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PREMIÈRE SECTION : CONSTRUCTION DE L’OBJET DE L’ETUDE

A- Contexte et Justification de l’étude 1 État des lieux :

5. Problématique de l’étude

a) Champ disciplinaire et délimitation de l’étude :

Champ disciplinaire

La problématique de la protection des droits des réfugiés en Afrique subsaharienne se trouve au cours de cette dernière décennie, il convient de le rappeler, au cœur de l'actualité internationale. Si les migrations forcées constituent un champ d’étude aux limites et au contenu complexe, la dichotomie entretenue entre migrations volontaires et

180Rapport Human Rights Watch 2017«Forcer à monter dans les camions comme des animaux» Expulsions

forcées est de plus en plus floue en raison d’une part , des motifs d’exil de plus en plus complexes, et d’autre part, des politiques migratoires en perpétuelle fluctuation181. De plus, l’étude des migrations forcées, nous l’avons noté plus haut, pose de façon cruciale la question du rapport entre les réfugiés et leurs espaces d’accueil. Cette mise en relief convoque souterrainement l'épineux problème de la prise en charge des réfugiés dans le cadre de la protection qui leur est due. Notre travail de recherche s’articule à cet effet autour d’un aspect saillant de la sécurité humaine : la protection des réfugiés et des personnes en déplacement forcé dans la sous-région d'Afrique Centrale.

La protection des réfugiés relève en effet du domaine des Sciences humaines et sociales et des relations internationales. L’étude est adossée à la fois sur un champ pluridisciplinaire et transversal qui convoque la géographie politique, les sciences juridiques et politiques, l'histoire, l’anthropologie, la sociologie, la diplomatie inter étatique, extra gouvernementale et humanitaire, en raison de ce que les acteurs humanitaires au chevet des réfugiés se recrutent parmi les agences des Nations Unies et parmi la société civile. Ces acteurs opèrent à côté des pouvoirs publics étatiques, donc à côté de la diplomatie publique. Il s’agit dans le cadre de notre travail d’examiner un aspect majeur de la protection des réfugiés en général, et singulièrement leur prise en charge en contexte camerounais, ainsi que l’impact de leur présence sur la préservation de l'intégrité des territoires, des droits des nationaux, ainsi que des impacts sécuritaires transfrontaliers que peuvent susciter une mauvaise maîtrise des flux des réfugiés par les États d'accueil d'Afrique centrale. Le sujet prend donc des contours diplomatico-stratégiques - en raison des enjeux sécuritaires inhérents à la présence d'un afflux de réfugiés - qui allient le droit international humanitaire, le droit international des droits de l’homme – pour la question de sécurité humaine et de protection des couches dites vulnérables - la géopolitique et la géographie politique en ce que le phénomène de réfugiés en Afrique centrale doit être analysé à l'aune du territoire géographique composé par l'espace sous-régional de la CEEAC.

181LASSAILLY-JACOB, Véronique : « Réflexions autour des migrations forcées en Afrique sub-saharienne

» sous la direction de Celine Yolande KOE-BIKPO. Perspectives de la géographie en Afrique sub-

Délimitation de l'étude

- Délimitation thématique.

La question de protection des réfugiés est un champ de recherches extrêmement vaste et complexe en Sciences humaines et sociales. Il serait donc prétentieux de notre part de pouvoir la traiter de façon exhaustive dans le cadre d'une thèse. Notre travail de recherche s’intéresse tout singulièrement à l'analyse des instruments juridiques, institutionnels, structurels qui sous-tendent la protection des migrants forcés ainsi que des enjeux et défis posés par l'encadrement de ces types de migrations en contexte camerounais, pris ici comme échantillon d'étude parmi les États d'accueil de l'espace sous- régional d'Afrique Centrale. Ce diagnostic opéré dans un contexte national de protection des migrants forcés d'Afrique médiane nous permet de rendre compte des failles, des limites et obstacles qui plombent une prise en charge efficace des personnes en déplacements sous contraintes, et d'ouvrir, à l'aide de l'approche systémique, des pistes de réflexions d'une stratégie concertée qui permettrait d'améliorer de façon efficace et durable, la protection des réfugiés dans la sous-région Afrique Centrale.

