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Résumé du chapitre

Étape 7 : Un modèle d’évaluation des impacts des différentes stratégies est construit à

2.4 Méthodes d’aide à la décision

Cette section se focalise sur l’aide à la décision. Nous définissons l’aide à la décision comme « l’activité de celui qui, prenant appui sur des modèles clairement explicités, mais non nécessairement complètement formalisés, aide à obtenir des éléments de réponse aux questions que se pose un intervenant dans un processus de décision, éléments concourant à éclairer la décision et normalement à prescrire, ou simplement à favoriser, un comportement de nature à accroître la cohérence entre l’évolution du processus d’une part, les objectifs et le système de valeurs au service desquels cet intervenant se trouve placé d’autre part » suivant la définition de Roy (1985). Nous étudions dans cette section les différentes méthodes pouvant y correspondre.

Les projets pétroliers, à budget limité, doivent choisir où investir pour répondre à des exigences de développement des pays hôtes. Cette décision doit intégrer la prise en compte de diverses dimensions. Elles ne sont pas purement financières (surcoût pour le projet), mais également environnementales (stock de pollution) ou sociétales (risque de perte d’un héritage culturel d’une communauté locale).

Notre revue de littérature a montré un manque concernant l’aide à la décision dans le choix de stratégies de contenu local. Nous mentionnons (Klueh et al., 2007; Klueh et al., 2009), qui ont réalisé une proposition pour aider à la décision entre des activités pour développer le contenu local. Ils l’ont appliquée au cas de Sao Tomé-et-Principe. Leur méthode consistait à identifier les actions les plus cohérentes avec le milieu local. Ils identifièrent un sous-ensemble d'activités pouvant être candidates. Ils utilisèrent sept critères économiques pour rendre compte des activités les plus viables. L’inconvénient de ce genre de pratique a été mis en avant par les auteurs : l’approche est faite par jugement d’experts et le choix s’effectue de manière qualitative et uniquement sur des critères économiques (Klueh et

al., 2007). Cette méthode s’est donc montrée inadaptée à notre contexte.

Nous présentons par la suite deux paradigmes présents dans la littérature : les approches monocritère et multicritère. Nous ferons un parallèle avec la décision de stratégies ICVs pour ancrer ces méthodes génériques à la thèse.

Les méthodes unicritères sont très fréquemment utilisées. Elles rendent compte de la viabilité des stratégies entreprises. Principalement, des méthodes monétaires ont été développées pour aider à la décision de projets ou de politiques dans des contextes où les ressources sont limitées. L’objectif est une recherche d’efficience entre scénarios. Pour ce faire, ces méthodes monétisent les impacts multicritères. Deux méthodes sont couramment utilisées : les méthodes d’Analyse Coût-Bénéfice (ACB) et d’Analyse Coût-Efficacité (ACE).

Les méthodes d’ACB sont utilisées pour déterminer la valeur créée par un projet, un programme ou une politique. Elle utilise des indicateurs chiffrés comme la Valeur Actualisée Nette (VAN) ou le Taux de Rendement Interne (TRI) pour aider à la décision. Le principal avantage de l’ACB est d’avoir un principe bien établi et une large littérature la couvrant (Pearce et al., 2006). Cette méthode peut mesurer l’impact partiel ou les effets d’une intervention. Pour preuve, on l’utilise dans de nombreux domaines : transport (Ferland, 2006, 2008), énergie (O’Mahoney et al., 2013), infrastructures (J.Lebo et Schelling, 2001). Ces domaines sont proches de problématiques possibles pour des actions d’In-Country Value. Enfin, il s’agit d’une méthode intéressante par sa démarche : elle donne la possibilité d’expliciter des hypothèses économiques souvent négligées au stade de la conception de projet (Damart et Roy, 2007). Néanmoins, cette méthode est décriée en de nombreux autres points (Bouyssou et al., 2000 ; Pearce et al., 2006 ; Damart et Roy, 2007 ; Ackerman, 2008). Premièrement, les estimations financières peuvent être difficiles. Cela fait écho aux problèmes liés à l’utilisation de méthodes d’évaluation économique. Ainsi, certains impacts socio-environnementaux dans notre contexte d’ICV sont difficilement pris en compte par

