1.2 Les Oxydes Transparents Conducteurs (OTC)
1.2.3 Les propriétés optoélectroniques des OTC
1.2.3.1 Les propriétés électriques
La physique des semi-conducteurs à large gap décrit les propriétés électriques des
OTC. La conductivitéσ, s’exprimant en S.cm
−1, est le produit de la densité des
por-teurs de charge N (cm
−3), de la mobilité des porteurs de charge µ (cm
2.V
−1.s
−1), et
de la charge électrique élémentaire de l’électron q (C) (équation 1.1)
σ= 1
ρ =nqµ (1.1)
La résistivitéρ, définie comme étant l’inverse de la conductivité, s’exprime en Ω.cm.
Une propriété de surface importante dans le domaine des OTC est la résistance par
carré R
s’exprime en (Ω) définie comme le rapport entre la résistivité et l’épaisseur
de la couche suivant la relation1.2 :
R
= ρ
La conductivité des OTC, de type n ou p, est due soit à la présence de défauts de
structure induisant une non-stoechiométrie de l’oxyde, soit à un dopage approprié. Le
dopage permet d’augmenter la densité des porteurs libres de façon à placer le niveau
de Fermi très proche de la bande de conduction, voire à l’intérieur de celle-ci pour
les OTC fortement dopés. Ceci implique que la bande de conduction soit remplie en
partie d’électrons à température ambiante, rendant ainsi les OTC conducteurs.
Une autre façon d’augmenter la conductivité est d’accroître la mobilité des porteurs.
Toutefois, la mobilité est intrinsèquement dépendante des mécanismes de diffusion et
ne peut être, par conséquent, contrôlée directement. En général, ces mécanismes
li-mitent la mobilité quand la concentration des porteurs augmente. La mobilité est
donc un paramètre important influençant la conductivité.
1.2.3.2 Les mécanismes de conductivité dans les OTC
Les causes phénoménologique de la conductivité dans les OTC et les paramètres
dont ils dépendent à la fois aux procédés à haute température et à basse température
seront discutés dans cette section. Cette discussion explique les raisons de la
conduc-tivité significativement réduite des OTCs lorsqu’ils sont déposés à des températures
basses. Un modèle très simplifié, qualitatif du processus de dopage dans les OTCs à
été rapporté dans la litérature [73]. Ce modèle qualitatif et la connaissance des
méca-nismes de conductivité peuvent être utilisés pour concevoir et contrôler le processus
de dépôt pour obtenir les propriétés électriques et optiques (E/O) souhaitées dans les
films minces OTC.
Un semi-conducteur dégénéré de type n se comporte électroniquement comme un
métal, alors les OTC ont la même expression de la conductivité σ comme les métaux:
σ = N eµ, où N est la densité de porteurs, le nombre d’électrons de conduction par
unité de volume (généralement indiqué en cm
−3),µest la mobilité d’électrons et e est
la valeur de sa charge électronique. Par conséquent, la conductivité σ(ou la résistivité
ρ) est déterminé par deux variables N et µ.
Dans un conducteur, le mouvement des électrons de conduction est limité par des
collisions très fréquentes, surtout avec les phonons et parfois avec les défauts de
ré-seau. Même dans un champ électrique appliqué, le mouvement des électrons est encore
dominé par des collisions liées à des effets d’énergie thermique et des défauts. La
mo-bilité des électrons µ est liée au temps de la diffusion par µ = eτ m
∗−1, où m
∗est la
masse effective de l’électron. Par conséquent, un temps plus long entre deux collisions,
c’est-à-dire, un τ plus grand, signifie une plus grande mobilité µ, et par conséquent
une conductivité plus élevée. Considérons maintenant la densité de porteurs N, plus
un OTC est dopé (effectif) plus le nombre d’électrons de conduction par unité de
volume augmente, plus la conductivité augmente. Cependant, l’impureté de dopage
au niveau des sites substitutionnels dans l’OTC crée également des défauts de charge
dans le réseau OTC entraînant la diffusion des électrons par les impuretés ionisées, ce
qui réduit la mobilité. Finalement, l’excès de dopage en impuretés métalliques (et
in-terstitiels) conduit à une plus grande perte de mobilité (la diffusion des électrons) que
de gagner une augmentation du nombre d’électrons, ce qui entraîne une perte nette
de la conductivité.
