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au rayon r180m, d´efini comme la limite dans laquelle la densit´e moyenne de l’amas

est ´egale `a 180 fois la densit´e moyenne d’arri`ere-plan ΩM(z)ρc(z). Cette m´ethode

requi`ert n´eanmoins de connaˆıte ΩM(z) et donc la valeur des param`etres cosmolo-

giques.

Dans la majeure partie des ´etudes d’amas de galaxies, les auteurs utilisent une approche plus simple en se pla¸cant `a un contraste de densit´e fixe quelque soit le

redshif t de l’amas et calculent la masse de celui-ci dans le rayon Rtel que M∆= 4

3πR 3

∆ρc(z). Les ´echelles les plus pris´ees sont ∆ = 200 et ∆ = 500, soit des valeurs

bien plus petites que le contraste de densit´e viriel (δvir- 100 en z=0 pour un Univers

ΛCDM). L’int´erˆet principal est qu’il est plus facile d’´etudier les propri´etes des amas dans des r´egions de densit´e plus contrast´ee par rapport `a la densit´e d’arri`ere-plan. On peut n´eanmoins remarquer qu’avec cette approche, la masse int´egr´ee dans le rayon R∆ correspondra `a diff´erentes fractions de la masse virielle de l’amas selon le redshif t de celui-ci puisque δvirn’est pas constant dans le mod`ele d’Univers ΛCDM.

Cela peut donc se r´ev´eler probl´ematique lors de l’´etude de la fonction de masse des amas qui fait intervenir a priori la masse ”totale”.

Dans la suite du manuscrit, le rayon R200 sera assimil´e au rayon viriel, sauf si la

diff´erence est explicitement notifi´ee. Il en sera donc de mˆeme pour la masse virielle qui sera associ´ee `a M200.

2.4

Profils de masse

2.4.1

Sph`ere isotherme

Jusqu’`a pr´esent, nous avons suppos´e que les perturbations qui s’effondrent pour cr´eer des halos ´etaient de densit´e constante, mˆeme une fois virialis´ees (mod`ele ”top- hat”). On s’attend n´eanmoins `a ce que ces halos aient des profils de densit´e non constants. En effet, l’observation de galaxies au sein d’amas r´ev`ele que celles-ci ont une dispersion de vitesse relativement constante avec la distance au centre de l’amas, impliquant un profil de densit´e massique ρ ∝ r−2. Le mod`ele analytique le

plus simple reproduisant ce comportement est la sph`ere isotherme singuli`ere (SIS par la suite), pour laquelle la dispersion de vitesses σv est constante et isotrope en

tout point. Sa densit´e s’exprime (Binney & Tremaine 1987) :

ρ(r) = σ 2

v

2πGr2 (2.35)

Bien qu’incomplet car divergeant lin´eairement avec le rayon, M ∝ r, ce mod`ele est utile pour estimer analytiquement les diff´erentes propri´et´es d’un amas, de la mˆeme mani`ere que pour le cas de la sph`ere uniforme du mod`ele ”top-hat”.

Il est possible d’´etendre le mod`ele SIS `a des sph`eres tronqu´ees pour avoir une masse totale finie et avec rayon de coeur afin d’´eviter la divergence centrale. Cette classe de mod`eles a ´et´e ´etudi´ee en d´etails par Shapiro et al. (1999). Ils montrent notamment qu’il existe une solution unique de ces mod`eles de masse qui r´ealise l’effondrement sph´erique d’´energie minimale.

2.4.2

NFW

Bien que les profils de type sph`ere isotherme avec leur densit´e ρ ∝ r−2 repro-

duisent la distribution observ´ee de la dispersion de vitesse des galaxies dans les amas, ils ne permettent pas de retrouver la distribution en luminosit´e de celles-ci. Si l’on suppose en effet que la lumi`ere trace la masse, alors on s’attend `a ce que les halos aient un profil de densit´e moins piqu´e au centre, typiquement ρ ∝ r−1 et plus pentu

loin du centre, ρ ∝ rα<−2. A l’´echelle des galaxies, des simulations num´eriques `a

N corps `a haute r´esolution (Dubinski & Carlberg 1991) montrent que le profil de densit´e correspond au profil de Hernquist (Hernquist 1990) avec une pente α =−4

pour la partie `a large distance du centre.