- Délimitation spatiale

Le cadre spatial de notre étude est le Cameroun, pays d'Afrique Centrale qui se situe, avec le Nigéria, dans un contexte de crise de déplacements d'une grande ampleur dans le bassin du Lac Tchad , ayant contraint plus de 2,7 millions de personnes, dont 210 000 réfugiés nigérians, à migrer vers les pays voisins182. Le Cameroun est également tenu

dans la Sous-région Afrique Centrale comme étant l'un des premiers pays de générosité en matière d'accueil des réfugiés183. Il prend en charge près de 400,000 réfugiés et demandeurs d'asile - soit environ 2% de sa population selon le Ministère des Relations Extérieures (MINREX) du Cameroun184- dont la majorité, soit une moyenne de plus de 278 000 réfugiés centrafricains, vit dans les régions de l'Est, frontalière avec la République centrafricaine185, de l'Adamaoua, du Nord , de l’Extrême Nord du Cameroun, en dehors

182Interview accordée à Vannina MAESTRACCI, porte-parole du HCR à Genève par Alpha Diallo, Juin 2017, https://news.un.org/fr/audio-hub, consulté le 28 Juin 2017

183OLINGA, Alain Didier : « Les conflits et la question des réfugiés en Afrique Centrale », Actes du

Colloque international sur la Paix et Sécurité dans la CEEAC, 2007, Op.cit

184Statistiques officielles communiquées à l'occasion de la 17e édition de la Journée mondiale des réfugiés en 2017 par le Ministre des Relations extérieures, du Cameroun M. Lejeune Mbella Mbella dont précisément 396.383 réfugiés recensés dans ce pays d'Afrique centrale dont une trentaine de nationalités identifiées, Enquêtes de terrain, Juin 2017, Cameroun.

185Ces réfugiés ont trouvé trouvé asile dans les localités de la région de l'Est et de l'Adamaoua. Ils sont

répartis dans des sites de Gado-Badzéré, Mandjou, Kouba, Boulembe, Adingkol Lolo, Mbilé, Timangolo, Garissingo , Djohong et Meiganga entre autres.

du groupe de 20.900 réfugiés urbains vivant dans les grandes villes de Yaoundé et de Douala, et des 224.000 personnes déplacées à l'intérieur du pays et des communautés d'accueil assistés par le HCR- , ce qui fait de lui, le 13è pays d'accueil des réfugiés dans le monde et le 7è dans l'ensemble du continent africain186.

Au delà de sa longue tradition et réputation d'hospitalité, le Cameroun se révèle comme un pays carrefour, stratégique dans l'espace sous-régional centre-africain, ce qui a facilité ces migrations transfrontalières187, favorisé en sus par sa relative stabilité socio- politique. La relativité de la pacificité de son environnement sécuritaire et socio-politique s'est en effet révélée depuis 2013188, où le Cameroun est en proie à des attaques du mouvement insurrectionnel et terroriste islamiste Boko Haram dans ses régions de l'Extrême Nord et du Nord, frontalières avec le Nigéria d'une part, et depuis Octobre 2016, à des revendications autonomistes des sécessionnistes dans sa partie occidentale (régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, d'expression anglaise) d'autre part.

Nos enquêtes ont été rendues possibles grâce à la contribution d'une variabilité et d'une diversité d'acteurs dont les responsabilités nous ont paru centrales dans le champ humanitaire camerounais, ainsi qu'avec la coopération de la population d'étude - les migrants forcés en l'occurrence - et des communautés d'accueil concernées. Au niveau institutionnel national, nous avons réalisé nos entretiens auprès de :

– l’État camerounais( Minrex) dont le siège est à Yaoundé, capitale du Cameroun; – les agences onusiennes telles que le HCR, représentation du Cameroun dont

l'agence centrale est à Yaoundé ; l'OCHA, l'OIM , le CNUDHD-AC;

– les ONGI humanitaires telles que Amnesty International, PUI, le CICR ;

– les ONG nationales, partenaires d’exécution du HCR à l'exemple de ADRA,

PLAN Cameroon se situant dans la même ville.

186Statistiques Minrex, Op.cit .

