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premiers acteurs de la campagne électorale, 2004 & 2009

74 1.3.3 Evènements de campagne

Les 15 premiers acteurs de la campagne électorale, 2004 & 2009

2004 2009

Figure 23 Les 15 premiers acteurs de la campagne électorale, 2004 & 2009

Sur toute la durée de la législature 2004-2009, il fallait remarquer aussi plusieurs séquences quant aux thèmes traités de préférence par la presse écrite.

Si tout au long de la mandature, l’économie restait le premier thème traité (entre 13% et 17% par année), 2008 et les six premiers mois de 2009 furent des années record. Qui plus est, on notait de manière générale une progression continue de l’ensemble de la thématique politique économique, fiscalité et politique sociale, allant jusqu’à représenter plus de 60% des articles pour les six derniers mois précédant l’élection. Une progression particulièrement forte se fit sur les thèmes de l’emploi (de 10 à 12%) et de la fiscalité (de 8 à 12%). Dans cette montée crescendo du devenir individuel et collectif économique, il fallait remarquer la stabilité des articles sur l’éducation (aux alentours de 7%), sur la justice & affaires intérieures (6% des articles chaque année), sur l’environnement (autour de 2% chaque année). Autre élément, l’intérêt sur la politique européenne fut fort en 2005, l’année référendaire, mais par la suite poursuivit son déclin sans discontinuité jusqu’aux scrutins national et européen (de 12% en 2005 à 3% en 2009). Il faut attirer l’attention toutefois un phénomène intéressant. Les articles dont le sujet portait sur l’Union européenne étaient surtout dans les six derniers mois de l’année centrés sur les activités de

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l’euro parlementaire écologiste Claude Turmes (26% des articles), du député national Charles Goerens, tête de liste aux européennes pour le mouvement libéral (25,4%), du Premier ministre (22,9%) et du ministre délégué aux Affaires européennes Nicolas Schmit (16,2%), tête de liste pour la première fois pour le POSL dans l’Est. Les questions identitaires et de langue étaient surtout abordées en 2005 et en 2007, respectivement année référendaire et année sur la « querelle des drapeaux ». Les questions démocratie et système politique furent aussi élevées en 2005 et en 2008 (année de réforme de la loi électorale, de l’entrée en vigueur de la loi sur les partis politiques et leur financement et de la réforme constitutionnelle des pouvoirs du Grand-duc). Les articles sur la politique culturelle le furent surtout en 2007, année de Luxembourg et de la Grande Région, capitale européenne de la culture. 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100% 2005 2006 2007 2008 2009

Thèmes abordés, presse écrite, 2005-2009

Culture Egalité hommes femmes Politique extérieure Religion Université & recherche Autres Environnement Etat & fonction publique Identité & langue Politique monétaire Démocratie & système politique Ethique & société Politique européenne Transports Logement

Education Pouvoir d'achat Justice & affaires intérieures Fiscalité Politique sociale Emploi

Economie

Figure 24 Thèmes abordés par la presse écrite pendant la législature 2005-2009

Si l’on regardait les articles couvrant la période de septembre 2008 à juin 2009, les thèmes économiques ne firent que progresser. Ce fut particulièrement l’état proprement dit de l’économie tant au niveau national qu’européen (avec une parité presque parfaite, respectivement 50,3% et 49,7%) mais aussi de la question de l’emploi et celle de la fiscalité (voir le graphique ci-dessous). Dans cet « océan » de préoccupations et d’attentions sur le devenir économique du Grand-duché, un seul thème sans rapport avec l’économie se maintint : justice et affaires intérieures, entre 4 et 5% des articles. Le mois de décembre 2008 fut caractérisé par un record d’articles sur la démocratie et le système politique (7%), les questions éthique et société (5%), les questions religieuses (4%) correspondant au moment du vote de la loi controversée sur la légalisation de l’euthanasie et l’adaptation constitutionnelle sur les pouvoirs du Grand-duc. On constata aussi le lent déclin de l’attention accordée aux questions identitaires alors que l’ADR en avait fait notamment l’un de ses chevaux de bataille134 et que la loi sur la double nationalité n’avait été votée qu’au printemps 2008 (de 5% en octobre 2008 à 2% en juin 2009). Les autres thèmes comme la politique européenne, l’environnement, l’état et la fonction publique (primordiaux en 2004) ne bougèrent pratiquement pas (respectivement 4%, 2% et 2% des articles leur étaient dédiés).

