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4.2 FCV direct « au sein de la chaîne »

Le financement direct de la CV ou au sein de la chaîne dé-signe le dispositif de financement où les acteurs de la CV financent les activités de celle-ci. Dans le cadre de ce mé-canisme, les fournisseurs d’intrants apportent un appui aux producteurs à travers un crédit en nature, notamment sous la forme de semences, d’engrais, d’équipements, etc. Le producteur rembourse à son tour les fournisseurs d’intrants, soit en nature (céréales, produits agricoles) soit en espèces (tirées de la vente des produits), au moment de la récolte.

Ce type de mécanisme de financement peut devenir très complexe lorsque les revendeurs et les transformateurs ac-cordent un crédit aux fournisseurs d’intrants qui, à leur tour, en octroient aux producteurs. Le FCV direct prend la forme de prêts à court terme destinés à assurer la fluidité des pro-duits, la poursuite des activités et le fonctionnement de la CV.

Il repose largement sur la confiance entre les fournisseurs d’intrants et les producteurs. En fonction des conditions du marché et de leur capacité à octroyer des financements et à assumer des risques, davantage d’acteurs faisant partie de la CV peuvent participer au mécanisme de financement.

Dans celui-ci, les acteurs de la CV sont impliqués dans le fi-nancement des acteurs/activités de la chaîne. C’est pourquoi on parle de financement « au sein de la chaîne ». La majeure partie du financement pouvant être de nature informelle, ce mécanisme est également appelé « FCV informel ».

4.2.1 Mécanismes et instruments de financement direct de la chaîne de valeur

Les instruments ou mécanismes de financement direct (au sein de la CV) comprennent :

n Crédit des courtiers-fournisseurs : Le crédit des courtiers-fournisseurs est un mécanisme de finance-ment direct informel où le courtier-fournisseur finance l’activité de production en octroyant au producteur un prêt remboursé en nature après la récolte. Dans ce dis-positif, le courtier-fournisseur s’assure un approvision-nement en produits en finançant la production. C’est une opération bénéfique pour les producteurs. Ils ont facilement accès à des prêts à la production et dispo-sent d’un acheteur sûr pour leurs produits. En général, ce genre de mécanisme de financement est à court terme et saisonnier. Dans les mécanismes plus com-plexes, tels que la culture de Mentha Arvensis dans l’Uttar Pradesh en Inde, les transformateurs ont accès au financement formel (en leur qualité d’entreprises de grande taille). Ils financent les courtiers-fournisseurs à l’aide de prêts à court terme pour leurs fonds de roule-ment, pour s’assurer un circuit d’approvisionnement en matières premières. Dans ces cas, les transforma-teurs jouent un rôle majeur en injectant des capitaux à court terme sous la forme de crédits saisonniers en échange d’un droit d’approvisionnement prioritaire au moment de la récolte. Les courtiers-fournisseurs gèrent les risques associés à ce type de financement en ajustant les prix payés aux producteurs. Comme les producteurs sont dans l’obligation de payer, les prix pratiqués sont, dans une large mesure, inférieurs à ceux du marché. Bien que ce modèle constitue une forme d’exploitation des producteurs, ceux-ci acceptent néanmoins de s’engager auprès des cour-tiers-fournisseurs en raison des relations de longue date avec ces derniers et de l’assurance de nouvelles avances pour les récoltes ou cycles de production à venir. Parce que les courtiers-fournisseurs connaissent

20 Certains chercheurs incluent l’autofinancement. Bien que toutes les entreprises, y compris les participants à la CV, utilisent ce type de financement, il n’est pas très pertinent de l’aborder lors de l’examen du financement de la CV.

bien les producteurs, il leur est facile d’évaluer le crédit.

Les courtiers-fournisseurs ont une plus grande com-préhension des risques encourus, de l’environnement des affaires et des conditions du marché pour atténuer les risques des prêts octroyés aux producteurs. Les avantages d’un tel dispositif pour les emprunteurs sont donc un accès au crédit, facile, souple et en temps opportun, des acheteurs certains pour les produits, un faible besoin d’emprunter, et un traitement efficace des prêts. Pour les producteurs, les inconvénients sont les coûts associés aux prêts, un pouvoir de négociation plus faible lors de la détermination du prix de vente et la nature saisonnière et à court terme des prêts.

n Crédit des fournisseurs d’intrants : Ce type de mécanisme de financement direct informel repose sur la confiance entre le fournisseur d’intrants et les producteurs. Dans le cadre de ce mécanisme, les fournisseurs d’intrants avancent aux producteurs des intrants agricoles, tels que des semences, des produits chimiques et de l’équipement, et acceptent d’être remboursés à la récolte ou à un autre moment fixé de commun accord, soit en nature (produits agri-coles), soit en espèces (tirées de la vente des produits).

