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Principe de l'électrodynamique quantique en cavité

1.3. Electrodynamique quantique en cavité

1.3.1. Principe de l'électrodynamique quantique en cavité

Les boîtes quantiques et plus généralement, les émetteurs uniques, émettent la plupart du temps un photon de manière isotrope c'est à dire dans une direction aléatoire dans l'espace. La collection de photons est donc relativement faible pour un petit angle solide donné. La communauté scientique a donc cherché un moyen de contrôler l'émission spontanée pour pouvoir collecter un maximum de photons dans une direction [33] : le principe consiste à positionner l'émetteur unique au centre d'une cavité comme le montre la gure 1.31. Cette cavité modie le champ électromagnétique au voisinage de la boîte qui modie alors la direction d'émission mais également l'énergie et la polarisation de l'émission. L'étude de l'électrodynamique en cavité a commencé initialement dans le domaine des atomes froids

Figure 1.31.  Schéma illustrant l'électrodynamique quantique en cavité : Un émetteur à deux niveaux est couplé à la lumière incidente dans une cavité optique [123, 124, 125, 126] pour s'ouvrir à d'autres émetteurs uniques tels que les boîtes quantiques. Cet émetteur peut soit être dans un état fondamental ( état |gi) et être capable d'absorber un photon, soit être dans un état excité (état |ei) et être capable d'émettre un photon. Dans ces conditions, un photon dans la cavité peut exciter l'émetteur qui va pouvoir réémettre un photon dans la cavité. Si la cavité possède des miroirs parfaitement rééchissants, le cycle excitation-émission spontanée est inni. Dans la réalité, les miroirs ne sont pas parfaits et la cavité a donc des pertes optiques.

Pour modéliser ce système d'émetteur dans une cavité optique, nous allons utiliser l'Ha-miltonien de Jaynes-Cumming [127].

Couplage entre un émetteur et une cavité

Le chapitre 3 sera entièrement consacrée à la modélisation théorique d'une boîte quantique en microcavité. Nous présentons ici, le modèle général pour un émetteur unique dans une cavité an d'aborder la notion de couplage fort et couplage faible. On peut décrire notre système grâce à l'Hamiltonien de Jaynes-Cumming constitué d'un terme pour le champ élec-tromagnétique de la cavité Hc, un terme pour la boîte quantique Hdet un terme d'interaction Hint :

H = Hc+ Hd+ Hint

Ce modèle considère notre système isolé et sans perte. On considère une cavité ayant un mode d'énergie ωc. Le champ électromagnétique est quantié et peut contenir un nombre entier de photons d'énergie ωc. L'Hamiltonien du champ s'exprime alors :

1.3. Electrodynamique quantique en cavité où a et a sont les opérateurs de création de photon et d'annihilation de photon dans la cavité (aa = n) tandis que ~ωc

2 correspond à l'énergie de l'état vide de la cavité. En considérant ce niveau d'énergie comme référence, nous obtenons :

Hc= ~ωcaa = ~ωcn

Les états propres de cet Hamiltonien sont |0i, |1i, ..., |ni correspondant à 0, 1, ..., n photons dans la cavité. La boîte quantique est dénie comme un système à deux niveaux avec un état fondamental |gi (d'énergie E0) et un état excité |ei (d'énergie Ee). L'Hamiltonien de la boîte quantique est déni comme :

Hd= Ee|ei he| + Eg|gi hg|

En prenant comme référence l'énergie de l'état fondamental |gi, on peut écrire cet Hamil-tonien :

Hd= ~ωd|ei he|

où ωdest la diérence d'énergie entre l'état fondamental et l'état excité. Le terme |e >< e| décrit la population totale du niveau excité.

Dans l'approximation du dipôle électrique, on introduit le terme d'interaction comme : Hint = i~g(σ++ σ)(a− a)

σ+ = |ei hg| correspond à l'excitation de l'émetteur et σ = |gi he| correspond à la désex-citation de l'émetteur. La quantité g est la constante de couplage de notre système. Quatre combinaisons sont possibles entre les termes d'annihilation et de création et les termes d'ex-citation et désexd'ex-citation, mais seules les transitions |gi he| a (qui crée un photon dans la cavité en désexcitant la boîte quantique) et |ei hg| a (qui excite la boîte quantique en vidant la cavité d'un photon) sont des transitions ecaces. L'Hamiltonien total du système est donc obtenu en sommant les trois termes donnés ci-dessus :

H = ~caa + ωd|e >< e| + ig(σ+a − σa) Après diagonalisation, les valeurs propres de l'Hamiltonien sont :

E0 = 0 E±(n) = nωcωc−ωd

2 ±png2+ (ωc− ωd)2

où n désigne le nombre d'excitations élémentaires de l'état propre. En prenant l'exemple d'un seule excitation élémentaire dans la cavité, nous avons :

ɓ

ɓ

ɓ

ɓ

c

ɓ

ɓ

ɓ

ɓ

c 2gh

˲˲˲˲

2 2gh 2gh

˲˲˲˲

n g, 0 e, 0 g, 1 e, 1 g, 2 e, n-1 g, n

,

,

,

g, 0

ɒ

ɒ

ɒ

ɒ

-1

ɒ

ɒ

ɒ

ɒ

+1

ɒ

ɒ

ɒ

ɒ

-n

ɒ

ɒ

ɒ

ɒ

+n

g>0

g=0

E(0) E+(1) E-(1) E+(2) E-(2) E+(n) E-(n)