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ADR, Chamberwahlprogramm 2009, Sprooch, déi all Bierger verbënnt! p71, Intergratioun:

77 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100% Se pt em bre Oct ob re No vem br e cemb re Ja nvier vrie r M ar s A vr il Ma i Jui n

Thèmes abordés, presse écrite, septembre 2008-juin 2009

Culture Egalité hommes femmes Politique extérieure Religion Université & recherche Autres Environnement Etat & fonction publique Identité & langue Politique monétaire Démocratie & système politique Ethique & société Politique européenne Transports Logement

Education Pouvoir d'achat Justice & affaires intérieures Fiscalité Politique sociale Emploi

Economie

Figure 25 Thèmes abordés par la campagne électorale septembre 2008- juin 2009

A part la domination de l’actualité du Gouvernement, lourd de conséquence dans le déterminant du vote puisqu’il correspond à un comportement politique bien ancré d’identification forte des citoyens luxembourgeois à leur Etat, « protecteur », « souverain » et « pourvoyeur » de nombreux emplois pour les nationaux et au parti qui l’incarne, le PCS, il faut remarquer comme en 2004 la suprématie de l’activité des partis politiques sur tous les autres acteurs du système. Ceci n’est pas détonant puisqu’ils doivent être les principaux acteurs de la période préélectorale et qu’ils sont en état de compétition proche de celui des entreprises dans un marché plus ou moins ouvert depuis l’entrée en vigueur en décembre 2007 de la loi de financement sur les partis politiques. Les nombreux congrès qui s’échelonnent de janvier 2008 avec les partis à la gauche de la gauche, jusqu’au dernier toujours avec La Gauche en mai 2009135, la publication sans cesse de communiqués de presse et de documents de campagnes visent assurément à arrêter les listes de candidats, à mobiliser ses électeurs traditionnels et à promouvoir un programme politique. Mais ils ont aussi pour objectif de monopoliser le discours sur le constat à faire de la situation économique et sociale et sur les réformes à entreprendre au détriment des autres acteurs du système comme les organisations non gouvernementales (ONG), les initiatives citoyennes (type Politikercheck.lu) et les groupes d’intérêts.

Ce phénomène est d’autant plus fort en 2009 du fait que les partis politiques ne voulaient plus se faire déborder dans la définition de l’agenda comme lors de la campagne référendaire de 2005. Tout comme en 2004, les partis dans cette campagne – particulièrement les Verts et le POSL – et avec une importance encore plus grande pour le PD, multiplièrent ce type d’évènements et de déclinaisons de leurs programmes électoraux dans une unique perspective de marketing politique136. La prime de la mise en scène fut accordée au mouvement libéral dans sa volonté de reconquérir les classes moyennes137. C’était aussi comme en 2004 pour les partis rejetés dans l’opposition le moyen de contrebalancer forcément l’attention que les médias au même moment accordait au Gouvernement et particulièrement aux leaders ministériels du senior party, le PCS dans une crise économique sans précédent pour le Grand-duché depuis le gouvernement libéral-socialiste de Gaston Thorn (1974-1979).

