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dans « Problems of Language in Masaryk’s Writings » (1930) que l’on trouve chez Masaryk « those same corrections to Whitney’s conception which we later find in the writings of

31 « Nous n’avons pas l’intention d’affirmer le caractère autochtone de l’école linguistique de Prague. La question de savoir à qui elle est redevable du développement de la linguistique synchronique ne nous intéresse pas. Est-ce à la logique concrète de Masaryk, ou bien à l’école de Baudouin de Courtenay, qui déjà dans les années 70 a mis en œuvre dans ses travaux la distinction entre statique et dynamique, ou enfin au Cours de F. de Saussure ? [...] Peu importe de savoir d’où les travaux du Cercle ont reçu leur conception hégélienne de la structure du système et de sa dialectique. Est-ce à la science russe, ou bien, comme il ressort d’un travail récent de Čiževskij, la tradition de Hegel n’a-t-elle pas connu d’interruption et a-t-elle toujours été productive ? ou bien dans ce cas aussi la part décisive revient-elle à la théorie de Saussure (où les éléments de la doctrine de Hegel sur les antinomies ont été intégrés, semble-t-il, grâce aux Antinomies linguistiques de l’hégélien V. Henry) ? [...] Il ne fait aucun doute que l’école linguistique de Prague est le résultat d’une symbiose entre la pensée tchèque et la pensée russe, de même que la linguistique russe contemporaine porte la trace de la symbiose entre les sciences russe et polonaise. Il ne fait aucun doute que l’école linguistique de Prague a tenu compte également de l’expérience de la linguistique occidentale : les travaux de l’école de Genève, la linguistique américaine, l’anglistique moderne, la recherche des savants hollandais : tout cela ne pouvait pas rester sans influence. L’originalité de l’école réside dans le choix des idées nouvelles et dans leur union en la totalité d’un système. »

32 Voir J.Kaz. : p. 222 [p. 414]. La référence au texte anglais est donnée dans les Selected Writings.

33 « As I wrote in my afore-cited paper about Baudouin de Courtenay and his school, “the proverb says that it is wrong to discover America too late, after Colombus, but also a too early discovery may be detrimental”. The great precursors of the modern science of language – John Hughlings Jackson (1835-1911), Charles Sanders Peirce (1839-1914), Henry Sweet (1845-1912), Jan Baudouin de Courtenay (1845-1929), Jost Winteler (1846-1929), Mikołaj Kruszewski (1851-1887), and Ferdinand de Saussure (1857-1913) – each of them in his own way bears a stamp of tragedy on his whole life. » (J.Hen. : p. 467). On retrouve la même idée quelques années plus tard dans « Verbal communication » (1972). Voir : J.Ver. : p. 78-79 [p. 82].

Saussure and his school

34

» (J.Mas. : p. 60), que la langue de Masaryk, comme celle de

Saussure, est une forme

35

, enfin que Masaryk, « as far as we know, was first to give a specific

formulation in print of the problem of static linguistics as a special discipline

36

» (J.Mas. :

p. 64). De même, dans « Zur Struktur des Phonems » (1939), la dichotomie langue/parole est-

attribuée, outre à Saussure, à Victor Henry

37

, et dans « The Kazan’s school of Polish

Linguistics and its Place in the International Development of Phonology », Saussure est

présenté comme un continuateur de Baudouin et de Kruszewski

38

:

34 « les mêmes corrections à apporter à la doctrine de Whitney que l’on trouvera plus tard dans les écrits de Saussure et de son école ».

