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Probabilités conditionnelles .1Introduction

Dans le document Chapitre 1 Dénombrer et sommer (Page 67-72)

Événements et Probabilités

Remarque 2.6. On peut démontrer que Bor( R ) est aussi la tribu engendrée par les fermés de R, ou par les intervalles ouverts, ou les intervalles fermés, ou les semi-ouverts,

2.6 Probabilités conditionnelles .1Introduction

Comment doit-on modifier la probabilité que l’on attribue à un événement lorsque l’on dispose d’uneinformation supplémentaire? Le concept de probabilité conditionnelle permet de répondre à cette question.

Par exemple, une fédération d’escrime regroupe N licenciés, dont NH hommes et

NF =N−NH femmes. Il y aNG gauchers (des deux sexes) parmi tous les licenciés. On choisit un individu au hasard. Notons :

G = {l’individu choisi au hasard est gaucher}

H = {l’individu choisi au hasard est un homme}

On noteNG∩H le nombre d’escrimeurs hommes gauchers. On a bien sûr :P(H) =NH/N

etP(G∩H) = NGH/N. Quelle est la probabilité qu’un licenciéhomme choisi au hasard soit gaucher ? On dispose ici d’une information supplémentaire : on sait que l’individu choisi est un homme. En considérant les divers choix possibles d’un homme comme équiprobables, la probabilité cherchée est clairement : NGH/NH. Ceci s’exprime aussi à l’aide de P(H)et de P(G∩H)en remarquant que :

NG∩H NH = N P(G∩H) N P(H) = P(G∩H) P(H) .

Par analogie, nous donnons dans le cas général la définition formelle :

Définition 2.30 (probabilité conditionnelle). SoitH un événement tel que P(H)6= 0. Pour tout événement A, on définit :

P(A|H) = P(A∩H)

P(H) ,

appelée probabilité conditionnelle de l’événement A sous l’hypothèse H.

Remarquons que pour l’instant, il ne s’agit que d’un jeu d’écriture. On a simplement défini un réel P(A|H) pour que :

P(A∩H) =P(A|H)P(H).

Ce qui fait l’intérêt du concept de probabilité conditionnelle, c’est qu’il est souvent bien plus facile d’attribuer directement une valeur à P(A | H) en tenant compte des conditions expérimentales (liées à l’information H) et d’en déduire ensuite la valeur de

P(A∩H). Le raisonnement implicite alors utilisé est : tout espace probabilisé modélisant correctement la réalité expérimentale devrait fournir telle valeur pour P(A|H). . . Exemple 2.31. Une urne contient r boules rouges et v boules vertes. On en tire deux l’une après l’autre, sans remise. Quelle est la probabilité d’obtenir deux rouges ?

Notons H et A les événements :

H ={rouge au 1er tirage}, A={rouge au 2e tirage}.

Un espace probabilisé (Ω,F, P) modélisant correctement cette expérience devrait véri-fier :

P(H) = r

r+v, P(A|H) = r−1

r+v−1.

En effet, si H est réalisé, le deuxième tirage a lieu dans une urne contenant r+v−1 boules dont r−1rouges. On en déduit :

P(deux rouges) =P(A∩H) =P(A|H)P(H) = r−1

r+v −1 × r

r+v.

On aurait pu arriver au même résultat en prenant pour Ωl’ensemble des arrangements de deux boules parmi r+v, muni de l’équiprobabilité et en faisant du dénombrement :

cardΩ =A2r+v = (r+v)(r+v−1), card(A∩H) = A2r =r(r−1).

d’où :

P(A∩H) = r(r−1) (r+v)(r+v−1). Notons d’ailleurs que cardH =r(r+v−1)d’où

P(H) = cardH cardΩ = r(r+v −1) (r+v)(r+v−1) = r r+v.

En appliquant la définition formelle de P(A|H)on retrouve :

P(A|H) = P(A∩H) P(H) = r(r−1) (r+v)(r+v−1) ×r+v r = r−1 r+v−1,

ce qui est bien la valeur que nous avions attribuée a priori en analysant les conditions expérimentales.