Une autre s´erie de simulations num´eriques `a haute r´esolution (Navarro et al. 1995, 1996, 1997) a r´ev´el´e l’´emergence d’un profil de densit´e unique, capable d’ajuster avec pr´ecision les profils simul´es sur 2 ordres de grandeurs en rayon et ce pour une masse du halo couvrant 4 ordres de grandeurs, allant des galaxies naines aux amas riches. Ce profil, appel´e NFW du nom de ses d´ecouvreurs, se caract´erise par une densit´e :

ρ(r) = ρcδc

(r/rs)(1 + r/rs)2

(2.36) o`u ρc = 3H2/8πG est la densit´e critique de l’Univers. rs est un rayon d’´echelle pour

lequel la pente logarithmique du profi de densit´e vaut ∂ ln ρ/∂ ln r =−2, et t´emoigne du passage de la partie douce du profil `a sa partie plus pentue. δc est une densit´e

caract´eristique sans dimension qui sert `a normaliser le profil.

Le rayon d’´echelle est reli´e au rayon viriel par la concentration du halo, c = R200/rs,

elle-mˆeme reli´ee `a la densit´e δc par (expression obtenue simplement par la condition

/ V200ρdV = M200) : δc = 200 3 c3 ln(1 + c)− c 1+c (2.37) On peut donc re´ecrire le profil de densit´e par :

ρr =

200ρc

(cr/r200)(1 + cr/r200)2

f (c) (2.38)

Ce profil est donc proportionnel au contraste de densit´e d´eduit du mod`ele d’effon- drement sph´erique. Il se param´etrise par une normalisation, M200 ou R200 et par un

param`etre de forme, la concentration c. Si on suppose une seule et mˆeme concen- tration pour tous les halos ind´ependamment de leur masse ou de leur redshif t, on retrouve bien l’hypoth`ese de similarit´e selon laquelle ils doivent ˆetre identique du point de vue morphologique, la seule ´echelle en jeu ´etant la masse du halo.

Cependant il est assez intuitif de voir que cette hypoth`ese est fausse si l’on consid`ere que la densit´e caract´eristique δc ”enregistre” les propri´et´es de l’Univers (sa densit´e)

au moment de la cr´eation du halo. Dans le cadre de la formation hi´erarchique des structures, les objets de plus petite masse se forment les premiers, `a une ´epoque o`u la densit´e de l’Univers est plus grande. On s’attend donc `a ce qu’ils aient un δc plus

important et donc une concentration plus grande.

Bien que ne repr´esentant pas de mani`ere formelle les processus physiques sous- jacents, il est commode d’exprimer la d´ependance de la concentration avec la masse

2.4. PROFILS DE MASSE 33 et le redshif t sous la forme

c(M, z) = A ' M Mpiv. (B (1 + z)C (2.39)

La caract´erisation pr´ecise de cette relation a fait l’objet de nombreuses ´etudes, tant bas´ees sur des simulations num´eriques `a N corps d’´evolution d’un champ de den- sit´e de mati`ere noire que sur des observations. Elle d´epend en effet des propri´et´es cosmologiques de l’Univers (par exemple Dolag et al. (2004)) et donc repr´esente un important test pour infirmer ou non le paradigme ΛCDM et contraindre les mod`eles de formation/´evolution des structures.

Certaines ´etudes utilisent diff´erentes param´etrisations de la relation c(M, z) `a ajuster aux r´esultats. Ces variantes sont dues `a diff´erentes prescriptions concernant l’´epoque de virialisation d’un halo (Duffy et al. 2008). En g´en´eral, C est fix´e `a -1 ce qui peut se justifier si on suppose que la densit´e caract´eristique δc du mod`ele NFW est

repr´esentative de la densit´e critique de l’Univers au moment de la formation du halo (Bullock et al. (2001) par exemple).

La d´ependance avec la masse reste quant `a elle consistente d’une ´etude `a l’autre et en accord avec B < 0 (Navarro et al. 1997; Bullock et al. 2001; Dolag et al. 2004; Neto et al. 2007; Duffy et al. 2008).

Une caract´erisation observationnelle pr´ecise de cette relation reste difficile, notam- ment pour ce qui est de la d´etermination de la concentration qui peut ˆetre forte- ment biais´ee par des effets de projection. Citons n´eanmoins les r´esultats de Buote et al. (2007) et leur contraintes bas´ees sur l’observation X de 39 objets couvrant une large gamme de masses, des galaxies aux amas. Ils obtiennent une pente B =

−0.172 ± 0.026, soit une valeur incompatible `a 6.6σ avec 0, r´esultat en accord

avec les pr´edictions du mod`ele ΛCDM obtenues par les diff´erentes ´etudes cit´ees pr´ec´edemment.

