Figure - IV. 1. 4. 2. 5. c. Figure - IV. 1. 4. 2. 2. a.
Page | 171
IV. 1. 4. 2. 6. Topique de la {Participation}
Dans la littérature française, le débat se déplace sur le terme de {participation}, de manière
plus « politique » que sur le terme de {motivation}. Il concurrence le terme de « problème de
personnel », que l’on peut appeler aussi « syndicalisme » ou toute forme de contestation.
La {participation} comme ‘démocratie’
L’essayiste Michèle Aumont nomme « une « dynamique » cette « évolution » tendant à
rapprocher les « deux visages de l’entreprise » [Aumont_13-18]. Louis Armand voit
« l’impératif démocratique » lié à la nécessaire « mobilisation de l’imagination » des
sociétés compétitives [Armand_7]. Octave Gélinier acte alors le travail des « sociologues
industriels » (sans les nommer) qui forcent à « rompre avec les approches traditionnelles de
l’entreprise » [Gelinier-FTN_89], notamment du fait que le « groupe de travail » réel se fixe
plus par les « sentiments » que par les « règles formelles » du chef [Gelinier-FTN_90]. Tirant
la leçon de ces « critiques », il prône le « travail en équipe », notamment le « climatd’un
objectif en commun » (sans citer les travaux de McGregor) [Gelinier-FTN_91-92], pour que
les {décisions} soient « les meilleures ». Il faut instaurer des « groupes de travail », selon
les travaux de Rensis Likert (1967), et positionner un « homme charnière » entre les groupes
pour élever la {motivation} de l’ensemble [Gelinier-FTN_93-94]. Mais bien davantage, « on
observe que ces quinze dernières années, la quasi-totalité des entreprises ont évolué vers
une direction plus participative » [Gelinier-FTN_95]. Celle-ci s’établit à partir de la
[+] Dynamique [-] conflit
[+] Travail en équipe, Likert [-] Entreprises traditionnelles, problème de personnel [+] Participation (financière) [-] démocratisation, propriété
[+] Election, fin du syndicalisme [-] Hiérarchie, Berle Means contestation
[+] Psychologie, Créativité [-] Entreprises traditionnelles [+] Statut personnel, démocratisation
[-] Hiérarchie, Berle Means
[+] Démocratie, Imagination [+] Groupes de travail Figure - IV. 1. 4. 2. 6. a.
Page | 172
« constitution des groupes », et de la formation d’un « esprit d’équipe », avec « ses
{objectifs} propres », et ses « autoévaluations », une « sorte de thérapeutique » pour
améliorer la {communication} des « groupes ». Mais il s’agit de circonscrire son exercice à
partir des fonctions de {coordination} entre les groupes [Gelinier-FTN_96], et de définir
une {organisation} de ce « travail de groupe » [Gelinier-FTN_97], dont toutes les instances
doivent être « formalisées » et « hiérarchisées » pour être connues par la direction générale
[Gelinier-FTN_98-99]. Octave Gélinier admet que cette {participation} crée une
« conception nouvelle du rôle du chef », animant plus que « donnant des ordres »
[Gelinier-FTN_100]. Une conception plus globale est proposée par [DeWoot], qui recompose plus
largement une « doctrine de l’entreprise », qui « vise à mettre en œuvre les ressources pour
viser son optimum » [DeWoot_31]. Mais dans un cadre plus large puisque « l’acte
d’entreprendre » vise autant un « progrès » sous « l’angle économique (…) [que] le bien
commun » [DeWoot_32-33]. Philippe De Woot accole au terme de {participation} celui de
« créativité », c’est-à-dire « d’un point de vue personnel, le développement de l’échange, la
motivation et les aspirations de chacun » [DeWoot_34]. La « créativité est le signe du
changement ». Il critique « la bureaucratie » (Crozier, 1963), « la
centralisation » (Touraine, 1949), « les ordres impersonnels », « l’ordre discrétionnaire »
(Gouldner, 1954). Les travaux « de psychologie » (Katz, Khan, 1966) plaident pour une
conception « de maturité» de l’organisation, c’est-à-dire « par projet », par {objectifs},
visant le « développement de l’homme », « l’intégration subjective », et tout ce qui impose
le « changement» d’un «style de management » [DeWoot_35-37]. Le tout dessine un
management visant la « créativité », synonyme de « concertation » [DeWoot_38],
« concurrence » [DeWoot_39], « dialogue » [DeWoot_40], « développement » de soi, à
l’image de l’entreprise [DeWoot_41]. A partir de cette « doctrine de l’entreprise », les
débats portent sur ses conséquences. L’essai de François Bloch-Lainé « Pour une réforme
de l’entreprise » prône des « changements » politiques, l’auteur affirme se reposer sur les
constats théoriques Philippe De Woot [BlockLaine_1]. Mais ses thèses sont combattues par
Pierre Bleton (1959), Octave Gelinier (1963), ou déployées par le syndicaliste André
Malterre (1969). Ses propositions, en effet, consiste à créer un « statut du personnel »,
[Blocklaine_12] tenant compte du besoin de {participation}. Il l’interprète ainsi : les
« syndicats ouvriers » ne veulent « ni la cogestion » ni « les responsabilités »
[Blocklaine_22], il distingue « trois types d’autorité » : « ceux qui décident », « ceux qui
répercutent », et « ceux qui contrôlent l’ensemble » [Blocklaine_23]. Il faut en finir avec
cette « hiérarchie », constituée de « cadres intermédiaires », qui ont cette « sensation de ne
devoir que répercuter les informations venues d’en haut » [Blocklaine_24], le « capital »,
ces « mandataires anonymes », qui ont par ailleurs la même « sensation de subir les
décisions » [Blocklaine_25]. Il suggère de changer « l’accès aux postes de responsabilités »
et d’appliquer le principe de la « démocratie » au lieu de la « cooptation » [Blocklaine_26].
