• Aucun résultat trouvé

Chapitre 4 : Méthodologie et épistémologie : les choix d’investigation

4.1 Le protocole de recherche

Dans notre volonté de comprendre les motivations des bodybuilders relatives à la question de l’identité de sexe, nous avons cherché à mettre en place le protocole de recherche le plus complet et précis possible. Concrètement, une telle exigence a imposé des choix méthodologiques que nous présentons dans un premier temps. Ensuite, nous apportons plus de détails sur le terrain en

lui-même, que ce soit au niveau des caractéristiques des 3 Gyms où notre

recherche s’est déroulée, qu’au niveau des bodybuilders que nous avons ciblés.

4.1.1 Présentation de la méthodologie

Dans la mise en œuvre d’une posture compréhensive telle que nous l’avons définie en introduction, nous avons investigué pendant plus d’un an (entre juin 2009 et septembre 2010) 3 salles de sport en Haute-Savoie où le bodybuilding

peut être pratiqué en tant que loisir93. Avant de revenir plus concrètement sur

les salles et les bodybuilders étudiés dans le deuxième point, nous précisons la méthodologie utilisée. Dans cette perspective, nous expliquons pourquoi l’observation directe, puis les entretiens semi-directifs, ont été au centre de notre protocole de recherche. Enfin, nous apportons un éclairage sur la méthode d’analyse des données.

4.1.1.1 L’observation directe comme situationnisme méthodologique Tirant ses origines de l’ethnographie, l’observation directe est une pratique d’enquête sur le terrain qui tente de saisir le comportement des acteurs sociaux au moment où il se produit. Le but est d’observer des pratiques qui naissent et se développent dans leur contexte, en espérant que cette contextualisation fasse ressortir les règles, les valeurs, les représentations qui guident les comportements sociaux. C’est une méthode de recherche qui s’applique bien à l’analyse du non verbal et de ce qu’il révèle (Blanchet & Gotman, 1992).

93Ce qui n’empêche pas certains, en fonction de leur niveau de développement, de pratiquer des compétitions.

Le chercheur est alors sur le terrain pour observer des actes et des interactions, pour récolter des discours et relater des évènements dont il espère qu’ils permettent de comprendre le monde social observé. La finalité ultime est ainsi

de se mettre à la place des acteurs et de percevoir l’environnement de leur

point de vue (Blumer, 1969). Il s’agit en conséquence de restituer le plus directement et le plus fidèlement possible les motivations des acteurs, dont le sens vécu qu’ils donnent à leurs actions n’est pas préétabli (Chapoulie, 1984). A l’opposé des traitements quantitatifs, l’observation directe offre la possibilité de s’intéresser à des situations sociales précises, dans le but de comprendre le cadre de contraintes d’une situation donnée, et de percevoir pour la restituer la logique des acteurs, à la fois dans leurs interactions comme dans leurs rapports aux cadres des interactions. Autrement dit, l’observation directe rend compte sociologiquement de chaque détail significatif se produisant dans les cadres de l’interaction, tout en révélant les dimensions normatives pesant potentiellement sur les acteurs. Les ressources individuelles et collectives de diverses natures qu’ils mobilisent (matérielles, verbales, gestuelles,…) sont à ce titre d’une grande valeur heuristique, puisqu’elles sont susceptibles d’indiquer ce que les acteurs tirent de la situation autant qu’ils se mettent en jeu. L’intention de

l’observation directe est donc spécifique : « rechercher ce que la pratique doit à

l’immersion de son auteur dans le monde social et ce qu’elle nous dit de son fonctionnement » (Arborio & Fournier, 2008, p 45).

Comme le bodybuilding correspond à un rapport au corps particulier dans un certain contexte social et spatial, et étant donné que la phase d’entraînement est au cœur de la production du corps, l’observation directe permet de capter au mieux des informations essentielles au moment même où elles se produisent. De fait, en plus du lieu et de la communauté, ce sont les éléments spécifiques et révélateurs à ceux-ci que nous étudions : le langage, la tenue vestimentaire,

le positionnement corporel dans le temps et dans l’espace, l’âge,…Ces

caractéristiques doivent trouver une valeur sociologique aux yeux du chercheur, par le fait que la corporéité individuelle des bodybuilders correspond à un ensemble de ritualités ayant une signification sociale.

