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Chapitre 2 L’éducation dans l’état de Rio et les projets de coopération éducative en développement

2.3. La coopération éducative

2.3.1. Contexte de stage

Mon stage professionnel de master 2 s’inscrit dans le cadre du programme de bourses FLE du MAEDI. J’ai été sélectionnée, pour un poste d’une durée de 9 mois au sein du service de coopération et d’action culturelle (SCAC), au consulat de France à Rio de Janeiro.

2.3.1.1. Le service de coopération et d’action culturelle (SCAC)

Le SCAC43 au Brésil se trouve à l’ambassade de France à Brasilia (district fédéral). Il est dirigé par le conseiller de coopération et d’action culturelle (COCAC) qui pilote et coordonne l’ensemble des actions de coopération et d’action culturelle. Cependant, au Brésil, contrairement à d’autres pays ou une seule structure gère l’ensemble du territoire, le service du SCAC dispose de cinq autres antennes présentes dans les consulats de France à São Paulo, Belo Horizonte, Recife, Salvador et Rio de Janeiro. Cela permet aux attachés en

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Source : site internet de l’ambassade de France au Brésil : www.ambafrance-br.org

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Source : site internet du MAEDI : www.diplomatie.gouv.fr

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poste au sein des consulats de définir les priorités au niveau local et de conserver une large autonomie dans la mise en œuvre des actions et de la répartition du budget.

Le SCAC du consulat de France à Rio est administré par l’attaché de coopération et d’action culturelle (ACAC) qui supervise deux départements :

- la coopération linguistique et éducative, mise en œuvre par l’attaché de coopération pour le français ;

- la coopération scientifique et technique conduite par l’attachée scientifique.

Les deux autres départements du SCAC sont situés à Rio (car la ville est restée capitale culturelle) mais dépendent directement de l’ambassade à Brasilia :

- l’audiovisuel (l’attaché audiovisuel gère la diffusion du catalogue de films français) ;

- le bureau du livre (coordonne l’ensemble des médiathèques françaises au Brésil).

J’effectue mon stage sous la direction de l’attachée de coopération pour le français (ACPF), Anne Ricordel, dont le rôle est de promouvoir la diffusion de la langue française ainsi que les partenariats et les échanges éducatifs, universitaires et scolaires entre la France et le Brésil. En résumé, les missions de l’ACPF sont les suivantes :

- l’accompagnement institutionnel des établissements enseignant le français ; - le soutien à la recherche en linguistique, didactique et littérature ;

- la formation des enseignants (accompagnement à la formation continue des enseignants de français, à l’obtention de certifications) ;

- la coordination de projets innovants (notamment, le projet du lycée bilingue francophone dans le cadre du partenariat entre le secrétariat d’état à l’éducation et l’académie de Créteil et le projet de diffusion de l’enseignement du français dans la municipalité de São Gonçalo).

2.3.1.2. Entretien avec l’attachée de coopération pour le français (ACPF)

L’ACPF du consulat de France à Rio, Anne Ricordel, a pris ses fonctions en septembre 2010, à peu près en même temps que le secrétaire d’état à l’éducation de l’état de Rio, Wilson Risolia. Elle a suivi et coordonné le déroulement du projet du lycée bilingue dans son ensemble, c’est pourquoi il m’a paru essentiel de lui poser quelques questions au cours

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d’un entretien le 14 mai 2014. Cet entretien44, d’une durée de 45 minutes environ, m’a

permis d’obtenir des informations plus précises sur les projets de coopération éducative en question dans cette étude.

Nous allons revenir sur certaines questions principales, notamment concernant le contexte institutionnel et politique de ce projet.

Comme chaque année, le gouvernement brésilien publie les résultats en matière d’éducation, grâce à l’indice de développement de l’éducation de base (IDEB). En 2010, l’état de Rio se retrouve avant dernier au classement, derrière tous les autres états, sauf celui du Piauí qui est le plus pauvre du territoire. Le nouveau secrétaire d’état à l’éducation a donc pour mission de mettre en œuvre des réformes permettant à l’état de remonter dans le classement.