Figure 1.32.  Niveaux d'énergie de l'émetteur lorsque g = 0 et g > 0. E±(1) = ωcωc−ωd

2 ±pg2+ (ωc− ωd)2

La dégénérescence des état |g, 1i et |e, 0i est levée par l'interaction (voir Fig.1.32) et lorsque ωc= ωd, les états propres du système sont les états 1

2(|g, 1i ± |e, 0i)correspondant aux énergies E±(1). De manière plus générale, la dégénérescence des états |g, ni et |e, n − 1i est levée par l'interaction, et lorsque ωc = ωd, le nouveau spectre est constitué d'un état fondamental puis de n paires d'états mixtes séparés de 2gn, et espacées de ωc comme le montre la gure 1.32. On appelle ce spectre d'énergie, échelle de Jaynes-Cumming.

En absence de dissipation, si le système est présumé dans l'état |e, 0ià l'instant t = 0, un photon est émis par la boîte quantique puis absorbé puis réémis et ainsi de suite.

Si on trace la probabilité qu'a une boîte quantique d'être excitée au cours du temps à partir de l'état initial |e, 0i, on obtient une sinusoïde de fréquence g appelée oscillation de Rabi [128] représentée sur la gure 1.33. L'état du système est en eet donné par8 :

|Ψ(t)i = 1

2(eiω+t(|e, 0i + |g, 1i) + 12(eiω−t(|e, 0i − |g, 1i)) avec ω± = E±

~ .

Dissipations - Couplage fort et couplage faible

Les dissipations En réalité, l'émetteur n'est jamais isolé et la cavité n'est pas parfaite. Des eets de dissipations sont donc à considérer comme le schématise la gure 1.34. L'émetteur

8. |Ψ(t)i = eiω++ω−2 t 2  cosω+−ω− 2 t|e, 0i + isinω+−ω− 2 t|g, 1i

1.3. Electrodynamique quantique en cavité 0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000

temps

0

1

Probalité d’occupation P

de l’émetteur en fonction du temps

P( )e

Figure 1.33.  En absence de processus dissipatifs, la probabilité que l'émétteur soit à l'état excité est une sinusoïde correspondant à une superposition entre les deux états propres lumières matière.

em

g

Taux de perte

de la cavité ț Taux de perte

de la cavité ț

Taux d’émission spontanée hors du mode Ȗsp

Figure 1.34.  Représentation des dissipations possibles avec un émetteur dans une cavité. L'émétteur peut émettre hors du mode avec un taux γsp ou la cavité peut perdre un photon avec un taux κ.

Probalité d’occupation P de l’émetteur en fonction du temps

P( )

e 0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 temps 0

Figure 1.35.  En couplage fort, la probabilité que l'émetteur soit à l'état excité est une oscillation amortie a cause des pertes.

peut émettre un photon en dehors du mode fondamental de la cavité et le photon est alors considéré comme perdu pour le système. Cette émission spontanée hors du mode fondamental est régie par le taux d'émission spontanée γsp. De plus, les miroirs de la cavité ne sont pas parfaits et les photons peuvent s'échapper de la cavité avec un taux de fuite κ. Dans le chapitre 2, nous détaillerons les formules permettant de modéliser ces dissipations. Nous ne ferons ici qu'une étude qualitative en comparant les processus dissipatifs aux interactions cohérentes du système.

Couplage fort Lorsque les pertes de la cavité sont faibles comparées à l'interaction matière, g > κ4,γsp

4 . Dans nos système κ >> γsp et nous utiliserons comme facteur de mérite S = 4g κ qui en régime de couplage fort est supérieur à 1. Dans ces conditions, le système est dit en couplage fort : il est alors possible d'observer les oscillations de Rabi mais les dissipations amortissent ces oscillations de Rabi au cours du temps comme le montre la gure 1.35. En excitation non résonante, le spectre de luminescence présente deux pics de luminescence associés aux deux états propres d'énergie E+(1) et E(1).

Couplage faible Lorsque les pertes sont importantes comparées à l'interaction lumière matière, le système n'aura pas le temps de faire des cycles excitation-émission spontanée et le photon sortira très rapidement de la cavité. Dans ces conditions, S = 4g

κ < 1 et nous sommes en régime de couplage faible. Dans ce cas, il n'y a pas d'oscillations de Rabi. La cavité amplie cependant le champ électrique à la position de la boîte quantique ce qui modie la densité d'états par rapport à l'absence de cavité. Cette modication aura pour conséquence d'inhiber ou d'accélérer l'émission spontanée comme l'illustre la gure 1.36. On appelle ce phénomène l'eet Purcell [33].

1.3. Electrodynamique quantique en cavité 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 Temps (en ns) Probabilité d’occupation P de l’émetteur en fonction du temps

P( )

e

En cavité

Sans cavité

Figure 1.36.  En couplage faible, l'émission spontanée est accélérée par eet Purcell. Le mode de cavité est résonant avec l'énergie de la transition dipolaire de l'émet-teur.

1.3.2. Les cavités optiques