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Le projet de la réforme

Dans le document L’argumentation dans le débat télévisé (Page 128-138)

I. L’argumentation du présentateur du débat

2. Le projet de la réforme

Extrait concerné

1 AL- « […] alors des manquements sont constatés vous imaginez des lacunes qu’il faudrait à l’avenir combler pour essayer d’obtenir un fonctionnement correct on peut citer le double degré de

juridiction c’est-à-dire que toute personne déclarée coupable d’une infraction a le droit de faire examiner cette culpabilité par une juridiction supérieure on on verra tout à l’heure de quoi il il s’agit au juste autre aspect de cette réforme le jury populaire la pratique a démontré des limites devant le tribunal criminel précisément

pourquoi et puis la motivation du jugement on va en parler également autrement dit le justiciable a le droit de mieux

comprendre les raisons qui ont guidé le juge dans le choix de la sanction les aspects pratiques de la réforme qu’on va tenter en tous les cas d’expliquer ce soir avec nos invités pour mieux comprendre tout ce fonctionnement ».

Opinion présentée

La réforme du tribunal criminel est vraiment nécessaire (ainsi, est-il d’un grand intérêt d’aborder dans l’émission du jour le sujet de la réforme du tribunal criminel).

128 Eléments

provocateurs

Le souci médiatique de satisfaction des attentes du public, reflété par l’extrait ‘pourquoi le tribunal criminel’ (intervention 1) qui est une question réflexive montrant ce sur quoi le téléspectateur pourrait s’interroger, en apprenant le sujet du jour.

Argument(s) employé(s) (6 arguments)

Une présentation par qualification, une valeur et une autorité négative

‘AL’ communique le constat capital en raison duquel la réforme est envisagée : le tribunal criminel comprend ce qui est qualifié de ‘manquements’ ou de ‘lacunes’. Ces deux notions ont une connotation négative ; la seconde encore plus que la première. Ce qui explique la gradation de ces termes et l’interpellation exclamative du public par la formule ‘vous imaginez’.

L’animateur présente donc la situation de ce tribunal comme étant à la fois grave et intrigante. Il en donne également une image négative ; surtout lorsqu’il affirme la nécessité de dépasser ces lacunes pour obtenir un fonctionnement ‘correct’ (appel à une valeur) ; autrement dit, sans la réforme, le fonctionnement du tribunal criminel va demeurer ‘incorrect’.

Une présentation par amplification doublée d’une congérie et une valeur

Après avoir signalé l’existence de lacunes au niveau de ce tribunal (‘la synthèse’), ‘AL’ donne plus de ‘détails’ là-dessus (‘le double degré de juridiction’, ‘le jury populaire’ et ‘la motivation du jugement’).

Ceci correspond à la forme courante de l’amplification : synthèse + détails. Mais ces derniers sont à nouveau synthétisées, par leur mise en rapport à ‘un second tout’ : ‘les aspects pratiques de la réforme’, évoqué après les détails ; ce qui donne la forme de la congérie (détails + synthèse).

L’effet de cette présentation est appuyé par le recours à une valeur à forte représentation dans l’esprit social, celle de ‘droits de l’homme’ ; dans l’expression répétée ‘a le droit’. Détail qui montre l’importance qui y est accordée dans ce débat.

Réaction(s) L’intérêt manifesté par les invités du débat au thème du jour et aux divers détails abordés. Quant à la captation du public, nous n’en avons pour preuve que notre propre intérêt pour ce débat.

129

Commentaire

Cet acte d’argumentation montre la réalisation des finalités de captation et d’information, visées par le débat.

L’appel à l’esthétique du langage et aux émotions (choix et gradation des mots et formule exprimant la surprise et l’intrigue), ainsi que l’aspect alarmant de la présentation des choses (servant à indiquer la gravité de la situation), donnent d’emblée du tribunal criminel une image négative ; tandis qu’ils permettent d’accorder à la réforme une image positive, en la présentant comme nécessaire.

En fait, en mettant en avant l’idée de ‘droit du justiciable’, qui accentue encore l’image négative donnée de l’état lacunaire du tribunal criminel, et l’idée de besoin urgent de la réforme, A. Lahri fait part d’une présentation intéressante des sous-thèmes, susceptible de motiver les téléspectateurs à suivre le débat.

