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Résumé du chapitre

1.5 Problématique industrielle

Les propositions d’actions d’ICV sont nouvelles et cherchent à s’inscrire dans les projets pétroliers pour renforcer leurs impacts positifs dans le pays hôte. Toutefois, un projet consiste à la réalisation d’objectifs sous contraintes de coûts et de délais. Par la limitation des budgets, l’entreprise pétrolière fait face à un problème de décision pour justifier quelles actions entreprendre. Ce nouveau type de décision n’est pas encore simple à positionner dans le processus de projet.

À l’heure actuelle, les décisions concernant le contenu local sont souvent prises durant la phase d’avant-projet. Néanmoins, cette phase est trop rapprochée de la construction. Certaines actions ne pourraient alors pas être réalisées dans les temps impartis. Citons par exemple la difficulté de former assez de techniciens locaux pour la réalisation du projet. Il en est de même pour la construction de certaines infrastructures. Une phase antérieure serait dès lors plus judicieuse.

Établir un choix lors de la phase conceptuelle permet de réduire les risques projet liés aux travaux de longs délais s’ils sont à réaliser localement. En outre, cette phase permet de figer les concepts — elle fait sens pour prendre les orientations de stratégies d’ICV. Nous nous placerons donc, dans le cadre de ce travail, en phase conceptuelle.

Cette phase étant caractérisée par le choix de concepts, un apport pour Total sera l’élaboration de recommandations pour chacun des concepts. Cela se fera en déterminant pour chacun des concepts celui qui apporterait le plus de valeurs pour des stratégies classiques de LC, d’un côté, et des stratégies ICV, de l’autre. Ainsi, en prenant trois concepts lors de cette phase, un apport serait d’émettre des recommandations sur chacune des stratégies, comme représenté en figure 1.8.

Figure 1.8 : Schématisation d’un apport industriel

Nous avons donc placé le problème de décision dans le processus de projet de Total. Toutefois, la manière de décider est difficile pour plusieurs raisons. La présence de nombreuses actions potentielles rend la construction de stratégies difficile. De plus, par l’hétérogénéité des actions, leurs impacts seront différents par leurs natures et leurs amplitudes. Cela complique l’estimation des différentes stratégies. Il en résulte également une difficulté pour évaluer et prioriser des alternatives. Enfin, le problème de choix lie deux acteurs aux intérêts différents : Total et le pays hôte. L’entreprise est donc face à de nombreuses questions résumées par la problématique industrielle suivante :

Fournir un processus structuré d’aide à la décision pour la sélection d’une stratégie ICV permettant d’apporter de la valeur à un pays hôte.

L’intérêt pour Total est double, puisqu’il s’agit à la fois de sortir de l’approche classique du contenu local pour proposer des stratégies apportant plus de valeur au pays hôte, tout en réduisant le risque projet. Mais là encore, cela apparaît comme bénéfique pour le pays hôte puisqu’un retard sur le projet entraîne un retard au démarrage de l’exploitation du

gisement et des revenus associés.

Notre but est donc d’aider à la recommandation de stratégies gagnant-gagnant au bénéfice des deux grandes parties prenantes, par la structuration d’un processus d’aide à la décision intégrant des éléments spécifiques de modélisation liés au contexte ICV/O&G. Nous en ressortons trois types d’exigences que le modèle mis en place dans cette thèse doit respecter :

Exigence 1 : Structuration d’un processus d’aide à la décision adapté à la complexité du problème. Compte tenu de l’impact que peut avoir un tel projet à l’échelle

d’un pays hôte, l’apport de la valeur n’est pas uniquement à prendre en compte sur des aspects financiers. Les attentes des pays hôtes se retrouvent également sur l’évolution du capital humain, l’amélioration du tissu industriel, la prise en compte d’aspects environnementaux et d’impacts sociétaux. L’aspect multicritères de la valeur créée dans le pays hôte est donc indispensable. De plus, une des raisons pour lesquelles le contenu local a émergé chez les pays producteurs est l’opportunité de conversion de richesses naturelles non-renouvelables en un développement économique durable. Nous devons donc rendre compte de l’aspect durable dans les choix finaux, à la fois au sens long terme mais également au sens ‘équilibre économique-environnemental-sociétal’. Prendre en compte les effets induits permettrait aux décideurs d’émettre des questionnements et des arbitrages rationnels quant à leurs choix. Une multitude de parties prenantes sont concernées par les choix de concepts. Beaucoup d’entre elles pourront être affectées de manière irréversible à la suite de la décision du comité de validation en phase conceptuelle. Comme nous avons précisé précédemment, les décisions liées au contenu local ont parfois favorisé certaines parties des populations au détriment d’autres. Nous devons donc prendre en compte de multiples acteurs et de multiples intérêts, tout en tenant compte du fait que deux parties prenantes sont principalement impliquées dans le processus de décision, le pays hôte et Total.

Exigence 2 : Adaptation du processus au contexte spécifique de l’In-Country Value dans le secteur pétrolier. Le modèle d’aide à la décision que nous développerons dans

la suite de la thèse cherche à mettre en place de manière proactive des actions ICV dans le pays hôte. En conséquence, il doit pouvoir modéliser et comparer des stratégies classiques intégrant du contenu local ou LC, à d’autres d’ICV. De plus, le modèle décisionnel a pour but d’être force de proposition pour le pays hôte. Il doit donc intégrer la vision du pays hôte dans le choix final de stratégie. Il faut également prendre en compte la vision du projet/de Total dans la décision, notamment de par le fait que l’outil que nous devons mettre en place doit pouvoir utiliser les données disponibles en phase conceptuelle, afin de fournir des résultats prospectifs au COVAL (Comité de Validation des projets, interne à Total)..

Exigence 3 : Mise-en-œuvre opérationnelle, pour l’exécution du processus et l’aide à la discussion/négociation entre l’opérateur et le pays hôte. Le processus et l’outil

associé doivent pouvoir s’adapter à la structure organisationnelle de Total, au temps disponible pour mener l’étude, et être simples. Les résultats du modèle doivent être communicables à la fois en interne ainsi qu’à une tutelle d’un pays hôte. Il faut également pouvoir justifier ou expliquer les recommandations proposées par le modèle.

Le positionnement par rapport à l’existant ainsi que les propositions faites lors de cette thèse pourront donc être analysées à travers ces trois familles d’exigences. Après avoir introduit le contexte et posé la problématique industrielle, le chapitre suivant a pour objectif de faire un état de l’art des méthodes pouvant y répondre