187Dans une étude faite en 2002, Félicien FOMEKONG expose pour sa part, les facteurs qui sous-tendent une forte demande d’asile au Cameroun. Selon l'auteur, 76,8% ont porté leur choix sur le Cameroun pour sa stabilité politique, 12% pour des raisons de proximité, 7,4% pour des raisons familiales, 3,4% pour des raisons autres que celles mentionnées. Pour plus de détails, lire : FOMEKONG, Félicien, “Les facteurs

explicatifs de la demande d’asile au Cameroun ” Institut National de la Statistique, 2002, Yaoundé,

Cameroun.

1882013 est en effet l'année où, selon le porte-parole du gouvernement camerounais d'alors, et Ministre de la

Communication Issa Tchiroma Bakary, cité par le Journal en ligne LE POINT.FR, le Cameroun a commencé à faire l'objet « d'agressions barbares du groupe terrorriste Boko Haram...de 315 incursions des terroristes

Boko Haram, 12 accidents sur mines et 32 attentats-suicides du fait de ces criminels ». Pour plus de détails,

voir : « Cameroun : 1 200 morts dans les attaques de Boko Haram depuis 2013», Le Point.fr, publié le 15 Janvier 2016, consulté en ligne, le 28 Octobre 2016, https://www.lepoint.fr/monde/cameroun-1-200-morts- dans-les-attaques-de-boko-haram-depuis-2013-15-01-2016-2010362_24.php

Sur le plan régional et/ou local, nos enquêtes ont été menées auprès des représentations de certaines autorités politiques et/ou administratives, sécuritaires ou traditionnelles locales, des bureaux de terrain du HCR de Bertoua ( Field Office) dans la région de l'Est Cameroun, de Maroua dans la région de l'Extrême Nord.

Par ailleurs, notre enquête s'est particulièrement intéressée aux migrants forcés pris en charge en contexte camerounais, dans les zones d’accueil ci-après :

– Dans la région de l'extrême-Nord : les réfugiés nigérians du Camp de Minawao et

certains PDIs rencontrés dans la ville de Maroua ;

– Dans les régions de l'Est et l'Adamaoua : les réfugiés centrafricains de certains

sites d'accueil aménagés ou non dans les localités de Gado-Badzere, Mandjou, Lolo, Timangolo, Mbilé, Borgop .

Signalons également dans ce sillage idéel que des enquêtes ont été menées auprès de certaines communautés hôtes, ainsi qu'auprès des réfugiés urbains, pris individuellement ou collectivement dans les villes de Maroua, Bertoua, et Yaoundé. Le détail du cadre opérationnel de nos enquêtes de terrain sera exhaustivement exposé dans dans la suite de nos developpements y relatifs.

Au delà de cette cartographie spatiale du contexte camerounais de nos recherches qui est dans le cadre de cette étude, il est utile de le rappeler, l'échantillon189 nous permettant non seulement de faire un diagnostic de l'état de protection des réfugiés, mais également de mesurer les enjeux et défis de la protection des migrants forcés au sein des États d'accueil d'Afrique Centrale comme nous l'avons souligné plus haut, l'étude ouvre des perspectives formulées à l'endroit de tous les États du territoire géographique occupé par les États membres de la CEEAC.

- Délimitation temporelle

Le cadre temporel de notre recherche se situe sur deux bornes chronologiques: 2013 et 2017 : 2013 indique l'arrivée des flux massifs des réfugiés en provenance de la RCA et où les défis de protection des réfugiés dans la sous-région Afrique Centrale ont

189Rappelons que les intérêts thématique et spatial de nos travaux remontent en 2010 lors d'une étude que

nous avons mené en contexte Camerounais et qui portait sur la sécurité alimentaire des réfugiés tchadiens

du Camp de Langui dans le Nord Cameroun en vue de l'obtention du Master recherche en Sciences

