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Partie 3 Pistes didactiques et conception d’un programme

4. Vers une problématique

Afin de définir une problématique, il a d’abord été nécessaire de tenir compte des attentes, des besoins des différentes parties et des contraintes liées au projet. Ceci m’a permis de lui donner une orientation particulière. Quatre éléments ont été fondamentaux dans cette prise de décision :

o Les besoins des apprenants et leurs difficultés spécifiques dans le domaine des activités langagières orales ;

o Les priorités et besoins des enseignants centrés sur l’amélioration des activités langagières orales chez les apprenants34 ;

o Les motivations et les besoins de l’équipe pédagogique chargée de préparer la session d’été et la volonté d’un des enseignants d’axer sa programmation sur les activités langagières orales ;

o La faisabilité du projet, compte tenu notamment des contraintes temporelles. Comme cela a déjà été mentionné, la préparation de la session devait être finalisée juste avant la fin de mon stage.

Le développement des trois premiers points contribuera à mieux cerner la problématique envisagée.

Les besoins des apprenants. Dans un premier temps, je me suis appuyée sur des échanges que j’ai eus avec mes collègues. J’ai pu observer également ce qui se passait dans mes classes et notamment dans les classes d’enfants dans lesquelles j’intervenais. Plus tard, j’ai eu l’occasion d’aller observer des classes bilingues dans leur contexte. Le croisement de toutes ces données m’a permis de constater que les enfants ont d’énormes difficultés à l’oral. Ces élèves suivent des cours de français intensif à raison de 10 heures par semaine, soit environ 300 heures par an. À leur âge, ils ont déjà bénéficié d’environ 600 heures d’enseignement. Or, leurs compétences à communiquer oralement sont extrêmement faibles. Ils interagissent en français avec beaucoup de difficultés : les phrases sont rarement complètes, ils répondent souvent avec un seul mot et parfois sans écouter leur interlocuteur. Enfin, leur prononciation est telle que beaucoup d’énoncés sont incompréhensibles à la première écoute. Ainsi, orienter mon projet autour des activités langagières orales m’est apparu comme un axe de travail prioritaire.

Les priorités et besoins des enseignants centrés sur l’amélioration des activités langagières orales. Je ne connaissais pas les enseignants et j’allais travailler avec eux. Des échanges informels et les résultats d’une enquête menée par l’équipe de coordination en décembre 2014 (annexe 2), m’ont convaincue d’orienter mon questionnement autour des activités langagières orales. Il est notamment ressorti de cette enquête que l’amélioration des compétences à communiquer oralement est un axe prioritaire et un objectif que se donnent l’ensemble des enseignants de l’IDECAF. Par ailleurs, des remarques montraient

34 La connaissance et la prise en compte de cet aspect a été possible grâce aux résultats d’une enquête réalisée

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que certains enseignants se sentaient démunis pour atteindre cet objectif. En lisant leurs observations, j’ai entraperçu à la fois la prise de conscience et la volonté de quelques enseignants de faire évoluer leur pratique afin d’amener les apprenants à progresser notamment en matière de production orale.

Les motivations et besoins de l’équipe pédagogique sont également importants à prendre en compte dans la mesure où l’une des demandes qui m’ont été faites était de soutenir les enseignants dans le cadre de la préparation de la session d’été. Il était important de tenir compte de leurs habitudes de travail et de leur façon de fonctionner. Par ailleurs, lors de la première réunion de préparation, un enseignant habitué de ces sessions estivales s’est prononcé en faveur d’un changement dans sa façon de procéder. Il souhaitait axer sa programmation sur la production orale et a argumenté en ce sens. Convaincue par l’intérêt de son objectif, je lui ai proposé de travailler en collaboration afin de l’aider à réaliser sa programmation.

Enfin, l’orientation de ma problématique a été faite également en tenant compte des facteurs facilitateurs et des contraintes rencontrées et relevées ci-dessous.