Or pénétrer en tant qu’observateur sociologique dans une salle de bodybuilding n’est pas chose aisée, même en étant membre de ce club et pratiquant régulier. L’observation directe ne consiste pas seulement à observer et à décrire une réalité qui se donnerait à voir. Si l’induction est fortement présente dans cette méthode, elle ne doit pas déboucher sur un inductivisme naïf. Elle a pour objectif au contraire de donner lieu à une reconstruction pour aboutir à une explication des phénomènes observés, dans la perspective compréhensive wébérienne : dire que la sociologie doit comprendre l’activité sociale ne signifie pas que l’analyse de celle-ci doive se résumer à une simple saisie de ce sens subjectif. La compréhension implique l’interprétation de ce sens subjectif, à partir d’outils conceptuels qui ne se résument pas à décrire le réel, mais qui en permettent l’analyse.

Il convient alors de mettre en place des techniques scientifiques contraignantes de recueil des matériaux nécessaires, accompagnées de leur mise en ordre

analytique. Ce processus permet d’atteindre un certain degré de cohérence,

dans l’intention de mieux comprendre la ou les logiques de la pratique masculine du bodybuilding. Concrètement, le premier outil essentiel est un « carnet de bord », dont la tenue régulière permet de reconstruire et d’interpréter les éléments notés brièvement au cours de l’observation. Il rend possible les comparaisons dans le temps, les rappels, les étonnements personnels, les faits nouveaux comme réguliers. Le « carnet de bord » est l’outil élémentaire de l’analyse, même s’il ne constitue qu’une base de travail pour le compte rendu final. Au cours de notre recherche de terrain, nous l’avons beaucoup utilisé pour restituer chaque détail jugé significatif : observation des bodybuilders en action durant leur entraînement, mais aussi des interactions diverses, des comportements spécifiques ainsi que la configuration de l’espace dans lesquels ils se situent.

D’ordinaire, un carnet est difficilement dissimulable du fait de la tenue très « légère » du bodybuilder (short, t-shirt ou débardeur) au moment de l’entraînement, ce qui rend le chercheur facilement repérable, même quand il fait partie du groupe étudié. Mais dans notre cas, son utilisation est passée inaperçue car de nombreux pratiquants notent en direct leurs performances sur un petit carnet (les charges qu’ils manipulent, les temps de repos, la structure des séances) : notre statut de bodybuilder a offert une possibilité de « supercherie », car beaucoup ont cru que nous faisions de même. Ainsi, compte tenu de notre niveau avancé, nous avons pu présenter le carnet comme étant notre « partenaire » d’entraînement, servant à mesurer et à stimuler nos progrès par les traces écrites relatives à l’entraînement. Quand il y avait des questions de pratiquants sur les raisons de l’utilisation d’un carnet, nous répondions qu’il avait pour but d’enregistrer les performances en temps réel. La petite taille du nôtre nous a aussi permis de prendre des notes sans perturber les interactions, donc en respectant les conditions pour tirer des bénéfices de cette méthode.

Etant donné que nous avons effectué ces observations au moment de notre propre session d’entraînement, nous précisons que nous avons procédé de la façon suivante : nous nous sommes entraîné normalement en ce qui concerne les séries, mais nous avons allongé les temps de récupération. De la sorte, nous avons été en mesure d’observer puis de noter dans notre « carnet de bord » lors de la phase de repos les éléments que nous estimions être significatifs. Cela représente sans doute un biais en termes d’accès quantitatif à l’information, puisque nous avons fait le choix de ne pas observer en continu. Mais d’un autre côté, il a maximisé selon nous le recueil d’informations qualitatives, puisque répétons-le, nous avions le sentiment de passer davantage inaperçu, et donc de laisser les acteurs s’exprimer sans se sentir observés. De même, lorsque nos observations se sont effectuées dans les vestiaires, nous avions la chance de pouvoir les noter à l’écart des regards, puisque les vestiaires disposent de cabines individuelles. Là encore, nous avons pu passer inaperçu.

