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Chapitre 6 Synthèse et analyse des données collectées

6.3. Méthodologie de la collecte de données

6.3.2. Les observations de classes

Pour compléter mon corpus de données, je souhaitais également effectuer des observations de classe. Avec l’accord des deux enseignantes de SVT, j’ai pu assister à deux séances différentes. Les deux cours correspondaient à « des ateliers scientifiques61 » composés de deux séances de deux fois cinquante minutes puisque les classes étaient partagées en deux groupes. Le cours du 23 mai 2014 servira notre analyse car son observation m’a fourni des informations importantes pour cette étude.

Afin d’effectuer une description la plus précise possible des classes observées, j’ai utilisé une grille d’observation, réalisée à partir des travaux de Braz (2007) et de Cicurel (2011). Cette grille est partagée en plusieurs catégories : les pratiques pédagogiques, la description des taches et la classification des discours pédagogiques. En revanche, sur le moment, j’ai

61C’est ainsi que sont nommées les séances de travaux pratiques en demi-groupes dans le programme des enseignements de SVT du

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préféré prendre des notes de façon linéaire, afin de mieux suivre le déroulement chronologique du cours. J’ai donc rempli la grille à la suite de l’observation. Elle permet principalement de classifier les types de discours qui prennent place dans un cours de DNL. Elle tient compte de plusieurs paramètres : la gestion de l’erreur et l’alternance des langues (sous quelles formes l’enseignant les met en œuvre) et les types de discours de classe (discours de scolarisation : consignes, reformulations, discours spécifique à la discipline : lexique, structures).

Le cours62 du 23/05 avait pour thématique l’équilibre alimentaire, la première activité consistant à observer le graphique de l’indice de masse corporelle (IMC) en fonction de l’âge. La tache finale avait pour but de calculer les IMC de plusieurs personnes et de les situer sur le graphique, puis de proposer une correction des habitudes de vie (décrites pour chaque personnage) pour une alimentation plus saine.

En règle générale, le type d’interaction de la séance est constitué par des échanges entre l’enseignante et les apprenants. L’enseignante pose des questions et les apprenants répondent. Il y a très peu d’interactions entre pairs.

Pendant la séance, je remarque que l’enseignante utilise essentiellement un discours extra- disciplinaire, d’accompagnement pédagogique avec des consignes, des répétitions, des reformulations et des références au matériel scolaire.

Tu peux écrire la date au tableau / on commence par le jour / écris un peu plus gros / Allez on sort ses affaires / hier, vous avez reçu un document / vous avez complété le tableau la dernière fois / est ce que vous pouvez me donner un exemple / qu’est ce que ça veut dire ? / voila, c’est ça / Regardez, on en est là / vous rajoutez ça s’il vous plait ? / Est-ce que quelqu’un peut m’expliquer ? / vous m’écoutez ? / vous prenez des notes ? / tu as noté ce qu’il y au tableau / faites passer les documents / observez le graphique /vous avez 3 min pour étudier la courbe / c’est à vous de parler / vous l’avez déjà vu ça / à quel endroit, ou ça ? est ce que tu peux lire ? / tu veux lire la question ?/ aller on y va, vous calculez/ à la maison, pour la semaine prochaine, pour jeudi prochain / d’accord ? c’est compris ? 63

62Grille d’observation en annexe 4. 63

J’ai choisi d’effectuer la transcription orthographique de certaines phrases sans utiliser les conventions de transcription pour ne pas complexifier la lecture et parce que je me suis intéressée aux contenus des discours et non à la prosodie.

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A celui-ci s’ajoutent le lexique spécifique ainsi que les structures langagières propres à la discipline. Ici, le discours disciplinaire est principalement constitué par du lexique, comme par exemple : la sédentarité, l’obésité, les aliments riches en fer, les troubles du comportement alimentaire, l’indice de masse corporelle, etc

J’observe également de quelle manière s’articule l’alternance des langues au cours de la séance. La microaltermance a lieu, d’une part, lorsque les apprenants répondent aux questionnements en portugais, quand l’enseignante valide la réponse, elle leur demande de la reformuler en français. En cas de besoin, elle leur vient en aide, en donnant elle-même une partie de la réponse ou en demandant aux autres apprenants de le faire. D’autre part, l’alternance a une fonction d’acquisition du lexique : Qu’est ce que c’est « dont », c’est

incluso / Peso ça se dit « poids ». Falta c’est « manque ». « Ca fait plusieurs fois qu’on le

dit, il faut le noter ».

