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3. REVUE DE LITTÉRATURE

3.2 Enjeux en développement durable

3.2.7 La santé publique

La santé et les services sociaux sont la première dépense en importance du gouvernement du Québec. En guise d’exemple, 36,8 milliards$ ont été accordés à ce secteur ce qui correspond à 45,7 % de son budget de dépenses 2017-2018 (D’Arisso, 2018). Précédemment, il a été observé que la pollution sonore, la pollution de l’air et les ICU peuvent occasionner d’importants problèmes sur le plan de la santé publique. Or, les stratégies de verdissements et de végétalisations des milieux de vie semblent atténuer ces problèmes et contribuer à accroitre la qualité de vie des gens.

Selon l’Institute of Medicine (OIM), il est prévisible que les CC aient des impacts potentiels sur la santé des individus. À titre d’exemple, l’augmentation des épisodes de températures extrêmes pourrait entraîner une augmentation de la mortalité, une décroissance de la productivité ainsi qu’une modification dans la transmission des maladies respiratoires et infectieuses. Il existe plusieurs impacts liés à d’autres conséquences potentielles directes et indirectes des CC comme l’augmentation des précipitations abondantes, l’augmentation de la sècheresse, l’augmentation des concentrations d’ozone dans l’air ambiant et l’augmentation du pollen (Institute of Medicine [OIM], 2011). Les conséquences incluant leurs impacts figurent en annexe 14.

Les chercheurs Van den Berg, Wendel-Vos, Van Poppel, Kemper, Mechelen et Maas (2015) ont d’ailleurs analysé une quarantaine d’études sur les différences qu’amène la restauration des espaces verts en milieu urbain. Dans leurs travaux, ceux-ci ont constaté qu’il y a une association positive entre la quantité d’espaces végétalisés et la santé mentale ainsi que la mortalité des individus. De manière plus précise, les bénéfices en matière de santé publique semblent avoir une incidence sur les maladies physiques et mentales, les naissances ainsi que les habitudes de vie (Van den Berg et al., 2015).

Relativement aux maladies physiques, des chercheurs allemands se sont penchés sur l’incidence de la végétation sur la tension artérielle de 2 078 enfants sur une période de 10 ans. Les résultats montrent que les enfants vivant dans des secteurs peu végétalisés ont des tensions artérielles systoliques plus élevées en moyenne, soit de 0,90 ± 0,50 mmHg comparativement à ceux vivant dans les secteurs plus végétalisés (Markevych et al., 2014a). Par ailleurs, une étude portant sur 108 630 femmes à travers onze États américains a démontré que, pour un rayon de 250 m du lieu de résidence, les femmes vivant dans le quintile le plus élevé en termes de verdure moyenne cumulée ont 12 % moins de risque de décès non

accidentel toutes causes confondues comparativement à celles vivant dans le quantile le plus faible. De plus, les résultats montrent que les femmes situées dans le quantile le plus élevé de verdure auraient un taux de mortalité inférieur à 41 % pour les maladies rénales, 34 % pour les maladies respiratoires et 13 % pour le cancer comparativement à celles situées dans le quantile le plus faible (James, Hart, Banay et Laden, 2016). Des chercheurs ont étudié pendant plus de 20 ans l’incidence des espaces végétalisés sur les taux de mortalité de 575 000 individus d’une dizaine de villes ontariennes. Or, les résultats montrent que les populations se trouvant dans des secteurs caractérisés par un nombre plus élevé d’espaces végétalisés ont des taux de mortalité légèrement plus bas après un intervalle de 2 décennies. Malgré les facteurs de confusion résiduelle d’ordre sociodémographique, il semble y avoir une association plus forte pour les maladies respiratoires non malignes (Villeneuve, Jerrett, Burnett, Wheeler et Goldberg, 2012).

