Des unes, en effet, volumineuses et pressées contre
le dia¬
phragme, causeront de la dyspnée et des
troubles cardiaques
(obs.XV); d'autres, occupant lacavité pelvienne,
comprimeront
lesintestinset les organes génito-urinaires,
donnant naissance
à de la constipation, de l'anurie (obs. V),
tandis
quebeaucoup
dautres, peu volumineuses, profondément
incluses entre les
feuilletspéritonéaux, ne donneront lieu à aucun
symptôme et
constitueront seulement des trouvailles d'autopsie ou
d'opé¬
ration.
Quant aux symptômes physiques, ils seront
d'abord
ceuxdes tumeurs abdominales en général. Mais
sera-t-il possible
fontaine 5
— 66 —
de faire cliniquement des kystes dermoïdesune classe patholo¬
gique à part? On connaît le syndrome qui a été proposé pour le diagnostic des tumeurs dermoïdes de l'ovaire: douleurs
spontanées, lenteur de l'évolution (ou petit volume dukyste), jeune âge de la malade.
Il nous est impossible de faire cas du premier terme de ce
syndrome, les douleurs spontanées étant particulières aux
kystes ovariens puisqu'elles ont leur origine dans la torsion
ou l'élongation du pédicule dont sont privés ceux qui nous
occupent.
Le petit volume de latumeur ou la lenteur de son évolution doivent être plutôt pris en considération. En effet : presque toutes les tumeurs que nous avons retrouvées ne dépassent
pasle volume d'unetête d'enfant,saufcependant celleobservée
par Spencer Wells, et beaucoup ont un volume bien moins
considérable. Cependant, quelques-unes avaient apparu long¬
temps avant que l'on en reconnaisse la nature, et plusieurs
dans le jeune âge des malades, ce qui doit faire penser à leur origine congénitale.
Mais le volume de certaines de ces tumeurs était si peu
considérable, les troubles fonctionnels qu'elles
pouvaient
causer étantpassés inaperçus, qu'onneles diagnostiqua
jamais
et qu'elles ne furent trouvées que par hasard. Nous allons a
ce propos rapporter l'intéressante communication d'un cas observé l'an dernier, à l'hôpital Saint-André de Bordeaux,par M. le Dr Dubourg, et dont nous devons la relationàl'amabilité
de notre excellent camarade Bossuet, alors internedu service.
Observation XVI
(Dubourg, communiquéeparBossuet à la Société d'AnatomieetdePhysiologie
deBordeaux.)
Ovaire kystique, fibrome utérin, kystedermoïde
du grand épiploon.
M. R..., quarante-trois ans, sansprofession, entre dans le service
de
M. le DrDubourg, le5janvier 1902.
— 67 —
Antécédents. —Rien de particulier. Réglée à quatorze ans,etdepuis, régulièrement, 8jourschaque mois. Pas d'enfants ni
de fausse couche.
Histoiredelàmaladie. — Depuis quatre ou cinq ans, au moment
desrègles, qui sont abondantes, douleurs hypogastriques
irradiées des
deux côtésdansleslombes etles cuisses. Depuis troisans, pertesjaunes
abondantes etpollakyurie. Il y a un mois, le 11 décembre, métrorragie quiaduréjusqu'au 1er janvier, élancements intermittents du côté
droit,
pasdeconstipation, jamais d'hydrorrhée.
Etatactuel. — Douleur dans la fosseiliaque droite. Pertes jaunes
abondantes. Tumeur abdominale occupant l'hypogastre et la moitié
inférieure de la région ombilicale. Relief régulier. Pas de lobes. La
tumeur estunique, dure, non fluctuante, ni rénitente, peumobile.
Toucher. —On trouve un utérus élevé, très gros, presque immobile,
dur.Tous lesculs-de-sac, surtout le postérieur, sont remplis par une
tumeurdure,non fluctuante, non douloureuse, peu mobile, quise ratta¬
cheàl'utérus.
L'hystérométriemontre unecavité utérine augmentée(9centimètres).
Opération. — L'opération fut pratiquée le 7 janvier 1902. Laparo¬
tomie médiane. On enlève successivement les annexes, très volumi¬
neuses, puis l'utérus, aux dépens de la paroi postérieure duquel s'est développé unfibrome occupantle Douglas et ayant décollé le péritoine
de la face antérieure du rectum. L'opération, hystérectomie abdominale subtotale,sepoursuivit sans incident autrequeladéchirure du péritoine
prérectaldécolléparlatumeur et qui fut reconstitué par un surjet au catgut.
