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le développement agricole durable

2.6 Le FCVA améliore l’inclusion financière dans le secteur agricole

Dans son sens conventionnel, l’inclusion financière vise à intégrer les ménages et les entreprises qui ne sont actuelle-ment pas en mesure de satisfaire leurs besoins de services auprès des institutions financières formelles. Un examen du paysage du secteur financier africain montre qu’il existe un sérieux déficit d’intermédiation financière (Encadré 2.3) et que les ménages exclus sont plus susceptibles de vivre dans les zones rurales, malgré la forte croissance de l’infrastruc-ture institutionnelle et l’extension des services.

Les petits agriculteurs qui ont accès aux prêts bancaires trouvent fréquemment les conditions trop rigides, les mon-tants trop bas ou les frais trop élevés pour permettre les types d’investissement susceptibles d’augmenter sensible-ment la production. Pour obtenir des prêts, ils se tournent donc souvent vers des sources informelles (famille, amis ou usuriers), qui leur imposent généralement des taux d’intérêt élevés et ont un potentiel de développement limité.

D’autre part, la plupart des crédits, formels ou informels, accessibles au secteur de l’agriculture sont à court terme et, dans une certaine mesure, à moyen terme. En général, le financement à court terme n’a pas d’impact important sur les cultures et, par conséquent, n’améliore ni la production ni les revenus. La faible productivité, combinée à une trans-formation très limitée sur exploitation, oblige les agriculteurs à vendre leurs produits à bas prix, dans des conditions de marché défavorables. En même temps, les plus petites exploitations ne disposent pas des ressources nécessaires pour améliorer la productivité et bénéficier des différents sys-tèmes étatiques. Dans de nombreux pays africains, en Inde et dans certains autres pays en développement, la disponi-bilité du crédit bancaire constitue la voie d’accès à plusieurs avantages, tels que la subvention des taux d’intérêt sur le crédit, la subvention de l’investissement liée au crédit, l’assu-rance récolte et la participation aux CV. La croissance inclu-sive est donc étroitement liée à l’inclusion financière pour la communauté agricole.

Sans services financiers économiquement abordables ni informations fiables sur la demande du marché ni liaisons de marché directes, beaucoup d’agriculteurs demeurent piégés dans des cycles de production à faible investissement et faible rentabilité. Ils ont aussi besoin de meilleurs intrants pour accéder à une production commerciale plus rentable.

Mais beaucoup d’entre eux ne disposent pas des fonds nécessaires pour l’investissement de départ, ne possèdent pas des garanties traditionnelles ou n’ont même pas des endroits sûrs pour épargner leur argent. C’est pourquoi les États et les bailleurs de fonds ont soutenu différents modèles de financement de l’agriculture en vue d’améliorer l’accès des agriculteurs au financement (Tableau 2.7).

L’inclusion passe, pour une large part, par la conception de produits et de processus répondant aux besoins des agri-culteurs. Ces besoins reflètent les contraintes du secteur agricole où ils opèrent et, par conséquent, les activités de la chaîne de valeur. Habituellement, les banques ne cherchent pas suffisamment à comprendre la nature de la demande et les nuances des différentes CV. Ce manque d’information conduit à la conception de produits financiers non adaptés à la plupart des activités rurales.

Le financement agricole est plus qu’un simple financement.

Les services financiers doivent être associés ou intégrés à d’autres services relatifs à, entre autres, l’approvisionnement en intrants, le traitement après récolte et le stockage, la trans-formation, la commercialisation, la recherche et les techno-logies, la formation et la vulgarisation. Les CV jouent un rôle vital dans l’agriculture en tant qu’approche de minimisation des coûts et des risques du financement du secteur agricole.

Le FCV est donc un outil puissant dont les banques et les ins-titutions financières disposent pour tailler sur mesure les ser-vices financiers nécessaires au secteur de l’agriculture. Les avantages de l’approche du financement des CV pour élargir l’accès du secteur agricole au financement sont des coûts de transaction réduits ; une amélioration de la qualité et de l’approvisionnement des produits ; des relations plus sûres et plus durables entre les acteurs ; et la disponibilité d’un cadre

général pour faciliter la communication, la résolution des pro-blèmes, l’efficacité et le renforcement de la compétitivité du marché. Du côté de l’offre, le FCVA peut améliorer la qualité et l’efficacité du financement des CVA en : a) identifiant les besoins de financement en vue du renforcement de la chaîne ; b) accroissant le financement par les fournisseurs et les entreprises agricoles directement impliquées dans la chaîne ; c) taillant sur mesure les produits financiers pour satisfaire les besoins des acteurs de la chaîne ; d) augmentant la solva-bilité, étant donné que la participation à la chaîne peut amé-liorer la sécurité du remboursement des prêts ; e) réduisant

les coûts des transactions financières à l’aide de réductions sur le remboursement direct et de la prestation de services financiers ; et f) utilisant les liaisons et les connaissances des CV afin d’atténuer les risques des chaînes et de leurs parte-naires (Calvin Miller, 2011).

Le FCVA offre ainsi une possibilité d’élargir l’espace du finan-cement de l’agriculture en améliorant l’efficacité, assurant les remboursements et consolidant les liaisons entre les participants des CV (voir Figure 2.4).

2. CONCEPT, CONTEXTE ET RÔLE DU FINANCEMENT DES CHAÎNES DE VALEUR AGRICOLES (FCVA) EN AFRIQUE

3.1 Introduction

Compte tenu des différents acteurs impliqués, la compré-hension du modèle de gestion est extrêmement utile pour déterminer comment maximiser les avantages du FCV. Un modèle de gestion est la façon dont une entreprise crée et capte de la valeur au sein d’un réseau de marché composé de producteurs, fournisseurs et consommateurs, autrement dit, « ce que fait une entreprise et comment elle génère de l’argent en le faisant »15. Dans ces cas, comme en général dans le FCVA, les modèles intéressants sont ceux qui amé-liorent l’inclusion, l’équité, la durabilité et la soutenabilité finan-cière des relations commerciales entre les petits agriculteurs et les agro-industries en aval (transformateurs, exportateurs et détaillants). Un facteur critique pour la croissance des modèles de gestion agricole inclusifs est l’aptitude à faire face aux coûts résultant de la dispersion des petits pro-ducteurs, de l’absence d’économies d’échelle, du manque

3. Modèles et moteurs du financement