Sociales et Relations Internationales. Par la suite, ces travaux nous ont permis de commettre un ouvrage sur le sujet en 2015 sous l'intitulé : «Le HCR à l'épreuve de la sécurité alimentaire des réfugiés en Afrique,

décuplé en raison des troubles socio-politiques connus en RCA, et de l'escalade des attaques terroristes du groupe insurrectionnel islamiste Boko-Haram à l'extrême Nord Cameroun et à la frontière avec le Nigéria à partir de la même année. Notre étude atteint la borne 2017 en ce que cette période charnière représente pour le Cameroun une étape décisive dans la gestion des migrants forcés venant non seulement des pays voisins (RCA, Nigeria, Tchad, Congo etc..) mais également des déplacés internes issus de la crise autonomiste et sécessionniste dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun dont certains sont également accueillis comme réfugiés dans le territoire du Nigeria. Des brèches seront de temps en temps ouvertes au cours de nos développements, pour adapter notre étude à l'actualité des migrations forcées dans la zone considérée. Une fois ce balisage de notre travail opéré, il convient à présent de fixer la problématique de notre recherche.

b) Position du problème :

D'une actualité dense et particulière depuis la dernière décennie, la question des migrations forcées en Afrique préoccupe en raison de l'occurrence des zones de tensions fortes et récurrentes dans plusieurs parties du continent, comme c'est le cas au sein de l'espace sous-régional d'Afrique Centrale. En effet, la sous-région a été cette période charnière, l'épicentre de l'insécurité et de l'instabilité socio-politique en Afrique subsaharienne, un espace géographique que le chercheur Etanislas NGODI décrit comme étant «...le théâtre des conflits armés, des violences politiques, des déplacements massifs des

populations, mais aussi et surtout le terrain des rivalités et convoitises des puissances extérieures. Outre cette dimension géopolitique et stratégique qui place l’Afrique centrale au centre des contraintes sécuritaires, la dimension endogène de la crise de l’État ne saurait être occultée...»190, ou encore, celui que le juriste internationaliste camerounais Alain Didier OLINGA définit comme un «.. terreau fertile pour les conflits les plus meurtriers...(et) où l'Afrique Centrale

occupe une place répugnante»191. Les indicateurs numériques des réfugiés et des personnes déplacées qui n'ont cessé de croître de façon exponentielle192 singulièrement dans l'espace géographique intégré de la CEEAC durant la période de référence visée193, sont 190NGODI, Etanislas Op.cit

191OLINGA, Alain Didier, Op.cit 192Rapport Global HCR 2017, Op.cit

193Il s'agit notamment de la période charnière de notre recherche qui part de 2013 à partir de la crise

centrafricaine que nous avons rappelé plus haut, à l'année 2017, celle du rapport du HCR annonçant un niveau record de réfugiés dans le monde,ainsi que période où prend fin nos enquêtes de terrain

révélateurs de l'ampleur d'une situation humanitaire hautement préoccupante qui interpelle d'une part, l'ensemble des États du territoire géographique de la CEEAC194, la communauté internationale, mais surtout la communauté scientifique pour la recherche de solutions urgentes et efficaces permettant de faire face à ce phénomène.

Si la question de gouvernance des migrations forcées, et singulièrement celle de la protection des réfugiés en Afrique Centrale suscite un vif intérêt auprès de certains chercheurs, elle reste - paradoxalement - pour la majorité des États-hôte de cette sous- région, une véritable épine irritative que les autorités politiques évitent. Pour le politologue

camerounais Jean Roger ABESSOLO NGUEMA, la gouvernance des migrations forcées en Afrique centrale constitue « ...une thématique peu consacrée dans les politiques des États de la

région»195. Les «efforts» solitaires de certains États d'accueil centre-africains pour apporter assistance et protection aux réfugiés et personnes déplacées, à l'exemple du Cameroun - comme nous le verrons dans nos prochains développements, appuyés par le HCR ainsi que ses partenaires, ont certes été d'un apport indéniable, mais s'avèrent incomplets, et à défaut d'être efficaces, semblent davantage se confiner en une mise en scène pour l'atteinte officielle d'un « service minimum»196 de l'obligation de protéger197 prescrit par le droit international des réfugiés. A ce propos, le chercheur camerounais en conclura que

