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3. REVUE DE LITTÉRATURE

3.2 Enjeux en développement durable

3.2.10 L’éducation

Au Québec, les sommes destinées à l’éducation et à l’enseignement supérieur s’élèvent à 17,9 milliards$ ce qui représente 22,3 % du budget de dépenses 2017-2018. Pour nommer que ces deux portefeuilles tout en incluant leur proportion budgétaire, 9,9 milliards$ sont destinés à l’éducation préscolaire, l’enseignement primaire et secondaire (55,6 %) et 5,6 milliards$ à l’enseignement supérieur, soit aux établissements d’enseignement collégial et universitaire (31,1 %). (D’Arisso, 2018) En plus d’occuper une place prédominante dans les finances publiques de la province, force est de constater que plusieurs problématiques importantes gravitent autour de l’éducation et de l’enseignement. La réussite scolaire ainsi que le décrochage scolaire sont quelques uns des défis à relever par les institutions et la société.

Relativement au décrochage scolaire, le taux atteignait en moyenne 9,4 % au Québec en 2014, soit 6,3 % chez les femmes et 12,5 % chez les hommes (Statistique Canada, 2018). Dans un rapport de Jacques Ménard sur le décrochage scolaire au Québec publié en 2009, il est avancé que les décrocheurs doivent composer avec des revenus annuels moyens moins importants, une espérance de vie moyenne plus courte et des risques de dépression à l’âge adulte plus probants. De plus, les décrocheurs seraient moins enclins à prendre part aux divers exercices de participation citoyenne comme d’exercer leur droit de vote, de faire du bénévolat ou de donner du sang par exemple. En termes de conséquences économiques, chaque décrocheur couterait plus de 439 000 $, ce qui correspond à 1,9 milliard$ pour l’État. Bien que les causes soient variées, il faut dire que les risques de décrochage augmentent avec le nombre de facteurs de risques. La performance scolaire, la relation de l’élève avec l’enseignant, le climat à l’école, la valorisation des études, les rapports sociaux, les habiletés cognitives ainsi que la santé et le bien-être des élèves en sont quelques exemples. (Ménard, 2009) Pour toutes ces raisons, le décrochage scolaire est une problématique importante à soulever.

L’organisme Vivre en Ville avance que le verdissement et la végétalisation des milieux scolaires contribueraient à équilibrer le cadre de vie des écoliers et à accroitre leur proximité avec la nature (Vivre en Ville, 2014a). Plusieurs publications font d’ailleurs état des nombreux bienfaits et bénéfices que procurent les espaces verts en milieu scolaire. Ces aménagements pourraient aussi avoir une incidence positive dans la résolution des problématiques avancées précédemment.

Tout d’abord, Moore affirme qu’un milieu scolaire plus vert peut catalyser le sentiment d’appartenance à la collectivité et à l’institution scolaire. À vrai dire, les végétaux amélioreraient l’esthétisme ce qui par conséquent, améliorerait l’image projetée et renforcerait l’attractivité du milieu scolaire. En plus d’amé- liorer l’estime de soi et le bien-être des jeunes, les végétaux augmenteraient ainsi l’appréciation à l’égard du milieu vie. (Moore, 1997) Supportant diverses formes d’apprentissages à propos de la nature, par la nature et dans la nature (Malone et Tranter, 2003), les espaces verts deviennent littéralement des extensions de la salle de classe propice à l’expérimentation (White, 2004). Autrement dit, transformer l’environnement scolaire en intégrant la nature crée des dispositions favorables à la concrétisation de notions théoriques et abstraites. Une expérience sur le verdissement de plusieurs écoles torontoises a d’ailleurs démontré que cette transformation verte peut avoir une incidence positive sur l’enthousiasme des enseignants et sur la conscientisation des élèves à l’égard d’enjeux environnementaux (Dyment, 2005). Par ailleurs, une autre étude a révélé qu’une végétation abondante pouvait diminuer la sévérité des symptômes de TDAH. Miser sur la végétation permettrait donc de créer des lieux de restauration de l’attention et contribuer à la réussite scolaire des enfants (Taylor, Kuo et Sullivan, 2001). En ce sens, les travaux de Zhou et Rana montrent que la verdure améliorait le niveau d’attention des enfants en classe et stimulerait par le fait même leur ingéniosité et leur imagination (Zhou et Rana, 2012). En verdissant la cour d’école par exemple, il a été observé par Akpinar dans son étude sur 223 jeunes du secondaire que cela améliorerait la santé mentale des jeunes. À vrai dire, la présence d’espaces verts à proximité de l’école aurait un effet réparateur perçu par les étudiants (Akpinar, 2016). D’autres études ajoutent que l’intégration d’un contexte d’apprentissage en environnement naturel extérieur aurait une incidence positive sur le développement moteur des enfants et des jeunes. En plus d’être une vitrine favorisant le développement de connaissances et d’aptitudes, les environnements naturels peuvent améliorer l’estime de soi. De plus, les espaces verts auraient aussi un effet calmant, particulièrement auprès des enfants ayant des difficultés émotionnelles et comportementales (O’Brien et al., 2011).

Lorsqu’une personne est davantage connectée avec la nature en se trouvant plus fréquemment dehors par exemple, celle-ci est susceptible d’être plus soucieuse de la préservation de la nature et par le fait même, d’avoir des comportements ainsi que des attitudes favorables à la protection de l’environnement (Horwitz et al., 2015). Aux États-Unis, des chercheurs se sont penchés sur l’impact de trois cours d’école verdies au Maryland et au Colorado. Les élèves de 6 à 18 ans intégrant des milieux verdis pour jouer et apprendre ont présenté une humeur plus positive, une diminution du stress, de la colère, des problèmes de comportements et d’inattention. L’immersion tout comme l’exposition aux expériences sensorielles positives que procurent les milieux naturels contribueraient donc à créer des conditions d’apprentissages favorables aux activités constructives, créatives et coopératives (Chawla, Keena et Stanley, 2014).

En l’espace de quatre ans, l’ONG City Growers a effectué des ateliers de jardinage sur des toitures vertes avec la participation de plus de 12 000 élèves provenant d’écoles publiques new-yorkaises. En plus de combler le fossé entre la ville et la campagne, cette initiative amène une perspective différente quant à la

place que peut avoir la nature en milieu urbain. En misant sur l’éducation à partir du potager jusqu’à l’assiette, les élèves peuvent ainsi se connecter avec la nature et mieux comprendre les origines de leur alimentation (Mercier et Turcotte, 2014). À vrai dire, les apprentissages réalisés dans l’environnement auraient une incidence positive sur la performance scolaire des élèves en sciences et en mathématiques (Desmond, Grieshop et Subramaniam, 2003).

En somme, la végétalisation aurait une incidence sur l’éducation, cela plus particulièrement en milieu scolaire. Miser sur les végétaux afin d’améliorer l’environnement d’apprentissage contribuerait à accroître l’attractivité de l’institution, à créer des dispositions restauratrices de la concentration et finalement, à créer des dispositions d’apprentissages propices à la concrétisation de notions théoriques et abstraites.