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2.3 Construction des ´etats endommag´es localis´es

2.3.2 Profil d’endommagement

`

A l’´etat d’endommagement α0 on fait correspondre l’´etat de contrainte σ0 et le temps de chargement t0 d’o`u a lieu la localisation et donn´es par (2.29) et (2.30). Toutes les localisations construites `a partir de ce point de bifurcation d´ependront implicitement de ce point de d´epart et donc des quantit´es α0, σ0 et t0. Pour ´eviter d’alourdir les notations on n’y fera donc pas r´ef´erence explicitement. Le temps ´etant fix´e dans la construction des ´etats localis´es, on enl`eve l’indice t dans toutes les quantit´es qui d´ependent du temps pour simplifier la pr´esentation. Soit alors σ∈ (0, σM) l’´etat de contrainte (homog`ene) de la structure etSi une zone de localisation diff´erente de [0, L]. Selon que la localisation apparaˆısse `a l’int´erieur du domaine ou au bord, on modifie l´eg`erement les notations :

– si Si ⊂ (0, L) alors on pose Si= (xi− Di, xi+ Di) o`u xi est le centre de la localisation et 2Di la taille du support,

– si 0∈ Si alors on pose Si = (0, Di), – si L∈ Si alors on pose Si= (L− Di, L),

Puisque le crit`ere est suppos´e ˆetre atteint dans chaque zone de localisation, on a

− σ2S(α) + 2w(α)− 2E02α′′= 0 sur (xi− Di, xi+ Di). (2.41) La zone Si est suppos´ee ˆetre en contact avec une zone de d´echarge ´elastique ayant ´et´e endom-mag´ee `a la valeur α0. Par continuit´e du champ d’endommagement et de sa d´eriv´ee spatiale, on a dans le cas o`u Si = (xi− Di, xi+ Di)

α(xi± Di) = α0, α(xi± Di) = 0, (2.42)

ou siSi = (0, Di) (on d´eduit les mˆeme conditions pour la demi-localisation en x = L),

En multipliant (2.41) par α puis en int´egrant selon x sur Si, on aboutit `a l’int´egrale premi`ere

− σ2S(α) + 2w(α)− E02α′2= C sur Si, (2.44) o`u C est une constante. En utilisant les conditions de raccord avec la zone de d´echarge ´elastique (2.42) ou (2.43), on obtient que (2.44) peut se mettre sous la forme

2α(x)2= H(σ, α(x)) dans Si (2.45)

avec

E0H(σ, β) := 2 (w(β)− w(α0))− σ2(S(β)− S(α0)) pour β∈ [α0, 1). (2.46) La r´esolution de cette int´egrale peut se faire dans l’espace des phases. Cela n´ecessite une ana-lyse fine au pr´ealable des propri´et´es de H et en particulier de ses variations par rapport `a l’endommagement. En d´erivant (2.46) par rapport `a β, on trouve que

E0∂H

∂β(σ, β) = 2w

(β)− σ2S(β).

En vertu de l’Hypoth`ese2.1et l’Hypoth`ese2.4, du fait de l’adoucissement du mat´eriau pour des valeur d’endommagement sup´erieures `a αM, on est assur´e respectivement de la stricte positivit´e de w et de la d´ecroissance de β 7→ 1 − σ2w2S(β)(β) de 1− σ202 `a −∞ lorsque β croˆıt de α0 `a 1. On en d´eduit que H est d’abord croissante depuis 0 puis d´ecroissante jusqu’`a −∞. De ce fait, il existe une unique valeur positive de β qu’on appelle ¯α(σ) en laquelle H s’annule :

H(σ, ¯α(σ)) = 0, α0< ¯α(σ) < 1. (2.47)

¯

α(σ) correspond `a la valeur maximale que peut prendre l’endommagement pour cet ´etat de contrainte σ. On distingue `a nouveau la localisation `a l’int´erieur de la barre de la demi-localisation au bord du domaine :

– Si la localisation a lieu `a l’int´erieur de la barre i.e. xi ∈ (0, L) alors l’endommagement croˆıt depuis la valeur α0 en xi− Di jusqu’`a atteindre la valeur ¯α(σ) au centre du pustule en xi puis red´ecroˆıt jusqu’`a la valeur α0 en xi+ Di.

– Dans le cas o`u la localisation part depuis le bord gauche (resp. droit) du domaine, l’en-dommagement d´ecroit (resp. croˆıt) depuis la valeur ¯α(σ) (resp. α0) jusqu’`a la valeur α0 (resp. ¯α(σ)).

On remarque que ¯α(σ) d´epend uniquement de la contrainte σ. Elle satisfait la propri´et´e de monotonie suivante :

de la contrainte). Lorsque σ d´ecroˆıt de σ0 `a 0, ¯α(σ) croˆıt de α0 `a 1.