En ce qui concerne les coûts associés à ces prêts à court terme, les fournisseurs d’intrants n’offrent pas de remises en espèces aux producteurs sur l’achat des intrants. Les avantages et inconvénients de ce dis-positif sont similaires à ceux du crédit des courtiers fournisseurs abordé plus haut. Le financement par la fourniture d’intrants peut également être indirect à travers une relation triangulaire où le fournisseur d’in-trants facilite le financement en passant par une insti-tution financière, afin que les acheteurs puissent les payer. Cet arrangement a l’avantage de laisser les entités financières traiter le financement en utilisant leur expertise et les systèmes en place.

n Crédit des sociétés de commercialisation : Le financement par les sociétés de commercialisation con-stitue souvent la principale source de fonds pour beau-coup de cultures de rente, même si les rôles respectifs des parties varient selon les pays et le produit. Dans ce type de financement, une société de commer-cialisation, un transformateur ou une autre entreprise fournit un crédit en espèces ou en nature, aux agricul-teurs, aux courtiers-fournisseurs ou à d’autres entre-prises de la CV, avec lesquels il a généralement établi

4. SOURCES DE FINANCEMENT ET SYSTÈMES DE SOUTIEN ASSOCIÉS POUR LE FCVA

Figure 4.1

Représentation du financement direct « au sein de la chaîne »

ACTEURS Consommateur

Détaillant Grossiste

Transformateur Revendeur Producteur / agriculteur

Fournisseur d’intrant Achat à crédit et

remboursement au détaillant après la vente

Crédit à court terme

Financement des intrants

(paiement en nature ou en espèces) Prêt à court terme

de fonds de roulement

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une relation. Le mode de remboursement est le plus souvent en nature. Les acheteurs sont sûrs de se pro-curer des produits et peuvent fixer les prix d’achat, et en échange, les producteurs et les autres membres de la CV bénéficient d’un accès au crédit et aux fournitures et s’assurent d’un marché pour écouler leurs produits.

Dans certains dispositifs, la société de commerciali-sation peut ne pas gérer directement le financement, mais choisir plutôt d’impliquer une banque ou une autre institution financière dans la gestion directe des décaissements, le remboursement étant géré à travers la réception des produits.

n Financement par une entreprise-chef de file (agriculture sous contrat/exploitations satellites) : Dans ce dispositif, une entreprise-chef de file soit finance directement des entreprises de la CV, notam-ment les producteurs, soit passe avec elles des accords de vente leur permettant d’avoir accès au financement par des institutions tierces. Ces services diffèrent des crédits des courtiers-fournisseurs, des fournisseurs d’intrants et des sociétés de commer-cialisation où l’agriculteur produit des cultures ou de la matière première dans le cadre d’un accord de rachat.

Dans le cas du financement par une entreprise-chef de file, celle-ci finance tous les besoins de l’étape de production. En plus des intrants et des fonds de roule-ment, le financement de l’entreprise-chef de file s’étend à d’autres domaines du cycle de production, tels que les services de vulgarisation, des semences de haute

qualité, le transfert de technologie, la formation et la supervision de la production. L’entreprise-chef de file joue un rôle plus central dans le cycle de production et a une forte emprise sur la production. Cela est en général dû au fait que l’entreprise-chef de file se préoc-cupe de la fiabilité de l’approvisionnement en matières premières et de la qualité. Le modèle du financement par une entreprise-chef de file est également appelé agriculture sous contrat, en raison du fait qu’il s’ap-puie sur des relations contractuelles strictes, qui pré-cisent le type de production, la qualité, la quantité et le moment de la livraison de la production. Le finance-ment et la fourniture, si nécessaire, d’une assistance technique sont inscrits dans un contrat contraignant21. Les engagements contractuels sont pour les ban-quiers un gage de sécurité et de sérieux ainsi qu’une assurance de remboursement éventuel sur le revenu des ventes. Les contrats peuvent être formels ou non, et même verbaux lorsque le niveau de confiance et d’intérêt mutuel est suffisant. Les systèmes d’exploita-tions satellites sont des formes moins formelles et moins rigides d’engagement entre les producteurs et les acheteurs, qui peuvent fonctionner d’une manière similaire à celle décrite ci-dessus.

n Financement sur récépissé d’entrepôt : Il s’agit d’un mécanisme innovant de financement direct informel, où les producteurs ou d’autres entreprises de la CV disposant de produits peuvent stocker en toute sécurité ces produits dans un entrepôt certifié.

Figure 4.2

Financement sur récépissé d’entrepôt

ENTREPÔT :

Détenu et géré par la communauté, le secteur privé ou une coopérative PRODUCTEUR /

GROUPEMENTS DE PRODUCTEURS

Prêts sur récépissés Récépissés d’entrepôt actuels

BANQUES / INSTITUTIONS

FINANCIÈRES

Produits en dépôt Accusé de réception

Assurance

Récépissés d’entrepôt

Source : Madu, Présentation à l’atelier

21 L’agriculture sous contrat peut être définie comme un accord entre des agriculteurs et des entreprises de transformation et/ou des sociétés de commercialisation portant sur des produits sous contrats à terme et souvent à prix prédéterminés.

