III. Réponse des lymphocytes T suite à la reconnaissance d’un antigène 21
1. Signalisation suite à l’engagement des TCR 21
1.2. Principales voies de signalisation 25
Figure 6 : Recrutement des complexes de signalisation à LAT
La phosphorylation de LAT par ZAP-70 conduit au recrutement de Grb2, GADS, PLC-1. Le recrutement de Grb2 entraine le recrutement de THEMIS1 qui régule la signalisation ou SOS qui active la voie des MAP kinases. GADS, conduit au recrutement de l’adapteur moléculaire SLP-76 qui est, par la suite, phosphorylé par ZAP-70. Cette phosphorylation entraine le recrutement de Vav1 et ADAP qui régule le cytosquelette, mais aussi de Pi3K qui active AKT et enfin ITK qui active PLC-1. L’activation de PLC-1 entraine la production de DAG et d’IP3 à partir de PIP2. IP3 entraine le relargage calcique et DAG s’associe à RasGRP et déclenche la voie des MAP kinases par activation de Ras par RasGRP. Adapté de «Role of the LAT
adaptor in T-cell development and Th2 differentiation.» de Malissen et al., 2005.
1.2. Principales voies de signalisation
L’ensemble de ces phosphorylations déclenchent le recrutement de complexes moléculaires entrainant l’activation ou la répression de voies de signalisation distinctes.
La phosphorylation de PLC-1 active sa fonction phospholipase qui rompt la liaison phosphodiester reliant le groupement phospho-inositol au groupement diacylglycérol du phosphatidylinositol 4,5-bisphosphate (Pi(4,5)P2) (97). Cette hydrolyse conduit à la formation de diacylglycérol (DAG) et d’inositol 1,4,5-triphosphate (IP3) (98) (Fig. 6).
Voies calciques : L’IP3 peut être capté par le récepteur à l’IP3 à la surface du réticulum endoplasmique entrainant le relargage calcique depuis le réticulum endoplasmique vers le cytoplasme. Le calcium relâché dans le cytoplasme peut être capté par les domaines EF- Hand de STIM conduisant à son oligomérisation. Le complexe STIM interagit avec le canal
ionique Orai1 à la membrane plasmique entrainant son ouverture et une entrée massive de calcium depuis le milieu extracellulaire (99, 100). Le flux calcique entraine l’activation du complexe calcineurin/calmodulin qui déphosphoryle le facteur de transcription NFAT et favorise ainsi sa translocation nucléaire. Au sein du noyau, en collaboration avec AP-1 qui est activé par les voies des MAPK, le complexe NFAT/AP-1 favorise l’activation de gènes essentiels à l’activation cellulaire (101). Le calcium peut aussi permettre de lever des répressions dépendantes de facteurs de transcription. La protéine DREAM, sous forme tétramère, agit comme répresseur de l’expression de certains gènes. En présence de calcium, capté par les domaines EF-Hand des protéines DREAM, un changement conformationnel conduit à la dissociation du complexe et ainsi à la levée de l’inhibition des gènes réprimés par DREAM. L’expression d’une protéine DREAM constituée de domaines EF-Hand insensibles au calcium, entraine la diminution d’expression de cytokines. Cet événement s’accompagne de la diminution de la prolifération des LT (102).
Voies des MAP kinases : Le DAG peut être capté par la région C1 présente sur certaines kinases PKC permettant la phosphorylation de la protéine RasGRP, qui permet l’échange de GDP en GTP sur les protéines Ras (103). La protéine SOS, qui est recrutée à LAT via Grb2 a aussi une fonction d’échangeur de guanine sur Ras et fonctionne en collaboration avec RasGRP (104). L’activation de Ras conduit à une cascade d’activation de kinase en phosphorylant les protéines Raf (MAPKKK) qui activent les kinases Mek (MAPKK) qui enfin activent les kinases Erk (MAPK). Les kinases Erk phosphorylent et activent Elk1 qui une fois transloquée dans le noyau active AP-1 (105). La protéine adaptatrice KSR favorise la signalisation des MAPK en regroupant les différentes protéines de la voie (106). La déficience en KSR conduit à la diminution de la phosphorylation de Erk dans les LT. Cette diminution de stimulation s’accompagne d’une diminution de la prolifération des LT (107, 108). Il est connu que BRAP régule négativement la voie des MAP kinases en inactivant la protéine adaptatrice KSR (109-111). Cependant, aucune donnée n’existe concernant la fonction de BRAP au sein des LT.
Voies NFB : Tout comme la voie des MAP kinases, le DAG peut être capté par un domaine spécifique d’une isoforme de PKC appelé PKC. PKCphosphoryle CARMA1 ce qui entraine son oligomérisation et le recrutement de BCL-10 et enfin de MALT1. Ce complexe appelé CBM conduit à l’activation de TRAF6 qui active IKK par recrutement de TAK1. L’activation de IKK permet la phosphorylation d’IB entrainant sa dégradation et la libération des protéines NFB qui étaient retenues dans le cytoplasme par IB. Les protéines NFB
peuvent alors être internalisées dans le noyau où elles vont contribuer à l’expression de gènes essentiels à l’activité des LT (112, 113).
Voies PI3K/AKT : Le recrutement de la PI3K à LAT, suite à l’engagement des TCR, conduit à la phosphorylation du PIP2 (Phosphatidylinositol-4,5-bisphosphate) formant alors du PIP3 (Phosphatidylinositol-3,4,5-trisphosphate) dans le feuillet interne de la membrane plasmique. Le PIP3 recrute ensuite des molécules contenant des domaines homologues pleckstrines PH telles que PDK1 et AKT. PDK1 phosphoryle AKT sur sa thréonine T308 et sérine S473
activant son groupement catalytique (114, 115). La phosphorylation par pAKT de p27, un régulateur négatif du cycle cellulaire, conduit à sa rétention et sa dégradation au sein du cytoplasme. Cela permet l’entrée des cellules dans le cycle cellulaire (116). Par ailleurs, la phosphorylation des facteurs de transcription de la famille FoxO par Akt favorise la rétention du facteur de transcription dans le cytoplasme. Les gènes régulés par FoxO tels que le facteur pro-apoptotique Bad sont alors moins exprimés conduisant à la survie et à la prolifération des cellules (117, 118).
Les voies de signalisation décrites dans cette partie sont mises en jeu lors de l’engagement des TCR par les complexes pCMH. La signalisation des TCR est aussi modulée par des corécepteurs qui peuvent être engagés par des ligands exprimés sur les cellules présentatrices d’antigènes. Le corécepteur CD28, par exemple, interagit avec ses ligands CD80 et CD86 à la surface des CPA (119, 120). La déficience en CD28 entraine la diminution de la prolifération des LT suite à une immunisation (121). Par ailleurs, la stimulation des LT sans engagement du CD28 conduit à une signalisation moins efficace et une activation plus faible des LT (122). Ces corécepteurs sont, en effet, importants dans la signalisation et dans l’activité des LT (123, 124). D’autres corécepteurs existent et peuvent jouer un rôle stimulateur ou inhibiteur dans la signalisation, l’activation et les fonctions des LT.