1.2.3.3 Les propriétés optiques
L’existence d’une fenêtre optique couvrant tout le domaine du visible est une
carac-téristique importante des OTC. La transmission optique est définie comme le rapport
entre l’intensité de la lumière transmise et l’intensité de la lumière incidente. La Figure
1.5 représente schématiquement le spectre de transmission typique d’un OTC.
La fenêtre de transmission est limitée par deux domaines. Dans le domaine du
proche ultra-violet (UV) (λ < λ
g), l’absorption est dominée par les transitions de
bande à bande. Les photons incidents ayant une énergie égale ou supérieure à celle du
gap seront absorbés par des électrons de la bande de valence, ce qui leurs permettent
de passer à la bande de conduction.
Dans le domaine du proche infra-rouge (IR) (λ > λ
p, λ
pétant la longueur d’onde
plasma), la lumière est réfléchie. Ce phénomène peut être décrit par la théorie classique
des électrons libres de Drude.
Dans le modèle des électrons libres, les électrons peuvent être considérés comme un
plasma où la mise en mouvement est réalisée par la composante électrique du champ
électromagnétique incident. Le plasma oscille à une fréquence plasma ω
p,
correspon-dant à la longueur d’ondeλ
pselon l’équation1.3 [65] :
λ
p= 2πc
ω
p(1.3)
où c correspond à la célérité de la lumière. Les propriétés optiques des OTC sont
affectées par les propriétés électriques. La fréquence plasma n’a pas une valeur fixe,
mais peut varier en fonction de la concentration des porteurs. Elle est définie par
l’équation1.4 [66,67]:
ω
p=
s
N q
2ε
0ε
rm
∗(1.4)
avec, N : densité des porteurs de charge, q : charge électrique de l’électron, ε
0:
permittivité du vide, ε
r: permittivité relative du matériau, m
∗: masse effective de
l’électron dans le matériau. La longueur d’ondeλ
pcorrespondante peut être ajustée et
contrôlée la transparence du matériau dans les domaines du visible et de l’infrarouge.
1.2.3.4 Comparaison des propriétés optiques des OTCs et des métaux
Les métaux possèdent à température ambiante une importante concentration en
électrons libres (10
22à 10
24cm
−3) qui place leur fréquence plasma dans l’UV. Par
exemples, les métaux alcalins (Li, Na, K, Rb, Cs) ont des fréquences plasma entre 150
et 350 nm. Les métaux à valence multiples (Mg, Al) ont des fréquences plasma entre
80 et 120 nm. L’argent a une fréquence plasma de 330 nm. Avec ce positionnement de
fréquence plasma, les métaux sont opaques aux rayonnements du visible et de
l’infra-rouge et présentent une forte réflectivité expliquant leur éclat métallique.
Dans les semi-conducteurs, un dopage est nécessaire pour générer une conduction
électronique satisfaisante à température ambiante. Un dopage provoquera l’apparition
de porteurs libres afin de conserver l’électroneutralité du matériau. Si la charge de
compensation est un électron, le semi-conducteur est dit de type n, si la charge de
compensation est un trou, le semi-conducteur est dit de type p. Les semi-conducteurs
dopés ont des concentrations en électrons libres inférieures à ceux des métaux (10
16à 10
21cm
−3, à température ambiante) et donc une fréquence plasma beaucoup plus
haute en longueur d’onde. La couleur de corps d’un semi-conducteur est, quant à elle,
déterminée par la valeur de l’énergie de gap. Si le matériau a une énergie de gap de
l’ordre de 3 eV, comme c’est le cas pour l’oxyde de zinc, on aura une absorption dans
l’ultraviolet et une bonne transparence dans le visible. Il existe une classe
particu-lière de semi-conducteurs qui réunit les propriétés de transparence à celle de
conduc-tion électronique : les OTCs (Transparent Conductive Oxides) ou oxydes transparents
conducteurs. Présentant des concentrations en électrons libres de l’ordre de 10
19à 10
21cm
−3[52,53], les TCOs ont une fréquence plasma dans l’infrarouge, voire le proche
infrarouge (NIR).
Dans le document
Optimisation des dépôts sur des substrats flexibles d’oxydes transparents conducteurs nanostructurés à base de ZnO
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