4.2 Caractérisation des couches minces de ZnO:Al/PEN
4.2.1 Effet de la concentration de Al sur les propriétés de ZnO:Al/PEN 101
4.2.1.3 Propriétés électriques
Il est bien connu que la caractéristique de conduction dans le ZnO non dopé est
principalement attribuée aux électrons générés par les lacunes d’oxygène et les
inter-stitiels de zinc. Cependant, la conductivité électrique dans les couches de ZnO dopé
Al est supérieure à celle des couches de ZnO non dopé, en raison de la contribution
des ions Al
+3dans les sites substitutionnels des ions Zn
+2. Tous les résultats de
me-sure obtenus par effet Hall (Figure 4.12) montrent que les couches ZnO:Al sont des
semiconducteur de type n dégénérés.
Dans le cas présent, les niveaux donneurs extrinsèques peu profonds peuvent être
créés par la substitution d’ion de Zn
+2par Al
+3dans le réseau de ZnO. Ces
substi-tutions produisent des électrons libres qui contribuent à la conduction, ce qui fait des
ZnO:Al des semi-conducteurs de type n.
La Figure4.12représente la variation de la résistivité, la mobilité et la concentration
des porteurs de charges (électrons) des couches minces de ZnO dopé Al sur les
sub-strats de PEN avec différents rapport [Al]/[Zn]. On remarque une forte augmentation
de la densité et la mobilité de porteurs de charges de 4x10
20à 7.55x10
20cm
−3et de
4 à 20 cm
2V
−1s
−1respectivement, lorsque la concentration d’aluminium augmente de
1 à 2%. Puis elles diminuent à environ 7x10
20cm
−3et 10 cm
2V
−1s
−1respectivement
avec l’augmentation de la concentration du dopant. Ces variations peuvent être liées
à la limite de solubilité de l’aluminium dans le réseau de ZnO.
Lorsqu’une faible quantité d’Al est ajouté au ZnO, la concentration de porteurs de
charge augmente rapidement en raison de la substitution de Zn
+2par Al
+3, libérant
des électrons de plus dans la bande de conduction. Lorsque la teneur en Al augmente
encore, les atomes d’Al en excès s’insèrent dans les joints de grain, et ne se
com-portent pas comme dopant. Corrélativement, la variation de la densité de porteurs de
charge induit une variation de la résistivité électrique qui diminue de 1,8 x 10
−3à 4
x 10
−4Ω.cm lorsque la concentration d’aluminium augmente de 1% à 2%. Puis elle
augmente à environ 8x10
−4Ω.cm lorsque la teneur en Al augmente encore à 4 %. Des
résultats similaires ont été rapportés par Mass et al. [138] pour les films de ZnO dopé
Al déposés par la technique de dépôt par laser pulsée. Ils ont constaté une
augmen-tation de la résistivité avec l’augmenaugmen-tation du taux de dopage d’Al au-dessus de 2%.
Figure 4.12 – Résistivité, Hall mobilité et la concentration des porteurs de charge
des couches minces de ZnO:Al sur les substrats PEN avec différentes concentrations
d’Al.
Cette augmentation de la résistivité électrique peut être expliquée par l’amplification
des mécanismes de diffusion (vibration d’atomes, joints de grains, impuretés ionisées
et impuretés neutres) due à l’augmentation du taux de dopage. Toutefois, la valeur
minimale de la résistivité obtenue dans notre travail est du même ordre de grandeur
que celles obtenues dans la littérature en utilisant les substrats de verre.
4.2.1.4 Propriétés optiques
La spectroscopie UV-visible-NIR
Les mesures par spectrophotométrie en transmission permettent de déterminer le
comportement optique des couches minces dans le domaine ultraviolet, visible et proche
infrarouge, soit pour la gamme 200-3000 nm. Ces mesures renseignent indirectement
sur la densité de porteurs de charge.
La transmission optique est un paramètre important pour les oxydes conducteurs
transparents (OTC). La Figure4.13représente les spectres de transmission optique du
substrat PEN pour la comparaison et d’échantillons de ZnO:Al/PEN avec différentes
de concentration de l’Al. La transmission est mesurée à température ambiante dans
la gamme de longueurs d’onde 300-2000 nm, en utilisant l’air comme une référence.
La transmission optique moyenne du substrat PEN est de 85% dans la gamme de
lon-gueur d’onde λ> 400 nm. Les couches minces de ZnO:Al présentent une transmission
∼ 8% moins que celui du spectre du PEN pour la gamme de longueur d’onde 400 <λ
<1000 nm. Ceci indique que les couches minces déposées de ZnO:Al sur le PEN ont
une transmission moyenne supérieure à 90%. Par conséquent, les couches minces
dé-posées de ZnO:Al sur les substrats PEN peuvent être les considérées comme des OTC
efficaces dans le domaine visible. On voit aussi sur la Figure 4.13 que la transmission
des couches minces ZnO:Al dans le domaine visible est peu influencée par la variation
de la concentration du dopant Al.