2.4.3

Profil de densit´e ”universel” ?

Le profil NFW r´eussit avec succ`es `a ajuster les densit´es d’un grand nombre de halos issus de diff´erentes simulations num´eriques `a N corps de mˆeme r´esolution (Cole & Lacey 1996; Huss et al. 1999). Cependant, `a mesure que la pr´ecision de ces simulations augmente, de l´eg`eres mais syst´ematiques inconsistances entre le profil NFW et le profil moyen des halos simul´es ont ´et´e mises en lumi`ere (Moore et al. 1999; Ghigna et al. 2000; Fukushige & Makino 1997, 2001, 2003). Ceci est notamment vrai dans la partie interne du profil avec une tendance pour le mod`ele NFW `a sous- estimer la masse contenue dans le rayon d’´echelle rs (Fukushige & Makino 2001).

Cela remet en question la valeur de la pente du profil dans cette zone et donc la validit´e du mod`ele NFW.

Ce dernier n’est en r´ealit´e qu’un cas particulier d’une classe de mod`eles plus g´en´erale dont la densit´e s’exprime :

ρ(r)∝ r−p(r + rs)p−q (2.40)

o`u p caract´erise la pente interne du profil, q la partie externe et rs le rayon au niveau

−(p + q)/2.

Le profil NFW repr´esente donc le cas particulier (p, q) = (1, 3), le profil de Moore et al. (1999) (p, q) = (1.5, 3), celui de Rasia et al. (2004) (p, q) = (1, 2.5). De mani`ere g´en´erale, les valeurs de p et q sont typiquement 1 < p < 1.5 et 2.5 < q < 3, mˆeme si certains travaux sugg`erent une pente plus douce que ρ∝ r−1 (Subramanian et al.

2000; Taylor & Navarro 2001; Ricotti 2003).

Ces consid´erations traduisent les difficult´es `a simuler proprement la zone centrale des halos qui requiert un grand nombre de particules et une grande pr´ecision tem- porelle. Il en r´esulte que la plupart des ´etudes mentionn´ees ci-dessus sont en r´ealit´e inad´equates pour une ´etude fine de la zone centrale des halos de mati`ere noire. Cela est d’autant plus vrai que la physique des baryons n’est g´en´eralement pas prise en compte. Mˆeme si ces derniers ne repr´esentent qu’une petite fraction de la masse to- tale, les processus non gravitationnels associ´es `a cette composante introduisent une brisure de l’auto-similarit´e dans le coeur des amas. Il n’en reste pas moins que ces diff´erentes simulations soul`event `a juste titre la question de l’existence d’un profil de masse r´eellement universel.

Jing & Suto (2000) ont ´etudi´e la question d’un profil universel et en arrivent `a la conclusion que la pente du profil de densit´e, `a une fraction du rayon viriel fixe, s’ac- centue pour les halos de plus petite masse. Autrement dit, le profil qu’ils obtiennent est diff´erent selon l’´echelle de masse consid´er´ee avec un profil plus pentu pour les galaxies que pour les amas, a priori en contradiction avec l’universalit´e suppos´ee des halos. D’un autre cˆot´e, Klypin et al. (2001) r´efutent leur ´etude en avan¸cant l’ar- gument que cette tendance syst´ematique n’est que le reflet de la d´ependance de la masse du halo avec sa densit´e caract´eristique, un effet similaire `a l’existence d’une relation masse-concentration.

Navarro et al. (2004) ont analys´e un ensemble de 19 halos simul´es `a haute r´esolution, group´es en 3 cat´egories de masses, les halos ”nains” (M200 ∼ 1010h−1M"), les halos

”galactiques” (M200 ∼ 1012h−1M") et les halos ”amas” (M200 ∼ 1015h−1M"), le tout

dans une cosmologie ΛCDM standard. Il ressort de leur ´etude que :