«...le phénomène de réfugiés et personnes déplacées entraîne dans les régions d’Afrique centrale des configurations sociales inédites, qui se traduisent en un tiraillement entre deux approches : l’humanitarisme, et l’opportunisme politique»198. Le déficit d'intérêt et d'implication des autorités politiques sous-régionales pour les questions des migrations forcées, à l'aune d'une Afrique médiane que certains chercheurs considèrent comme étant au « cœur des ténèbres »199 questionne, mais rend surtout compte de la note d'indifférence et du constat 194Il est utile de rappeler que la région géographique constituée par les États membres de la CEEAC s'est

révélée, selon certaines études récentes, comme étant le plus grand foyer de conflits. Pour plus de détails, lire Alain Didier OLINGA, « Les conflits et la question des réfugiés en Afrique centrale », in Paix et sécurité

dans la CEEAC, Actes du colloque international, Friedrich Ebert Stiftung, Yaoundé, 2007, Op.cit; Voir

également Premier rapport d'évaluation stratégique du PNUD « L'Afrique Centrale, Une région en Retard? », Mars 2017, Op.cit

195ABESSOLO NGUEMA, Jean Roger : « Réfugiés et personnes déplacées », in l’Afrique centrale face aux défis migratoires, Op.cit

196AGIER, Michel : Entretien de l'auteur au sujet du livre “ Gérer les indésirables, Des camps de réfugiés

au gouvernement humanitaire,” - Éditions Flammarion, Paris, 2008 - avec Alain FREDAIGUE, Délégué

Médecins Sans Frontières -MSF- au sujet du Livre ( VERBATIM), http://reseau-terra.eu/article840.html

197Il s'agit en effet de l'obligation de protéger prescrite par les différentes déclarations universelles des droits

de l'Homme mais surtout consacrée par la Convention de Genève sur les réfugiés.

198ABESSOLO NGUEMA, Jean Roger, Ibid

199Expression utilisée par Etanislas NGODI, Op.cit Lire aussi, dans le même ordre d'idées, CAMBREZY,

d’échec dans la prise en charge des migrants forcés à travers la constance des conditions de précarité observées chez les personnes en déplacement forcé au sein cet espace géographique. En attendant une refonte substantielle du droit international des réfugiés qui semble s'imposer et que certains chercheurs, à l'instar de François CREPEAU200, appellent de tous leurs vœux, les États d'Afrique centrale sont dos au mur pour penser en synergie d'efforts, des solutions adéquates, efficaces et durables au problème de protection des réfugiés dans leur espace sous-régional. Luc CAMBREZY souligne la nécessité de solidarité régionale intra africaine pour faire face aux crises et au problème des réfugiés, même s'il en émet de fortes réserves quand il dénonce l'attitude distante des responsables politiques africains dans la gestion concertée des conflits intra africains. A ce propos, il souligne : « ...Il faut malheureusement regretter que cette singularité ne débouche pas sur une prise de conscience collective de la part des responsables politiques de ces pays (africains), une prise de conscience qui, seule, permettrait de sortir le continent des guerres qui le rongent. Malgré une très forte identité culturelle et géographique, l'unité de l'Afrique demeure une incantation qui s'arrête et échoue à chacune de ses frontières naturelles et politiques...Dans ce domaine, la responsabilité des dirigeants politiques et des élites intellectuelles est écrasante et si l'on veut faire de l'Afrique une catégorie homogène, c'est bien dans leurs rôles dans les conflits et les mouvements de réfugiés qu'il serait possible d'en identifier le fond commun»201. La question des réfugiés en Afrique Centrale interpelle également la communauté scientifique pour accompagner les États centre-africains dans la recherche de solutions pour une gouvernance des migrations forcées harmonieuse et efficace.

Fort de ces paramètres, notre étude part du constat d’échec dans l'encadrement des flux massifs de réfugiés au sein des espaces territoriaux d'Afrique Centrale. Il s’agit plus spécifiquement d’interroger la pertinence, la fiabilité, la cohérence et l'efficacité des instruments juridiques et institutionnels internationaux, régionaux et nationaux, ainsi que les moyens et politiques mobilisés par les acteurs intéressés dans l'opérationnalisation de la protection des réfugiés au sein des États d'accueil d'Afrique médiane – à l'instar du Cameroun, pris en exemple -. L’examen de ces aspects nous permet de rendre compte des failles et obstacles qui plombent une protection efficace des migrants forcés, afin de situer