Remarque 2.32. Il importe de bien comprendre que l’écriture A | H ne désigne pas un nouvel événement19 différent de A. Quand on écrit P(A |H), ce que l’on a modifié, ce n’est pas l’événement A, mais la valeur numérique qui lui était attribuée par la fonction d’ensembles P. Il serait donc en fait plus correct d’écrire PH(A) que P(A |

H). On conservera néanmoins cette dernière notation essentiellement pour des raisons typographiques : P(A|H1∩H2∩H3) est plus lisible que PH1∩H2∩H3(A).

19En fait cette écriture prise isolément (sans leP)n’a pas de sens et ne devraitjamais être utilisée. Le symbole|ne représente pas une opération sur les événements qui l’entourent.

2.6. Probabilités conditionnelles

2.6.2 Propriétés

Proposition 2.33. Soit (Ω,F, P) un espace probabilisé et H un événement fixé tel que P(H)6= 0. Alors la fonction d’ensembles P(. |H) définie par :

P(. |H) : F→[0,1] B 7→P(B |H) est une nouvelle probabilité sur (Ω,F).

La preuve a déjà été donnée à l’occasion de l’exemple 2.12. Une conséquence im-médiate est que la fonction d’ensembles P(. | H) vérifie toutes les propriétés de la proposition 2.16.

Corollaire 2.34. La fonction d’ensembles P(. |H) vérifie : 1. P(∅ |H) = 0, P(Ω|H) = 1 et si A⊃H, P(A|H) = 1. 2. Si les Ai sont deux à deux disjoints :

P(∪n i=1Ai |H) = n X i=1 P(Ai |H). 3. Pour tout B ∈F, P(Bc |H) = 1−P(B |H). 4. Pour tous A∈F et B ∈F, si A⊂B, P(A|H)≤P(B |H). 5. Pour tous A∈F et B ∈F, P(A∪B |H) = P(A |H) +P(B |H)−P(A∩B |H). 6. Pour toute suite (Ai)i≥1 d’événements :

P ∪ i∈NAi |H+∞ X i=1 P(Ai |H). 7. Si Bn ↑B, P(Bn |H)↑P(B |H), (n→+∞). 8. Si Cn ↓C, P(Cn |H)↓P(C |H), (n →+∞).

Nous n’avons vu jusqu’ici aucune formule permettant de calculer la probabilité d’une intersection d’événements à l’aide des probabilités de ces événements. Une telle formule n’existe pas dans le cas général. Les probabilités conditionnelles fournissent une méthode générale tout à fait naturelle pour calculer une probabilité d’intersection.

Proposition 2.35 (règle des conditionnements successifs).

Si A1, . . . , An sont n événements tels que P(A1∩. . .∩An−1)6= 0, on a : P(A1∩. . .∩An) = P(A1)P(A2 |A1)P(A3 |A1∩A2)× · · ·

Preuve. Pour 1≤i≤n−1, on a n1 j=1Aj ⊂ ∩i j=1Aj d’où : 0< Pn1 j=1Aj≤Pi j=1Aj. DoncP ∩i j=1Aj

n’est nul pour aucuni≤n−1et on peut conditionner par l’événement i

j=1Aj. Ceci légitime le calcul suivant :

P(A1)P(A2 |A1)P(A3 |A1∩A2)× · · · ×P(An |A1∩. . .∩An−1) = P(A1P(A1A2) P(A1) × P(A1 A2A3) P(A1∩A2) × · · · × P(A1. . .An) P(A1∩. . .∩An−1) = P(A1∩. . .∩An),

après simplifications en chaîne de toutes ces fractions.

Les probabilités conditionnelles permettent aussi de calculer la probabilité d’un évé-nement en conditionnant partous les cas possibles. Du point de vue ensembliste, cescas possibles correspondent à une partition deΩ.

Définition 2.36 (partition). On dit qu’une famille (Hi)i∈I est une partition desi elle vérifie les trois conditions :

∀i∈I, Hi 6=∅. Ω = ∪

i∈IHi.