L’enseignante a également recours à la langue maternelle des apprenants pour éviter une confusion. Si après plusieurs reformulations, un élève dit « je n’ai pas compris », elle explique de nouveau en portugais.

En ce qui concerne le traitement de l’erreur, il se fait de façon positive. L’enseignante essaye d’inciter les apprenants à parler : « mais si, tu sais », « c’est pas grave, on essaye », « c’est presque pareil en français », « non, c’est pas difficile ».

De fait, il est important d’apporter un soin particulier au traitement de l’erreur. En effet, lorsqu’un apprenant prend la parole devant la classe, il prend un risque. D’autant plus avec un public adolescent pour qui, comme chacun sait, le regard des autres est très important. En effet, des expressions décourageantes ou impatientes de l’enseignant ainsi que les réactions du groupe classe pourraient avoir un effet démoralisant immuable. Dans certains cas, le fait de manifester des encouragements même si la réponse contient des erreurs pourra permettre de stimuler les apprenants. Comme le dit Vigner (2011), il convient de faire la différence entre les erreurs qui portent sur des éléments de détail et celles qui posent des problèmes de compréhension.

Lors d’une observation de classe, il n’est pas possible de tout étudier et le but est de savoir trier quelles informations serviront le mieux l’analyse en question. Pour ma part, j’ai porté une attention particulière aux discours de classe car ils feront partie des objectifs pédagogiques du programme de formation. Au niveau des savoir-faire langagiers, j’ai constaté que le plus urgent pour les futurs élèves de lycée sera d’acquérir la compétence de

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scolarisation décrite par Magiante (2010). Pour cela, il me semble essentiel de mettre l’accent sur ce type de discours durant le cours de français. En effet, la compréhension des consignes, des reformulations, du lexique de la scolarisation sera nécessaire pour avoir accès aux contenus disciplinaires. On pourra procéder à un travail de repérage de ces différents types de discours afin de les travailler avec les apprenants pendant le cours de langue. Cela permettra de cibler les situations langagières auxquelles les élèves devront réellement faire face au sein d’un cursus bilingue, pour qu’ils soient en mesure de maitriser une discipline tout en s’enrichissant d’un autre mode de pensée à travers une langue étrangère.

Observer les pratiques de classe a été un bon moyen de comprendre le fonctionnement d’un cours de SVT en français au sein du lycée bilingue. Ayant passé peu de temps au lycée car je donnais mes cours dans d’autres établissements, je n’ai pu observer qu’une toute petite partie des pratiques pédagogiques des enseignantes de SVT.

J’ai pu confirmer certaines informations obtenues au cours des entretiens. En effet, les objectifs de la séance étaient modestes et les thèmes choisis facilitaient la discussion. Dans la séance à laquelle j’ai assisté, les élèves avaient déjà réfléchi sur le thème de l’équilibre alimentaire lors de la séance précédente et avaient commencé à faire le lien avec la fréquence des activités sportives pratiquées. Il s’agissait ensuite de comprendre et savoir calculer l’indice de masse corporelle (IMC).

J’ai enregistré l’audio des séances à l’aide d’un dictaphone. Toutefois, on peut entendre l’enseignante mais les prises de paroles des apprenants sont inaudibles. Il aurait été intéressant de filmer les séances pour pouvoir étudier l’attitude des élèves, appréhender le rythme de la classe, mais je ne voulais pas perturber davantage le cours, ni mettre les enseignants et les élèves dans une position inconfortable. De plus, le fait d’être filmé peut fausser les comportements et les rendre moins naturels.