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1 INTRODUCTION ET QUESTIONS DE RECHERCHE

1.2 Les Punks interrogés

Il ne s’agit pas ici de rentrer dans l’analyse du discours des personnes interrogées ni même de les présenter de manière trop exhaustive. Mais étant donné que ceux-ci vont être très fréquemment cités tout au long de mon travail et déjà dans la partie théorique, car ils m’ont permis, de pars leur récit, d’apporter des éléments complétant les informations que j’ai trouvées dans la maigre littérature existante.

Nous pouvons donc citer :

Jean-Mi : Jean-Mi est actuellement animateur dans une maison de quartier et l’est déjà au début des années 80. Punk à cette époque, il profite de son poste d’animateur pour donner la possibilité aux groupes punks genevois de se produire dans des maisons de quartier telles que la maison de quartier du Grand Saconnex dans laquelle il travaille. Faisant lui-même partie d’un groupe punk, les Mother’s Monsters, il comprend vite à quel point il est difficile d’exprimer ce genre de musique dans les lieux traditionnels et se rapproche très vite du mouvement « Etats d’Urgence »7 qui souhaite donner plus de place à l’expression de la culture alternative. Dans ses textes, il dit être moins provocateur que Ross. Pour lui, sa musique était une manière de regarder la vie, ses textes traitant plutôt de l’aliénation du monde dans lequel il vivait et du fait qu’ils étaient tous des moutons.

Ross : Ross est programmateur au Piment Rouge à Artamis et tient un stand au marché aux puces (au moment où je l’interroge). Ayant fait des études d’architecte, il laisse très vite tomber ce milieu professionnel pour s’adonner à d’autres activités professionnelles. Il se définit comme punk depuis toujours et fait partie des premiers Punks à Genève. Très connu dans ce milieu, il alterne sans autre crête et crâne rasé, ce qui lui vaut l’appellation de Skinhead par d’autres du milieu, contre son gré. Il est le bassiste à l’époque de l’emblématique groupe genevois Discolokosst, groupe phare de la scène punk genevoise des années 80. Les paroles des chansons de ce groupe sont connues à cette époque pour pousser la provocation à l’extrême (voir ci-après). Il dit de lui et des membres de son groupe qu’ils étaient « cons, bêtes et laids et fiers de l’être ! », ce qui était également le nom de leur label indépendant créé dans au début des années 80.

Reno : Reno travaille aujourd’hui dans une petite entreprise et habite à la campagne avec sa femme et ses enfants. Il a cependant gardé son esprit punk et garde une bonne conscience de son adolescence punk à Genève. Il a pourtant passé très peu de temps à Genève. Ayant une sœur plus âgée que lui déjà dans cette mouvance à cette même époque, celle-ci fréquente un lycée à Annemasse et fréquente les Punks de France-Voisine auxquels se joint vite son frère. A 15 ans et demi, il part pour Amsterdam et l‘Angleterre à la recherche selon, ses dires, de la

« vraie vie Punk ». Il vivra de squats en squats, mendiera, connaîtra des situations dangereuses où il sera laissé pour mort après avoir été tabassé dans un appartement à Londres ce qui ne l’empêchera pas de poursuivre sa quête de « punkitude ». De retour à Genève en 1981, il se joint à d’autres Punks genevois et intègre le groupe Technicolor. Il ouvre également des squats et contribue dans l’organisation de concerts sauvages8. Il continuera drogue, Crevure, adepte des chaînes et du cuir, Dégeulon considéré comme un pur et dur et tout premier décédé, et la Buse. Al Poubelle est le chanteur du groupe Yodler Killers à Genève et écrit également certains textes. Il a vécu un certain temps dans le squat de la rue Argand, squat punk par excellence dans les années 80 à Genève et connaît donc très bien l’ambiance qui y régnait à cette époque. Très marqué par cette période de sa vie pleine d’excès en tous

7 « Etats d’Urgence » sera expliqué plus en détail dans la deuxième partie du travail.