Les espaces végétalisés semblent aussi avoir une incidence positive sur la santé mentale des individus. C’est ce que conclut une étude britannique publiée en 2014 à laquelle les chercheurs ont mesuré le stress d’individus avant et après un déménagement. Du côté des individus ayant déménagé dans un secteur plus végétalisé, ceux-ci avaient une meilleure santé mentale les trois premières années suivant leur déménagement. L’effet inverse se produisait auprès des individus ayant déménageant dans un milieu moins végétalisé (Alcock, White, Wheeler, Fleming et Depledge, 2014). Le stress a aussi fait l’objet d’une autre étude, cette fois-ci, à l’aide de biomarqueurs non invasifs. Par exemple, le stress chronique mesuré par cortisol dans les cheveux serait plus élevé dans les secteurs plus défavorisés et faiblement densifié en termes d’environnements naturels. Le fait de vivre dans un quartier caractérisé par une moins grande densité d’espaces naturels serait associé à davantage de stress chronique (Gidlow, Randall, Gillman, Smith et Jones, 2016). Par ailleurs, une étude portant sur la récupération autorapportée à l’égard du stress a aussi démontré que le simple fait d’observer différents types de couverts végétaux aurait une incidence sur le rétablissement à la suite d’un stress vécu. Sur un total de 160 individus ayant visionné un film illustrant deux rues garnies d’un couvert végétal d’une proportion allant de 62 % à 2 %, il semble y avoir une relation positive et linéaire entre la densité du couvert végétal en milieu urbain et la récupération autorapportée. Un couvert végétal plus dense conduirait à une augmentation significative de 60 % du rétablissement (Jiang, Larsen et Sullivan, 2016). Une autre étude du genre a aussi été réalisée sur 102 individus de 17 à 40 ans au Royaume-Uni. Du côté des participants ayant visionné un film sur des sites naturels, ceux-ci montrent davantage de récupération face au stress, une réduction de l’humeur négative et un accroissement de la vitalité en comparaison à ceux qui ont visionné un film sur les milieux urbains (Van den Berg, Jorgensen et Wilson, 2014). Des chercheurs finlandais se sont penchés sur l’incidence de la marche en nature comme composante d’un programme pour faire face à la dépression. Les résultats montrent que pour 6 des 13 participants, la gravité de la dépression s’est significativement et cliniquement améliorée. La nature combinée à l’activité physique aurait donc une incidence sur le rétablissement, l’amélioration du bien-être mental et la réduction de l’état dépressif (Korpela, Stengård et Jussila, 2016).

Relativement aux naissances, des chercheurs de Vancouver ont étudié l’incidence de la verdure sur l’âge gestationnel à la naissance, le poids à la naissance et à la croissance du fœtus auprès de 64 705 sujets. Les résultats montrent qu’une augmentation de verdure située à moins de 100 m du lieu de résidence est associée à des poids à la naissance supérieurs pour les naissances à terme. De plus, cela amènerait une réduction de la probabilité d’avoir une naissance très prématurée et modérément prématurée (Hystad, Davies, Frank, Loon, Gehring, Tamburic et Brauer, 2014). Une autre étude du genre a été réalisée aux États-Unis sur le poids à la naissance de 239 811 sujets. Les résultats montrent que l’augmentation de l’écart interquartile dans la fraction des espaces végétalisés à l’intérieur d’un rayon de 250 m autour du lieu de résidence est associée à l’augmentation du poids à la naissance de 3,2 g. Cela entrainerait une réduction du risque de faible poids à la naissance de 7,6 % (Ebisu, Halford et Bell, 2016). Une autre étude allemande publiée en 2014 précise que la végétation aurait une incidence positive sur le poids à la naissance des nouveau-nés (Markevych et al., 2014b).

Relativement aux habitudes de vie, les espaces végétalisés semblent favoriser l’activité physique. C’est ce que révèle une étude réalisée en Australie auprès de 203 883 adultes de 45 ans et plus. Les résultats montrent que les résidents d’un secteur 20 % plus verts sont plus susceptibles de marcher et de participer à des activités physiques comparativement aux autres secteurs ayant moins de 20 % d’espaces verts. Pour les quartiers ayant plus de 80 % d’espaces verts, les résidents semblent marcher plus fréquemment et pratiquer davantage d’activité physique (Astell-Burt, Freng et Kolt, 2014). Une étude canadienne a également établi qu’il y a des associations positives entre la verdure et l’activité physique pour toutes les classes socioéconomiques. Les résultats de l’étude montrent que les individus résidant dans le quartile le plus élevé de verdure, c’est-à-dire à l’intérieur d’un rayon de 500 m, sont plus susceptibles de participer à des activités physiques lorsqu’ils consacrent du temps aux loisirs. Néanmoins, l’association la plus forte est observée chez les classes sociales mieux nanties ainsi que chez les jeunes adultes et plus particulièrement chez les femmes (McMorris, Villeneuve, Su et Jerrett, 2015).

En somme, le verdissement figure parmi les moyens permettant de prévenir les maladies physiques et mentales, d’améliorer les habitudes de vie et d’accroitre le sentiment de bien-être des individus.