135 Landrini, Olivier, « Les réponses sociales de déi Lénk ». In, Le Quotidien, p3, 27 mai 2009. 136

Scheffen, Jean-Louis, « Wenn Politik Werbung macht ». In, Telecran, p20, 13 mai 2009. 137

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D’un point de vue quantitatif, le PD resta donc le parti le mieux traité dans la campagne électorale (23% du total des articles de la presse écrite sur les partis politiques lui furent consacrés). Suivirent le POSL et Les Verts. Mais, la part des articles qui leur étaient réservés diminua (respectivement -1 points de % pour le POSL, - 2 points de % pour Les Verts). Ce fut aussi le cas pour le PCS (-1 point de %). La Gauche, et encore plus l’ADR, furent les organisations partisanes qui progressèrent le plus (respectivement +1 point de % et +3 points de %). 0 5 10 15 20 25 FPL-BL ADR PCS PD POSL Les Verts La Gauche PCL

Intensité des actions des partis politiques reprises par la presse écrite, 2008-2009

2004 2009

Figure 26 Intensité des actions des partis politiques reprises par la presse écrite, 2008-2009

La typification des thèmes abordés au niveau des partis était très forte pour les partis les moins importants du système politique luxembourgeois.

Ainsi 39% des articles se rapportant à l’ADR avaient pour sujet les questions identitaires et de langue (pour une moyenne de 2%), 30% de ceux consacrés aux Verts l’étaient à l’environnement (alors que la moyenne était de 2%). Les articles sur les liens entre l’écologie d’une part et La Gauche d’autre part distinguaient aussi la formation postcommuniste (7% des articles). Les Verts avaient aussi un meilleur traitement de leurs activités et programmes dès qu’il fut agi des transports (7% pour une moyenne de 2%), de l’éducation (7% pour une moyenne de 2%) et du traitement égalité hommes/femmes (7% pour une moyenne de 1%). Le PCL et La Gauche étaient reliés surtout à la politique du pouvoir d’achat (chacun 9% des articles leur étaient dédiés pour une moyenne par parti de 5%) et pour leurs contributions à l’Etat et à la fonction publique (respectivement 6 et 7% pour une moyenne de 2%).

On remarquait aussi la très grande congruence entre la moyenne générale des thèmes abordés sur la période de référence septembre 2008- juin 2009 sur l’ensemble des articles et les résultats enregistrés par parti ayant déjà eu une expérience gouvernementale avec par ordre décroissant d’abord pour le PCS, ensuite le POSL et finalement le PD. Tout au plus, les activités et les propositions sur la fiscalité et la justice et affaires intérieures discriminaient un peu plus le PCS (respectivement 13% pour une moyenne de 11% et 8% pour une moyenne de 6%), la politique sociale pour le POSL (16% pour une moyenne de 12%) et pour le PD, la politique européenne (9% pour une moyenne de 3%), les questions éthique et société (7% pour une moyenne de 3%) et l’égalité hommes/femmes (4% pour une moyenne de 1%).

79 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100% ADR PCS PD POSL Les Verts La Gauche PCL 2008-2009

Thèmes abordés par parti, 2008-2009, presse écrite

Culture Egalité hommes femmes Politique extérieure

Religion Université & recherche Autres

Environnement Etat & fonction publique Identité & langue Politique monétaire Démocratie & système politique Ethique & société

Politique européenne Transports Logement

Education Pouvoir d'achat Justice & affaires intérieures

Fiscalité Politique sociale Emploi

Economie

Figure 27 Thèmes abordés par parti politique

Au niveau des groupes d’intérêts, de manière inchangée à 2004, 37% des articles des syndicats avec comme il est mentionné plus haut une primauté à l’OGBL (OGBL 44,2%, LCGB 29,9%, ALEBA 12,8%. FNCTTFEL-Landesverband, 8,6%).

Il est intéressant de remarquer la progression très forte des organisations patronales (type UEL, FEDIL. ABBL) qui passèrent de 17 à 26% d’articles qui leur étaient dédiés (avec un leadership de l’UEL alors qu’en 2004 c’était l’ABBL). Comme nous le notions déjà en 2004 l’importance accordée « aux organisations professionnelles de la place financière –

confirmait leur entrisme dans la sphère politique et de leurs poids dans le processus décisionnel au Luxembourg ». Mais la forte augmentation de la présence des organisations

d’entrepreneurs plus généralistes montraient aussi en 2009 à la fois l’intérêt d’une plus grande diversité par secteurs d’activité dans le futur économique du Grand-duché au moment de la pointe de la crise financière et la recherche éventuelle de propositions alternatives aux acteurs traditionnels dominant jusqu’alors le système politique, à savoir les partis politiques et les syndicats. Qui plus les organisations professionnelles jouèrent aussi au rôle d’évaluateur des programmes des partis politiques138.

