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UNE PRODUCTION MIXTE DU MATÉRIEL VÉGÉTAL : PROJET ET PAYSANS

production et diffusion élargies

UNE PRODUCTION MIXTE DU MATÉRIEL VÉGÉTAL : PROJET ET PAYSANS

Dans l’hypothèse où la reprise du matériel mis en place par les paysans-volontaires est satisfaisante, on peut escompter une demande croissante en matériel végétal. Le projet doit alors d’une part augmenter sa production propre de boutures et de plants, et d’autre part favoriser la réalisation de petites pépi-nières par les paysans ayant suivi des formations sur la pépinière projet.

À ce stade du transfert de la production du matériel végétal en milieu pay-san, afin de faciliter le dialogue, d’entraîner une responsabilisation accrue des pépiniéristes, et d’évaluer la charge de travail effective que représente la conduite d’une pépinière (nombre de plants pouvant être raisonnablement produits par une personne), le projet privilégiera dans un premier temps la mise en place de pépinières individuelles. Cependant, la gestion de pépinières par des groupes de villageois au début du transfert de la production du matériel végétal du pro-jet au milieu paysan, n’est pas à exclure absolument s’il se trouve déjà dans le village des groupes structurés (associations de femmes, associations sportives, groupes de musiciens ou de danseurs, etc.).

La réussite d’une pépinière individuelle dépend de plusieurs facteurs : la compétence technique du pépiniériste ;

la disponibilité en temps du pépiniériste ;

la disponibilité en intrants (semences de qualité, sachets, produits phyto-sanitaires et engrais).

Dans un premier temps, et afin d’être en mesure d’effectuer un suivi effi-cace des pépiniéristes, il est préférable de limiter le nombre de pépinières.

La principale difficulté pour la mise en place de pépinières paysannes est d’arriver à concilier :

la proximité de la pépinière du lieu de plantation des futurs plants (afin de limiter la charge de travail liée au transport des plants) ;

la nécessité d’avoir une source d’eau proche de la pépinière (afin de limiter la charge de travail liée au transport de l’eau pour les arrosages) ;

un éloignement pas trop important de la pépinière du lieu de résidence ou du trajet quotidien du paysan (afin de limiter le temps employé pour se rendre quotidiennement sur la pépinière).

La constitution d’une pépinière représente un investissement en travail im-portant. Le meilleur encouragement pour que des agriculteurs se lancent dans cette nouvelle activité est de leur assurer un débouché garanti au départ. Un contrat doit donc préciser l’engagement du projet quant à l’achat des plants, ou au moins le soutien financier qu’il apporte aux premières générations de production. Si l’on accepte l’idée que le projet subventionne une partie de la fourniture du matériel végétal aux paysans, il semble logique qu’il rémunère de la même façon une partie du travail des pépiniéristes paysans.

Dès le début de cette action, on peut envisager avec certains paysans pro-ducteurs de plants une diversification de leur activité de pépiniériste et les for-mer à la production de plants d’espèces fruitières. Cette diversification contri-bue à la pérennisation de l’activité de pépiniériste en la rendant rémunératrice hors la présence du projet (les plants fruitiers font souvent l’objet d’échanges monétarisés).

La constitution de pépinières individuelles par des volontaires qui revendent ensuite leurs plants permet d’augmenter le nombre de bénéficiaires. À ce stade, le projet n’est plus le seul opérateur de la production de matériel végétal (qu’il finance toujours), mais il est toujours impliqué dans sa diffusion.

Lorsqu’on a choisi le mode de rémunération de type 1 évoqué ci-dessus, le projet gère alors la diffusion du matériel provenant de deux sources différentes : lui-même (pépinière, parc à bois, boutures collectées ailleurs) et les pépinières paysannes. Le système peut rapidement devenir complexe et lourd à gérer.

Deux exemples de mode de rémunération des paysans pépiniéristes 1. Une rémunération totale : le projet avance au pépiniériste les intrants, puis le projet rachète au pépiniériste les plants produits en déduisant l’ensemble des intrants fournis en avance. Il s’agit d’une production totalement intégrée par le projet, qui en contrôle l’ex-tension et la destination. Le paysan est enclin à soigner sa pépinière puisqu’il ne sera payé que sur les plants développés, et qu’il devra rembourser même les sachets vides. Cette so-lution permet un contrôle étroit des distributions par le projet, mais elle présente l’in-convénient de ne pas préparer le pépiniériste à gérer directement sa commercialisation. 2. Une rémunération partielle : le projet avance au pépiniériste les intrants, à un prix sensiblement subventionné : sachets, engrais, produits phytosanitaires. Le projet, par le nombre de sachets qu’il fournit à chaque pépiniériste, limite le nombre total de plants pouvant être produits. Les plants produits peuvent alors être achetés directement par les embocageurs au pépiniériste, le projet s’engageant, au moins au départ, à racheter les in-vendus s’il y en a (à un prix inférieur de sorte à encourager au maximum le pépiniériste à vendre directement).

Dans les deux cas, l’aide que fournit le projet se traduit par des engagements du pépi-niériste qui doivent figurer dans le contrat. Ces engagements concernent les espèces mises en multiplication (définition d’un nombre minimum de plants produits pour chaque espèce), le suivi de la clientèle (identification et enregistrement des acheteurs) et les condi-tions de vente (respect d’un cahier des charges techniques qui garantisse la qualité des plants produits, prix fixés par avance, éventuellement révisables à échéance régulière).

Lorsqu’on a choisi le second mode de rémunération des pépiniéristes, il est indispensable de faire en sorte que la production de plants et de boutures di-rectement par le projet ne vienne pas faire concurrence à la production naissante des privés. Les prix et les conditions de revente par le projet devront donc être fixés de telle façon que l’approvisionnement chez les privés soit plus avanta-geux pour les nouveaux embocageurs, même si les quantités sont forcément limitées. Chacun doit pouvoir aller s’approvisionner chez un pépiniériste privé, pour une quantité limitée (quota par individu), le solde pouvant être délivré par le projet, mais à un prix plus élevé.

Le projet peut satisfaire dès lors un nombre plus important de besoins indi-viduels en matériel végétal. Cependant, la distribution pose des problèmes or-ganisationnels : l’attribution individuelle et donc nominative du matériel végé-tal représente un travail lourd (établissement de listes de demandeurs, pointage des listes lors de la distribution, comptage des boutures ou plants rétrocédés à chaque personne) et entraîne des séances de distribution longues et fastidieuses. D’autre part, le nombre important de bénéficiaires rend le suivi par le pro-jet de la mise en place du matériel végétal très imparfait. Des paysans, ayant pris du matériel parce que celui-ci était bon marché et parce que d’autres en pre-naient, ne vont pas au bout de leur engagement pour des raisons diverses (prise de conscience des efforts nécessaires, maladie, autre activité prioritaire...), et éventuellement repassent commande ultérieurement.

Le suivi n’étant plus effectué de manière exhaustive, le projet ne peut iden-tifier les « mauvais clients » et continue de financer la fourniture de matériel qui sera sous-valorisé, et, dans certains cas, abandonné en bordure de chemins, de routes ou de champs. Il est alors temps pour le projet de se désengager de la gestion de la distribution du matériel végétal et d’impliquer les paysans eux-mêmes dans cette opération.

L’IMPLICATION DES PAYSANS DANS LA DISTRIBUTION