Précisant que les régimes de « gouvernement d’entreprise » ont toujours séparé les deux
[+] Créativité [+] Statut du personnel [-] contestationPage | 173
fonctions d’exécution et de « surveillance » [Blocklaine_27-30], il stipule que « le vrai
critère » de la {participation}, ou « problématique du personnel », c’est la « capacité d’agir
sur son destin », postulant que l’accès à la propriété pour les salariés reste toujours
« partiel », il propose donc d’élire le corps exécutif de l’entreprise [Blocklaine_30]. Qu’en
est-il alors de la {participation} proprement dite ? Cette notion est « floue », elle ne se
résume ni à « l’information », ni à la « consultation » ou au « contrôle » [Blocklaine_35].
Elle repose sur la formulation du « projet » et des {objectifs} de l’entreprise, autant sur ses
« méthodes » que sur ses « résultats ». [Blocklaine_36]. Elle est la « vérification et le suivi
d’une annonce devant être conforme à sa réalisation » ; la {participation}, ce sera élire le
corps exécutif, avec un mandat et sous un projet. Ce choix est aussi une défiance vis-à-vis
des organes syndicaux, structurellement tentés par la « contestation » et la « politique »
[Blocklaine_32-34] ; on doit donc accorder au syndicalisme un « statut » et des
« procédures », pour contraindre l’exécutif et acter « l’obligation de participation ». C’est
un point de vue radical et contesté. [Bleton_27] prend le contrepied : si les entreprises
deviennent de plus en plus grandes, « il faut alors recréer l’envie à chacun de participer ».
Et si les débats sur la {participation} oscillent entre « l’information » ou la « contestation »,
pourquoi créer des intermédiaires ? Il faut créer des « instances », des « comités
d’entreprise » qui seraient « des tribunespour que chacun des intérêts divergents puisse
exprimer son point de vue ». Il doit pouvoir le faire sans intermédiaire, et laisser « les
ouvriers [qui] savent ce qui est bon pour l’entreprise » [Bleton_28]. Sachant « qu’à chaque
temps de l’histoire sociale », il a fallu « créer quelque chose de nouveau ». Pierre
[Bleton_29] se réfère à Michel Crozier pour interroger ce manque chronique de
{participation} dans l’entreprise. La question porte sur les « représentants » eux-mêmes
(c’est-à-dire sur le syndicalisme). Il enchaîne : « Il s'agit moins de participer à l'entreprise »,
faisant allusion aux thèses marxistes ou apparentées, dont celles de Georges Friedmann. Pour
l’essayiste, on ne peut « qu'adhérer (ou pas) à la société matérielle » [Bleton_31]. Le thème
de la {participation} est questionné car il est le plus souvent situé « en dehors de l’existence
de l’entreprise » : les salariés veulent-ils « participer » ou « avoir du temps
libre » [Bleton_32] ? Il questionne le rêve de cette « Europe, qui n’existe pas, plaidée tant
par les libéraux que les marxistes ». En situant de nouveau la critique de la {participation}
au sein de l’entreprise, le leader du syndicat des cadres [Malterre_9] circonscrit le débat aux
« lieux de coopération, de propriété privée et de respect des droits », mais aussi de
« conventions collectives et de syndicats ». La notion de « {motivation} » est reprise comme
« la condition première de l’entreprise » ou « le moteur économiqueprincipal »
[Malterre_12], quelles que soient ses « formes » [Malterre_10] ou sa « finalité »
[Malterre_11]. Ainsi, André Malterre reprend à son compte les débats sur la « réforme de
l’entreprise » qu’il attribue aux « tensions » de l’entreprise, oscillant entre les « idéologies »
et les « revendications » [Malterre_17-19] ; cette « réforme » devra respecter la « finalité »
[Malterre_18] de l’entreprise, en formulant une « concertation » [Malterre_20], débouchant
[+]« Participation » (financière)
Page | 174
sur une notion de « {participation} », concrétisée par une part du « profit » de l’entreprise
en disposition législative. En questionnant les termes de {participation} et de {motivation},
les auteurs francophones débouchent sur une interrogation sur les « cadres », ce mot
intraduisible dans l’univers anglo-saxon. Revenons à la question de la {délégation}, à ce que
nous nommons {l’intégration} des cadres.
Dans le document
Grammaire du discours managérial à partir d’une analyse sémantique de la littérature de gestion (1910 - 2010)
(Page 191-195)