Les débats et les préoccupations sur la gouvernance économique et financière d’une part et d’autre part sur la fin de vie ont aussi fortement amélioré la couverture des activités des ONG opérant dans le domaine éthique économique et sociale, du type Institute for global

financial integrity ou Forum international globalisation de la solidarité (6% des articles de

ce groupe en 2004, 10% en 2009). Ce fut aussi le cas des ONG à caractère confessionnel et/ou philosophique du type Action citoyenne pour la vie et contre l’euthanasie (de 2% à 4% avec un pic en novembre et décembre 2008). L’ « économie centrisme », pour reprendre une expression chère aux tenants de la décroissance économique, fit une principale victime quant à la médiatisation de leurs actions : les ONG ayant pour agenda l’environnement, la qualité de vie, le développement durable et le changement climatique passèrent de 9% de couverture en 2004 dans la catégorie « groupes d’intérêts » à 4% en 2009.

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« Comment les partis politiques se positionnent-ils par rapport à la compétitivité au Luxembourg ». In, Merkur, p1, 22 mai 2009.

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0 5 10 15 20 25 30 35 40

Syndicats Organisations patronales ONG Ethique économique & sociale ONG Action sociale & santé ONG Environnement ONG religieuses et philosophiques Organisations de consommateurs Chambres professionnelles ONG éducation Autres Organisations sportives ONG Aide au développement

Intensité des actions des groupes d'intérêts reprises par la presse écrite, 2008-2009

2009 2004

Figure 28 Intensité des actions des groupes d’intérêts reprises par la presse écrite, 2008-2009

On remarquera aussi, comme en 2004, le développement encore plus poussé d’un processus de contrôle ex ante de l’activité des partis politiques par la multiplication des questionnaires ou des documents portant sur leurs programmes ou sur leurs actions par des groupes d’intérêts [l’Association de soutien aux travailleurs immigrés (Asti), le Mouvement écologique, le Manifeste pour un pacte culturel, Politikercheck.lu, Générations Europe.lu, etc.]. Les mémorandums publiés par la suite à prétention éthique ou voulant influencer l’agenda politique directement suivant les cas, furent de nouveau des évènements en soi139. Ils furent de nouveau stimulants quant à l’étude des fonctionnements et des transformations à la fois de l’action collective et de la démocratie parlementaire que d’autre part quant à l’analyse de la construction sociale différenciée de l’objet politique. Mais il faut aussi le constater, ce type d’actions collectives trouva sa limite dans le caractère de confidentialité, du moins les faibles relais médiatiques qu’ils purent trouver. En d’autres termes, au-delà des divergences entre tous ces groupes, la « certification

démocratique » restait du domaine élitaire et par conséquent renforçait aussi

l’ « écrasement » de la campagne électorale par la thématique de l’économie.

In fine, malheureusement, nous devons insister aussi une nouvelle fois sur le fait que les enquêtes qualitatives auprès de ce type d’organisations, comme d’ailleurs les autres groupes d’intérêts, se sont révélées peu exploitables en l’état, principalement par le faible degré de collaboration desdites associations et groupes, contrairement à l’étude REFERENDUN 2005. Cet état de fait montre ô combien pour certaines d’entre elles leur fragilité organisationnelle et la volonté pour d’autres d’agir en groupes d’intérêts de manière discrète et de ne pas communiquer leurs éventuelles stratégies pendant la dernière campagne électorale.

139 Conseil supérieur pour un développement durable, Manifeste pour un pacte culturel, http://www.csdd.public.lu/fr/actualites/2008/10/manifeste_pacte_culturel/index.html, 8 octobre 2008.

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