Le récépissé de cet entreposage peut faire office de garantie pour obtenir un prêt auprès d’institutions financières tierces (voir Figure 4.2). Dans un ce mode de financement, l’atténuation du risque de crédit est assurée par le produit commercialisable stocké dans un entrepôt indépendant, où le prêteur a le droit de le retenir jusqu’au remboursement intégral du prêt.

Le financement sur récépissé d’entrepôt est un mécanisme de financement très sophistiqué, comparé aux crédits des courtiers-fournisseurs et des four-nisseurs d’intrants ou au financement par une entre-prise-chef de file, du fait de l’intervention dans le dispositif de l’entrepôt où sont stockées les march-andises, une entité tierce, neutre et indépendante.

Cet entrepôt garantit aux producteurs et prêteurs un stockage sûr, fiable et sécurisé des produits, sur lesquels le prêteur a un droit de rétention empêchant qu’ils soient libérés avant que les recettes de leur vente aient été utilisées pour rembourser le prêt. Le produc-teur conserve la propriété de la marchandise, à moins d’être en défaut de remboursement du prêt, et peut utiliser ce mécanisme pour vendre à l’acheteur offrant les meilleurs prix. Il transfère le récépissé à l’acheteur et rembourse le prêt, suite à quoi, l’acheteur peut prendre livraison des produits stockés dans l’entrepôt.

Les taxes, les frais de stockage, le principal et les intérêts du prêt sont déduits par l’entrepôt avant livraison. Les entrepôts souscrivent également des polices d’assurance pour protéger les déposants et les prêteurs contre les pertes dues à des catastrophes naturelles ou à des activités criminelles.

Du point de vue de la gestion des risques, les principaux avantages du financement sur récépissé d’entrepôt sont les suivants :

n La nature et l’identité de la garantie sont moins con-testables et l’intention de l’emprunteur de la mettre en gage est claire, évitant ainsi les conflits de propriété et les réclamations concurrentes.

n En cas de défaut de paiement, la garantie peut être mise aux enchères ou vendue rapidement et à moindre coût.

n Un prêteur détenteur d’un récépissé d’entrepôt peut déposer une réclamation contre l’émetteur (la société d’entreposage) ainsi que l’emprunteur en cas de dis-parition de la garantie

n En cas de faillite, un titre représentatif peut mettre fin aux réclamations de créanciers concurrents.

Les entrepôts peuvent souscrire des polices d’assurance ou mettre en place un fonds d’indemnisation pour couvrir le coût de ces pertes. Les avantages d’un tel mécanisme pour le producteur sont : la capacité d’augmenter à la fois les rendements et le prix moyen de ses produits ; l’accès à un stockage fiable, sûr et de qualité, réduisant les pertes après récolte (dues à la décomposition et à l’infestation par des parasites) ; la vente des produits à un prix plus élevé,

4. SOURCES DE FINANCEMENT ET SYSTÈMES DE SOUTIEN ASSOCIÉS POUR LE FCVA

Tableau 4.2 :

Deux canaux, deux résultats du FCV

Élément Financement direct Financement indirect

Contrat Le contrat crée des interconnexions qui facilitent l’octroi de crédit.

L’existence d’un contrat améliore la solvabilité.

Flux de trésorerie

Les flux de fonds circulent à l’intérieur de la chaîne agricole.

Les flux de fonds proviennent de l’extérieur de la chaîne, par le biais de l’intermédiation financière.

Flux nets de trésorerie

Les flux nets de fonds de la chaîne sont à somme nulle (mais le jeu est à somme positive).

Les flux nets de fonds de la chaîne sont à somme positive (et le jeu est à somme positive pour la société).

Impact de l’interconnexion

L’interconnexion de l’agriculteur avec la chaîne crée un impact direct sur l’accès au crédit.

L’interconnexion de l’agriculteur avec la chaîne crée un impact indirect et potentiellement puissant sur l’accès au crédit.

Source : Claudio González-Vega, Présentation au cours du séminaire de la FAO.

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quelque temps après la période de récolte (au cours de laquelle les prix sont plus bas en raison de l’abondance de l’offre). Le principal inconvénient de ce modèle est la fiabi-lité de la certification de l’entrepôt22. De plus, l’accès à ce type de financement est difficile pour les petits exploitants agricoles, en raison des coûts élevés de l’entreposage et du volume minimum élevé imposé pour le stockage. En outre, ce mécanisme ne prévoit aucune assistance technique, contrai-rement au financement par une entreprise-chef de file. Par conséquent, ce type de mécanisme peut être mis en œuvre en renforçant les liaisons entre les acheteurs et les teurs à travers des coopératives ou des sociétés de produc-teurs, en mettant en place des conditions permettant aux coopératives de petits agriculteurs de produire des récoltes à haute valeur, et en encourageant les institutions financières à concevoir des transactions financières complexes, telles que les prêts basés sur des récépissés d’entrepôt.

4.3 Services financiers indirects formels