Acte d’argumentation 5

Extrait concerné

1 AL- « […] alors tout d’abord voyons je vous le disais le

fonctionnement de ce tribunal criminel le fonctionnement à l’heure actuelle c’est-à-dire sans l’application de la réforme Nawel Abada s’est rendue hier matin au niveau de la cour d’Alger pour réaliser son reportage elle a rencontré tous les praticiens du droit pour leur poser la question on revient juste après ».

Opinion présentée

Le reportage confirme l’état lacunaire du tribunal criminel et ainsi la nécessité de la réforme et l’intérêt du sujet du jour.

Eléments provocateurs

Le souci médiatique de satisfaction des attentes du public reflété, d’un côté, par l’extrait ‘pourquoi le tribunal criminel’ (intervention 1) qui est une question réflexive répondant aux interrogations supposées du téléspectateur ; et d’un autre côté, par le souci d’apporter des preuves et des justifications aux éléments importants qui viennent d’être présentés (souci de crédibilité).

130 Argument(s)

employé(s) (3 arguments)

Une présentation par expolition

‘AL’ annonce l’apport d’une preuve importante et concrète de la réalité lacunaire du tribunal criminel, pour que le public réalise la nécessité de la réforme : il s’agit du ‘reportage’ prévu par les organisateurs de l’émission. Il utilise ‘une expolition’ pour indiquer ce qui va y être montré (‘le fonctionnement de ce tribunal criminel’, ‘le fonctionnement à l’heure actuelle’, ‘sans l’application de la réforme’). Ces trois indications réfèrent à la même chose, mais ont une valeur explicative et attractive (insistance). Le téléspectateur peut alors être amené à se représenter mentalement l’état du fonctionnement du tribunal criminel ‘après l’application de la réforme’ et confronter cette représentation à ce qu’il voit devant lui dans le reportage. Ce qui pourrait justement l’inciter à reconnaitre la nécessité de la réforme.

Deux autorités externes (d’une personne et d’un groupe)

‘AL’ donne au public davantage d’informations sur la preuve ou le reportage en question :

Il est réalisé par Nawel Abada (une journaliste de l’émission) et fait ainsi office de ‘témoignage’ qui rend compte des manquements signalés au préalable par ‘AL’.

Il est aussi valorisé par l’évocation de certains détails : le tournage récent (‘hier matin’), l’importance du lieu (‘la cour d’Alger’), en plus du sérieux de l’investigation et la richesse de son apport, indiqués par les expressions ‘s’est rendue au’ et ‘a rencontré tous les praticiens du droit’.

Dans cette dernière, l’appel à l’autorité du groupe confère de la crédibilité et plus d’impact aux témoignages qui vont être communiqués.

Réaction(s) -La diffusion du reportage.

-Intervention 3 : juste après la diffusion du reportage, l’animateur répète les détails qu’il a déjà donnés lorsqu’il l’a annoncé ; ce qui montre leur importance dans la valorisation du reportage en question.

-L’intérêt manifesté par les invités, tout au long du débat, aux points abordés dans le reportage. Quant à la captation du public, nous n’en avons pour preuve que notre propre intérêt pour ce débat en particulier.

Commentaire

Cet acte d’argumentation permet de voir la réalisation des objectifs de crédibilité, de captation et d’actualité du débat, à travers les détails donnés, les répétitions et l’apport de preuves par le reportage. Ce dernier est alors valorisé ; une image positive en est

131 donnée (de même que du projet de réforme), contrairement au tribunal criminel dans son état lacunaire.

Acte d’argumentation 6

Extrait concerné

29 AL- « d’accord alors facteur temps d’un côté la prise de corps et puis euh un peu la lourdeur autour de de de du fonctionnement du tribunal criminel voilà un peu les maîtres-mots qu’on [dégage de ce premier 30 DB- [ce que j’aurais voulu vraiment dire […]

AL- tour de table Djamel Bouzertini ».

Opinion présentée

‘Le facteur temps’, ‘la prise de corps’ et ‘la lourdeur du fonctionnement du tribunal criminel’, sont des points importants à retenir.

Eléments provocateurs

-Les précédentes interventions des invités où ils ont parlé de ces points, comme l’intervention 23 de ‘AB’ et 26 de ‘MB’.

Argument(s) employé(s) (1 argument)

Une présentation par qualifiaction

‘AL’ synthétise les principaux sous-thèmes abordés jusque là par les invités du débat et les qualifie de ‘maitres-mots’ dégagés du premier tour de table.