Entre temps, l’académie de Créteil contacte le SCAC de Rio pour proposer leur collaboration dans un projet de coopération éducative avec le Brésil. Une réunion entre les trois instances est alors organisée et le recteur de Créteil, l’ACPF et le secrétaire d’état de l’éducation de Rio décident de travailler ensemble autour d’un projet commun.

Le gouvernement de Rio dispose d’ores et déjà d’un modèle, le programme « Dupla Escola 45», et au départ il est question d’un éventuel partenariat avec des entreprises françaises dans le cadre d’un partenariat public-privé. Cependant, cela ne fonctionne pas et les trois parties prennent la décision de mettre en place un partenariat public-public entre les institutions française et brésiliennes. L’ACPF présente alors au secrétaire d’état le modèle des sections internationales. Il est séduit par l’idée de créer une nouvelle école qui serait la première section bilingue publique du pays et confirme que le modèle serait transposable au programme Dupla Escola. C’est la naissance du projet du lycée public bilingue français/portugais.

En ce qui concerne le projet pédagogique, le tronc commun serait donc constitué par les matières du programme commun brésilien et la partie spécifique par l’apprentissage plus poussé de la langue française et l’enseignement d’une discipline non linguistique (DNL) en français.

Les partenaires ont choisi les SVT comme DNL du cursus spécifique, avec deux modalités : des cours et des ateliers. Cette discipline a été désignée pour plusieurs raisons,

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Voir la transcription en annexe 1

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Dupla escola est un programme d’enseignement à temps plein à deux volets : enseignement général plus enseignement spécifique( Cf. Chapitre 1, partie 2)

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d’une part l’académie de Créteil avait dans l’idée de mettre en place un projet sur le thème de la biodiversité ayant pour objectif de mettre en relation des établissements scolaires du second degré d’origines différentes, d’autre part en pensant à la poursuite d’étude des apprenants et aux nombreux programmes de mobilité mis en place dans le cadre de la coopération scientifique, mais aussi pour démontrer que la langue française véhicule aussi la modernité, les sciences exactes, la biologie et l’avenir, comme l’indique l’ACPF :

Nous avons souhaité que ce soit des sciences pour permettre de sortir d’une représentation figée de ce qu’est la France au Brésil : On est toujours liés à cette image « la France pays d’histoire, la France pays de culture », et bien sûr tout cela est fort juste mais nous souhaitions aussi montrer que les compétences scientifiques concernant les grands domaines de réflexion actuels comme l’environnement et le développement durable pouvaient être abordées en langue française. On permet ainsi à des jeunes d’acquérir des compétences spécifiques qui ne sont pas comprises dans leurs programmes brésiliens, en français, et aussi de modifier leur appréhension de ce que véhicule la langue française.

Une autre question m’a paru primordiale dans cet entretien, elle concerne les compétences langagières préalables des apprenants en français pour intégrer une section bilingue au niveau de la classe de seconde. L’ACPF répond qu’étant donné que l’enseignement du français dans les structures de niveau collège est quasiment inexistant, il n’était pas possible d’exiger un niveau minimal des apprenants en français. Ainsi, les partenaires ont fait l’hypothèse que les apprenants n’auraient pas besoin de compétences préalables en français et qu’ils commenceraient cet apprentissage au niveau débutant.

Alors notre pari au départ, c’est qu’ils n’avaient pas besoin de compétences langagières préalables, ce qui est totalement contraire à ce que tout le monde pense. On a longtemps entendu que tant qu’on n’avait pas un niveau B1 on ne pouvait pas s’intéresser à de vrais contenus.

A terme, l’ACPF précise que l’objectif est bien de développer l’enseignement du français en amont et que l’idéal serait que les apprenants intègrent l’établissement avec le niveau A2. C’est pourquoi, un projet pilote d’introduction de l’enseignement du français est actuellement mis en œuvre dans la municipalité de São Gonçalo (projet correspondant à la commande de stage qui sera développée ultérieurement cf. 2.3.2.2.2.).

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