cette méthode. Deuxièmement, par leur nature agrégative, ces méthodes diluent les dimensions mesurées. Des effets de compensation peuvent intervenir. Cela peut être néfaste pour des populations locales qui verraient leur importance minimisée face à des enjeux financiers. Le troisième argument décriant ces méthodes est lié à la durabilité. Les méthodes d’efficience économique utilisent un taux d’actualisation. Or, un taux d’actualisation bas (/ haut) implique de (dé)favoriser la génération présente au détriment (/ à l’avantage) de la future génération. Cela pose de nombreuses difficultés pour construire l’aide à la décision.

Les méthodes d’ACE rendent compte de l’efficacité d’une action. L’efficacité est mesurée en fonction d’un résultat unique. Elle donne la mesure d’un impact à un coût donné. Par l’obligation de caractériser un objectif principal, il ne peut que comparer des approches destinées à produire des impacts similaires. Cela rend ce genre de pratique difficile à appliquer dans notre contexte par les natures diverses des effets de stratégies ICV et de stratégies LC.

La vision unicritère semble donc assez restreinte. Notre problématique industrielle ne peut être seulement appréhendée avec une unique variable. C’est pour cela qu’ont été développées des méthodologies d’aide à la décision multicritère.

Les méthodologies d’aide à la décision multicritère (Martel et Rousseau, 1993 ; Damart et Roy, 2007 ; Ackerman, 2008) permettent de prendre en compte plusieurs critères, souvent conflictuels, sans avoir besoin de formalisme excessif. Contrairement aux méthodes ACB, les évaluations peuvent être intégrées sous forme qualitative.

Nous prendrons pour illustrer cette partie des problèmes de sélection d’infrastructures routières. Ce type de problématique est envisageable dans la proposition d’actions ICV. Elles constituent également un bon exemple concernant les impacts multicritères. De telles infrastructures impliquent par exemple des pertes de surface, des impacts sur la faune et la flore, des nuisances sonores sur des riverains et des atouts économiques.

L'analyse multicritère introduit des jugements arbitraires et subjectifs sur des critères (Beria et al., 2012). En conséquence, le choix des critères à inclure ainsi que leur importance relative influent sur le résultat final (Ackerman, 2008). Dans le cas des infrastructures, la divergence des contextes a montré des sélections de critères distinctes. Par exemple, les problèmes de sélection en Iran (Fatemeh Haghighat, 2011) se focalisent sur des notions financières et de sécurité. En Europe, les critères environnementaux sont plus présents (Sarrazin et Smet, 2014). En Suisse, la conciliation des points de vue de différentes communautés est le point déterminant de la décision (Tillé, 2001).

De plus, une diversité de choix de modélisation existe (Mardani et al., 2015). Cela est lié à l’existence de nombreuses typologies de problème (Guitouni et al., 1999). Nous avons remarqué que pour le choix de routes, l’ingénierie du problème était importante. Tsoukiàs et Ralijaona (2006) par la structure de leur problème à Madagascar ont cherché à associer des alternatives à des classes. D’autres comme (Niksa et Snjezana, 2010; Fatemeh Haghighat, 2011) cherchaient directement à classer des alternatives.

Le choix d’une méthodologie n’est pas forcément évident (Roy et Słowiński, 2013). De par la spécificité de notre problème, une construction robuste et adaptée doit être proposée.

Conclusion partielle : nous retenons que seules les méthodes d’aide à la décision multicritère

peuvent répondre à notre problème. Toutefois, ces méthodes nécessitent une réflexion dans leur conception. Par la multitude des méthodes, il faut savoir laquelle choisir et l’adapter au contexte. Un travail académique est nécessaire pour trouver une méthodologie d’aide à

la décision multicritère en adéquation avec le problème de sélection de stratégies ICV.

Ce travail de conception doit à la fois prendre en compte les différentes dimensions, mais aussi la présence de plusieurs décideurs.

Question 3 :

Comment aider à la décision pour la sélection de stratégies agissant sur de multiples systèmes ?