8 Le principe des « concerts sauvages » sera expliqué ultérieurement.

genres, il s’est aujourd’hui retiré du milieu punk et se passionne pour le Moyen-âge où il se dit être le descendant de Richard Cœur de Lion. Il travaille aujourd’hui à 50% pour une petite entreprise comme secrétaire-réceptionniste.

Dominique, Mad Ben alias Ordure : Mad Ben ne jouera que très peu dans le groupe des Yodler Killers avec son ami Al Poubelle. Lassé au bout de quatre à cinq répétitions de consacrer autant de temps pour si peu de concerts. Il managera cependant quelques temps le groupe Discolokosst à Genève, fondera Section spéciale, chantera dans le groupe SIDA mais toutes ces expériences ne seront que très courte durée. En décembre 1976, le groupe punk les Ramones se produit à la salle du Faubourg à Genève et là, c’est la révélation. « C’était la grande claque dans la gueule ! ». Il découvre une musique rapide, choc, où les musiciens se comportent de manière plutôt odieuse sans parler au public, jouent des morceaux rapides sans interruptions, enchaînés les uns derrière les autres et s’en vont sans faire de rappel. Suite à cet électrochoc mais déjà conquis par des groupes venus d’’Angleterre comme les Damned, où le groupe américain les New York Dolls considéré selon lui comme du pré-punk, il choisit à ce moment sa mouvance punk, énervé selon ses dires par les concerts hippies où l’on reste assis parterre et où personne ne bouge ni danse. Il a entre quatorze et quinze ans à cette époque et se lance les yeux fermés dans cette mouvance. C’est d’ailleurs un bon moyen pour lui de

« casser les pieds » à ses parents. Il travaillera de nombreuses années ensuite à l’Usine et fondera une famille. Aujourd’hui il est employé dans une petite entreprise et semble mener en apparence une vie « rentrée dans les standards usuels » mais il a conservé son âme d’anarchiste, très marqué encore par cette période de sa vie.

Damien : Damien est important car il est le tout premier interviewé et donc à la base de la constitution de mon réseau. Trouvé après quelques recherches dans le magasin Urgence Disk à l’Usine où il travaille actuellement, il me présentera Ross et me permettra d’établir d’autres contacts en me donnant des noms. Il est également animateur de soirées à l’Usine et était déjà Dj dans les années 80 à Genève. Même s’il se considère issu de la mouvance New-wave, version électronisée de la musique punk, il aura l’occasion de passer des disques dans un grand nombre de soirées punks et de fréquenter ainsi ce milieu. Ross est d’ailleurs l’un des ses meilleurs potes.

Dolores : Dolores est la seule femme interrogée dans ce mémoire. Partie intégrante de la bande, elle est l’aînée et déjà au collège dans les années 80. Se considérant comme Punk, elle aime également écouter du jazz qu’elle fera découvrir au reste de la bande. C’est la seule personne interviewée qui parlera d’autres influences musicales. Diplômée de l’école des Beaux-Arts à Genève, elle se passionne très vite pour la photo. Elle possède de ce fait une grande quantité de photos qu’elle garde en archives et que j’ai eu la chance de pouvoir découvrir. Aujourd’hui elle travaille dans la photo industrielle. Elle se décrit comme ayant une forte personnalité, nécessaire notamment à cette époque pour durer dans le milieu punk et n’a jamais eu peur d’intervenir lors de conflits. En couple aujourd’hui avec Antoine, elle sortait autrefois avec Reno dans les années 80 et a beaucoup voyagé avec celui-ci à la rencontre d’autres jeunes Punks dans d’autres pays, notamment à Berlin où ils ont vécu entourés d‘autres jeunes dans un squat.

Antoine : Antoine est l’actuel ami de Dolores et me reçoit avec Dolores chez eux pour l’entretien. Il est également Punk dans les années 80 mais plus jeune que Dolores et rejoindra la bande un peu plus tard dans les années 80. Aujourd’hui il travaille comme artisan et avait jusqu’à peu, un atelier dans le site d’Artamis.