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Agriculture sous contrat dans le cadre de systèmes d’exploitations satellites :

du thé au Kenya

5.6 Agriculture sous contrat dans le cadre de systèmes d’exploitations satellites :

production de la canne à sucre

en Tanzanie

La vallée de Kilombero présente un énorme potentiel de culture de la canne à sucre. Elle compte actuellement deux sucreries détenues par Kilombero Sugar Company Limited (KSCL). Les plantations de KSCL ne peuvent fournir au maximum que 47 % de la capacité de transformation des deux sucreries. Les petits planteurs fournissent les 53 % restants.

Pour garantir un approvisionnement régulier de la part des petits planteurs, la KSCL a conclu un accord avec la Cooperatives and Rural Development Bank (CRDB) pour l’octroi aux agriculteurs de crédits destinés à l’acquisition d’intrants. Les exploitants agricoles sont regroupés en blocs d’exploitation agricole pour faciliter la mise à disposition des infrastructures, la fourniture des intrants et la gestion des exploitations. Les petits planteurs de chaque bloc d’exploi-tation forment une association, qui leur permet d’obtenir des prêts de groupe auprès de la CRDB avec des garanties de KSCL, qui est de fait l’administrateur des exploitations agri-coles et l’acheteur exclusif de la canne à sucre produite par les planteurs. Les choses se passent de la manière suivante : La KSCL fournit la logistique pour la culture des plantations de canne à sucre, en assurant une assistance technique et la fourniture des intrants à travers le Kilombero Development Trust Fund. La banque octroie des prêts en fonction du niveau de développement atteint par les exploitations. Les paiements sont versés directement aux prestataires de ser-vices, tels que les fournisseurs d’intrants et les transpor-teurs. Cela permet d’éviter le détournement de fonds par les emprunteurs.

Les prêts accordés pour le développement des exploita-tions agricoles sont généralement remboursés en 3 à 5 ans, tandis que ceux destinés aux intrants le sont en une cam-pagne agricole. La structure de remboursement comprend des versements échelonnés après la réalisation du produit de la vente.

n La canne récoltée est entièrement vendue à la KSCL et les paiements sont effectués directement sur les comptes des emprunteurs domiciliés à la CRDB.

n L’exécution d’un contrat d’achat entre la KSCL et les emprunteurs garantit un marché aux agriculteurs.

n Pour développer un marché futur durable et ajouter une valeur supplémentaire à la canne à sucre, la banque a également financé un autre projet de production de spiritueux dans la région. L’usine envisage d’utiliser la mélasse pour produire de l’alcool industriel, qui sera vendu à des distillateurs locaux et internationaux. Ce projet élargit la base de marché de la canne à sucre et atténue les risques de marché futurs.

n Pour pérenniser le projet et atténuer certains risques de gestion, la banque a entrepris des investissements pour soutenir les groupes d’agriculteurs et les sociétés coopératives d’épargne et de crédit (COOPEC), notam-ment la facilitation de la formation aux compétences financières, coopératives et de production, l’appui au financement des bureaux, l’appui à la mobilisation des dépôts et la coordination des parties prenantes à travers les responsables des relations avec la banque.

Avantages

n Le financement du projet de plantations de canne à sucre par la banque dans le cadre du financement des blocs d’exploitation et de la chaîne de valeur a eu les effets suivants :

n Le financement accordé par la CRDB à travers les associations de producteurs de canne à sucre et les COOPEC dans le cadre du dispositif des blocs d’ex-ploitation a nécessité que les petits exploitants agri-coles puissent avoir un accès aisé à des prêts et à des produits d’épargne.

n Le renforcement de l’ajout de valeur à travers le projet de distillerie et l’extension du marché pour la canne à sucre des petits planteurs.

n Le succès initial du projet a encouragé d’autres agri-culteurs de la région à se lancer dans la culture de la canne à sucre, ce qui a augmenté la production de sucre dans le pays.

5. PARTICIPATION DES IFD AU FINANCEMENT DES CVA : LEÇONS TIRÉES D’ÉTUDES DE CAS AFRICAIN

n D’autres prêteurs ont renforcé leur appétit pour la prise de risque dans le financement agricole, en exploitant le potentiel d’extension du financement de la produc-tion sucrière dans la région, en vue d’adopter le même modèle de financement.

n Les agriculteurs membres des COOPEC et d’associa-tions peuvent avoir accès à d’autres services financiers auprès de la CRDB, notamment des prêts commer-ciaux et éducatifs, à travers leur épargne et les sociétés coopératives de crédit.

n Les pouvoirs publics et d’autres parties prenantes, telles que le National Economic Empowerment Fund, ont pris confiance dans le fait que les pauvres des zones rurales peuvent devenir des producteurs actifs dans le cadre d’un système de production bien géré. Cette découverte a nécessité des négociations en vue de la reproduction de ces initiatives dans d’autres domaines potentiels dans la région.

Encadré 5.1 : Grille de notation du FCV proposée par le CMCEC

But principal : Les responsables des prêts utilisent la grille de notation à la fin de la phase I de la méthodologie CV.

L’évaluation fournit aux IF un cadre pour décider de travailler ou non avec une chaîne de valeur donnée.

Analyse : Les responsables des prêts utilisent un système de notation pondéré pour évaluer chaque indicateur sur la base de critères prédéfinis. Ils utilisent la note totale, en combinaison avec les informations qualitatives collectées pendant la phase I, pour déterminer la viabilité du financement de la chaîne de valeur.