Ceci rend compte de la tâche d’organisation assumée par l’animateur. En effet, mettre en exergue ces points permet, d’un côté, de faire un bilan après les diverses interventions des invités et ainsi de faire progresser le débat de manière claire et organisée ; et de l’autre, d’attirer l’attention sur ces sous-thèmes qui viennent s’ajouter à ceux prévus par l’émission et annoncés dans la première intervention du présentateur, à savoir : ‘le double degré de juridiction’, ‘le jury populaire’ et ‘la motivation du jugement’.

Cette initiative a donc aussi une finalité de captation et aide le public à bien suivre le débat.

Remarque

‘Le facteur temps’ et ‘la lourdeur du fonctionnement du tribunal criminel’ peuvent constituer un même sous-thème car ils expriment un rapport de ‘cause/conséquence’. Le fait que ‘AL’ les cite séparément peut alors indiquer l’improvisation de cette synthèse. D’autant plus que si ces deux points ont été montrés dans le reportage, ‘la prise de corps’ est un point qui n’a été annoncé ni

132 dans sa première intervention, ni dans le reportage.

Réaction(s) -Intervention 30 : ‘DB’ parle encore de ces trois points ; mais ‘AL’ l’interrompe quand il évoque la question de ‘la prise de corps’ et lui signale que ce point sera abordé ultérieurement dans le débat.

Cette réaction de l’animateur peut signifier que cette question est d’un grand intérêt (on la remet à plus tard pour mieux la traiter) ; ou alors, que ‘AL’ souhaite simplement suivre le plan de progression initialement prévu au débat et éviter de le perturber par des improvisations.

Commentaire

L’acte d’argumentation que nous venons de présenter, rend compte des rôles d’animateur et de journaliste assumés par A. Lahri. Celui-ci veille à l’organisation et au bon déroulement du débat, en même temps qu’il cherche à intéresser le public. En fait, nous pouvons parler d’une méthode ou manière de procéder, adoptée par A. Lahri à cet effet : il réalise, de temps à autre, une synthèse ou bilan des principaux points abordés. Ceci permet, en plus, de mettre en exergue les sous-thèmes du débat et d’en montrer l’importance.

Acte d’argumentation 7

Extrait concerné

303 AL- « d’accord alors précisons Djamel Bouzertini que tout ce qu’on a abordé depuis le début de l’émission toutes ces mesures tous ces points de la réforme ne sont toujours pas appliqués que c’est des idées c’est-à-dire là vous êtes en train de proposer le centre de recherche juridique et judiciaire est en train de proposer un certain nombre de de de de points à revoir une réforme c’est bien cela [donc 304 DB- [c’est bien cela

AL- au jour d’aujourd’hui rien n’est appliqué ».

Opinion présentée

Les points ciblés par la réforme ne sont encore que des propositions (qui n’ont pas encore été appliquées).

133 Eléments

provocateurs

-Tous les points ciblés par la réforme, abordés dans le débat.

Argument(s) employé(s) (1 argument)

Une autorité externe

Dans son intervention, ‘AL’ sollicite la confirmation de ‘DB’, concernant le fait que les points ciblés par la réforme n’aient pas encore été appliqués.

En fait, l’animateur est probablement déjà certain de cela, mais il souhaite que le responsable du centre de recherche juridique et judiciaire le certifie au public, et surtout, qu’il apporte des informations sur l’avancement du projet (qu’il dise où en est la réforme).

Réaction(s) -Intervention 304 : ‘DB’ confirme les propos de l’animateur.

-Intervention 305 : ‘DB’ parle de ce qui a été accompli par le centre qu’il dirige et fournit également des informations sur l’évolution du projet de réforme.

Commentaire

A travers cet acte d’argumentation, nous pouvons encore voir comment l’animateur incite les interlocuteurs subtilement à fournir les informations souhaitées : par les mêmes propos, il demande à D. Bouzertini, directement, une confirmation d’information et, indirectement, plus d’informations sur le sujet de la réforme. Ainsi, accomplit-il son rôle d’animateur, comme celui de journaliste chargé de veiller à l’apport d’un contenu informationnel riche et détaillé pour satisfaire les attentes du public.

Nous constatons également l’implication des invités dans leurs réponses. En effet, D. Bouzertinirépond aux deux demandes d’A. Lahri et fournit donc la confirmation et les informations souhaitées.