– de la mˆeme mani`ere que Jing & Suto (2000), la pente logarithmique du profil de densit´e dans la partie la plus interne est incompatible avec le mod`ele NFW (voir figure 2.3) et ils observent ´egalement une d´ependance avec la masse du halo consid´er´e. La pente mesur´ee au niveau du rayon r´esolu le plus proche du centre β(rmin) (=-1 pour le profil NFW, -1.5 pour le profil de Moore, -2 pour

une SIS) varie de β ∼ −1.1 pour les amas `a β ∼ −1.2 pour les galaxies et

β ∼ −1.35 pour les halos nains. Cela laisse sugg´erer que les halos n’ont pas de

coeur de densit´e constante bien d´efini. La densit´e de mati`ere noire augmen- tant de mani`ere graduelle vers le centre (les halos sont dit cuspy), ce qui reste incompatible avec les observations et donc constitue un challenge du mod`ele ΛCDM du point de vue des simulations.

– en exprimant le profil de densit´e non pas en fraction de R200 mais par rap-

port `a r−2 le rayon pour lequel la pente logarithmique vaut -2, le caract`ere

similaire de la forme des profils est plus probant. En effet, du fait de la rela- tion c(M ), R200 n’est pas une ´echelle ind´ependante de la masse contrairement

2.4. PROFILS DE MASSE 35

Fig. 2.3: Profils de densit´e exprim´es par leur pente logarithmique en fonction du rayon. 3 gammes de masses sont repr´esent´ees ici, avec en rouge les halos nains, en vert les halos galactiques et en bleu les halos de type amas de galaxies. Malgr´e une certaine dispersion, notamment pour les amas, les profils sont bien d´ecrits par le mod`ele NFW (courbe noire) dans les r´egions externes. Lorsqu’on s’approche du centre, on constate que le mod`ele NFW ainsi que le mod`ele de Moore (pointill´es) n’ajustent plus correctement les profils simul´es qui se situent entre ces 2 mod`eles analytiques. Les halos simul´es ont des profils de densit´e qui correspondent plus `a un profil Einasto avec α = 0.17, courbes en tirets-points-tirets (voir texte pour plus de d´etails). Figure issue de Navarro et al. (2004).

d’interpr´etation de Jing & Suto (2000) et l’absence d’un profil universel. Ils montrent que les profils de densit´e moy´en´es circulairement sont approxima- tivement identiques en forme, avec de tr`es rares cas qui d´epassent le profil moyen de 50%. Ils obtiennent des r´esultats similaires pour les profils de masse exprim´es en fonction de la vitesse circulaire V2 = GM/R normalis´es par la

vitesse maximale Vmax et le rayon correspondant Rmax.

– les halos simul´es ont des densit´es centrales incompatibles avec les mod`eles, avec par exemple un exc`es de mati`ere noire par rapport au profil NFW dans la r´egion inf´erieure `a r−2. Cependant, ces diff´erences restent faibles : le meilleur ajustement NFW arrive `a reproduire le profil de vitesse circulaire avec une pr´ecision sup´erieure `a 10% jusqu’`a des rayons d’environ 0.5% de R200.

– la variation de la pente logarithmique β(r) en direction du centre est plus graduelle que celle du profil NFW classique. Ils traduisent cette d´ependance sous la forme d’une loi de puissance, β(r) = 2(r/r−2)α, et utilisent un nouveau

profil de densit´e bien plus efficace pour ajuster de mani`ere pr´ecise les parties internes des halos simul´es. Ce profil dit ”Einasto (Einasto 1965) se caract´erise

par une denist´e : ln ' ρ(r) ρ−2 ( =2 α !' r r−2 (α − 1 " (2.41) D’autres ´etudes plus r´ecentes obtiennent des r´esultats similaires `a partir de simula- tions num´eriques `a haute r´esolution bas´ees, en majorit´e, uniquement sur l’´evolution d’un champ de densit´e de mati`ere noire et donc sans tenir compte de la physique des baryons. Par exemple Merritt et al. (2006); Gao et al. (2008); Hayashi & White (2008); Navarro et al. (2010) utilisent ´egalement le mod`ele Einsato pour caract´eriser les profils de densit´e de leur halos simul´es et trouvent une d´ependance du param`etre

α avec la masse, mettant ainsi `a mal leur caract`ere auto-similaire dans les zones

centrales.

Au final, il faudra retenir que le mod`ele NFW est suffisamment pr´ecis pour l’´etude des amas de galaxies. La r´egion probl´ematique reste trop centrale pour avoir une quelconque influence sur les caract´eristiques g´en´erales des amas. Je me restreindrai donc par la suite au mod`ele NFW classique.