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La présence du composé 74 issu de la transglycosylation, qui présente à la fois les caractéristiques d’une chaîne grasse et celle de groupements benzoyle sur un unique motif sucre, a été observée en analyse HMBC. Nous sommes encore en présence du produit de transglycosylation issu du transfert de la chaîne octyloxyle de l’accepteur sur le squelette du donneur. La configuration a été confirmée

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grâce à l’absence de constante de couplage entre H-1 et H-2, caractéristique des composés β furanosidiques

c) Disaccharides 68, 69, 70, 72 et 73

De la même manière que décrit pour les composés difluorés 59 et 60, des produits comportant un cycle pyranosidique ont été identifiés (tableau 8, entrées 1’et 2).

Nous avons observé que les déplacements chimiques des couples C,H anomères sont semblables pour les composés 59 à 63 à ceux de leurs équivalents monofluorés (68-70, 72, 73). On retrouve ainsi les mêmes caractéristiques RMN 13C et 1H pour la partie réductrice du disaccharide (a), les seuls changements significatifs entre 59 et 72 étant dus à la présence du groupement benzoyle en O-6b à la place de l’atome de fluor. Les protons H-5b sont déplacés vers les champs faibles (Δδ=0,5 ppm). Il en est de même pour les signaux de H-4b et H-3b, mais dans de moindres proportions, comme on peut le voir sur les spectres ci-dessous (figure 41, en rouge le composé 59 difluoré et en bleu 72 monofluoré).

Figure 41 : Superposition des spectres 1H des disaccharides dans CDCl3, en rouge le composé difluoré 59, en bleu le composé monofluoré 72

A la différence des composés difluorés, les disaccharides monofluorés entièrement sous forme furanosidique (68, 69, 70) n’ont pas pu être séparés les uns des autres. Le spectre de masse ainsi que les spectres RMN nous ont permis de trancher entre deux possibilités : (i) la présence de trisaccharides ou (ii) la présence de plusieurs disaccharides. Le spectre HRMS révèle un pic de m/z = 895,3315 correspondant à la masse [M+Na]+ d’un disaccharide, et la RMN confirme cette structure par la présence de trois doublets de 2JC,F environ égales à 170 Hz en 13C. Cela signifie que nous sommes en présence de trois groupements CH2F. Ainsi, nous avons obtenu un mélange de trois produits de couplage (1→2), (1→3) et (1→5). Malgré cette superposition de spectres, les résultats

H-5b H-3b

H-4b

H-5b

H-3b

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des analyses RMN 1H et 13C sont facilement exploitables. On peut voir sur la figure 42, le spectre RMN

1H du mélange des trois disaccharides, que les pics sont assez bien définis pour permettre une identification et une caractérisation des différents produits.

Figure 42 : Spectre 1H (CDCl3) du mélange des trois disaccharides monofluorés

Les six unités furanosidiques des trois disaccharides 68, 69, 70 ont été repérées via les déplacements chimiques de leur carbone et leur proton anomère dont les valeurs sont répertoriées dans le tableau 9. Les expériences COSY, HSQC et HMBC ont permis d’identifier chaque proton (figure 42) et carbone de chaque cycle. Enfin, l’analyse HMBC a également mis en évidence la régiosélectivité des liaisons glycosidiques. Les seules incertitudes restantes ont concerné les déplacements des C-5 (excepté pour le disaccharide (1→5) 70) et des C-6-H-6. En effet, les protons H-5 présentent des déplacements chimiques semblables, on a observé un multiplet de 4,12 à 4,09 ppm pour les entités réductrices (a)

H-1a 68 H-1a 69, 70 H-5b 68, 69, 70 H-1b 70 H-3b 69, 70 H-6a, H-6b 68, 69, 70 H-4a 68, 69, 70 H-1b 68 et 69 H-2b 68 H-2a 70 H-2a 68, H-4a 69 H-2a 69, H-3a 68, 69 H-5a 70 H-3,a 70, H-4a 68, H-5a 68, 69 H-4a 70 H-2b 69 H-2b 70 H-3b 68

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et un autre de 6,08 à 5,99 ppm pour les non réductrices (b), ce qui a limité l’identification des carbones C-5 avec le spectre HSQC. Les signaux de carbone ont donc été attribués en fonction de leurs intensités en posant l’hypothèse que les ratios observés en RMN 1H sont respectés en 13C (ratio 68/69/70 de 30:25:45). Ainsi, le pic le plus intense (δ=69,7 ppm) a été attribué au C-5b du composé 68 et le signal de plus faible intensité (δ=69,2 ppm) a été attribué au C-5b de 69. De la même façon, les protons H-6 se trouvent tous dans un multiplet très étendu (de 4,85 à 4,60 ppm) et nous n’avons pas pu les distinguer. Pour l’attribution des signaux des carbones, le choix de l’identification en lien avec l’intensité du signal en carbone a encore été retenu. Ainsi, les pics en RMN 13C les plus intenses ont été attribués aux C-6a et C-6b de 70 (63,5 et 83,6 ppm), les plus faibles aux C-6 de 69 (63,4 et 84,0 ppm) et les intermédiaires à ceux de 68 (63,3 et 83,7 ppm).

Tableau 9 : Récapitulatif des déplacements chimiques des protons et carbones anomères des disaccharides monofluorés 68 à 73

Composé 68 69 70 72 73

δ H-1 (ppm) 5.18 4.98 4.95 5.07 4.96

δ C-1 (ppm) 106.0 108.5 107.9 98.5 98.5

d) Trisaccharides

Les équivalents trisaccharidiques des composés multifluorés 58 et 64 ont également pu être observés en série monofluorée (71, 67). Cependant, si la purification ainsi que la caractérisation du produit comportant un résidu pyranosidique ont été aisées, le composé comportant trois cycles furanosidiques 67 n’a pas pu être isolé. Il est retrouvé dans un mélange contenant également les trois disaccharides possibles (68, 69 et 70). L’analyse HRMS a permis d’identifier le trisaccharide avec une valeur de [M+Na]+de 1473,4891 (valeur théorique de 1473.48884) et un signal de m/z avec z=2 de 748,2388 (valeur théorique de 748,23903). Cependant, l’échantillon est également constitué de disaccharides ([M+Na]+=895,3301). De plus, les spectres RMN sont trop semblables entre tri- et disaccharides pour pouvoir identifier spécifiquement les signaux de 67.

Le composé 71, comportant un cycle pyranosidique et deux cycles furanosidiques branchés en (1→2) et (1→3), a pu être isolé grâce à une purification sur colonne de gel de silice et les analyses RMN ont permis d’en faire une caractérisation complète en utilisant la même méthode que pour les autres composés.

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4)Discussion

a) Analyse d’ensemble des résultats

Tout au long de nos différentes tentatives de synthèse des disaccharides, nous avons été confrontés à la faible réactivité des donneurs et de l’accepteur de glycoside. Les rendements obtenus lors des réactions de glycosylation sont restés modérés et n’ont pas dépassé 50% (somme des rendements des oligosaccharides). Malgré la recherche d’une optimisation des conditions de la réaction (nature du donneur, température, quantité de promoteur, nature du solvant), les rendements n’ont pas varié de manière significative et sont restés de l’ordre de 5 à 10% par di- et trisaccharide. Deux sous-produits ont été formés en quantités non négligeables, le produit d’hydrolyse des donneurs (65 et 75) et le produit de transglycosylation (66 et 74). Cependant, la taille du cycle ainsi que la formation de sous-produits (66 et 74) ont pu être maitrisées. De plus, l’isomérisation de l’accepteur sous forme pyranose a posé des problèmes de reproductibilité des expériences.