Toutétantterminé,le DrDubourgprocédaitàla remiseenplacedugrand épiploon, lorsque samain sentit, dans la moitié supérieure de la région ombilicale, une massearrondie ayantlaconsistance du rein. C'était une tumeur extrêmement mobile : c'estgrâce à cette mobilité même qu'elle (levaitd'être passée inaperçue pendantle début de l'opération, lamalade
ayantété mise dans laposition de Trendelenburg. Latumeur, entraînée
par sonpoids, s'était portée tout en haut de l'abdomen, bien au-dessus
deslimitesde l'incision.
L'examenminutieux de la situation de cette tumeursimobilenécessita
anagrandissement de l'incision vers le haut; on put alors se rendre
comptequ'elleétaitcompriseàl'intérieur même dugrand épiploondont
e"e semblait faire partie. Unecouche épiploïque l'environnait de toutes
parts. Elle était si bien entouréede graisseépiploïquequ'on ne pouvait
voirquelle était sa véritable couleur. Tout ce qu'on pouvait affirmer,
cestqu'elle étaitcontenue dans l'épaisseur dugrandépiploon,au niveau
— 68 —
du bord supérieurde cet organe, presque aucontactdu côlon transverse.
L'épiploon futdisséqué àla sondecannelée, au-dessusde la tumeur, qui fut ainsi mise à nu, puis libérée de toutes les connexions avecl'épi¬
ploon, etenfin enlevée. L'épiploon fut ensuite reconstitué à l'aidede
surjetau catgut, et la plaie abdominalefut refermée.
Pas d'incident post-opératoire. Les suites opératoires furentbonnes;
la malade sortguérie de l'hôpital le 8 février 1903.
Examen des pièces enlevées. — 1° Utérus. — Tumeur fibreuse ayant la consistance et l'aspectdu fibro-myome, s'étantdéveloppéeaux
dépensde laparoi postérieure.
2° Trompes. — Très augmentéesde volume. Paroi épaissie,à face interne tapisséede caillotsplus ou moins anciens.
3° Ovaires. —L'ovairedroitest gros comme une noix, porte àsasur¬
face plusieurs kystesde petites dimensions.L'ovairegauche,groscomme lepoing, est nettementkystique.
4° Tumeur. — Ces divers organes ne présentent aucune curiosité anatomo-pathologique remarquable. Aussi avons-nousfaitsurtoutporter
notre examen sur latumeur enlevée del'épiploon.
C'est unetumeur de formerégulièrement arrondie; sasurfaceestabso¬
lument lisse. Elle n'adhérait d'ailleurs au tissu épiploïque que par des
tractus celluleux extrêmement délicats etdont la rupturen'a paslaissé
de traces.
La coloration est blanc nacré, avec unreflet bleuâtre. Son volumees celui d'une orange.Sa consistance est résistante,saufenquelquespoints irrégulièrement répartis où elle devient plus ferme, en quelquesorle carlilagineuse. Lepoidsn'a pasété prisexactement.
A la coupe, cette tumeur laisse échapper un contenuayant lacouleur jaunâtre et la consistance graisseuse de la cire fondue. Il secoagule
bientôt. Indépendamment de cette formation sébacée, la tumeur contient encore un paquet volumineux de poils inextricablement
enchevêtrés.
Aprèsavoir évacuéle contenu, nousprocédonsà l'examen dela paroi.
La face externeneprésente d'autres particularités que celles quenous
avons signalées plus haut. Sa face interne est lisse, saufen un point
qui correspond à la zone de consistance cartilagineuse déjà décrite.En
cepoint estimplanté, dans la paroimême de la tumeur, uneformation
osseusequi fait saillie dans la cavité. Elle présente la forme dela moitié
de la portion horizontale du maxillaire inférieur. Inséréepar une de
sesextrémités sur la paroi du kyste, elle présente uneautre extrémité
libre, pointue, en saillie dans la cavité. L'un de ses bords estmousse,
sur l'autre sont insérées trois dents, parmi lesquelles deux ont
l'appa-— 69 —
rencede petites molaires bicuspidées, et