Avec l’observation directe, il est cependant nécessaire d’imaginer à l’avance ce dont nous allons être témoins, c’est-à-dire de définir les grands points de l’observation qui paraissent incontournables. C’est indispensable pour ne pas utiliser trop fréquemment le « carnet de bord », ce qui serait suspicieux ou gênant, mais surtout pour ne pas se perdre dans la quantité d’informations recueillies. C’est pourquoi le recours à la construction d’une grille d’observation constitue, en second lieu, une technique intéressante qui a facilité notre tâche. Elle permet d’objectiver les éléments recensés et surtout, de trier l’information plus facilement. Comme il n’est pas aisé de percevoir la cohérence d’ensemble de l’objet étudié, la grille permet de systématiser et de classer les données d’observation pour comprendre le comportement des acteurs. Elle facilite l’immersion en orientant l’observation, grâce à un travail de construction effectué en amont du travail sur le terrain.

Si la visualisation de la grille d’observation finale94

permet de donner plus de

détails sur ces points, sa construction s’est fondée au départ sur la priorité

accordée aux comportements signifiants mettant en scène la masculinité et la

virilité à travers 4 dimensions, au sein du contexte de la salle95 :

- mise en valeur du corps ;

- positionnement individuel vis-à-vis du groupe et vice versa ; - nature de l’entraînement ;

- configuration de la salle.

De même, notre expérience des salles de bodybuilding en tant que pratiquant, liée à notre double statut, nous a aidé lors des observations à repérer des éléments significatifs quant au degré d’engagement dans la pratique. Plus concrètement, il s’agit :

- de distinguer les pratiquants selon les particularités de leur physique ; - du nombre d’entraînements hebdomadaire ;

- de l’intensité des entraînements réalisés : charges soulevées et temps passé à la salle.

Concluons ce point en précisant que le repérage des caractéristiques de la salle et des pratiquants grâce à l’observation s’est effectué « à découvert ». En effet, que ce soit auprès des gérants ou des adhérents, nous avons fait le choix scientifique et éthique d’agir « à découvert » plutôt qu’incognito. Pour les

premiers, nous les avons informé bilatéralement de façon informelle96 de notre

étude et des modalités de son déroulement, en précisant notamment la dimension éthique : ne pas diffuser les noms de famille des pratiquants de notre

94 Voir l’annexe 5.

95 Voir l’annexe 4.

96Nous avons proposé à chacun d’entre eux de signer une charte éthique, ce qu’ils ont refusé par connaissance et confiance.

étude. Pour les seconds, nous avons considéré qu’il était important pour les individus de savoir à qui ils avaient affaire pour décider de leurs actions et de leurs collaborations. Couplé à notre connaissance du terrain, nous pensions que ce choix faciliterait aussi l’accès à l’information. En particulier, comme

« l’amitié est une condition sociale de possibilité de production de données qui ne soient pas complètement artefactuelles » (Wacquant, 2002, p 117), le cercle de nos contacts potentiels et le fait de nous sentir intègre dans la démarche ont fait que notre présence et nos questions apparaissaient non intrusives et non destructrices du cadre des interactions.

Par contre, il s’est avéré impossible de révéler notre double identité à tous les bodybuilders pour des raisons pratiques, car avec les flux réguliers de nouveaux adhérents et de ceux qui quittent la salle, nous étions essentiellement

en contact avec le cercle des personnes – qui s’est agrandi au fil de la

recherche – qui nous connaissaient pour notre étude. Ces personnes ont

constitué pour nous un groupe intéressant à analyser, et c’est d’ailleurs avec elles que nous avons expérimenté la technique de l’entretien, complémentaire des observations réalisées.