Besoins

des

apprenants

Parler français en s'amusant Améliorer sa prononciation S'exprimer en faisant des phrases complètes Communiquer avec ses camarades en français S'exprimer avec davantage de spontanéité Augmenter la confiance en soi dans des situations de production orale

Figure 8 : éléments pris en compte pour définir la problématique

Tous ces éléments m’ont conduit à fixer des objectifs relevant de l’ingénierie de formation :

o Soutenir un enseignant dans la mise en place d’activités axées sur la production orale.

o Amener les enseignants à développer leurs pratiques professionnelles ;

Facteurs

facilitateurs

Un enseignant volontaire et disponible pour proposer un programme correspondant aux besoins des

apprenants Réunions hebdomadaires : important pour une bonne collaboration Liberté de concevoir son propre programme d'enseignement Enseignants motivés pour faire évoluer leurs pratiques Budget spécifique Financement des réunions = reconnaissance institutionnelle du besoin d'améliorer la session d'été Facteurs contraignants Apprenants trop nombreux Groupes constitués en fonction de l'âge

et non pas des niveaux Des enseignants manquant parfois d'expérience en didactique de l'oral Peu d'enseignants motivés pour travailler avec les enfants Difficulté pour aller observer les

classes bilingues Habitudes d'apprentissage favorisant peu l'expression orale

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Parallèlement, des objectifs relevant de l’ingénierie pédagogique ont pu être définis en fonction des motivations particulières d’un enseignant qui allaient dans le sens de mes observations. Ainsi, j’ai proposé :

o De concevoir une programmation pour la session d’été destinée aux enfants bilingues de 8-9 ans axée prioritairement sur la PO.

o D’évaluer le programme, sa facilité de mise en œuvre, l’efficacité et la pertinence des activités de façon à l’améliorer, à le proposer par la suite aux enseignants intéressés et à le pérenniser.

Pour mener à bien mon projet et de façon à adopter une démarche de travail efficace, il m’a paru nécessaire d’anticiper les difficultés potentielles. Si je devais aider les enseignants à préparer la session d’été, il fallait tout d’abord que je prenne en considération le fait que je ne les connaissais pas et que leurs habitudes de travail ne m’étaient pas familières. Dans la mesure où je ne devais pas être présente au moment de la session d’été, je devais m’interroger également sur la façon dont aider l’enseignant à mettre en place le programme que j’allais concevoir et sur notre mode de collaboration pendant mon séjour et après mon départ. Je ne connaissais pas non plus les apprenants destinataires du programme puisqu’ils s’inscriraient à la session d’été après la fin de mon stage. Je devais pourtant identifier leurs besoins tout en tenant compte du fait que leurs modes d’apprentissage et leur façon d’être en tant qu’élève étaient certainement différentes de ceux que j’ai pu rencontrer en France. Enfin, compte tenu du temps dont je disposais, il m’a semblé plus judicieux de centrer la problématique sur un de ces aspects, à savoir la conception du programme.

La problématique qui s’est dégagée en fonction de ces éléments est la suivante :

Comment, en contexte vietnamien, concevoir un programme

destiné à un public d’enfants issus de classes bilingues et axé sur la

production orale ?

Partie 2

-

Cadre théorique : adapter la didactique de l’oral pour

un public d’enfants en contexte vietnamien

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Chapitre 4. Acquisition-apprentissage des langues et enseignement

précoce

Dans le cadre de la conception d’un programme destiné à des enfants vietnamiens, âgés de 7 à 9 ans et issus de classes bilingues, il est important d’apprendre à mieux connaître ce public, notamment en se basant sur des sources théoriques. Ces dernières permettront de mieux appréhender les particularités de cet enseignement ainsi que les besoins des enfants dans le domaine de l’apprentissage ; elles donneront également des pistes concernant les stratégies d’enseignement à mettre en place. Ces informations seront complétées par d’autres travaux notamment sur les modes d’apprentissage et la motivation. Ainsi, plusieurs domaines seront explorés sous l’angle de la problématique : le développement psychologique de l’enfant (principalement de 0 à 9 ans), les notions d’acquisition et d’apprentissage des langues, l’enseignement précoce des langues ainsi que quelques aspects cognitifs en tenant compte des moteurs de l’apprentissage à prendre en compte, notamment pour susciter le plaisir d’apprendre.