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Les soins cosmétiques sont complémentaires aux traitements du psoriasis. Ils réduisent la sensation d’inconfort et améliorent l’aspect esthétique de la peau, entraînant des répercussions positives sur la qualité de vie des patients atteints de psoriasis.

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1.

Soins hydratants/émollients cutanés

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Contrairement à la peau normale qui contient 70% d’eau, la plus grande partie de cette eau étant contenue dans le derme avec une petite partie se trouvant au niveau de l’épiderme en majorité à l’intérieur des cellules, la peau psoriasique est sèche, rugueuse, avec une couche cornée épaissie, ce qui perturbe les échanges cellulaires et explique que cette peau peine à retenir l’eau provoquant une déshydratation.

Ces produits cosmétiques présentent donc un intérêt certain dans le traitement du psoriasis pour hydrater la peau, apaiser le prurit et décaper les lésions. En effet, même s’ils ne sont pas remboursés, ils sont utiles lorsqu’il existe une sécheresse ou une irritation cutanée provoquée par d’autres traitements locaux (acide salicylique, réducteurs, vitamine D) et généraux (ACT) ou au cours de la photothérapie. Au cours de cette dernière indication, il ne faut pas les appliquer juste avant l’irradiation ultraviolette car ils augmentent la transparence de la couche cornée et peuvent être responsables d’un accident phototoxique. Leur intérêt réside dans la prévention du dessèchement de la peau, par l’apport de substances capables de capter l’eau et de la retenir (urée, acide lactique, aminoacides), et le maintien du film hydrolipidique cutané grâce aux agents anti- déshydratants (vaseline, cire d’abeille, céramides). L’hydratation cutanée qu’ils procurent freine d’environ 50% le renouvellement épidermique d’une plaque et prévient les risques de récidives.

Ce sont des formes galéniques plus ou moins grasses qui peuvent être appliquées plusieurs fois par jour, leur efficacité étant de courte durée. Au minimum, il est recommandé d’appliquer, après la douche sur une peau propre et légèrement humide, tous les matins un lait hydratant sur tout le corps et une crème hydratante riche sur le visage, et tous les soirs, des crèmes très riches doivent également être utilisées. Les crèmes et les laits pénètrent plus rapidement et ne laissent pas de film gras sur la peau, pouvant ainsi être utilisés sur tout le corps : crème Ictyane®, Trixérat®, lait Suppléance corps®, lait hydratant Psoriane Saint Gervais®. De même, les baumes, constitués uniquement d’une phase huileuse, sont utilisés sur les parties particulièrement sèches telles que les genoux, les coudes et les lèvres (Baume Lipikar®).

2.

Soins pour la toilette corporelle (visage, cuir chevelu, corps...)

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Pour la toilette du corps, il est conseillé de n’utiliser ni savons ni produits trop irritants ou gels douches trop décapants afin d’éviter le risque d’apparition du syndrome de Köebner. Il convient d’utiliser des pains dermatologiques, syndets (savons sans savon), gels, crèmes et huiles de douche hypoallergéniques (Lipikar® syndet, pain dermatologique au lait d’avoine, Exomega® gel moussant, Ictyane® crème de douche), les huiles associant des bases nettoyantes douces à des agents surgraissants, voire relipidants, qui renforcent le film protecteur cutané et favorisent l’hydratation des couches superficielles de la peau, répondant parfaitement au besoin de réconfort des peaux sèches à très sèches.

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Pour la toilette du visage et du cou, en cas de présence de lésions, il faut utiliser l’un des produits non agressifs vu précédemment, sachant qu’il peut être préconisé de n’utiliser que des eaux nettoyantes sans rinçage type Sensiphase® ou Hydrabio®, qui permettent d’éviter l’utilisation d’une eau pouvant être une source supplémentaire d’irritation pour la peau selon sa dureté, et de terminer par une pulvérisation généreuse d’eau thermale hydratante et apaisante, l’excédent d’eau étant éliminé, sans frotter, avec un mouchoir après une minute.

Pour le cuir chevelu, le recours à des shampoings traitants en traitement d’attaque peut être très utile pour décoller les squames et calmer les démangeaisons (Node K®, Kertyol pso®, Kerium®, Sensinol®). Ils s’appliquent au niveau de la racine des cheveux et nécessitent un temps de pose de 5 minutes, puis un rinçage abondant en évitant l’utilisation d’eau trop chaude. En alternance avec les shampoings traitants puis après disparition des lésions, un shampoing avec une base lavante douce sera privilégié pour soulager puis protéger le cuir chevelu, sachant qu’il faut limiter au maximum le nombre de shampoings par semaine.

Après la douche, il est fortement conseillé de sécher la peau non pas en la frottant vivement (risque d’irritation), mais en la tamponnant doucement avec une serviette.

3.

Kératolytiques

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Les squames qui couvrent les plaques psoriasiques deviennent fréquemment si épaisses et adhérentes qu’elles limitent l’absorption et l’efficacité des médicaments topiques, en particulier sur le cuir chevelu. Des agents kératolytiques comme l’acide salicylique, l’urée et l’acide lactique peuvent les éliminer. Ils peuvent être appliqués sur les plaques de psoriasis en même temps que d’autres médicaments topiques, en tenant compte des contre-indications potentielles entre les formes, ou séparément.

Des crèmes sans acide salicylique, enrichies en alpha hydroxy-acides (AHA) comme l’acide lactique, au pouvoir kératolytique, peuvent être utilisées (Ikériane® crème émolliente). L’acide salicylique est lui utilisé en préparation dans divers excipients gras (vaseline) ou en lotion durant quelques jours afin d’obtenir un décapage des lésions. Les concentrations d’acide salicylique varient de 2 à 10% en fonction du degré d’hyperkératose, de la surface à traiter et de l’âge de la maladie. Sur des surfaces limitées fortement kératosiques (kératodermie palmoplantaire), on utilise des concentrations d’acide salicylique de 5 à 10%. En cas d’utilisation sur des surfaces plus importantes, il est préférable de ne pas dépasser la concentration de 3% voire de 1% chez l’enfant, afin d’éviter l’absorption percutanée de l’acide salicylique qui peut engendrer une intoxication salicylée (polypnée, troubles de la conscience, acidose sanguine). De même, il est préférable de ne pas l’utiliser sur les muqueuses, au niveau des yeux ou sous un pansement occlusif. L’acide salicylique existe aussi en shampoing pour les patients atteints de psoriasis du cuir chevelu. Il peut être associé à d’autres principes actifs, en particulier les corticoïdes et l’anthranile dont il favorise la stabilité (l’anthraline s’oxyde à l’air libre). Enfin, l’urée, qui possède également des propriétés hydratantes de la couche cornée, est quant à elle généralement proposée à des concentrations de

143 10% ou plus (Akérat 30® émulsion).