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Motiver, susciter le plaisir d’apprendre et favoriser l’engagement de l’apprenant

Partie 3 Pistes didactiques et conception d’un programme

4. Enseigner à un public d’enfant

4.1. Motiver, susciter le plaisir d’apprendre et favoriser l’engagement de l’apprenant

compte de leur stade de développement et d’éléments relatifs à l’apprentissage précoce des langues, favoriser la motivation et susciter le plaisir d’apprendre sont également essentiels. Effectivement, il est rare qu’un enfant choisisse lui-même de s’inscrire à un cours de langue ; par conséquent, connaître les facteurs de la motivation et la façon dont il est possible pour un enseignant d’influer sur ces derniers est fondamental.4.1.1. Motiver les

apprenants et susciter le plaisir d’apprendre

La motivation dans le cadre scolaire a fait l’objet de nombreuses recherches. Les travaux de Viau (2000 : n. p.) ont permis de cibler des conditions à respecter pour favoriser la motivation des apprenants. Parmi celles-ci, une activité d’apprentissage doit :

o être signifiante aux yeux de l'étudiant ;

o être diversifiée et s'intégrer aux autres activités ; o exiger de sa part un engagement cognitif ;

o lui permettre d'interagir et de collaborer avec les autres ; o comporter des consignes claires.

Toutefois, ces conditions ne sont pas spécifiques au public « enfant ». Les travaux de Musial, Pradère& Tricot (2012) s’intéressent à un public plus jeune et en particulier à la motivation de l’élève. Pour eux, elle serait liée à deux dimensions principales :

o la perception de la valeur de la connaissance visée et de la tâche proposée ; o la perception de sa propre capacité à réaliser cet apprentissage.

Ils proposent à l’enseignant plusieurs modes d’action pour favoriser la motivation de l’élève dont ceux-ci :

o montrer l’utilité des connaissances et des tâches ; o proposer des tâches nouvelles, diverses et variées ; o proposer des tâches avec un degré de défi raisonnable ; o conduire les élèves à formuler ce qu’ils savent et savent faire.

Certains de ces points rejoignent ceux proposés par Viau, d’autres les complètent utilement comme par exemple le dernier. D’autres théories complémentaires sont intéressantes à convoquer dans la mesure où elles tiennent compte de la spécificité du public « enfant ». Ainsi, susciter le plaisir d’apprendre et prendre en compte les besoins de l’enfant sont deux stratégies enseignantes qui seront détaillées parce qu’elles sont primordiales et parce qu’elles peuvent augmenter de façon significative la motivation de

l’apprenant. Tricot (2015)49

citant David Geary (2007), remarque que les enfants, comme tous les animaux sociaux, apprennent au début de leur enfance essentiellement en s’engageant spontanément dans trois types d’activités relevant des apprentissages naturels ou apprentissages adaptatifs :

o Explorer son environnement ; o Avoir des relations sociales ; o Jouer.

Il en découle, selon les auteurs, que les moteurs du plaisir de l’apprentissage en classe se trouvent du côté des moteurs des apprentissages adaptatifs. Ainsi, le plaisir d’apprendre peut se rapprocher du plaisir induit par les apprentissages naturels. Ces apprentissages adaptatifs sont intéressants à prendre en compte parce qu’ils s’effectuent de manière inconsciente, ils ne requièrent pas d’effort et ne nécessitent pas que l’apprenant soit motivé. Geary (2008) et Sweller (2007), cités par Tricot (2012), ont insisté sur le fait que ces apprentissages adaptatifs non coûteux concernent ce qu’ils appellent les connaissances primaires :

« c’est-à-dire [...] le langage oral, les relations sociales, la reconnaissance des visages, la connaissance naïve du monde physique et vivant, etc. Selon eux, notre cerveau aurait évolué pour que nous soyons capables, par un simple processus d’adaptation, de développer ces connaissances. C’est bien un processus strictement adaptatif : nous apprenons non pas le langage oral en général mais la langue orale que l’on parle autour de nous, la politesse pratiquée au sein de notre groupe social, les visages qui nous sont familiers […] ».

Contrairement à ces dernières, le facteur motivationnel est très important lorsqu’il s’agit des connaissances secondaires (par exemple la langue écrite ou les mathématiques) car elles nécessitent un engagement volontaire de la part de l’apprenant et sont coûteuses d’un point de vue cognitif. Ainsi, il est intéressant pour un enseignant de s’appuyer sur ces apprentissages adaptatifs pour « alléger » le coût cognitif nécessaire aux apprentissages secondaires.

4.1.2. Favoriser l’engagement des apprenants

Un autre élément important est de favoriser l’engagement des apprenants. En effet, si le plaisir à réaliser une activité peut augmenter la motivation de l’apprenant, il est légitime de supposer que cela aura pour effet de favoriser son engagement, notamment concernant les apprentissages secondaires. Réciproquement, un apprenant qui s’engage dans une activité aura certainement davantage de chance de réussir, d’éprouver une

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satisfaction parce qu’il parvient à réaliser la tâche, alimentant ainsi sa motivation. Pour mieux cerner cette notion d’engagement, il sera utile de se référer aux travaux de Chi (2009), citée par Tricot (2015)50 qui décrit quatre niveaux d’engagement dans l’apprentissage. Le niveau 1 est passif (écoute de l’enseignant, lecture d’un cours) ; le niveau 2 est actif lorsque l’apprenant sélectionne et manipule une information ; le niveau 3 est constructif, il est atteint lorsqu’en plus des niveaux 1 et 2, les apprenants parviennent à faire des inférences, établissent des liens avec d’autres savoir antérieurs et comprennent plus que ce qui leur est dit ; enfin, le niveau 4 est un niveau ou les apprenants sont en interactivité autour d’une production commune. Selon Tricot, les niveaux sont graduellement efficaces, le plus efficace étant le 4. Si ces travaux concernent davantage les étudiants adultes et ont été repris (Chi, 2012) dans le cadre de l’apprentissage en ligne, il y a cependant des pistes intéressantes pour l’apprentissage des enfants. Ainsi, il serait utile pour l’enseignant de diminuer les activités passives et de proposer des tâches plus « riches » lorsqu’il souhaite obtenir un meilleur engagement de la part des apprenants.

4.2. Exploiter différentes approches et types d’apprentissage