4.1.1.2 La méthode de l’entretien : pour une interaction constructive avec l’observation directe

Parce que l’entretien permet de « faire parler » directement les acteurs, il est

intéressant car complémentaire de l’observation directe. Il correspond à « la

production d’une parole sociale qui n’est pas simplement description et reproduction de ce qui est, mais communication sur le devoir-être des choses et moyen d’échanges entre individus » (Blanchet & Gotman, 1992, p 17). Ainsi, une telle méthode permet de comprendre plus directement les motivations des acteurs, notamment parce qu’elle cherche à vérifier si les discours correspondent aux observations et aux hypothèses. L’entretien est la méthode adéquate pour étudier la verbalisation des systèmes de représentations et des pratiques sociales des acteurs ; elle facilite donc l’analyse du sens qu’ils donnent à leurs pratiques sociales. De ce fait, elle est indispensable pour élaborer une typologie des pratiquants.

L’entretien est également adapté à l’analyse sociologique des petits groupes, tels que la population d’une salle de bodybuilding. Elle est alors susceptible de permettre de renforcer l’acceptation du chercheur par la communauté en créant des échanges et des affinités particuliers, qui créent une confiance indispensable pour recueillir des informations.

Plus précisément, l’entretien peut être mené de deux façons, non exclusives l’une de l’autre. Tout d’abord, il est utile d’un point de vue exploratoire, au début de la recherche. L’entretien exploratoire contribue à mieux connaître la population étudiée, ce qui est important quand les hypothèses et la problématique de recherche ne sont qu’incomplètement élaborées. Mené de façon semi-directive, il contribue à fixer certains choix initiaux de recherche tout

en laissant parler l’interviewé (Quivy & Van Campenhoudt, 1995, p 68). Il facilite ainsi la recherche car il restreint ou élargit son champ, au niveau des lectures comme de l’observation. Il permet de passer des questions du chercheur à la recherche des questions élaborées par les acteurs sociaux eux-mêmes, ce qui donne lieu à des réponses souvent inattendues et en conséquence intéressantes à exploiter (Arborio & Fournier, 2008, p 10).

Cette première phase ouvre ensuite la voie à la généralisation des entretiens au groupe dans son ensemble. Jusqu’à une certaine limite, la multiplication des entretiens autorise une meilleure connaissance des points communs comme de la diversité des individus dans leur contexte social, ce qui permet au chercheur de transformer des situations personnelles en problématique sociologique, ayant une dimension collective. Là encore, il est toutefois nécessaire lors des entretiens de faire preuve d’intérêt, d’empathie, mais aussi de « souplesse » pour accéder à l’information. En somme, il est important de construire un guide d’entretien soit une « improvisation réglée » (Arborio & Fournier, 2008, p 22). De plus, la phase de généralisation des entretiens impose de réfléchir à la taille et aux caractéristiques du groupe que le chercheur souhaite interroger. Ces éléments semblent déterminants pour assurer qualité et représentativité des résultats, sachant qu’elles doivent bien évidemment correspondre aux hypothèses et à la problématique de recherche. Enfin, à partir des détails précédents, la question du choix de la nature de l’entretien se pose. Selon les objectifs visés, plusieurs possibilités existent, comme l’indique le tableau suivant :

Tableau 4 : Types d’entretiens selon les types d’investigation Type

d’investigation Entretiens non-directifs

Entretiens semi-directifs Entretiens directifs Exploration × Approfondissement × × Vérification × × Contrôle ×

Source : Ghilione & Matalon (1978).

En ce qui nous concerne, nous avons opté pour les entretiens non-directifs dans la phase exploratoire, puis des entretiens semi-directifs au cours de la phase de généralisation des interviews. C’est l’interaction de cette méthode avec celle de l’observation directe qui nous a guidé dans ce choix, et qui nous a permis de recueillir un matériau important et de qualité à exploiter. Plus précisément, nous avons réalisé lors de différentes phases entre juin 2009 et mai 2010 120 observations au total, dont la durée a oscillé entre 1h et 1h30 chacune (soit entre 120h et 180h). Ces observations ont eu lieu au moment de

notre propre entraînement, comme nous l’avons indiqué ci-dessus97

. De même,

97

lorsque cela était possible, nous avons cherché à observer les acteurs à différents moments d’un jour d’entraînement donné, pour repérer les régularités aussi bien que les différences. Par exemple, nous avons réalisé des observations chaque lundi, les matins comme les après-midis.