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Acte d’argumentation 8

Extrait concerné

316 AL- « alors je je terminerai par cette question c’est un peu l’urgence des urgences nous avons magistrats et avocats avec nous ce soir sur ce plateau qu’est-ce que chacun d’entre vous pense de l’urgence des urgences par quoi doit-on commencer le plus rapidement possible si on veut arranger le fonctionnement de ce tribunal criminel Miloud Brahimi [on terminera là-dessus

317 MB- [(pour moi) […] ».

Opinion présentée

-Parmi les recommandations du projet de réforme, il yen a forcément une qu’il est important d’appliquer rapidement et en premier lieu, pour arranger le fonctionnement du tribunal criminel.

Eléments provocateurs

- Les différentes interventions autour des points ciblés par la réforme et abordés dans le débat.

Argument(s) employé(s) (3 arguments)

Une présentation par qualification et une opinion commune

Afin d’inciter les invités à désigner parmi les recommandations du projet de réforme, celle qui leur parait la plus urgente – malgré qu’elles soient toutes importantes –, il la qualifie d’une manière attractive ; à travers une formule commune : ‘l’urgence des urgences’.

Une autorité externe

Toujours en vue d’inciter les débateurs à indiquer ce qui leur parait constituer ‘l’urgence des urgences’, en plus de valoriser leurs avis devant les téléspectateurs, ‘AL’ rappelle à ces derniers que ceux qui vont répondre à cette ultime question sont des autorités qualifiées dans le domaine : ‘des magistrats et des avocats’.

Réaction(s) -Interventions 317, 319, 322, 325, 327 et 330 : les réponses des invités sont inattendues (ils ne désignent pas forcément une ‘urgence des urgences’), mais satisfaisantes ; tel que le montrent les réactions de l’animateur.

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Commentaire

Dans ce dernier acte d’argumentation d’A. Lahri dans le débat, nous pouvons encore relever des indices de la réalisation de son double rôle : d’un côté, il s’adresse au public et, de l’autre, il prend soin de valoriser les invités et leurs opinions (il donne d’eux une bonne image).

Les participants ne répondent pas tout à fait comme le souhaite A. Lahri (en indiquant un point, en particulier, qui constitue l’urgence des urgences). Cependant, l’animateur se montre satisfait de leurs réponses (réaction positive face à des réponses inattendues).

Bilan : Thème du ‘projet de la réforme’

Tableau : Identification et nombre des arguments employés

- Le nombre total des arguments employés par le présentateur dans le débat est de 30

(100 %), et celui des arguments employés autour de ce thème est de 14 (46,66 %).

Arguments Nombre et pourcentage Autorité personnelle 0 Autorité externe 3 (10 %) Autorité de l’auditoire 1 (3,33 %) Autorité négative 1 (3,33 %) Valeurs 2 (6,66 %) Lieux 0 Opinions communes 1 (3,33 %) Définition 0 Présentation par qualification 3 (10 %) Présentation par comparaison 0 Présentation par amplification 2 (6,66 %)

136 Présentation par expolition 1 (3,33 %) Présentation par chiasme 0 Présentation par argument de la toute puissance 0 Association 0 Dissociation 0 Argument quasi logique 0 Métaphore 0 Analogie 0 Exemple 0 Total 14 (46,66 %)

Tableau : Genres et nombre des arguments employés

Arguments raisonnables Arguments raisonnables à tendance persuasive Arguments persuasifs Arguments persuasifs à tendance de contrainte Arguments contraignants A. Lahri 0 3 (10 %) 3 (10 %) 5 (16,66 %) 3 (10 %) Commentaire

Nous constatons que le thème général du ‘projet de la réforme’ a suscité l’emploi de plusieurs arguments dont, essentiellement, l’autorité externe (argument persuasif à tendance de contrainte) et ‘la qualification’ (argument persuasif).

Ceci montre l’intérêt qu’A. Lahri accorde à ce thème (en rend compte l’emploi des valeurs, par exemple) car son rôle le pousse à devoir le présenter de manière intéressante, aux invités du débat et aux téléspectateurs, à la fois. D’ailleurs, en plus de ‘la qualification’, il a recours à d’autres arguments qui ont une finalité de présentation et d’explication, en même temps que d’attractivité, tels que ‘l’amplification’ et ‘l’expolition’.

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3. La prise de corps

Dans le document L’argumentation dans le débat télévisé (Page 128-138)