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Conclusions et recommandations8

8.2 Principales leçons

Sur la base des cas en Asie, mais aussi de certaines bonnes pratiques en Afrique, les principales leçons ayant des impli-cations pour les CV africaines sont les suivantes :

8.2.1. Le rôle de facilitateur des pouvoirs publics est primordial

Le financement par l’État en vue de dynamiser le secteur agricole a donné des résultats mitigés, étant donné que l’oc-troi des ressources n’est pas effectué de façon optimale et que de nombreux programmes ont tendance à être insoute-nables. La conception des produits financiers de financement par l’État favorise souvent, chez les clients, une maximisation de la rente et un comportement profiteur. Il est donc suggéré que les pouvoirs publics jouent un rôle de facilitateur dans le FCV, afin de le rendre efficace et soutenable à moyen et long termes. Cela peut se faire :

n en assouplissant les normes réglementaires, en subventionnant les institutions et les infrastructures, plutôt qu’en soutenant directement les producteurs ; n en élaborant des stratégies agricoles favorables

à la croissance ;

n en encourageant les fournisseurs de services financiers à soutenir activement et efficacement le secteur agricole ;

n en améliorant l’intégration régionale pour permettre la libre circulation des biens, des capitaux et de la main-d’œuvre ;

n en instaurant un climat d’investissement positif pour attirer l’investissement étranger ;

n en accroissant la sécurité de la propriété foncière privée et les droits de la mettre en valeur, la vendre, la transférer ou la mettre en nantissement ;

n en mettant efficacement en place des registres fonciers et des garanties ;

8. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

n en améliorant le fonctionnement des tribunaux et l’application efficiente et en temps opportun des droits des créanciers ; et

n en accroissant l’accès à l’information grâce à la collecte des données agricoles et à l’analyse statistique.

8.2.2 Intégration des fournisseurs de financement dans les CV

Pour améliorer la compétitivité des CV à l’exportation, il est primordial de disposer d’un flux de financement soutenu et abordable. Si le financement direct a certainement des avan-tages en termes de souplesse, il présente un risque d’ex-ploitation des producteurs par les intermédiaires financiers.

Les institutions financières et les banques doivent donc être encouragées à offrir au secteur agricole des services de financement privé en vue de la croissance et de l’expansion des CV. Les pouvoirs publics peuvent soutenir les prêts des banques et des IF à travers des programmes d’amélioration du crédit et de couverture des risques à l’aide de garanties.

Dans les zones rurales et éloignées, les institutions locales de financement telles que les IMF doivent être encouragées à soutenir les CVA.

8.2.3 Des produits de financement abordables, souples et accessibles

Le manque de produits et de services de financement appro-priés empêche les acteurs des CV de pleinement exploiter leur potentiel. L’accent doit donc être mis sur la conception de produits de financement abordables, souples et acces-sibles. Le crédit informel domine le financement de l’agricul-ture en Afrique et en Asie. Les coûts de transaction élevés, les petits montants, les taux de défaut élevés et le manque de soutien institutionnel et politique constituent des contraintes majeures pour le financement du secteur informel. Pour lever les contraintes existantes, il est important de financer des groupes (coopératives de producteurs) plutôt que des individus. Il est également important de réduire les risques grâce à un soutien institutionnel, facilitant le financement structuré des produits de base et fournissant des infrastruc-tures d’appui, un réseau d’entrepôts et des systèmes de récépissés d’entrepôt, et des contrats à terme.

Les produits et services de financement mal conçus limitent leur utilisation par les acteurs des CV, qui peuvent aussi être incapables d’exploiter le potentiel de l’offre. Étant donné les différences entre les produits des CVA, il n’est pas possible de définir une offre standard pour les acteurs des différentes CV.

Ainsi, les institutions financières doivent se concentrer sur la mise au point de produits taillés sur mesure pour les besoins des acteurs d’une CV donnée. Cela nécessite une compré-hension en profondeur de la CV et des relations entre les différents acteurs au sein de celle-ci. Cette compréhension permettra également aux prêteurs de mesurer avec précision la valeur générée par l’ensemble de la CV, en tant qu’unité, et contribuera ainsi à estimer de manière plus précise la capa-cité de remboursement des différents acteurs.

8.2.4 Programmes structurés d’assistance technique et de renforcement des capacités pour les petits producteurs

L’un des plus grands problèmes auxquels une banque est confrontée lorsqu’elle accorde des prêts à de petits produc-teurs agricoles est le risque de crédit élevé et le manque de garantie. Pour surmonter ces difficultés, les banques du monde entier ont essayé différentes méthodes et techniques innovantes. L’une des techniques les plus satisfaisantes consiste à fournir un programme d’assistance technique et de renforcement des capacités en même temps que le crédit. Elle garantit que les producteurs utilisent les meilleures techniques de culture et les intrants agricoles les plus appro-priés, réduisant ainsi les possibilités de mauvaises récoltes et de défaut ultérieur. Cela permet aux institutions financières d’avoir une plus grande confiance dans les prêts au secteur, et réduit également la nécessité de provisions pour ces prêts.

Cette méthode de prêt est également utile pour les emprun-teurs dans la mesure où ils bénéficient à la fois d’un crédit et d’un accompagnement technique bien nécessaire. Il a été clairement démontré dans le passé que de tels apports amé-liorent la productivité agricole globale et la rentabilité finan-cière pour les agriculteurs.

