Projets d’avenir en ce qui concerne l’emploi

Comme il s’agit ici de projets d’avenir, et que l’âge où on les formule a son importance, les analyses qui suivent se présentent sous chacun des groupes d’âge. Pour chacun, il sera question des projets à court terme, c’est-à-dire dans l’immédiat, et des projets à long terme. Il a parfois été question de cinq à dix ans dans certains cas, mais pour certains interviewés, le long terme peut représenter quelques mois ou l’année qui vient. Devant la difficulté de savoir ce qu’on souhaite pour aujourd’hui, le long terme peut se réduire à demain.

3.5.1 PROJETS DES 15 À 19 ANS

Tous les interviewés de 15 à 19 ans ont parlé de leurs projets concernant l’emploi, soit neuf sur neuf. Se trouver un emploi, c’est même une priorité pour un. Ceux qui souhaitent retourner aux études voudraient trouver un emploi dans le domaine où ils veulent s’investir, avoir un emploi à temps partiel pendant les études, avoir un "band" et faire un album pour un qui a des ambitions dans le domaine artistique.

Peu s’expriment sur le long terme et cela peut se résumer à « Une bonne job que j’aime », sinon ceux qui devront étudier longtemps avant de se trouver sur le marché du travail comme être policier, travailleuse de rue ou intervenante dans un organisme de services.

3.5.2 PROJETS DES 20 À 24 ANS

Les 20 à 24 ans sont relativement nombreux (24 sur 29) à parler de leur projet concernant le marché du travail. À court terme, tous souhaitent se trouver un emploi parce que, comme dit l’un : « à rien faire, c’est plate » (25AL2NG1). Ils connaissent un peu mieux leurs goûts et leurs aptitudes, mais aussi ce qu’offre le marché du travail. La recherche d’emploi prend des connotations plus précises: œuvrer dans le milieu de la manutention et du transport en commun ; s’associer avec un "chum" pour partir une

entreprise d’infographie ; aller dans l’armée mais, pour un, ne pas savoir comment y arriver, ouvrir une résidence (foyer d’accueil) dans une autre ville (53BLN2G2).

Certains ne veulent pas d’emplois traditionnels. Ils veulent donc travailler à leur compte ou être le bras droit de quelqu’un dans les arts. S’ils obtiennent un emploi traditionnel, ils souhaiteraient que ce soit journaliste, photographe, dans les métiers du cinéma mais ils ne veulent pas retourner aux études pour y parvenir. Une interviewée espère ainsi qu’un "chum" va lui trouver un emploi après le programme Jeunes en action (11BC2OF1). Une autre veut un emploi à temps partiel, sinon elle devra abandonner ses études (7BC1OF1).

Dans la description des projets, les manières de faire se précisent : faire une première tournée comme humoriste (être le premier punk à arriver à Juste pour rire) (19BC2NG1). Pour celui qui rêve de voyages : réparer des bateaux (30BC3OG1). Pour l’autre qui est en train d’écrire un livre, en faire un projet à temps plein étant donné que cela fait trois ans qu’il fait des brouillons (25AL2NG1).

Certains n’ont pas encore de projets précis parce qu’ils n’ont pas de diplôme, qu’ils sont encore aux études ou en thérapie. Quelques-uns signalent certaines conditions qui leur permettraient d’entrer sur le marché du travail : avoir un permis de conduire, un emploi qui laisserait du temps libre pour faire son entraînement, trouver un emploi stable ce qui signifie un horaire du lundi au vendredi, faire d’abord un choix de carrière, pouvoir relancer un dernier emploi, suivre un cours pour être préposé aux bénéficiaires pendant ses études, avoir un encadrement qui lui donnerait du boulot.

D’autres en sont encore à l’étape de la définition de projet : peut-être aller en informatique, mais n’a pas terminé son secondaire ; cours dans un domaine, mais veut travailler dans un autre, se retrouver sur une liste d’attente.

À long terme, le régime de travail devient aussi plus précis : « mes vacances comme tout le monde » (14BL2OF1) ; pouvoir être à la maison quand l’enfant va arriver de l’école, une job avec un mois de vacances ; dans l’armée pour avoir un emploi stable, la sécurité d’emploi, de bonnes conditions de travail et de la discipline ; aller travailler dans un autre pays ; faire du travail de rue le soir.

Être son propre patron : « C’est moé le boss » (38BL2NG1). C’est un objectif qui se maintient, mais avec des contours plus précis : s’acheter des Blocs et y installer un atelier ; avoir un atelier d’ébénisterie. « Dans cinq ans, un camion, je vais m’en avoir sorti » (34AX2OG1).

Certains ne voient pas encore ce que représente l’avenir. Un a trop d’idées : il veut s’acheter un calepin pour prendre des notes (25AL2NG1).

3.5.3 PROJETS DES 25 À 29 ANS

C’est dans ce groupe d’âge où 15 des 18 interviewés ont répondu à la question de l’interviewer que les projets paraissent les plus flous et souvent les moins réalistes. À court terme, faire un autre stage, finir son cours, continuer des études même si on en a assez d’étudier, faire ce qu’on peut pour survivre, toujours être en recherche d’emploi. Un interviewé dira que c’est difficile de penser au futur quand il n’y a pas d’emploi.

Quelques-uns ont des projets plus concrets, fonder une fonderie avec d’autres, se placer en ébénisterie, écrire un roman, faire une enquête sur les gangs de rue, faire une attestation en sommellerie, passer un examen pour être constable spécial, mais aussi… rétablir sa santé.

Comme perspective à long terme, on retrouve dans ce groupe d’âge des individus qui ont une certaine crainte de l’avenir. Par exemple, un interviewé ne veut pas se faire de fausses attentes, un deuxième veut prendre de l’expérience avant de se partir en entreprise, un autre voudrait ouvrir un café avec sa compagne mais montre des hésitations ; vouloir débloquer son côté social mais sans être certain de s’inscrire dans un programme qui le permettra. Une autre voudrait avoir un bon travail et gagner beaucoup d’argent parce qu’elle a de la difficulté à gérer son budget. Pour un, c’est « maison, travail, famille » : « J’pas un gars compliqué » (56BR3OG2).

Les projets continuent, pour certains, d’être démesurés : travailler six mois sur un train, un avion ou un bateau de croisière, et être six mois ici ; enseigner après avoir fusionné son intérêt pour l’art et le côté spirituel tout en ayant une pratique artistique « à petite échelle ».

Un interviewé a un projet lié à l’âge : à 30 ans il aimerait "être placé" (30BC3OG1).