Indicateurs

n Demande du marché

- La chaîne de valeur est-elle reliée à un marché viable ?

- La demande est-elle suffisante pour encourager la production ?

- Les producteurs peuvent-ils concurrencer leurs pairs pour satisfaire avec succès la demande ?

n Aptitude technique des producteurs

- Les producteurs ont-ils l’aptitude technique appropriée pour comprendre et satisfaire la demande ? - Les producteurs recevront-ils une assistance technique de la part de partenaires stratégiques capables

d’assurer la quantité et la conformité des produits ?

- Comment les services d’assistance technique seront-ils financés ?

n Organisation des producteurs

- Les producteurs sont-ils organisés ?

- Les producteurs ont-ils besoin de formation pour renforcer l’association ?

n Accès au marché

- Les infrastructures locales permettent-elles un accès de base au marché, par ex. transport public des personnes et des biens, modes de communication, etc. ?

n Facteurs environnementaux

- L’appui à la chaîne de valeur encourage-t-il l’emploi de travailleurs mineurs ou les empêche-t-il de terminer leurs études ?

- L’appui à la chaîne de valeur encourage-t-il des pratiques respectueuses de l’environnement ? - L’appui à la chaîne de valeur encourage-t-il des pratiques qui violent les lois locales ou nationales ?

Source : CMCEC (2009) : Integrated Financing for VCs – Technical Guide, CMCEC, Washington D.C

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DÉPARTEMENT DU NEPAD, DE L’INTÉGRATION RÉGIONALE ET DU COMMERCE (ONRI)

DÉVELOPPEMENT ET FINANCEMENT DES CHAÎNES DE VALEUR AGRICOLES (FCVA) POUR L’AMÉLIORATION DE LA COMPÉTITIVITÉ DES EXPORTATIONS

n L’accroissement des possibilités d’emploi et l’autono-misation des agriculteurs à travers des groupes.

n Le district de Kilombero devrait voir augmenter sa base de recettes grâce à aux prélèvements perçus sur la vente de canne à sucre par les agriculteurs.

Leçons tirées par la CRDB en matière d’atténuation des risques dans les blocs d’exploitation agricole

n Le financement par la banque de la production agri-cole primaire se concentre sur les cultures présentant moins de risques d’échec, dans des zones dotées de systèmes d’exploitation agricole développés, dis-posant de ressources en eau fiables, d’une mécanisa-tion agricole et de liaisons commerciales sûres.

n Le financement des stocks dans le cadre des systèmes de gestion des garanties ou de récépissés d’entrepôt atténue les problèmes liés aux risques de production.

n L’établissement d’un mécanisme de financement avec des produits sur mesure correspondant au cycle de production des cultures.

n Le décaissement des prêts agricoles s’effectue par tranches suivant le calendrier des activités agricoles et pour le financement d’intrants spécifiés.

n Adaptation du modèle de prêts en gros à travers des sociétés coopératives et des ONG financières interve-nant dans le financement rural pour gérer les coûts de transaction et les problèmes de réseau. Par exemple, avec un réseau de 70 agences, la CRDB a pu étendre ses activités de financement en milieu rural à travers un partenariat avec 500 COOPEC. Celles-ci aident aussi à atténuer le risque de garantie et de défaut, car leurs membres se connaissent et se portent garant les uns des autres.

n Le financement dans des domaines où des contrats à terme sont possibles pour des accords tripartites.

n La collaboration avec des clients opérant au sein de la chaîne de valeur.

n Le développement de partenariats stratégiques avec des parties intéressées capables de garantir les prêts agricoles.

n Le renforcement des capacités des emprunteurs à travers des programmes de formation dispensés à travers leurs coopératives, afin de développer l’esprit d’entreprise et de promouvoir la productivité.

n Dans certaines circonstances, la banque assume un rôle de chef de file dans la conduite des négociations et la recherche de marchés au profit de ses clients.

n Le renforcement des capacités du personnel chargé des crédits à travers la formation, des voyages d’études et une spécialisation dans des lignes de produits.

Le modèle d’entreprise

Ce modèle d’entreprise est clairement piloté par l’acheteur, avec un ancrage de la chaîne sur la sucrerie, mais la CRDB joue également un rôle capital dans la facilitation de la chaîne.

Il constitue un cas d’intégration verticale où les petits exploi-tants participent à travers des systèmes d’exploitations satel-lites, organisés par l’acheteur (la sucrerie) pour accroître à la fois le volume et la souplesse de sa production. Les condi-tions de participation des petits exploitants à la chaîne de valeur de la canne à sucre et les modalités de financement sont régies par un contrat d’exploitation agricole.

Selon Vorley et coll. (2008), les cas d’inclusion menés par des entreprises privées sont caractérisés par le fait que les petits exploitants agricoles y ont moins d’influence sur la gouver-nance de la chaîne et par un plus faible renforcement des capacités des petits fournisseurs en dehors de la production et de la gestion après récolte. Le partenariat avec la CRDB, elle-même une banque coopérative de développement, atténue ces inconvénients. La clé de la réussite du finance-ment est la « connaissance de l’activité ». Le financefinance-ment des chaînes de valeur ne repose pas seulement sur des liaisons physiques, mais aussi sur l’intégration des connaissances.

Parmi ceux qui connaissent l’activité, les mieux placées sont les personnes et les entreprises directement impliquées dans la chaîne de valeur. La CRDB et la KSCL sont toutes deux des acteurs actifs de la chaîne.