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DÉPARTEMENT DU NEPAD, DE L’INTÉGRATION RÉGIONALE ET DU COMMERCE (ONRI)

DÉVELOPPEMENT ET FINANCEMENT DES CHAÎNES DE VALEUR AGRICOLES (FCVA) POUR L’AMÉLIORATION DE LA COMPÉTITIVITÉ DES EXPORTATIONS

8.2.5. Liaisons commerciales pour les besoins en aval et en amont de la CV

Les organisations de prêt doivent considérer l’ensemble de la CV d’un produit comme une unité solidaire. Cela les aidera à comprendre la nature du soutien requis pour améliorer la valeur générée par l’ensemble de cette unité. Cette recon-naissance sera très utile aux banques dans la mesure où elles sont souvent impliquées dans le financement des acteurs à différents niveaux de la CV, à travers différents types de pro-duits de crédit. Ainsi, tout apport aidant la CV à améliorer sa productivité globale réduira le risque pour la banque lié à tous les produits de crédit offerts aux différents acteurs de la CV.

L’un des apports les plus importants et les plus reconnus pour y parvenir est l’amélioration des liens commerciaux de la CV, à ses deux extrémités. Au niveau du producteur, cela impliquera de garantir l’accès à une assistance technique appropriée (conseils techniques, analyses du sol, etc.), à de bons intrants agricoles, à un équipement approprié, et à un crédit octroyé en temps opportun. Au niveau du négociant/

exportateur, cela impliquera de leur assurer des liens com-merciaux avec des acheteurs du monde entier, ainsi qu’une ligne de crédit pour l’exportation et des mécanismes de cer-tification de la qualité.

Un autre domaine où une impulsion supplémentaire doit être donnée est la gestion des risques pour le producteur et le produit à travers une assurance maladie et une assurance récolte ou climatique. Les problèmes de santé mettent en péril les activités des producteurs en entraînant des coûts d’opportunité et des charges financières supplémentaires.

La maladie d’un producteur chef de famille entraîne une diminution du rendement de ses cultures et peut mener sa famille à la famine. Les producteurs ont donc besoin d’une assurance maladie. Pour réduire les pertes dues aux aléas météorologiques, il est important de sensibiliser les produc-teurs aux différents produits d’assurance et de couvrir avec une assurance toutes les cultures dans toutes les zones.

8.2.6 Amélioration des systèmes d’information pour protéger les producteurs des risques d’exploitation résultant de l’asymétrie d’information

Les cultivateurs primaires des pays en développement sont traditionnellement exploités par les intermédiaires, qui paient leurs produits à des taux inférieurs à ceux marché. Dans la plupart des cas, ils acceptent ces taux, car ils ignorent les prix en vigueur sur les marchés plus grands. Cette situation ne peut être améliorée sans des moyens d’informer régulièrement les cultivateurs primaires des taux en vigueur pour les différents produits. Dans de nombreuses parties du monde, différentes approches ont été tentées pour résoudre ce problème. Par exemple, i) les centres d’appel Kissan en Inde utilisent la télé-phonie mobile pour diffuser l’information aux agriculteurs ; et ii) dans le modèle e-Choupal largement reconnu (en Inde), les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont été utilisées pour diffuser cette même information.

Les systèmes d’information peuvent être bénéfiques de différentes manières. En plus d’offrir une protection contre l’exploitation, ils peuvent également être utilisés pour diffuser des informations utiles, telles que les prévisions météorolo-giques, des techniques agricoles et des mises à jour sur les infections des cultures.

8.2.7 Coopération renforcée au niveau

des producteurs, grâce à des mouvements coopératifs permettant de réaliser

des économies d’échelle

La majorité des agriculteurs de la plupart des pays en déve-loppement africains et asiatiques ont de petites exploita-tions. Ils ne sont pas en mesure de bénéficier d’économies d’échelle. Cela les place dans une position désavantageuse par rapport aux grands exploitants agricoles. L’une des approches traditionnelles qui se sont avérées utiles pour résoudre ce problème est l’agriculture coopérative. Elle permet aux petits exploitants de mettre en commun leurs ressources et d’investir dans des intrants de meilleure qualité et des équipements collectifs. Elle permet aux membres de la coopérative d’améliorer la productivité de leurs petites exploitations. Grâce aux coopératives, les petits agriculteurs bénéficient aussi de meilleurs prix pour leurs intrants et de taux supérieurs pour leurs produits, grâce au marchandage collectif et au pouvoir de négociation des coopératives.

Annexes

Le cadre institutionnel du financement des CVA comprend dif-férents ministères, des organismes étatiques, des banques, des institutions financières et des entités faîtières telles que la Reserve Bank of India (RBI – la banque de réserve de l’Inde) et la National Bank for Agriculture and Rural Development (NABARD – la banque nationale pour l’agriculture et le déve-loppement rural). Ce cadre comprend un vaste réseau d’insti-tutions de financement à travers le pays. La figure ci-dessous donne une représentation graphique du cadre institutionnel du financement des CVA. Celui-ci présente une structure en couches, avec à leur sommet des entités faîtières comme la RBI et la NABARD, et au niveau des villages, les Primary Agriculture Cooperative Society (PACS – société coopérative agricole primaire).

En dehors du cadre institutionnel susmentionné, il existe localement de nombreux mécanismes informels et tradition-nels de financement des CV. Ils peuvent prendre la forme de financements par les négociants ou les fournisseurs d’in-trants, principalement à la porte de la ferme. La politique du secteur financier en matière de financement agricole a