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5. ANALYSE DE LA VÉGÉTALISATION DU BÂTIMENT COMME SOLUTION DURABLE

5.2 Interprétation des résultats

5.2.11 Protection du patrimoine culturel

Le principe de protection du patrimoine culturel précise que « le patrimoine culturel, constitué de biens, de lieux, de paysages, de traditions et de savoirs, reflète l’identité d’une société. Il transmet les valeurs de celle-ci de génération en génération et sa conservation favorise le caractère durable du développement. Il importe d’assurer son identification, sa protection et sa mise en valeur, en tenant compte des composantes de rareté et de fragilité qui le caractérisent » (art. 6, LDD).

Les renseignements recueillis montrent que la végétalisation permet d’accroitre l’esthétisme ainsi que l’attrait visuel du bâtiment. À l’échelle d’une ville ou d’un quartier par exemple, ces surfaces agrémentées de végétaux peuvent contribuer à accroitre la qualité des milieux de vie et à mettre en valeur les bâtiments en augmentant l’esthétisme visuel. Cependant, il faut savoir que l’appréciation visuelle est

avant tout une question de subjectivité. Cela veut donc dire que dans le cas où la végétation est perçue positivement, elle contribuerait à projeter une image positive susceptible d’accroitre la crédibilité écologique et sociétale de l’organisation. Inversement, un système présentant des complications ou des lacunes pourrait compromettre l’image de l’organisation, cela plus particulièrement si celui-ci est visible ou accessible au public. Dans un autre ordre d’idée, la végétalisation peut s’avérer un moyen efficace pour renforcer des valeurs ou des engagements en DD dans une perspective à long terme. Plus concrètement, les résultats de l’enquête montrent que plus de la moitié des organisations estiment que la végétalisation du bâtiment est un moyen essentiel pour répondre à leur mission et/ou leurs valeurs. En prenant l’exemple de la MDD, le mur végétal est considéré comme étant un choix stratégique puisqu’il reflète les valeurs des locataires du bâtiment. Ceci étant dit, dans le cas où elle est perçue négativement, il est possible que les gens considèrent la végétalisation comme une atteinte à la signature visuelle ou architecturale propre à certains styles architecturaux. Des aménagements moins attrayants ou bien encore, des végétaux faussement perçus comme mauvaises herbes sont d’autres enjeux à soulever.

Par ailleurs, une architecture distinctive dans l’application de valeurs écologiques, notamment en intégrant la nature au milieu bâti, constitue une valeur ajoutée non seulement pour responsabiliser la société, mais aussi pour renforcer l’aspect identitaire des organisations. Par exemple, plusieurs gestionnaires ont indiqué dans l’enquête qu’exploiter cette technologie permet de donner l’exemple, notamment pour inspirer d’autres organisations ou la société en générale. En plus de contribuer à la revitalisation du milieu de vie, ces aménagements valorisent la nature comme composante du bâtiment. Ces projets peuvent même devenir synonymes de fierté pour les parties prenantes internes de l’organisation. Plus de la moitié des organisations ayant participé à l’enquête ont d’ailleurs affirmé être ouverte à l’idée de refaire un projet de végétalisation, car ce type de projet génère beaucoup de fierté. Des organisations comme Desjardins et SSQ assurance ont mêmes soulevés que leur projet a contribué à renforcer le sentiment d’appartenance des employés et de la communauté avoisinante. Les données recueillies montrent que les projets de végétalisation peuvent contribuer à ancrer des valeurs écoresponsables chez les individus.

Il a également été observé que l’application de cette technologie permet d’accroitre la durée de vie des matériaux composant le bâtiment. Dans une certaine mesure, elle semble donc contribuer à accroitre la qualité et la durabilité du patrimoine immobilier. De plus, en végétalisant des surfaces inutilisées, il devient possible de créer de nouveaux milieux de vie en fonction des besoins ou de bonifier la vocation du bâtiment. En prenant le cas des toitures végétalisées, il existe plusieurs opportunités permettant de rendre le bâtiment évolutif pour les occupants. Le fait d’intégrer un toit potager comme lieu de production alimentaire, un toit-terrasse comme lieu d’échanges, un toit-jardin comme lieu de détente et un toit éducatif comme lieu d’apprentissages en sont quelques exemples. Toutefois, il faut savoir que les bâtiments composant le parc immobilier existant ne semblent pas avoir été conçus et construits dans l’idée d’intégrer ce type d’aménagement. Le manque d’espace, l’incapacité structurelle ainsi que les défis à relever afin de garantir un accès sécuritaire à ces espaces en témoignent.

Tout bien considéré, la végétalisation semble fortement préserver les biens, les lieux, les paysages et les savoirs de manière à refléter l’identité de la société et de l’organisation, car elle peut, dans une certaine mesure subjective, contribuer à mettre en valeur le bâtiment et accroitre la qualité et la durabilité du patrimoine immobilier. En plus d’intégrer de manière permanente le bâtiment, elle permet de véhiculer un message susceptible de renforcer l’identité, les valeurs et/ou la notoriété de l’organisation à titre de bon citoyen corporatif. Néanmoins, puisque cette phytotechnologie est en émergence, il est difficile d’établir son degré de contribution dans la préservation des traditions culturelles. Ensuite, la végétalisation semble légèrement protéger et mettre en valeur le patrimoine culturel en tenant compte de sa rareté et de sa fragilité. Bien que l’application de cette technologie puisse mettre en valeur et protéger le patrimoine immobilier, il est difficile d’établir si l’intégration s’effectue de manière à identifier et à protéger les aspects architecturaux distinctifs de certains bâtiments patrimoniaux comme ceux issus de différentes époques. L’incapacité structurelle du parc immobilier existant illustre bien la fragilité des bâtiments existants qui ne semblent pas avoir été conçus dans l’idée d’intégrer cette technologie.

L’analyse montre que la végétalisation du bâtiment respecte le principe de protection du patrimoine culturel, mais ne semble pas tenir compte de sa rareté et de sa fragilité, cela plus particulièrement en ce qui a trait aux enjeux de conservation architecturale propre au patrimoine immobilier existant.