35 Voir J.Mas. : p. 62 et 73.

36 « autant que nous le sachions, fut le premier à donner une formulation spécifique publiée du problème de la linguistique statique comme discipline spéciale ». Voir aussi, sur ce point, dans « La Scuola linguistica di Praga », J.Sc. : p. 542, ainsi que dans « The World Response to Whitney’s Principles of Linguistic Science » (1971) : « C’est l’intuition latente de Whitney qui doit avoir favorisé la conception de la double subdivision de l’étude du langage – chacune abstraite et concrète – en son aspect synchronique (fondamental) et son aspect historique (secondaire), conception qui avait hanté Masaryk dans les années 1880 et Saussure dans les années 1890, et qui était lourde de conséquences pour le développement ultérieur de la linguistique. » (J.Whi. : p. 284) [« It was Whitney’s latent intuition which must have furthered the thought of the twofold subdivision of the study of language – both abstract and concrete – into its synchronic (fundamental) and historical (secondary) aspects, that thought which haunted Masaryk in the eighties and Saussure in the nineties and was fraught with serious consequences for the further development of linguistic science. » (J.Whi. : p. 234)]. On lit par ailleurs dans ce texte : « L’exigence saussurienne de l’autonomie de la linguistique et sa critique de la conception qu’avait Whitney de ce problème avaient été préfigurées une décennie auparavant par l’éminent philosophe tchèque T. G. Masaryk (1850-1937), dont le traité Základové konkretné logiky (“Principes de logique concrète”) visait à construire une systématique des sciences. » (J.Whi. : p. 283-284) [« Both Saussure’s requirement of autonomy for linguistics and his criticism of Whitney’s view of this question had been anticipated one decade earlier by the paramount Czech philosopher T. G. Masaryk (1850-1937), whose treatise Základové konkretné

logiky (“Fundamentals of Concrete Logic”, 1885) tended to draft a rational systematics of sciences. » (J.Whi. :

p. 234)].

37 Voir J.Zu. : p. 284. C’est de manière plus vague « un certain nombre de concepts » (J.SS : p. 262) [« some concepts » (J.SS : p. 218)] du Cours de linguistique générale qui, dans The Sound Shape of Language (1979), seront donnés comme inspirés par l’ouvrage de Victor Henry. Voir encore, à propos de la distinction langue/parole : « Ainsi, dès la fin de la Renaissance, le philosophe et linguiste Jan Amos Komenský (Comenius, 1592-1670) avait clairement distingué lingua et sermo (la langue et la parole saussuriennes) » (J.SS : p. 153) [« For instance, during the epoch of rationalism, the philosopher and linguist Jan Amos Komenský (Comenius, 1592-1670) in his anticipatory work clearly discerned lingua and sermo (Saussure’s langue and parole) » (J.SS : p. 126-127)].

38 On notera, dans cette perspective, cet éloge ambigu des travaux manuscrits de Saussure, que l’on trouve dans « Saussure’s Unpublished Reflections on Phonemes » (1969) : « La “phonétique sémiologique” et l’importance primordiale que cet essai assigne à la “valeur sémiologique” du phonème jettent une nouvelle lumière sur la place de Saussure dans la lutte graduelle pour une approche intrinsèquement linguistique de la structure phonique du langage. L’influence directe des idées de Baudouin de Courtenay et de Mikołaj Kruszewski sur Saussure devient toujours plus claire. Dans Versuch einer Theorie phonetischer Alternationen (1895, note 2), Baudouin lui-même confesse son abandon du concept original de “phonème” que lui et Kruszewski avaient introduit tout au début des années 1880. C’est précisément cette dernière conception véritablement linguistique du phonème qui a trouvé un nouveau développement dans le traité de Saussure. Albert Sechehaye, son fidèle étudiant du début des années 1890, a sans aucun doute compris “plusieurs des principes” de son maître, en particulier les réflexions de Saussure de cette époque sur la “phonétique sémiologique”, et il en donna une forme et un caractère nouveaux, très personnels, dans ses méditations sur la “phonologie” proprement dite et sur les “éléments” du “système phonologique” “sous son aspect algébrique” (Programme et méthodes de la linguistique

théorique, 1908, chap. XI, XII). De plus, depuis les premiers moments de la phonologie pragoise, on a reconnu

expressément le rôle précurseur du programme de Sechehaye (cf. Le Cercle de Prague, Change III, éd. par J.-P. Faye, 1969, p. 73 sqq.) en même temps qu’une autre puissante impulsion, à savoir la tradition de Baudouin revue et rénovée par son disciple le plus astucieux, L. V. Ščerba. Ainsi, l’idée de Saussure d’une phonétique

