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Chapitre 2 L’éducation dans l’état de Rio et les projets de coopération éducative en développement

2.3. La coopération éducative

2.3.2. Les projets de coopération éducative

2.3.2.2. Un projet pilote en amont : formation en français au collège de São Gonçalo

2.3.2.2.1. Un projet municipal

Afin de recruter les futurs candidats du lycée, il a fallu faire part de cette nouvelle opportunité d’orientation aux collégiens. Ainsi, les municipalités ont été chargées d’informer leurs élèves de la possibilité de présenter le concours d’entrée du lycée bilingue.

C’est ainsi que la municipalité de São Gonçalo, voisine de celle de Niteroi a manifesté son désir de participer à un projet de coopération éducative afin d’introduire de manière durable l’enseignement du français au sein de leur commune et d’offrir par la même occasion une initiation au français pour les élèves qui souhaiteraient intégrer le lycée bilingue de Niteroi. São Gonçalo est la deuxième municipalité la plus peuplée de l’état de Rio, avec plus d’un million d’habitants (en grande partie issus de classes populaires48

). Elle se situe à 20 km de la ville de Rio de Janeiro, du côté oriental de la baie de Guanabara. Suite à divers contacts avec l’ACPF du SCAC de Rio, une convention entre les deux parties a été signée pour la mise en place d’une formation en français avec une orientation sciences.

2.3.2.2.2. La commande de stage

La commande de formation a été formulée de la sorte : « mettre en place un cours de français langue étrangère incluant des séances liées à la DNL SVT, destiné à des élèves de collège n’ayant jamais étudié le français ». L’établissement sélectionné par la mairie pour la mise en place de ce projet est le collège « Ernani Farias » du fait de sa proximité géographique avec le nouveau lycée. En effet, il parait logique de préparer les élèves des établissements limitrophes qui souhaiteraient intégrer la nouvelle section bilingue.

Dans le cadre de ma participation à la mise en place de ce projet pilote, j’ai été chargée d’établir ce programme de formation. Je n’ai pas reçu d’instructions particulières du demandeur (la municipalité de São Gonçalo) au sujet des contenus à enseigner et il m’a été confirmé que j’étais libre concernant la conception du programme. La priorité étant de susciter l’intérêt des apprenants pour l’apprentissage de la langue française et de leur offrir une opportunité supplémentaire pour se préparer à leur poursuite d’études. En accord avec

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l’ACPF, nous avons convenu que je m’appuierai sur la progression linguistique de la méthode Adosphère49 A1. Cependant, les cours et tout particulièrement les séances de FLE/DNL seraient conçus sur mesure pour répondre aux besoins de ce public spécifique. N’étant pas spécialiste en sciences et vie de la terre, il m’a paru important de préciser au commanditaire que la formation serait axée davantage sur les compétences linguistiques nécessaires pour suivre cette DNL en L2 que sur le contenu disciplinaire dont les objectifs resteraient très modestes.

Le projet expérimental a démarré dans un premier temps avec deux groupes classe : un groupe de 8e année (correspondant à la classe de quatrième en France) et un groupe de 9e année (correspondant à la classe de troisième). Comme pour le lycée bilingue, le nombre d’élèves par classe a été fixé à 24, afin d’assurer de bonnes conditions d’enseignement. L’ensemble des élèves de 8e

et de 9e années ont été informés de la possibilité de s’inscrire au cours. La direction a reçu plus de 60 demandes pour 48 places et la sélection finale a dû se dérouler grâce à un tirage au sort effectué parmi les postulants.

Il faut savoir que pour les élèves de ce collège public, l’accès à une formation en français gratuite, au sein de leur établissement est une opportunité qui ne leur avait jamais été proposée jusqu’à présent. D’après la direction de l’établissement, la plupart des jeunes collégiens sont issus de familles nombreuses ayant des revenus très modestes. Leurs parents n’ont pas les moyens de leur offrir une formation en dehors de l’enseignement prodigué dans leur établissement. De plus, cela permet de prolonger le temps passé au collège et de se rapprocher de l’enseignement dit « intégral ». En effet, de nombreux jeunes quittent l’école pour s’engager dans des activités illicites et on espère que par le biais de nouveaux projets motivants développés au sein de leur école, ils prendront davantage conscience de l’importance de l’éduction pour leur avenir.

Un deuxième volet de la commande de stage, qui ne fera pas l’objet d’une analyse dans ce mémoire, concerne des cours de FOS destinés aux fonctionnaires du Secrétariat d’état à l’éducation (SEEDUC) de Rio de Janeiro que j’ai encadré du 21 novembre 2013 au 21 juillet 2014. Les cours se sont déroulés dans les locaux du siège de la SEEDUC, situés dans le quartier de Santo Cristo à Rio.

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Ce cours offert à la SEEDUC a pour origine un accord établi entre celle-ci et le consulat général de France de Rio. L’objectif étant d’assurer une formation en langue française au personnel ayant des contacts avec les institutions françaises dans le cadre de leur travail, notamment, ceux qui travaillent sur le projet pilote du lycée bilingue français/portugais inauguré en février 2014 à Niteroi.

2.3.2.2.3. Réflexion vers la problématique

Apres avoir pris connaissance de cette commande de stage, j’ai pu m’entretenir avec ma référente, l’ACPF du consulat de Rio. Cela m’a permis d’avoir une idée plus précise de la mission qui m’était confiée et des difficultés que je pourrais rencontrer. En partant du constat suivant : l’enseignement du français n’étant pas répandu dans le système public de l’état de Rio, les apprenants qui souhaitent intégrer une section bilingue au niveau du lycée n’y sont pas préparés. De cette remarque se sont profilées plusieurs interrogations sur la démarche à adopter, les outils à privilégier et les données à analyser pour concevoir une formation adaptée. Cela m’a permis de dégager la problématique centrale. L’objectif sera donc de faciliter l’intégration de futurs lycéens dans la première section bilingue publique du pays. J’ai réfléchi à ce qu’il était possible de mettre en place pour parvenir à cet objectif aussi bien sur le plan pédagogique que méthodologique. Il y a une demande, un public déterminé ce qui implique des besoins spécifiques. Cette réflexion m’a amenée à me tourner vers la démarche FOS. Sachant que malgré certaines divergences, la démarche serait applicable dans un contexte d’enseignement bilingue. Dans ce cas, la formation a lieu en amont de la section bilingue et auprès d’un public débutant. Je tacherai d’évaluer l’efficacité et les limites de l’usage de cet outil dans ce contexte.

Ainsi, mon travail s’est articulé entre la participation à la mise en place de la section bilingue et les derniers ajustements avec les responsables français et brésiliens, les cours pour le SEEDUC, et enfin, la conception et la mise en œuvre d’une démarche d’ingénierie de la formation pour concevoir un programme de cours destiné aux apprenants du collège. Avant d’aller plus loin dans l’analyse de cette situation, il me semble important d’exposer, dans la partie suivante les éléments théoriques mobilisés pour cette étude.

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Partie 2 - Cadre théorique : la démarche FOS