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Au cours de l’enquête HSA, tous les aidants identifiés n’ont pas été enquêtés :

- soit parce qu’ils n’entraient dans le champ des personnes à enquêter (notamment, les moins de 15 ans) (fiches aidants classées HC ou ENF)

- soit pour des raisons liées aux conditions de déroulement des enquêtes HSM et HSA. Ceci concerne les fiches aidants classées « ANE » et « NT2 » :

1 ANE : Au début de l’enquête, les responsables ont craint que le nombre d’aidants dépasse les 5000 prévus dans le financement et ont demandé aux enquêteurs de « geler », pour une partie des cas, les adresses d’aidants, c’est-à- dire de ne pas enquêter ces aidants ; quelques semaines plus tard est arrivée la consigne de « dégeler » les adresses, qui n’a pas toujours été suivie, les enquêteurs jugeant difficile de changer de stratégie en cours d’enquête et de retourner voir des personnes qu’ils n’avaient pas sollicité dans un premier temps (ces personnes sont classées « Aidants non enquêtés », ANE)

1 NT2 : fiches « non traitées » : nous ne savons pas exactement pourquoi ces fiches n’ont pas été traitées (pour des raisons de calendrier de l’enquête ?). Cela reste un point à vérifier.

- soit pour diverses raisons qui tiennent davantage de la « relation d’enquête » et peuvent inclure des formes d’évitement/refus de l’enquête soit de la part de la personne HSM protégeant les aidants, soit de la part des aidants : coordonnées inconnues (ANC), numéro de téléphone erroné (TLF), impossibilité de joindre le ménage (IAJ), refus (REF), inaptitude à répondre (IMP), individu se déclarant non aidant (AHC).

On s’intéresse ici uniquement aux blocages relevant de cette dernière série de raisons, qui nous permettent de raisonner sur la « circulation » des enquêteurs dans les entourages.

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Si l’on regarde conjointement l’opération d’identification des aidants (HSM) et la circulation de l’enquêteur auprès de ceux-ci (HSA), se distinguent trois comportements face à l’enquête :

- le profil, minoritaire, des enquêteurs n’ayant identifié aucun aidant (10% des enquêteurs)

- 40 % des enquêteurs ont identifié des aidants qui ont tous été enquêtés, hors-champ ou classés « ANE » (profil : « aidants tous enquêtés »)

- la moitié des enquêteurs ont identifié des aidants qui n'ont pas été tous enquêtés, hors- champ ou « ANE », c'est-à-dire des aidants auprès desquels l'enquête a connu des blocages relevant de la relation d’enquête et de l’engagement des personnes rencontrées dans l’enquête (profil : « aidants pas tous enquêtés »)

Cette distinction entre trois groupes d'enquêteurs est liée à d'autres différences de comportements d’enquête, comme le montre le tableau suivant.

Tableau 4 : Trois comportements d’enquête

Groupe 1- « Aucun aidant » Les enquêteurs qui ne trouvent aucun aidant

Groupe 2-

« Aidants tous enquêtés » Les enquêteurs qui trouvent des aidants tous enquêtés, hors champ ou ANE

Groupe 3-

« Aidants pas tous enquêtés » Les enquêteurs qui trouvent des aidants dont certains ne sont ni hors-champ ni ANE et pourtant non enquêtés

Moyenne des taux d’enquête (nb d’enquêtes/nb de FA)

67,3 % 82,7 % 81,6 %

Moyenne des nb d’aidants par cas

0 0,23 0,37 Nb moyen de FA par enquêteur 24,5 39,4 45,4 Effectif du groupe d’enquêteur 65 255 315

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L'absence d'identification d'aidant par les enquêteurs du premier groupe semble liée de façon générale à une moindre efficacité dans les négociations d'enquête : ils ont un « taux d’enquête » moyen nettement plus faible que les enquêteurs des deux autres groupes.

Les deux autres groupes se distinguent entre eux par la façon d'enchaîner l'identification des aidants et l'enquête auprès d'eux. Les enquêteurs du troisième groupe identifient en moyenne davantage d’aidants par cas que les enquêteurs du deuxième groupe. On peut faire l'hypothèse que les enquêteurs du deuxième groupe opèrent une forme de présélection des aidants les plus impliqués (voire s'en tiennent aux personnes déjà rencontrées lors de la passation de HSM au domicile de l'aidé, aidants cohabitants et proxy) ce qui explique qu'ils n'aient pas de refus de la part de ces derniers.

Les enquêteurs du troisième groupe sont les seuls qui adoptent ce qui était probablement le comportement « attendu » des concepteurs de l'enquête : identifier des aidants de façon large17, éventuellement au-delà des proxys et des cohabitants, et essayer ensuite de les rencontrer quitte à s'exposer à un refus de leur part18.

Dans la mesure où ces différences sont liées au nombre de fiches-adresses reçues par enquêteur (les enquêteurs du groupe 3 avaient en moyenne plus de fiches adresses que ceux du groupe 2 qui avaient eux-mêmes en moyenne plus de fiches-adresses que ceux du groupe 1), on peut avoir en tête deux hypothèses : un effet d’apprentissage de l’enquête (la négociation des adresses et la circulation de l’enquêteur est mieux maîtrisée au bout de plusieurs cas) ou bien un effet de sélection des enquêteurs les plus performants ou les plus expérimentés par les gestionnaires de l’enquête). Les enquêtes HSM-HSA étaient-elles perçues comme des enquêtes particulièrement difficiles justifiant une telle sélection (sachant que la plupart des enquêteurs étaient mobilisés en même temps par d’autres enquêtes) ? Les situations nouvelles de négociation des adresses ont-elles fait l’objet d’un apprentissage ? Il est difficile de trancher avec les seuls entretiens dont nous disposons. En revanche, l’expérience de négociation des adresses en tant qu’ethnographe nous laisse à penser que s’acquièrent en réalisant le travail de terrain des techniques spécifiques pour ces négociations.

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17 Il s'agit sans doute de ceux qui ont insisté de la façon la plus équilibrée sur tous les termes de la question

d'identification des aidants, depuis les formes d'aide matérielles les plus lourdes et les plus quotidiennes aux formes de « soutien moral ». Rappel de l'intitulé de la question : « GAIDFAM. Y-a-t-il des personnes (famille,

amis,…) non professionnelles qui vous aident régulièrement pour accomplir certaines tâches de la vie quotidienne ( ménage, repas, toilette, présence, …), ou qui vous aident financièrement, ou matériellement ou bien encore qui vous apportent un soutien moral en raison d’un problème de santé ou d’un handicap, et y compris les personnes qui vivent avec vous? »

18 Ce tableau qui laisse de côté la question des ANE montre bien qu’il y a eu des comportements différenciés des

enquêteurs, au-delà du fait qu’ils aient été confrontés ou non (et qu’ils aient réagi diversement) à la consigne de contacter des personnes pour lesquelles il avait été annoncé que l’adresse ne serait pas utilisée.

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Des

profils

sociologiques

différenciés

derrière

ces

profils