« Saussure étudia avec soin la théorie du langage élaborée par les deux linguistes, que l’histoire a unis pour toujours, et dans ses cours, édités en un livre posthume par Bally et Sechehaye, l’enseignement de Baudouin et de Kruszewski lui fournit l’occasion de discuter des dichotomies fondamentales comme la statique et la dynamique linguistiques (ou, selon la formulation favorite de Baudouin et de Saussure, la “cinématique”) ; “immutabilité” et “mutabilité” et, parallèlement, “l’éternel antagonisme entre une force conservatrice, fondée sur des associations par contiguïté, et une force progressive fondée sur des associations par similarité” (“solidarité avec le passé” et “infidélité au passé”) ; “langue” et “parole” ; forces centrifuges et centripètes dans le langage (“force particulatrice” [sic] et “force unifiante”) ; le tout cohérent du système et ses parties ; association par similarité, par exemple, “les liens de parenté” (“solidarité associative” ou “groupement par familles”), par opposition aux “liens de contiguïté avec des éléments concomitants” (“solidarité syntagmatique”) ; enfin, la “paire inséparable” du signans et du signatum – oboznačajusčee et oboznačaemoe (“signifiant” et “signifié”)39. » (J.Kaz. : p. 229-230).

sémiologique, jetée dans un essai que l’on n’a conservé que par hasard et qui est resté ignoré jusqu’à ces derniers temps, représente néanmoins un message vraiment historique dans l’opiniâtre progression de la pensée linguistique internationale. » (J.Sau. : p. 295) [« The “semiologic phonetics” and the paramount importance assigned by the sketched treatise to the “semiologic value” of the phoneme throw a new light on the place of Saussure in the gradual struggle for an intrinsically linguistic approach to the sound pattern of language. The direct influence of Baudouin de Courtenay and Mikołaj Kruszewski’s ideas on Saussure becomes ever clearer (cf. R. Jakobson, Selected Writings, II, pp. 400ff., 442ff.). In his Versuch einer Theorie phonetischer

Alternationen (1895, footnote 2) Baudouin himself confesses his retreat from the original concept of “phoneme”

which he and Kruszewski introduced in the very early eighties. Precisely the latter, truly linguistic conception of phoneme found a further development in Saussure’s treatise. Albert Sechehaye, his devoted student of the early nineties, undoubtedly apprehended plusieurs des principes of his master, in particular Saussure’s reflections of that time on “semiologic phonetics”, and he imparted a new, quite personal shape and character in his meditations on “phonology”, proprement dite, and on the “elements” of the “phonological system” sous son

aspect algébraïque (Programme et méthodes de la linguistique théorique, 1908, Ch. XI, XII). Furthermore, from

the very beginnings of Prague phonology the inciting role of Sechehaye’s program was expressly acknowledged (cf. Le Cercle de Prague = Change III, ed. by J.-P. Faye, 1969, p. 73ff.) jointly with another powerful impetus, viz. Baudouin’s tradition revised and renewed by his most inquisitive disciple L. V. Ščerba. Thus, Saussure’s idea of semiologic phonetics, jotted down in a sketch which was preserved by mere chance and which remained unknown until recently, nevertheless represents an indeed historic message in the strenuous progression of international linguistic thought. » (J.Sau. : p. 750)]. On notera par ailleurs dans ce passage la référence aux travaux de Sechehaye. Celle-ci est relativement fréquente dans les textes de Jakobson, qui parle volontiers d’école saussurienne.