Dans la région proche infrarouge, la transmission des films de ZnO dopé Al diminue
considérablement avec l’augmentation de la concentration Al et les films deviennent
opaques. Cette variation des propriétés optiques est compatible avec la variation
ob-servée dans les propriétés électriques et peut être causée par l’absorption des
por-teurs libres, dite l’absorption de plasmon, qui peut être expliqué par le modèle de
Drude [139].
α= ne
2
λ
2m
∗8π
2N C
30
τ (4.7)
Où α, n, e, λ, m
∗, N, C
0, τ représentent respectivement le coefficient
d’absorp-tion optique, la concentrad’absorp-tion de porteurs de charge, la charge d’électrons, la longueur
d’onde, la masse effective, l’indice de réfraction, la vitesse de la lumière et le temps
de relaxation des porteurs (la durée moyenne entre deux collisions consécutives). Par
conséquence, l’augmentation de la concentration des porteurs peut conduire à
l’ab-sorption de plus de lumière dans la région de longueur d’onde plus longue. Comme on
le voit clairement sur la Figure4.13 que l’absorption dans la région proche infrarouge
et la concentration de porteurs de charge ont les valeurs les plus élevées pour les films
ZnO:Al avec 2 % Al.
Figure4.13 – Spectres de transmission optique des échantillons de ZnO:Al/PEN avec
différents rapport [Al]/[Zn].
Dans la gamme d’ultraviolet (UV), tous les échantillons montrent une chute abrupte
pour les longueurs d’onde inférieurs à 380 nm, correspond à l’absorption dans le ZnO
due à la transition entre la bande de valence et la bande de conduction. Elle est
légè-rement décalé vers le côté des longueurs d’onde les plus courtes lorsque la teneur en Al
augmente. Ce déplacement du bord d’absorption dans la région UV peut être
expli-qué par l’effet Burstein-Moss [140], qui est liée à la concentration de porteurs de charge.
La photoluminescence
En photoluminescence chaque pic est lié à une transition de luminescence due à
une recombinaison radiative faisant intervenir un défaut ayant une énergie dans le
gap. Dans le ZnO pur les défauts intrinsèques pouvant exister sont: les lacunes
d’oxy-gène (V
O), les lacunes de zinc (V
Zn), les interstitiel d’oxygène (O
i), les interstitiel de
zinc (Zn
i) et les antisites d’oxygène (O
Zn) [141].
La Figure 4.14illustre les spectres de photoluminescence des couches minces
dépo-sées sur un substrat PEN de ZnO:Al avec différentes concentration d’Al, les mesures
ont été effectuées à température ambiante avec une longueur d’onde d’excitation de
325 nm. Tous les spectres d’échantillons analysés montrent des pics excitoniques dans
la région des ultraviolets et des pics liés aux défauts dans la région visible. Les pics
d’émission ultraviolette centrée à environ 3,26 eV (380 nm) sont attribués à la
recom-binaison radiative des excitons libres [142]. Les pics d’émission à 3 eV (412 nm) et 2,86
eV (433 nm) sont ttribués à la transition électronique de la bande de conduction aux
niveaux de lacunes de Zn (V
Zn) et du niveaux des interstitielles de Zn (Zn
i) vers le
haut de la bande de valence, respectivement [143]. Le pic d’émission à 2,61 eV (475
nm) est attribué à la transition entre les donneurs peu profonds (Zn
i) et les accepteurs
profonds (V
Zn) [144]. L’émission dans le vert à 2,38 eV (520 nm) est attribuée aux
lacunes d’oxygen V
Oet les antisites d’oxygen O
Zn[145,146] . Nous observons que
l’in-tensité du pic d’émission dans le bleu (2,86 eV) est augmentée par l’incorporation d’Al
dans le réseau de ZnO et le pic le plus intense a été obtenu à partir d’un échantillon
de ZnO dopé Al avec 2% de Al.
Les atomes interstitiels Zn jouent un rôle important dans l’amélioration de la
conductivité des films de ZnO. Nous observons clairement que le pic d’émission dans le
bleu à 2,86 eV, provenant des transitions électroniques des niveaux d’énergie des
inter-stitielles de Zn vers le haut de la bande de valence, est le plus intense, son intensité est
augmente avec l’incorporation d’Al dans le réseau de ZnO, et le plus intense est celui du
spectre obtenu à partir d’un échantillon de ZnO dopé avec 2% de Al. Ceci indique que
les interstitiels de Zn (Zn
i) sont plus dominant que les autres défauts dans les couches
de ZnO:Al élaborées. Pengshou et al. [147] a expliqué que dans la structure wurtzite
ZnO, il y a suffisamment de places pour produire des atomes interstitiels dans les
in-terstices octaédriques ou tétraédriques. Le rayon de l’atome de Zn est beaucoup plus
faible que celle de l’atome d’oxygène, les atomes de Zn peuvent facilement occuper les
interstices octaédriques ou tétraédriques, ce qui se traduit par une forte densité de Zn
i.
Figure 4.14 – Spectre de photoluminescence des couches minces de ZnO non dopé et
Dans le document
Optimisation des dépôts sur des substrats flexibles d’oxydes transparents conducteurs nanostructurés à base de ZnO
(Page 120-126)