D´emonstration. Soit σ1 et σ2 deux contraintes telles que 0 < σ1 < σ2 ≤ σ0. Par d´efinition, nous avons 0 = H(σ1, ¯α(σ1)) = H(σ2, ¯α(σ2)) < H(σ1, ¯α(σ2)), o`u la derni`ere majoration vient de la stricte positivit´e de S. Par ailleurs, comme H(σ1, β) < 0 pour ¯α(σ1) < β < 1, on a ¯α(σ1) > ¯α(σ2). Ceci prouve la d´ecroissance de ¯α(σ). Puisque ∂H/∂β(σ0, β) < 0 du fait de l’adoucissement pour β > α0alors nous avons ¯α(σ0) = 0. Il reste `a montrer que limσ→0α(σ) = 1.¯ Comme ¯α(σ) est d´ecroissante et major´ee par 1, alors la limite existe. Si limσ→0α(σ) < 1, en¯ passant `a la limite on trouve 0 = H(0, limσ→0α(σ)) = 2w(lim¯ σ→0α(σ)) d’o`¯ u limσ→0α(σ) = 0,¯ ce qui est contradictoire. On a donc n´ecessairement limσ→0α(σ)) = 1.¯

La r´esolution de l’int´egrale premi`ere (2.41) pour obtenir le profil d’endommagement se fait de fa¸con implicite par s´eparation des variables d’espace x et d’endommagement α. Le r´esultat que l’on obtient est la d´ependance implicite de l’endommagement en fonction de l’abcisse. En effet en passant `a la racine carr´ee dans (2.45) on a

ℓα(x) =±pH(σ, α(x)), (2.48)

le signe d´ependant de la position du point sur la partie ascendante ou descendante de la locali-sation.

Propri´et´e 2.6 (Taille caract´eristique d’une localisation). En ayant bifurqu´e `a partir d’un ´etat endommag´e uniform´ement `a la valeur α0, la taille d’une localisation pour une contrainte σ ≤ σ0 est 2D(σ) = 2ℓ Z α(σ)¯ α0 dβ pH(σ, β), (2.49)

tandis que pour une demi-localisation la taille du support est D(σ).

D´emonstration. Il suffit de s´eparer les d´ependance en x de celles en α et d’int´egrer tout le long de la localisation. Il faut n´eanmoins s’assurer que l’on est en droit d’int´egrer. C’est le cas pour σ ∈ (0, σ0). En effet H(σ, β) est ´equivalent `a ∂H∂β(σ, α0)(β − α0) lorsque β tend vers 0 et `a

∂H

∂β(σ, ¯α(σ))(β − ¯α(σ)) lorsque β tend vers ¯α(σ). Comme ∂H∂β(σ, α0) > 0 et ∂H∂β(σ, ¯α(σ)) pour σ ∈ (0, σ0), l’int´egrale est donc convergente.

La valeur (2.49) montre que toutes les localisations enti`eres (resp. demi-localisations) ont la mˆeme taille. Celle-ci est fix´ee par l’´etat de contrainte actuel σ et au point de bifurcation σ0. Le calcul nous rassure aussi quant `a la pertinence de la r´egularisation. En effet pour un ´etat de contrainte fix´e, la taille est proportionelle `a la longueur interne du mod`ele. La longueur interne ´etant fix´ee, on dissipe donc n´ecessairement de l’´energie lorsque la structure localise l’endommagement. C’est l`a une diff´erence majeure avec le mod`ele local pour lequel l’´energie

dissip´ee ´etait nulle (ce qu’on retrouve ici en faisant ℓ → 0). En faisant une ´etude fine des propri´et´es de la taille caract´eristique de la localisation, on obtient la

Propri´et´e 2.7 (D´ependance de la zone de localisation en fonction de la contrainte.). La taille D(σ) de la zone de localisation varie continˆument avec σ. Les valeurs aux extr´emit´es du chemin de localisation D(σ0) et D(0) = limσ↓0D(σ) sont finies et donn´ees pour un mat´eriau strictement adoucissant par

D(σ0) = πℓ s E0S0) S′′0)w0)− S0)w′′0), D(0) = ℓ Z 1 α0 s E0 2(w(α)− w(α0))dα. (2.50) La fonction (0, σ0) 7→ R; σ 7→ D(σ) n’est pas n´ecessairement d´ecroissante : sous r´eserve de r´egularit´e de la souplesse S et de la densit´e de dissipation w, la zone de localisation croˆıt au point de bifurcation si et seulement si l’in´egalit´e suivante est satisfaite

S′′0)S′′020− 2w′′0)> S0)S′′′002− 2w′′′0). (2.51) Si la localisation a lieu au point d’´echange entre le comportement durcissant et adoucissant au sens o`u S′′0)w0)− S0)w′′0) = 0 mais tel que S′′′02

0 − 2w′′′0) > 0 alors limσ↑σ0D(σ) = +∞.