– Les Hi sont deux à deux disjoints (i6=j ⇒Hi∩Hj =∅). Proposition 2.37 (conditionnement par les cas possibles20).

(i) Si H est tel que P(H)6= 0 et P(Hc)6= 0, on a

∀A∈F, P(A) =P(A|H)P(H) +P(A|Hc)P(Hc).

(ii) SiH1, . . . , Hnest une partition finie deen événements de probabilité non nulle, ∀A∈F, P(A) =

n X

i=1

P(A|Hi)P(Hi).

(iii) Si (Hi)iN est une partition detelle que ∀i∈N, P(Hi)6= 0 : ∀A∈F, P(A) =

+∞

X

i=0

P(A|Hi)P(Hi).

2.6. Probabilités conditionnelles

Preuve. Il suffit de vérifier (iii), les deux premières propriétés se démontrant de façon analogue. Comme (Hi)i∈N est une partition de Ω,

A=A∩Ω =A∩ ∪

i∈NHi

= ∪

i∈N(A∩Hi)

et cette réunion est disjointe car les Hi étant deux à deux disjoints, il en est de même pour les (A∩Hi). Par conséquent parσ-additivité :

P(A) = +∞ X i=0 P(A∩Hi) = +∞ X i=0 P(A|Hi)P(Hi).

Lorsqu’on a une partition de Ωen n hypothèses ou cas possibles Hi et que l’on sait calculer les P(Hi) et les P(A | Hi), on peut se poser le problème inverse : calculer

P(Hj | A) à l’aide des quantités précédentes. La solution est donnée par la formule suivante quelquefois appelée (abusivement) formule des probabilités des causes.

Proposition 2.38 (formule de Bayes).

Soit A un événement de probabilité non nulle. Si les événements Hi (1 ≤ i ≤ n) forment une partition deet si aucun P(Hi) n’est nul, on a pour tout j = 1, . . . , n :

P(Hj |A) = P(A|Hj)P(Hj) Pn

i=1P(A|Hi)P(Hi). Preuve. Par définition des probabilités conditionnelles on a :

P(Hj |A) = P(A∩Hj)

P(A) =

P(A|Hj)P(Hj)

P(A) .

Et il ne reste plus qu’à développerP(A)en conditionnant par la partition(Hi,1≤i≤n) comme à la proposition 2.37.

La même formule se généralise au cas d’une partition dénombrable. Ces formules sont plus faciles à retrouver qu’à mémoriser. . .

2.6.3 Quelques exemples

Exemple 2.39. On considère deux urnes U1 etU2. L’urne U1 contientr1 boules rouges et v1 boules vertes. L’urneU2 contientr2 boules rouges et v2 boules vertes. On lance un dé. S’il indique le chiffre 1, on choisit l’urne U1, sinon on choisit U2. Dans chaque cas on effectue deux tirages avec remise dans l’urne choisie. Quelle est la probabilité d’obtenir une rouge au premier tirage ? deux rouges en tout ?

Adoptons les notations d’événements suivantes :

H1 ={choix de l’urne U1}, H2 =H1c ={choix de l’urne U2}.

Il est facile de calculer directementP(R |Hi) et P(R∩R0 |Hi)pour i= 1,2. En effet, une fois l’urne Ui choisie, on a un problème classique de tirages avec remise dans la même urne que l’on peut traiter (par exemple) par le dénombrement. On a ainsi :

P(R |Hi) = ri

ri+vi, P(R∩R0 |Hi) = ri

ri+vi

2 .

La formule de conditionnement par la partition{H1, H2} donne :

P(R) = P(R |H1)P(H1) +P(R |H2)P(H2) = 1 6 r1 r1+v1 + 5 6 r2 r2+v2 et P(R∩R0) = P(R∩R0 |H1)P(H1) +P(R∩R0 |H2)P(H2) = 1 6 r1 r1 +v1 2 + 5 6 r2 r2+v2 2 .

Exemple 2.40. Un questionnaire à choix multiples propose m réponses pour chaque

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