes multiples ou le siège de ces kystes contre l'estomac oudans

la cavité des épiploons.

Nous ferons enfin remarquer que la caractéristique

des

kystes dont nous nous occupons est de ne présenter aucun pédicule ni trace de pédicule, et la torsion ou l'élongation

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