39 « Saussure carefully studied the theory of language elaborated by the two linguists, whom history has linked forever, and in his lectures, which were refashioned by Bally and Sechehaye into a posthumous book, he took from the teachings of Baudouin and Kruszewski and eloquently discussed such fondamental dichotomies as linguistic statics and dynamics (or in Baudouin’s and likewise Saussure’s favorite formulation, kinematics) ; constancy and changeability (immutabilité and mutabilité), and correspondingly “the eternal antagonism between a conservative force, based on associations by contiguity, and a progressive force based on associations by similarity” (solidarité avec le passé and infidélité au passé) ; language and speech (langue and parole) ; centrifugal and centripetal forces in language (force particulatrice and force unifiante) ; the coherent whole of the system and its parts ; association by similarity, viz. “the bonds of kinship” (solidarité associative or

groupement par familles), as opposed to “bonds of contiguity with concomitants” (solidarité syntagmatique) ;

finally the “inseparable pair” of signans and signatum – oboznačajuščee and oboznačaemoe (signifiant and

signifié). » (J.Kaz. : p. 421). Pour l’ensemble de la discussion, voir J.Kaz. : p. 229-232 [p. 420-423]. Voir en

outre, pour un autre développement relatif à l’influence de Kruszewski sur Saussure, J.Kru. : p. 255-256. Enfin, dans « The World Response to Whitney’s Principles of Linguistic Science » (1971), Jakobson donne le terme

opposition utilisé par Saussure dans ses notes sur Whitney comme « très probablement modelé sur l’exemple de

Baudouin (protivopoložnosti) » (J.Whi. : p. 283) [« most probably modeled upon Baudouin’s example (protivopoložnosti) » (J.Whi. : p. 233)]. Voir également J.Rel. : p. 17 [J.Ret.2 : p. 717] cité ci-dessous.

On lit en outre dans « La première lettre de F. de Saussure à A. Meillet sur les

anagrammes » (1971) :

« Mais, en dépit de ces écarts sporadiques, d’ordinaire la dichotomie factice du fortuit et du prémédité pesait sur le réseau conceptuel du chercheur [Saussure], et entravait l’édification de sa doctrine linguistique ainsi que le fondement théorique de ses découvertes pénétrantes dans les régions inexplorées de la poésie. Découvertes d’autant plus saisissantes que, sur cette voie, Saussure n’a pas rencontré de jalons à suivre, tandis que dans les thèses de son Cours de linguistique générale, il se trouve inspiré par la quête de quelques précurseurs. » (J.Pre. : p. 245).

Enfin, à partir du milieu des années 50, les notions saussurienne, scolastique et stoïcienne

de signe, signifiant et signifié sont données par Jakobson pour équivalentes. Il est ainsi

question dans « Phonology and Phonetics » (1955) de « l’aspect nommé signans dans la

tradition stoïcienne et scolastique, et signifiant dans l’œuvre de celui qui a fait revivre cette

tradition, Ferdinand de Saussure

40

» (J.PP : p. 115). On lit ensuite dans « Linguistic Glosses to

Goldstein’s “Wortbegriff” » (1958) :

« Some interpreters of Saussurian doctrine are prone to believe that his theory of the two-fold structure of linguistic entities is a novelty, but Saussure’s approach to the sign both in concepts and terms originates, in fact, from a tradition lasting over two thousand years. His definition of the total signe as a combination of signifiant and signifié literally corresponds both to the Stoic semeion consisting of two primordial aspects – semainon and semainomenon – and to St. Augustine’s adaptation of the ancient Greek model :

signum = signans + signatum. This conception was inherited by the schoolmen and was,

furthermore, revitalized by the semantic theories of the nineteenth and very early twentieth centuries, particularly by Bolzano and his followers41. » (J.Gol. : p. 267).

Dans cette perspective, le Cours de linguistique générale apparaît comme une synthèse