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Partie 3 Pistes didactiques et conception d’un programme

1. Prise en compte du contexte de travail des particularités du projet

1.1. Travail en équipe et en binôme

Un des aspects importants à prendre en compte est que j’étais nouvelle dans l’équipe et que je ne connaissais pas les collègues avec lesquels j’allais travailler. Ceci a eu un impact sur mon projet notamment dans mes choix de modalité de travail. Six d’entre eux étaient volontaires pour préparer la session d’été. Nous nous sommes réunis toutes les semaines. Mon travail avec eux a gravité autour de trois points centraux :

- être force de proposition pour les activités communes : concours, spectacle final, sorties, ateliers thématiques ;

- être à l’écoute des demandes et les soutenir en fonction de leurs besoins ; - les sensibiliser et les former à des outils relevant des TICE.

En relation avec l’organisation de la session d’été, chaque enseignant s’est vu attribuer une classe différente. La répartition des apprenants a été effectuée selon deux critères : l’âge et le fait qu’ils soient débutants ou issus de classe bilingue. Ainsi, aucune classe n’avait le même public. En relation avec mon projet qui était de concevoir un programme axé autour des activités langagières orales, il m’a semblé plus judicieux de travailler en binôme de façon à proposer un programme qui soit le plus adapté possible au public auquel il était destiné. J’ai tenu compte des motivations des enseignants. Lors de la première réunion, un des participants, P, avait manifesté le souhait de changer sa programmation habituelle. Il voulait proposer aux apprenants des séquences visant à les aider à améliorer leurs compétences langagières orales. Sa motivation, sa connaissance du terrain et du public « enfant » m’ont

conduite à lui proposer de concevoir un programme axé sur les activités langagières orales. P a accepté de s’engager avec moi dans un travail collaboratif. Si la stratégie de travailler en binôme me semblait la plus adéquate à ma situation, elle comportait cependant un inconvénient. Effectivement, ce programme ne pourrait être partagé et ne profiterait, dans un premier temps, qu’à un seul enseignant et une seule classe. L’avantage de travailler avec une seule personne est qu’a priori nous pouvons progresser plus rapidement dans la conception parce que les points de vue, donc les temps de discussions, sont plus limités que s’ils émanaient d’un groupe de travail. En revanche, travailler avec un groupe volontaire peut parfois s’avérer plus efficace pour modifier des pratiques parce que les expériences des uns et des autres sont complémentaires, les façons de procéder sont discutées, les avis partagés avec certainement davantage de finesse ; cette richesse dans les échanges permet d’aller plus loin et nous aide parfois à dépasser nos limites.

1.2. Concevoir un programme pour un enseignant que l’on connaît peu

Comme P allait être destinataire du programme et l’enseigner, il était important que j’observe ses habitudes de travail et sa manière d’être avec les élèves. Il ne s’agissait pas de faire une étude approfondie sur sa façon d’enseigner mais d’avoir une idée globale qui me permettrait par la suite de proposer un programme qu’il soit en mesure de mettre en place. C’est à dire, un programme novateur sur certains aspects sans pour autant révolutionner ses pratiques. Ainsi, j’ai participé à quatre séances de ses classes d’enfants à l’IDECAF. Le nombre de séances et le caractère informel des observations ne me permettaient pas de tirer des conclusions précises et certaines sur ses manières d’enseigner. Toutefois, cette simplicité me semblait plus adaptée dans la mesure où j’avais besoin d’observer les éléments suivants :

- le climat général de la classe et sa façon d’interagir avec les élèves (accueil, rituels, exigences disciplinaires, éléments socio-affectifs) ;

- la gestion de la classe dans l’espace ;

- les stratégies mises en œuvre pour inciter les apprenants à s’exprimer ;

- le déroulement et la construction de ses séances (présence prédominante ou non de certaines activités langagières), visibilité des objectifs, de la progression ;

- l’utilisation ou le recours à du matériel ou des outils particuliers (TICE).

J’avais décidé d’enregistrer les cours avec un enregistreur mp3 pour garder en mémoire le déroulement des séances. Ceci s’est avéré très utile pour pouvoir les analyser par la suite. En fonction de la disponibilité de mon collègue, ces quatre séances ont été précédées de brefs échanges de préparation (souvent 20 minutes avant la séance). Elles sont toujours été suivies d’échanges rétroactifs. Ces échanges ont été importants parce qu’ils nous ont permis non seulement de revenir sur les attitudes ou la réaction de quelques apprenants, de constater

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ce qui avait fonctionné ou non, de formuler des hypothèses sur ce qui aurait pu améliorer l’efficacité de certaines activités, mais aussi au travers de tout cela, d’apprendre à mieux connaître nos exigences pour travailler ensemble.

1.3. Concevoir un programme pour un public que l’on ne connaît pas

Un autre aspect très important à prendre en compte est le fait que je devais concevoir un programme pour un public que je ne connaissais pas. En effet, j’effectuais mon stage à l’IDECAF, or les apprenants destinataires du programme seraient issus d’écoles bilingues et s’inscriraient à la session d’été après mon départ. Je n’avais aucun moyen de connaître précisément le public et ses besoins. Cependant, la répartition des classes pour la session d’été avait été faite dès le mois de mars et je savais que les apprenants seraient âgés de 8 à 9 ans. Par ailleurs, l’ensemble de l’équipe avait demandé aux coordonnateurs de négocier avec la direction pour que le nombre maximal d’apprenants par classe soit fixé à quinze. Ces précisions ne sont pas suffisantes et il m’a paru nécessaire d’aller à la rencontre de ce public pour combler mes lacunes qui étaient d’ordre culturel (j’avais besoin d’observer le contexte et les habitudes d’apprentissage) et didactiques (il me fallait également repérer leur niveau, leurs capacités et leurs difficultés).

Comme cela a déjà été expliqué, malgré une demande faite dès le mois de mars, l’organisation de ces observations a souffert de lenteurs administratives et elles n’ont pu avoir lieu que deux mois après, soit 10 jours avant mon départ. En amont, des lectures105 et échanges avec mes collègues m’avaient apporté quelques réponses. Mais il n’est rien de tel pour un enseignant que d’aller observer ce qui se passe réellement en classe. Ainsi, pour compléter mes données, j’avais demandé à P, qui enseignait également en classe bilingue de collège, d’observer ses classes. Malgré la différence de niveau, ces observations m’ont permis d’obtenir des réponses à certaines de mes questions106

notamment celles qui étaient d’ordre culturel et d’émettre des hypothèses concernant les aspects didactiques.

105 Le chapitre « cultures éducatives » du livre Manières d’apprendre de Jean-Michel Robert (2009), offre des

éclairages et des exemples concrets et intéressants de ce qui peut se passer dans une salle de classe en contexte asiatique.