D´emonstration. Voir AnnexeB

On d´eduit de la Propri´et´e 2.7 quelques remarques. Dans le cas d’un mat´eriau strictement adoucissant, il devient clair que seules des barres ayant une longueur suffisante afin de pouvoir ins´erer une localisation pourront emprunter ce chemin localis´e. Puisque pour une contrainte donn´ee toutes les localisations ont la mˆeme taille, on voit que la demi-localisation est celle qui prend le moins de place. Par ailleurs rien n’empˆeche d’imaginer pour des barres suffisamment grandes, de multiples localisations le long de celles-ci. D’autre part, si le mat´eriau pr´esente une phase durcissante avant de basculer dans une adoucissante on voit que la localisation ne pourra jamais intervenir au point d’´echange des ´ecrouissages puisque la taille de la localisation est infinie en ce point. L’hypoth`ese sur la d´eriv´ee troisi`eme S′′′002 − 2w′′′0) > 0 peut s’interprˆeter graphiquement dans le diagramme contrainte-d´eformation pour l’´etat homog`ene : elle signifie que la courbe est strictement concave au point d’´echange d’´ecrouissage durcissement-adoucissement.

On peut alors r´esumer la condition de bifurcation en termes d’effets d’´echelles

Corollaire 2.8 (Condition d’existence de bifurcation). Une bifurcation `a partir de l’en-dommagement homog`ene α0 en phase strictement adoucissante, faite de n localisations

(demi-enti`ere ou (demi-enti`eres) est possible si et seulement si la taille de la barre est telle que

L≥ 2n s

E0S02

S′′0)w0)− S0)w′′0)ℓ = 2nD(σ0). (2.52)

Concernant le centre xi d’une localisation, en supposant que la barre est assez grande, celui-ci peut donc ˆetre choisi librement dans l’ensemble [D(σ), L− D(σ)] ∪ {0, L}. Dans l’ouvert (0, D(σ))∪ (L − D(σ)), il n’est pas possible qu’une localisation enti`ere se d´eveloppe car celle-ci n’a pas assez de place.

Pour connaˆıtre enfin le profil de la localisation pour tout x∈ Si, on revient `a l’int´egrale premi`ere qu’on int`egre cette fois sur l’intervalle (x, xi) (ou (xi, x)),

|x − xi| = ℓ Z α(σ)¯

α(x)

pH(σ, β). (2.53)

Le champ d’endommagement localis´e est donc sym´etrique par rapport au centre xiet d´ecroissant continˆument de ¯α(σ) au centre `a α0 aux extr´emit´es. Cette formule est par ailleurs valable aussi pour une demi-localisation avec xi = 0 ou L. Enfin pour une contrainte donn´ee, le profil de localisation est ind´ependant du nombre de localisations. En revanche le nombre de localisations aura une influence sur le diagramme global contrainte-d´eformation moyenne comme le montrera la section suivante.

On pourrait penser que l’irr´eversibilit´e est naturellement assur´ee par le processus de construc-tion et qu’une condiconstruc-tion suffisante pour qu’une pustule puisse se d´evelopper enti`erement dans la barre sans toucher les bords serait d’imposer `a la taille finale limσ↓0D(σ) d’ˆetre inf´erieure `

a la taille de la barre L. Malheureusement, contrairement `a la valeur maximale σ 7→ ¯α(σ) at-teinte au centre de la localisation qui est une fonction monotone, la fonction σ 7→ D(σ) n’est pas n´ecessairement d´ecroissante. Dans la Propri´et´e 2.7, c’est une condition sur la loi d’endom-magement faisant intervenir des conditions du 3-`eme ordre qui nous assure la d´ecroissance de σ 7→ D(σ). Les conditions mat´eriaux telles que celles d’´ecrouissage ou d’adoucissement qu’on a utilis´ees jusqu’`a pr´esent ne font intervenir que des d´eriv´ees allant jusqu’au second ordre. Il faudrait donc un miracle pour que toutes les lois d’endommagement puissent satisfaire cette condition. Il suffit de prendre une loi particuli`ere pour vite d´echanter. Soit la loi d´efinie par i.e. E(α) = E0(1− α)2 et w(α) = σ02α/E0. Une application directe de la formule (2.51) montre que pour cette loi, la localisation se d´echarge au niveau de ses extr´emit´es d`es son apparition. Suivre continˆument l’´evolution de ce profil de localisation tel qu’il est construit revient `a violer la condition d’irr´eversibilit´e. Pour sortir de cette possible impasse, on donnera dans la Section