Ainsi, dans la logique des liens existant entre ce que nous avons appelé

« sphère de la production » et « sphère de la circulation »98, nous avons

supposé au cours de nos observations que les pratiquants ayant un physique

musclé99, et qui s’engageaient fortement durant l’entraînement100

, devaient être au cœur de notre groupe sélectionné. Plus précisément, nous avons ciblé des hommes s’entraînant avec régularité, intensité, consommant ou semblant consommer des produits de performance avant, pendant ou après une séance, et qui paraissaient vraiment soucieux de leur aspect physique (vêtements portés, postures corporelles, regards fréquents dans le miroir, observation des autres).

De plus, sur le plan des caractéristiques de la musculature, nous avons cherché à avoir la meilleure représentativité possible des différentes morphologies. Par

contre, nous avons éliminé du groupe sélectionné les pratiquants s’éloignant

trop des extrêmes (individus insuffisamment musclés), de même que les hommes n’étant à la salle que dans une perspective apparente « d’entretien » du corps : ils paraissaient s’entraîner peu fréquemment, discutaient beaucoup pendant les séances, manipulaient des poids légers par rapport à leur poids corporel, s’entraînaient avec une faible intensité et sans organisation apparente de celui-ci, privilégiaient le travail « cardio » (vélo, rameur, stepper).

Ces éléments repérés lors de l’observation se sont également avérés essentiels pour délimiter notre groupe sélectionné de bodybuilders à interviewer. Tout d’abord, comme nous nous basions sur l’observation directe également, nous avons estimé que réaliser un nombre trop important d’entretiens conduirait à un rendement marginal décroissant, du fait en particulier de l’accumulation trop importante de matériau. Concrètement, nous avons décidé que le nombre de 30 entretiens constituait un nombre offrant suffisamment de représentativité et d’intérêt. Deuxièmement, nous avons fait en sorte que ces 30 participants : - proviennent de façon équilibrée des 3 salles de notre étude ;

- soient représentatifs des différentes tranches d’âge des salles ;

- possèdent différents types de profils « significatifs » pour l’analyse du bodybuilding : moyennement musclés (ectomorphes-mésomorphes), musclés (mésomorphes), très musclés (mésomorphes-endomorphes). Un autre choix aurait pu être effectué sur ces profils, mais comme ils constituent la référence en vigueur dans le monde du bodybuilding, cette typologie a constitué notre base de référence;

98

Voir p 4.

99 C’est-à-dire ceux possédant des profils mésomorphes et endomorphes.

100 Dont des bodybuilders au profil ectomorphe, car leur degré d’engagement à l’entraînement donnait des indicateurs d’une volonté radicale de prendre du muscle.

- donnent des signes d’engagement majeur dans la pratique : régularité, intensité, durée.

Lorsque, en fonction de ces critères, notre groupe sélectionné a été constitué, nous avons mené 2 entretiens exploratoires. Pour reprendre la classification de Ghilione et Matalon (1978), l’objectif était d’être le moins directif possible avec ces 2 bodybuilders, pour relier leur vécu de la pratique aux éléments relatifs à la masculinité et à l’engagement repérés lors des observations. En d’autres termes, cette phase n’a pu être mise en œuvre qu’après un nombre suffisant d’observations, soit de novembre 2009 à décembre 2009. Ainsi, l’analyse des

réponses à ce premier guide d’entretien101 a donné lieu à la construction d’un

deuxième guide d’entretien102, que nous avons généralisé à l’ensemble de notre

groupe sélectionné (en y incluant à nouveau les 2 bodybuilders avec qui nous avions mené l’entretien exploratoire) entre janvier et septembre 2010.

Compte tenu de notre avancement dans la recherche, ces entretiens étaient donc plus semi-directifs, puisqu’il s’agissait non plus seulement d’explorer, mais d’approfondir et de vérifier (Ghilione & Matalon, 1978). Ils ont été réalisés de façon très « contingente » : nous nous sommes adapté aux contraintes et exigences des interviewés, en termes de planning, de lieux de rendez-vous comme de temps disponible. Dans cette perspective, si nous avons effectué

des entretiens d’une durée moyenne d’environ 45 minutes, ils recouvrent une